|  | René ALEMANNOTRE GALERIE DES CHAMPIONS
 René Aleman 5 fois champion
 de France de poids et haltères
 René Aleman, 5 fois champion de France de poids 
        et haltères, catégorie poids légers, brille dons 
        le sport obscur de la fonte. Et nombreux sont les Algérois, même 
        peu sportifs, qui connaissent le modeste et laborieux champion de force, 
        chargé du plus glorieux palmarès qu'un Algérien ait 
        jamais eu là où triomphèrent Rigoulot, Cedine, Vasseur 
        et tant d'autres.
 Aleman naquit à Alger en 1914, eut une jeunesse sans incidents. 
        Adulte, c'était un garçon de taille moyenne (1 m. 61) à 
        la silhouette trapue. a boxe l'attira et le vit s'entraîner quelque 
        temps sous les conseils de Munoz ; elle ne le retint pas. La gymnastique 
        le séduisit à son tour et il ne tarda pas à réussir 
        de beaux équilibres, des planches libres et d'autres exercices 
        qui étonnent le profane. Dans un coin de cette salle, une barre 
        abandonnée que soupesaient de temps à autre des curieux 
        lui fit réaliser sen premier exploit. Il put charger et mettre 
        à bout de bras dans la même séance 90 kilos. Pour 
        un garçon de 18 ans, pesant 65 kgs, cela compte, si vous vous rappelez 
        que l'on est stupéfait d'apprendre que Rigoulot, au même 
        âge, pesant 80 kgs, avait réussi 100 kgs à son premier 
        entraînement. Dès lors René s'était trouvé 
        une vocation qui lui coûtera bien des sacrifices et qui trouvera 
        bien peu d'imitateurs.
 
 Avec un acharnement encore jamais vu dans ce sport, René de dimanche 
        en dimanche surprenait les amateurs de fonte. La barre toujours plus lourde 
        obéissait, ignorant la pesanteur. Les records nord-africains n'avaient 
        guère le temps de vieillir, et sur les tablettes le nom d'Aleman 
        faisait tâche d'huile. Il n'y eut bientôt plus que le sien 
        dans les légers, tout comme Taris, à la même époque, 
        en natation, sur les tablettes françaises. Physiquement, il était 
        devenu un garçon impressionnant à la musculature abondante 
        et très en relief. Il n'y eut bientôt plus d'adversaires 
        à sa taille, même dans les catégories supérieures. 
        Seul le barrait avec succès notre poids lourd Junqua.
 
 Ayant opté pour une carrière sportive, il dut partir à 
        Paris en 1935, où il signa au Métro. 1936 le voit faire 
        son service militaire à Montpellier, pépinière haltérophile 
        qui doit former les Ferrari, Souladou, Marchal, etc... Les casernes ne 
        sont pas outillées pour ce sport. Qu'à cela ne tienne, René 
        n'arrête pas son entraînement : des blocs de pierre lui serviront 
        de gueuse, le style souffrira mais la force n'y perdra rien. Cette même 
        année il se qualifie pour les champiennats de France ; il en sort 
        second, classement honorable, qu'il maintient en 1937. ll lui était 
        difficile de taire mieux lorsque vous saurez que le premier était 
        Duverger, champion olympique.
 
 1938. Dans les vestiaires, quelques minutes avant de défendre son 
        titre, Duverger lançait à la cantonnade à quelques 
        pas de René : " Dans un instant je vais être champion 
        de France pour le dixième fois ". Aleman dut puiser en 
        lui des forces ignorées qui décuplèrent sa volonté 
        et lui permirent de ravir le, titre tant envié. Le flambeau changeait, 
        de mains. A l'inamovible Duverger, René, succédait, devenu 
        aujourd'hui aussi inamovible que son prédecesseur.
 
 Il devait participer à de nombreuses rencontres internationales 
        s'y classant avec plus ou moins de bonheur.
 
 1940 le voit prisonnier pour plusieurs années. A la libération 
        il reprend son entraînement et monte un numéro de main à 
        main avec Rizzo, son camarade du Ralliement, champion de gymnastique. 
        De nombeux cabarets de notre ville le voient exécuter un numéro 
        de force et d'acrobatie qui n'est pas toujours apprécié 
        à sa valeur.
 
 1947. Malchance, le Montpelliérain Bouladou lui enlève de 
        justesse et avec contestation, son titre. Depuis, Bouladou a fait son 
        chemin dans les poids moyens.
 
 1948. Les Jeux olympiques : la qualification exige un pointage élevé 
        : 330 kgs. René s'en approche et réussit aux éliminatoires 
        327 kg . On le qualifie, mais Londres lui réserve une grande déception 
        : il se classe dixième avec 315 kgs (alors qu'avec 330 kgs il fût 
        sorti sixième), ayant commis l'imprudence de maigrir de 3 kg , 
        24 heures avant l'épreuve. Depuis il se maintient toujours en tête 
        dons sa catégorie et l'on ne voit pas qui lui succédera 
        honorablement.
 
 Pour le prestige du sport nord-africain, il continuera à défendre 
        son titre et va s'efforcer d'élever les records à un niveau 
        très haut. Il se doit d'améliorer le record de France de 
        l'épaulé jeté détenu par Bugnicourt avec 131 
        kg 500, René ayant épaulé à plusieurs reprises 
        132 kg . Nous espérons que la nouvelle année le verra réaliser 
        cette performance qui sera le plus beau fleuron de son palmarès.
 Marcel TOMAS. |