L'Abbé 
          de l'Épée, vie et uvre
        
          L'Abbé Charles Michel de L'ÉPÉE est né à 
          Versailles le 24 Novembre 1712. Son père était architecte 
          des bâtiments du roi et avait laissé, à sa mort, 
          des revenus appréciables à l'Abbé de L'ÉPÉE. 
          Celui-ci, dont la bonté était connue des habitants de 
          son quartier. rencontre, par hasard, un soir d'hiver en 1754, deux soeurs 
          jumelles sourdes-muettes. Leur maître venait de mourir.
          
          Emu de leur infortune, l'Abbé de L'ÉPÉE, qui a 
          42 ans, entreprend de poursuivre leur éducation. Cette tâche 
          menée à bien, il se consacre tout particulièrement 
          aux enfants pauvres. En 1760, il transforme sa maison, rue des Moulins 
          à Paris, en une école ouverte à tous les jeunes 
          sourds, pauvres et riches, indistinctement. Les indigents sont entretenus 
          dans des pensions du voisinage à ses frais. Les leçons 
          sont gratuites. Il consacre toutes ses ressources à son oeuvre, 
          il se prive même de feu et de nourriture.
          
          Pour attirer l'attention des pouvoirs publics et pour faire connaître 
          à ses contemporains qu'il est possible de cultiver, à 
          l'aide de procédés appropriés, l'intelligence des 
          enfants sourds, il organise des présentations publiques d'élèves. 
          Grâce à elles, il obtient de Louis XVI une rente viagère 
          de 6.000 livres. En 1785, sur la proposition du roi, une partie du couvent 
          des Célestins est affectée aux sourds-muets. Aux quatre 
          coins de France et de l'étranger, des disciples de l'Abbé 
          de L'ÉPÉE ouvrent des écoles.
          
          Il meurt le 23 Décembre 1789; trois mois plus tard son oraison 
          funèbre est prononcée officiellement en l'église 
          Saint-Etienne du Mont. En 1790, son école est élevée 
          au rang d'Institution Nationale. Un décret de la Convention, 
          en 1794 la transfère à l'emplacement qu'elle occupe encore 
          Rue Saint-Jacques, à Paris. o
          
          L'Année suivante, en Juillet 1791, la ConStituante prend un décret 
          où il est dit que " le nom de l'Abbé de L'ÉPÉE 
          sera placé au nombre de ceux des citoyens qui ont le mieux mérité 
          de l'Humanité et de la Patrie
          
          Le titre de gloire essentiel de l'Abbé de L'ÉPÉE 
          est - d'avoir été le promoteur de l'éducation publique 
          des sourds-muets, non seulement en France, mais dans le monde entier. 
          Il a, de plus, le mérite incalculable d'avoir montré que 
          cette éducation était possible.
        Marcel GAUTIÉ
          Directeur de l'Ecole des Jeunes Sourds d'Alger