
           LE 
          NOUVEAU COLLÈGE DE SËT1F
LE 
          NOUVEAU COLLÈGE DE SËT1F 
        La construction d'un collège 
          est toujours une chose difficile à mener à bien. Sur un 
          terrain souvent trop petit et que l'administration octroie avec parcimonie, 
          l'architecte doit trouver le moyen d'établir les multiples bâtiments 
          qui doivent servir au logement et à l'éducation de notre 
          jeunesse, les grandes cours qui lui procureront, la récréation 
          et l'air dont elle a besoin pour pouvoir mieux travailler ensuite. Il 
          ne faut pas oublier non plus l'hygiène dont on parle tant depuis 
          les nombreuses découvertes des successeurs de Pasteur. Et c'est 
          un problème très délicat à résoudre 
          que de rendre agréable le séjour de nos enfants sur les 
          bancs du lycée, tout en leur procurant l'instruction nécessaire 
          à la formation de leur esprit.
          
          Outre les élèves, les murs d'un collège abritent 
          un personnel nombreux enseignant et domestique : le principal, l'économe, 
          les surveillants d'internat, les cuisiniers, les garçons de dortoir 
          et de réfectoire. A Sétif, la difficulté s'augmentait 
          du fait que le collège devait aussi servir aux élèves 
          de l'École primaire supérieure à qui il fallait 
          faire une place suffisante. L'entreprise a pourtant pleinement réussi 
          et le collège de Sétif, aujourd'hui terminé, peut 
          être cité comme un modèle dans son genre. 
          
          Il se dresse sur un emplacement prélevé sur la zone militaire 
          en déplaçant les remparts des rues Caton et Spartacus. 
          La surface occupée par l'immeuble proprement dit est de 8.500 
          mètres carrés. Il possède deux grandes entrées 
          : la première, sur la rue Spartacus, est réservée 
          aux élèves ; la deuxième, sur la façade 
          principale, rue de Constantine, donne accès au bâtiment 
          de l'administration du collège. Deux portes sur la rue Caton 
          desservent les caves et les cuisines et, par la rue d'Isly, on pénètre 
          dans la bibliothèque populaire indépendante du collège. 
          
          
          Les sous-sols, en façade de la rue Caton, ont été 
          spécialement aménagés pour le service de la table 
          : on y trouve d'immenses cuisines aux fourneaux de dimensions imposantes, 
          les services de la dépense avec leurs nombreux casiers pour les 
          diverses denrées, deux réfectoires, les salles à 
          manger des répétiteurs et des domestiques, la cave avec 
          une rampe permettant la descente directe des fûts, une grande 
          salle de bains toute recouverte de faïences, où quatorze 
          cabines avec appareil à douches ont été aménagées, 
          la buanderie avec bassin-lavoir et rinçoir. Tout a été 
          prévu pour rendre le maximum de services. 
          
          Sur la rue Spartacus et toujours dans les sous-sols, s'élèvent 
          la chaufferie, les classes de musique instrumentale et vocale, les ateliers 
          en bois et en fer pour, les élèves de l'École primaire 
          supérieure, une salle d'armes. où les jeunes gens viendront 
          développer leur adresse.
          
          Le rez-de-chaussée sur les façades Spartacus et Caton 
          est occupé entièrement par les classes, ainsi qu'un bâtiment 
          parallèle à celui de l'administration et construit sur 
          le prolongement de la rue Valée. Les élèves du 
          collège et de l'École primaire supérieure de garçons 
          auront ainsi 31 classes à leur disposition et en plus un cabinet 
          de physique, un laboratoire, une salle de manipulation et un dépôt 
          de modèles pour le dessin. Toutes ces salles sont claires, bien 
          disposées, de larges ouvertures laissent arriver la lumière 
          et l'air. 
          
          Quatre grandes cours s'étendent entre les divers bâtiments, 
          où nos écoliers pourront prendre leurs ébats aux 
          heures de récréation. Des préaux couverts ont été 
          prévus en cas de mauvais temps, et tout, autour des cours une 
          galerie couverte de 2 m. 50 de largeur a été édifiée 
          dans le même but.
          
          Les dortoirs sont au premier étage, il y en a trois d'une quarantaine 
          de mètres de longueur. Chacun d'eux possède sa brosserie, 
          ses lavabos avec eau chaude ou froide à volonté, à 
          raison de un robinet, par élève. De nombreuses croisées 
          ainsi que des grilles mobiles en métal, disposées en quinconces 
          au-dessous des croisées assurent une aération plus que 
          suffisante. Deux chambres de répétiteurs précèdent 
          chaque dortoir et en permettent la surveillance. 
          
          Tous les services administratifs ont, été groupés 
          dans un seul bâtiment dont le rez-de-chaussée est occupé 
          par les bureaux du principal et du surveillant, général, 
          la bibliothèque, un large parloir où les parents pourront 
          attendre la sortie des élèves, la loge du concierge. Les 
          appartements du principal du collège sont au premier étage 
          et comprennent plusieurs chambres, avec salle à manger, salon, 
          salle de bains. Tout à fait analogue est le logement du directeur 
          de l'École primaire supérieure. 
          
          C'est au deuxième étage que l'on trouve la lingerie, la 
          tisanerie, le cabinet de consultations du docteur de l'établissement, 
          avec une salle d'attente, et, tout à côté, les chambres 
          des isolés gravement atteints et une grande salle de repos pour 
          convalescents avec galerie sur la rue de Constantine. C'est là, 
          surtout que toutes les mesures d'hygiène ont été 
          prises pour assurer la prompte guérison des jeunes collégiens 
          malades. 
          
          Le collège est maintenant terminé. MM. Petit et Garnier, 
          architectes du Gouvernement général de l'Algérie, 
          en ont dressé les plans ; ils ont su donner à la construction 
          toute l'élégance qu'elle était susceptible d'avoir 
          et, par là, égayer un peu la jeunesse qui va y être, 
          enfermée durant les longues années d'étude. 
          M. Sabatier, ingénieur des Ponts et Chaussées, actuellement 
          directeur des importantes mines de Kuif, qu'il dirige du reste avec 
          une grande compétence, avait commencé la construction 
          du collège qui fut achevée par son successeur. M. Baurs. 
          Tous deux ont étudié avec une grande conscience tous les 
          détails de la bâtisse. 
          
          M. Bergonzoli était l'entrepreneur principal ; il avait; si heureusement 
          terminé les travaux de la sons-préfecture de Sétif, 
          qu'on ne pouvait faire un meilleur choix en le déclarant adjudicataire 
          pour l'entreprise du collège. On n'a pas eu à s'en repentir; 
          les travaux ont été commencés en 1911 ; ils comprenaient, 
          outre la construction du collège, la démolition et la 
          reconstruction des remparts sur une longueur de cinq cents mètres. 
          C'est à l'activité déployée par M.Bergonzoli, 
          que nous devons un si prompt achèvement du collège de 
          Sétif, qui ouvrira ses portes à la rentrée prochaine 
          des classes.