| -------Un jour d'août 1972, le journal 
      le Monde publia un entrefilet relatant l'accord intervenu entre le ministère 
      algérien de la Justice et l'archevêché d'Alger aux termes 
      duquel l'église Saint-Augustin d'Alger n'était désormais 
      plus affectée au culte. Ancien paroissien de cette église, 
      ou plutôt paroissien en exil, j'appris la nouvelle comme lorsqu'on 
      manque une marche dans un escalier. Nous étions le 28 août, 
      jour de la Saint-Augustin. Depuis, j'ai revu, j'allais ajouter " hélas 
      ! " l'église Saint-Augustin, ou plus exactement son emplacement, 
      par un matin d'avril 1981, flottant entre rêve et réalité. 
      Ce n'était point l'annexe du palais de Justice annoncée mais 
      bel et bien une énorme mosquée. De l'édifice chrétien, 
      il ne restait rien. Seul l'oeil douloureux de l'habitué pouvait discerner 
      la pierre primitive de l'église, sur une hauteur de deux mètres 
      environ, qui constituait le socle du nouveau bâtiment. Détail 
      infime, peu digne d'intérêt ? Ou, qui sait, symbole prodigieux, 
      et, peut-être, prophétique ? Chrétienté rayée 
      de la carte, rasée presqu' au niveau du sol, mais laissant subsister 
      la pierre de base, celle-là même sur laquelle tout pourrait 
      être reconstruit... SUPER HANC PETRAM...
 
  -------Que ce soit par la 
        rue Colonna-d'Ornano où l'on ne découvrait qu'au 
        dernier moment la flèche racée de son clocher néogothique, 
        par la 
        rue Dumont-d'Urville, qui, en forte pente, effleurait le haut 
        de son abside à hauteur de toit, ou par l'étroite enfilade 
        de la rue Ménerville, qui laissait masqués les bas-côtés, 
        Saint-Augustin était enchâssée dans le tissu dense 
        du quartier 
        de la rue de la Liberté. Etait-elle belle ? Je ne saurais 
        dire.
 -------Avec le recul, on peut, certes, se 
        poser des questions, qui porteraient d'ailleurs sur l'ensemble des églises 
        d'Algérie, qui n'ont pas bénéficié de circonstances 
        favorables : construites dans le cadre des centres coloniaux, ou dans 
        la fièvre de développement des villes côtières, 
        en cette seconde moitié du XIXe siècle qui n'a pas été 
        particulièrement riche en chefs-d'oeuvre architecturaux, elles 
        ont été conçues sans génie dans un monde sans 
        foi. Elles ne furent, en somme, que des bâtiments utilitaires. Ce 
        fut le temps du " néo " : néo-roman, néo-gothique, 
        néo-byzantin ou romano-byzantin, néo-mauresque.
 Cela est d'ailleurs valable pour la France métropolitaine elle-même. 
        Elles eurent contre elles, nos églises d'Algérie, d'être 
        récentes - c'est une évidence. Elles n'eurent donc pas le 
        temps de benéficier de l'indispensable patine de prières. 
        Dom Delatte, abbé de Solesmes au début du siècle, 
        écrivait : " Les églises qui 
        ont des siècles et fixé les fumées de l'encens, ont 
        un charme profond que ne possèdent pas les églises toutes 
        jeunes on y sent vivre auprès du Seigneur tous ceux qui ont prié 
        avant nous ".
 
 -------Mais, revenons à Saint-Augustin, 
        dont nous ne nous sommes éloignés qu'en apparence. Le jour 
        où un militaire métropolitain, que nous avions invité 
        un dimanche à la maison, déclara que Saint-Augustin, comme 
        les autres églises d'Algérie, était laide, il ne 
        fit pas que manquer à la courtoisie envers ceux qui le recevaient 
        : ce fut pour moi comme l'accroc du relativisme dans la robe blanche de 
        l'absolu : Mon église paroissiale, c'était tout simplement 
        l'Eglise. On peut sourire à la manifestation d'un tel attachement 
        à ce qui est un simple monument mais, aujourd'hui plus que jamais, 
        j'estime que, transcendée, cette expression sentimentale n'est 
        somme toute que la projection affective de la vertu de stabilité, 
        pierre angulaire de la Règle de Saint Benoît dont nous, pâles 
        héritiers du vieil Occident, sommes les lointains mais toujours 
        directs redevables... On comprend, à la rigueur, l'appréciation 
        acide et facile, du jeune parisien " appelé " pouvant 
        avoir, surtout un dimanche la nostalgie de l'île de la Cité 
        ; par contre, la réaction d'un Louis Bertrand me stupéfie 
        et m'indigne. Dans son livre sur Alger, voici comment il démolit 
        Saint-Augustin : " petite église 
        mesquine, tout à fait indigne de ce riche quartier, et dont le 
        mince clocher villageois détonne au milieu des imposants buildings 
        qui l'environnent ". Si au moins l'auteur de l'ouvrage 
        fameux sur l'Evêque d'Hippone avait écrit que cette église 
        algéroise n'était pas assez grandiose pour honorer la mémoire 
        du Grand Docteur de l'Afrique chrétienne ! Mais non, il fallait 
        donc harmoniser la Maison de Dieu au quartier " chic " qui l'entourait... 
        Comment ne pas se demander si ce genre de réaction n'a pas attiré 
        sur l'Algérie française les foudres du Dieu des Psaumes 
        !
 
 -------Saint-Augustin 
        a été bâtie sur un terrain en pente non loin du rivage 
        (à moins de 200 mètres du boulevard), sur les contreforts 
        de la colline abrupte escaladée par les 
        " tournants Rovigo ". Le lieu est tragiquement célèbre 
        : c'est là, à quelques pas de la porte Bab-Azoun, 
        que tels les preux de Roland à Roncevaux, les chevaliers de Malte 
        se sacrifièrent, en octobre 1541, pour que la retraite des troupes 
        de Charles-Quint ne se transforme pas en déroute.
 -------De notre temps, rien ne rappelait 
        de façon visible ces fureurs, sinon le plus beau des signes : la 
        paix, française et chrétienne, accueillante et cosmopolite. 
        C'était le quartier des affaires, du droit, des relations avec 
        la tranquille campagne du Sahel, cette Toscane algéroise, 
        et aussi, celui de 
        l'opéra tout proche. On s'y interpelait dans les dialectes 
        méditerranéens mais ce qui couvrait tout, bruits de voix 
        et de moteurs, c'était le chant assourdissant des oiseaux du square 
        Bresson. Il faisait bon, on se sentait bien. Saint-Augustin se dressait, 
        face à l'Est, face à la Terre Sainte, face à la baie. 
        Le matin, lorsque les rayons du soleil dardaient par-dessus les cîmes 
        du Bou-Zegzag, dans l'axe étroit de la rue Ménerville, il 
        y avait alors de la poudre de lumière jusqu'au milieu de l'allée 
        centrale de la nef, une fois la grande porte ouverte donnant sur un bouquet 
        de bananiers s'élevant devant le porche.
 
 -------À 
        une époque où le centre d'Alger se trouvait encore 
        place du Gouvernement, mais où la cité commençait 
        à s'étendre vers le sud, la première implantation 
        religieuse du quartier fut la chapelle de l'école des sueurs de 
        la Doctrine chrétienne qui venaient de s'installer dans la future 
        rue Roland-de-Bussy, alors rue des Mulets. On était en 1846... 
        Puis, une première église Saint-Augustin fut bâtie 
        à l'angle des rues Waïsse et de Constantine (future Colonna-d'Ornano). 
        Cet emplacement fut occupé de 1847 à 1865. L'extension de 
        plus en plus rapide de la ville, la construction des boulevards et d'importants 
        bâtiments publics, l'augmentation accélérée 
        de la population européenne dans le secteur tout cela rendit nécessaire 
        la recherche d'un endroit plus approprié. Après bien des 
        démarches administratives, et des projets qui ne virent pas le 
        jour (on avait ainsi prévu de reconstruire l'église au bas 
        de la rue de Tanger, puis 
        rue d'lsly), le culte fut célébré au 1er 
        étage de la caserne du train des équipages, qui occupait 
        l'emplacement de l'actuel palais de justice (dont la construction devait 
        commencer en 1876) : on était alors en pleine guerre de 1870... 
        Ce fut Mgr Lavigerie qui mena personnellement les dernières négociations 
        mais non les moins délicates, pour obtenir la fixation définitive 
        de l'emplacement de la future église. Ayant enfin résolu 
        toutes les difficultésadministratives et financières, l'illustre cardinal-archevêque 
        d'Alger posa la première pierre de l'édifice le 8 mai 1876. 
        Durant les travaux, et en raison de nouveaux tracas administratifs, le 
        culte fut célébré dans un batiment provisoire en 
        bois, situé rue Portalis.
 
 -------La construction proprement dite, uvre 
        de l'architecte Chevalier, ne fut pas une mince affaire. Ainsi, alors 
        qu'il avait été prévu des pilastres, qui auraient 
        été d'un effet peu heureux dans l'ensemble projeté, 
        on les remplaça par des colonnes aux socles en pierre de Drarlah, 
        et aux fûts en marbre blanc de Carrare, fournis par la maison Cantini 
        de Marseille. Pour faire face à cette augmentation aussi notable 
        qu'imprévue des dépenses trois souscriptions successives 
        furent organisées, puis une loterie, rehaussée par l'envoi 
        de lots précieux de la part du Souverain Pontife lui-même, 
        le Pape Pie IX, ainsi que de la part de la maréchale de MacMahon 
        : les ressources affluèrent. Cela se passait en 1877. La même 
        année, le maître-autel et deux autels latéraux (consacrés 
        à la Vierge et au Sacré-Coeur), de marbre blanc, furent 
        livrés par la maison Comparat, de Lyon. Ainsi, les plus grandes 
        villes de France contribuaient-elles à l'édification de 
        l'église Saint-Augustin.
 
 -------Mais l'Afrique, celle du plus illustre 
        des Berbères, ne fut évidemment pas absente : dès 
        1842, avait été portée d'Hippone,.une rosace en mosaïque, 
        qui fut placée dans le choeur de l'église, au milleu du 
        dallage de marbre blanc. Plus tard, comme on le verra, d'autres éléments 
        de l'aménagement de l'édifice feront nettement référence 
        au style berbère.
 
 -------Pour terminer avec les réalisations 
        de la première heure, les cloches. Elles étaient au nombre 
        de quatre : la première avait été baptisée 
        dès 1851 par Mgr Pavy, évêque d'Alger. Son nom Louise-Joséphine. 
        Son poids : 390 kg. Sa note : le la dièze. Les trois autres furent 
        baptisées en même temps par Mgr Lavigerie, le 11 décembre 
        1878 : Augustine-Marie, 992 kg, note mi ; Charlotte-Rose, 595 kg, note 
        fa dièze ; Marie-Joséphine, 564 kg, note sol dièze.
 Cinq jours plus tard, le 16 décembre 1878, M. Chevalier remettait 
        solennellement l'église Saint-Augustin à son conseil de 
        fabrique, qui lui exprima sa totale satisfaction.
 
  -------Au fil 
        des années, Saint-Augustin, promue au rang de grande paroisse du 
        centre de la ville, va voir ses aménagements parachevés 
        : c'est en 1901 qu'est édifiée la superbe chaire de marbre 
        polychrome, réalisée, tout comme les colonnes, par la maison 
        Cantini de Marseille. Durant les années 1929-1931 - est-ce une 
        simple coïncidence ? - on améliore la décoration des 
        murs, on installe un chemin de croix en mosaïque, et surtout, on 
        procède à la mise en place, de chaque côté 
        du choeur donnant accès à la nef, séparant également 
        deux chapelles latérales, quatre portes monumentales en fer et 
        en cuivre, oeuvre du ferronnier Petit-Monsigny. Barrucand, alors critique 
        d'art à la Dépêche algérienne écrit 
        avec enthousiasme : " Ces portes resteront 
        célèbres.... Elles affirment une formule nord-africaine 
        originale et séduisante où se rejoignent la tradition punique 
        et l'invention française... Un effet très curieux de ces 
        grilles d'église les apparente dans leur ajourement aux tapis de 
        tenture d'inspiration purement berbère. Dans leur cloisonnement 
        de tons, elles gardent ainsi une signification décorative qu'on 
        ne retrouve pas au même degré dans les enjolivements de la 
        Renaissance et qui parle discrètement en faveur de l'ancienne église 
        africaine ".
 -------Le presbytère était 
        situé face à l'église, côté rue Villegaignon, 
        sur un terrain payé des deniers des paroissiens mais il fallut 
        quitter les lieux, et s'installer, en 1917, au 24 de la rue de la Liberté. 
        En 1932 un terrain fut acheté, au 15 de la rue Mogador, pour y 
        construire une salle paroissiale, ce qui fut fait... Pendant la guerre 
        de 1939-1945, 
        elle devint théâtre des Trois-Baudets, illustrant 
        le début de nos grands et fidèles amis Pierre-Jean Vaillard, 
        Christian Vebel et Georges Bernadet...
 
 -------Plus tard, fut acquis un terrain haut perché sur 
        la colline des " Quatre-Canons " 
        rue Pirette, tout en haut de la rue Levacher, qui fut affecté 
        à des activités sportives, sous le vocable de patronage 
        Saint-Augustin.
 
 -------Enfin, dernier local abritant des 
        activités paroissiales : celui de l'impasse Chaise, donnant dans 
        la courte rue Voirol, en pleins tournants Rovigo : là fut le P.C. 
        de la troupe scoute, composée des patrouilles des Renards, des 
        Chamois et des Aigles et, bien sûr, des Louveteaux, pour les plus 
        jeunes, et des Routiers, pour les anciens. Ah ! j'entends encore les appels 
        en rafale : " Renard rusé... mais 
        franc ! " - " Chamois bondit... 
        gaiement ! " - " Aigle vers... 
        les cîmes ! " Je la revois, cette troupe, au grand 
        complet, renforcée par des troupes surs, escortant, un pâle 
        jour de 1947, un cercueil drapé de tricolore, hissé sur 
        un half-track, et chantant d'une même voix grave " 
        ce n'est qu'un au revoir, mes frères ", en ensevelissant 
        dans la terre de Blida, son chef Jean Dimech, mon vénéré 
        cousin, tombé à dix-neuf ans à Baden-Baden, le 11 
        avril 1945. En rentrant des obsèques, malgré ma timidité 
        d'enfant unique, je franchis les quelques dizaines de mètres qui 
        séparaient le 55 de la rue Rovigo du local de l'impasse Chaise, 
        et devenais aussitôt un Renard... rusé, mais franc !
 
  -------Il est 
        temps de parler de ceux qui firent de Saint-Augustin la grande et belle 
        paroisse, qui semblait ancrée pour toujours au coeur de notre cité. 
        Cinq curés avaient successivement exercé leur charge dans 
        la paroisse naissante, précédant l'abbé 
        Cailhol, à qui devait revenir l'honneur de réceptionner 
        l'église terminée, mais, comme on l'a vu, non encore parachevée. 
        Son successeur, M. Brunet, fit édifier 
        la chaire. Il eut parmi ses vicaires l'abbé 
        Bollon, qui devait s'illustrer plus tard comme curé de la 
        cathédrale, fondateur de la Messe des Hommes, qul éduqua 
        toute une génération d'Algérois, à l'éloquence 
        sacrée et à la controverse ardente en matière religieuse, 
        à tel point qu'on peut se risquer à écrire que Mgr 
        Bollon (il finit sa carrière comme protonotaire apostolique) 
        fut le Bossuet d'Alger. Après M. Brunet, M. 
        le chanoine Laffitte, qui avait été vicaire de Saint-Augustin 
        de 1874 à 1882, y revint comme curé en 1917. On lui doit 
        la venue à Alger d'un prédicateur qui donna, durant l'année 
        1921, des conférences contradictoires... au casino de la rue d'lsly, 
        qui connurent un grand succès de popularité : l'abbé 
        Desgranges. Puis, en 1922, il organisa... au cinéma voisin, 
        " Le Splendid ", le spectacle d'une Passion filmée, avec 
        à l'appui, chants de la chorale paroissiale, dirigée par 
        le vicaire, maître de chapelle, qui, plus tard, deviendrait le plus 
        connu de tous les curés de Saint-Augustin, identifié à 
        la paroisse par tous : l'abbé Pezet.
 -------Ce fut un autre futur grand nom du 
        clergé algérien qui succéda au chanoine Laffitte 
        en 1924 : le chanoine Dauzon, et s'il ne 
        resta que deux ans à Saint-Augustin, non d'ailleurs comme curé 
        mais comme administrateur, il donna un puissant élan religieux 
        à la paroisse ; c'est lui qui fit venir à Alger un célèbre 
        prédicateur de Bordeaux : le R.P. Coulet, 
        qui retourna chaque année à Saint-Augustin pour y donner 
        des conférences suivies par une assistance considérable.
 
 -------C'est en 1926 que revient à 
        Saint-Augustin, l'abbé Pezet, après avoir été 
        un temps administrateur financier de la cathédrale. Il va en être 
        le curé pendant trente deux ans, jusqu'en 1958. Comment décrire 
        l'empreinte de ce prêtre éminent, de cet administrateur émérite, 
        et surtout de ce profond connaisseur de la musique sacrée. On lui 
        doit les importants aménagements intérieurs mais aussi les 
        acquisitions de locaux dont il a été fait état plus 
        haut, mais il est temps de s'étendre plus particulièrement 
        sur l'oeuvre artistique accomplie sous sa direction personnelle.
 
 -------Déjà, alors qu'il n'était 
        que vicaire, l'abbé Pezet donna une grande impulsion à la 
        chorale paroissiale. Parmi les chanteuses figurait une jeune Versaillaise 
        qui demeurait à Alger depuis 1910 avec ses parents, son père, 
        qui avait commandé le 1 er zouaves, s'y étant installé 
        boulevard Carnot au moment de sa retraite : Marie-Antoinette Gard. Férue 
        d'orgue elle en apprit la technique avec le titulaire, M. Winckel, et 
        lui succéda. Elle devait tenir le clavier jusqu'à la fin, 
        quelque temps après la perte de l'Algérie (1).
 
 -------Les orgues de Saint-Augustin avaient 
        été installées en mai 1883 après bien des 
        difficultés (la tribune était trop près de la voûte 
        : Il avait fallu surbaisser la première, et même percer la 
        seconde pour laisser place à certains tuyaux !). Elles subirent 
        une sérieuse réfection en 1930-1931 par les soins de la 
        maison Merklin de Lyon, avec, entre autres, installation d'une soufflerie 
        électrique. Le chanoine Pezet ne devait pas en rester là 
        : vers la fin de sa si longue carrière, il fit à nouveau 
        restaurer le grand orgue, qui fut entièrement reconstruit et électrifié, 
        et porté à 47 jeux, 3 claviers, avec pédalier complet, 
        4 combinaisons libres 3 fixes pédale d'expression, etc. Les spécialistes 
        apprécieront ce travail considérable, accompli par la firme 
        Haerpfer et Erman, de la Moselle. L'inauguration eut lieu le 29 avril 
        1955, avec un remarquable récital donné par Mlle Gard.
 
 -------Revenons aux années 1930: Mlle 
        Gard, à l'orgue, et la chorale, dirigée par M. Rizzo, maître 
        de chapelle, sont déjà très appréciées 
        pour la qualité de leurs programmes musicaux et l'exécution 
        magistrale qui en était donnée : la 
        Messe de Vierne, le 25 décembre 1935, fut retransmise 
        sur les ondes de Radio-Alger, ce qui n'était pas courant à 
        l'époque, ainsi que les " Mystères 
        douloureux ", de Planchet, pour le Jeudi-Saint en 1936, 
        " Les Sept Paroles du Christ ", 
        de Théodore Dubois, et la Messe de Minuit en 1937. D'ores et déjà, 
        sous la dynamique impulsion de son curé, grâce à la 
        qualité de ses exécutants, la paroisse SaintAugustin témoignait, 
        non seulement du jaillissement spirituel issu du creuset français 
        d'Algérie mais aussi de la place que prenait rapidement la capitale 
        de cette province, plus belle que jamais, qui aurait dû mettre à 
        néant tous les ragots sur l'épaisseur brutale des habitants 
        de ce pays et sur leur néant culturel...
 
 -------À partir de 1942, les récitals 
        de Marie-Antoinette Gard seront régulièrement retransmis 
        par Radio-Alger, jusqu'en 1962. Mais de nombreux autres artistes viennent 
        prêter leur concours : les violonistes Paul Laurent, Charles Mounier, 
        de Lagarde, Georges Tessier, Maurice Recht... Les violoncellistes Robert 
        Héri, José Weber, Jeanne Prochasson, René Morelli... 
        Les harpistes Mmes Ferrari et de Lagarde-Simonnet. S'y ajoutent de nombreux 
        chanteurs, la plupart fort connus dans l'art lyrique : Mlles Lauriol, 
        Jane Pons-Cavaillé, Mmes Casanova, Delrieu, Valence, Faure-Jaïst... 
        MM. Georges Vaillant, Félix Giband, Azéma, Scotto Le Massèse. 
        Et combien de ténors, barytons et basses des galas italiens, en 
        représentation au théâtre tout proche, qui n'hésitaient 
        pas à venir participer aux grandes cérémonies, voire 
        aux grand-messes des dimanches ordinaires, donnant à ces célébrations 
        un éclat particulier !
 
 
 ------Autre grande date : 
        le 10 juin 1954, première audition à Alger du " 
        Requiem " de Maurice Duruflé, qui dirige en personne 
        l'orchestre ; en première partie, le maître avait exécuté 
        à l'orgue le Prélude et Fugue en la mineur de J.-S. Bach. 
        D'autres manifestations artistiques tenues dans l'église marquent 
        cette époque : " Requiem " de Fauré, interprété 
        par André Marchai, la chorale, renforcée par celle de l' 
        " Accord Parfait ", orgue et orchestre ; exécution du 
        concerto de Francis Poulenc ; du concerto de Haëndel, avec orchestre, 
        choeur, renforcé par la " Baraka ", et orgue... Messes 
        de Marc-Antoine Charpentier de Mozart ; et tous les dimanches, des oeuvres 
        de Haëndel, de Liszt de César Franck, de Widor, de Gigout, 
        de Beulemann... le tout exécuté magistralement à 
        l'orgue par Marie-Antoinette Gard. 
 -------Que cette énumération 
        soit comme un hommage simple mais vibrant à celle qui a marqué 
        plusieurs générations de paroissiens, fidèles pratiquants 
        ou plus occasionnels. Qu'on le veuille ou non, que ces manifestations 
        soient jugées trop "triomphalistes" ou au contraire, 
        trop " profanes ", il n'en reste pas moins qu'elles ont permis 
        de maintenir, au sein d'une population qui était loin d'être 
        unanimement fervente, un lien subtil avec la paroisse, et, à travers 
        elle, avec la spiritualité.
 
 -------Rassurons-nous, le 
        spirituel gardait sa place propre, c'est à dire la première, 
        dans la vie de la paroisse. M. le chanoine Chabanis fut, de tous les nombreux 
        vicaires qui se succédèrent pendant l'apostolat du chanoine 
        Pezet, celui qui resta le plus longtemps à ses côtés 
        : alors que le temps moyen passé par un vicaire dans une même 
        paroisse n'excédait pas quatre à cinq ans, l'abbé 
        Chabanis fut vicaire de Saint-Augustin de 1935 à 1947, soit pendant 
        douze ans... Il se souvient du Congrès eucharistique d'Alger, en 
        1938, au cours duquel il confessa de 6 heures à 13 heures puis 
        de 14 heures à 20 heures passées, et dut même revenir 
        à l'église après un simple potage, pour confesser 
        avant la messe de minuit... Ce furent aussi les grands sermons du R.P. 
        Coulet, en ces temps dramatiques de guerre mondiale...
 -------Chaque dimanche, 5 messes étaient dites : à 
        7 h, 8 h, 8 h 45, 10 h 30, 11 h 30 ; avec en plus, dans les dernières 
        années l'adjonction d'une messe le dimanche soir, à 18 h 
        30.
 
 -------L'église Saint-Augustin contenait un millier de places 
        assises, et c'est environ 1 500 fidèles qui assistalent aux offices 
        des grandes fêtes, notamment la messe de minuit à Noël, 
        les Rameaux, Pâques, toutes portes ouvertes, et la foule compacte, 
        debout, jusque dans les escaliers extérieurs.
 
 -------La communion solennelle groupait jusqu'à 
        cent cinquante enfants... Il faut dire que le territoire de la paroisse 
        était vaste, et fortement peuplé ; il était aussi 
        sans doute le plus représentatif d'Alger, avec un échantillonnage 
        de population extrêmement ouvert sur le plan sociologique. Limitée 
        à l'est par le port tout au long du boulevard Camot, entre 
        square Bresson et square Guynemer ; au sud par le 
        boulevard Lafférière, du Bastion-XV au bas du 
        forum ; à l'ouest par le bois d'eucalyptus des Quatre-Canons, du 
        G.G. Jusqu'à la cité Bisch, au pied de la rampe 
        des Zouaves menant à la caserne d'Orléans ; au nord, par 
        le boulevard Gambetta, dégringolant le long de la Casbah, du boulevard 
        de la Victoire au square Bresson entourée, comme par une couronne, 
        par les paroisses Saint-Charles Sainte-Marcienne, SainteCroix, et de la 
        cathédrale, Saint-Augustin regroupait sur son territoire la quasi-totalité 
        des bâtiments publics d'Alger : mairie, préfecture, grande 
        poste, corps d'armée, tribunaux civils et militaires, Banque de 
        l'Algérie et autres établissements de crédit, Trésor 
        public, opéra, grands magasins (Galeries de France, Bon Marché, 
        Petit Duc), compagnies de navigation, lignes de car du Sahel, etc. Quartiers 
        de professions libérales (rue de la Liberté), de boutiques 
        de luxe (rue d'lsly), ceux-ci étant en même temps habités 
        par une population dense et, disons le, aisée ; 
        mais aussi quartiers plus pauvres, et très peuplés 
        : quartier 
        Saint-Augustin (rues Saint-Augustin, Dupuch, Mogador, Levacher, 
        Pirette, etc.), quartier Rovigo (les tournants Rovigo et toutes les petites 
        rues adjacentes). On y trouve les gens de bon ton, style " français 
        de France " mais aussi les éléments du monde méditerranéen 
        qui n'ont rien à envier à Bab-el-Oued ou à Belcourt 
        !
 
 -------De mémoire de paroissien, tout 
        ce petit monde coexistait très bien sans aucune ségrégation. 
        Certes, on voyait plus de dames en fichus noirs avec leurs cabas en osier 
        aux messes matinales, et de dames en chapeau b.c.b.g. aux messes de 10 
        h 30 et de 11 h 30, mais cela n'a rien d'original !
 
 I -------l y avait surtout que le clergé 
        de Saint-Augustin était à tous, que les mouvements de charité 
        paroissiaux avaient une extraordinaire activité (conférences 
        Saint-Vincent-de-Paul ; Demoiselles " Louise-de-Marillac ", 
        etc), que les jeunes se retrouvaient, sans distinction de milieu ou d'origine 
        au sein des troupes scoutes, que la chorale ne dédaignait pas d'aller 
        "taper le bain" à Sidi-Ferruch, et qu'on ne demandait 
        pas si elle était pauvre ou riche, si elle s'appelait Hernandez, 
        Saliba, Paoli ou de MachinTruc, la communiante qui, parée somptueusement 
        comme une mariée, escaladait la rampe vertigineuse, couverte de 
        draperies immaculées et de fleurs multicolores, passant pardessus 
        le maître-autel, pour aller couronner, le dernier jour de mai, la 
        statue de la Vierge, installée pour la circonstance, à la 
        place de celle de saint Augustin, qui dominait toute la nef, tandis que 
        de la foule émue montait le cantique. C'est le mois de Marie, c'est 
        le mois le plus beau...
 
 -------Saluons aussi, au passage, un prêtre 
        de sainte mémoire, l'abbé Rossano, que j'ai connu avec une 
        barbe blanche encore plus impressionnante que celle du chanoine Pezet. 
        Jusqu'au bout, malgré son grand âge, il célébra 
        la messe avec une piété méticuleuse qui soulevait 
        l'admiration, non sans provoquer quelquefois une certaine impatience, 
        en raison de sa lenteur. Pour ma part, je me souviens de ses dernières 
        grand-messes à Saint-Augustin, à la fin des années 
        cinquante : le chant de la préface, en voix chevrotante, à 
        bout de souffle, mais chaque syllabe scrupuleusement psalmodiée, 
        avait quelque chose de pathétique : je l'entends encore, là, 
        à l'instant même, et j'en pleure.
 
  -------Nous sommes arrivés 
        à cette période où une génération qui 
        aura marqué la vie de la paroisse d'une empreinte indélébile, 
        va laisser place à une autre. 
 -------Nous sommes au tournant de la guerre 
        d'Algérie : nous pensons approcher de la fin. C'est vrai, mais 
        ce n'est pas le cauchemar qui va finir, c'est nous, notre " nous 
        " collectif.
 
 -------Le jeudi 15 mai 1958 est le jour de 
        l'Ascension. Sans être irrespectueux, il faut dire que nombre d'Algérois 
        font depuis deux jours celle des escaliers qui mènent au forum. 
        Pourtant dans l'après-midi, se déroule dans l'église 
        Saint-Augustin une cérémonie solennelle. Il y a là 
        l'archevêque, assisté de Mgr Jacquier, mais aussi du chanoine 
        Rossano, du chanoine Pezet, et d'un nombreux clergé, pour accueillir 
        le nouveau curé : l'abbé Matthieu 
        Aquilina, dont le nom chante la souche maltaise, authentique Algérois, 
        et qui a exercé son ministère dans de nombreuses paroisses 
        de " l'intérieur ", comme nous disions là-bas 
        (Blida, Azazga, Jean-Bart, Rouiba, Boufarik) avant d'être installé 
        dans une église algéroise, à Saint-Vincent-de-Paul 
        de Bab-El-Oued.
 
 -------Un nouveau style s'installe, mais 
        ce changement se fait "dans la continuité" : de fait, 
        M. le curé Aquilina (qui, aujourd'hui, exerce son ministère 
        à Marseille dans des conditions éprouvantes) homme énergique, 
        en pleine force de l'âge, va quelquefois bousculer 
        certaines habitudes paroissiales tout s'arrangeant, d'ailleurs aisément 
        par la suite. Entre autres choses il va faire repeindre entièrement 
        l'intérieur de l'église d'un crème clair lumineux, 
        redonnant jeunesse à l'édifice, mais lui ôtant peut-être, 
        à mon sens, cette "patine de prière" qu'il avait 
        prise au fil des décennies. Adepte du dépouillement il va 
        également faire disparaître les grands tableaux XlXe qui 
        figuraient dans le choeur.
 
 -------Sur le plan musical, par contre, la 
        continuité l'emporte. Le chanoine Aquilina est un passionné 
        de musique sacrée, et le niveau artistique des cérémonies 
        religieuses qui se déroulent à Saint-Augustin se maintient 
        au plus haut sous sa houlette et sa direction éclairée. 
        Certains changements montrent bien la volonté d'enracinement du 
        nouveau curé : la table de communion, simple balustrade en bronze, 
        est remplacée par une rampe de pierre supportée par des 
        pilastres, et surtout il fait sceller le maître-autel, après 
        l'avoir fait consacrer par cet autre Algérois qu'était Mgr 
        Jacquier (alors qu'avant, seule la pierre d'autel ayant été 
        consacrée, l'autel n'était pas fixé dans le sol).
 
 -------Il devait revenir au chanoine Aquilina 
        de se trouver à la tête de la grande paroisse au moment de 
        la Passion de l'Algérie française, qui entraînerait 
        celle de la chrétienté en ce pays.
 
 -------Ce furent les messes de minuit célébrées 
        à 17 heures en raison du couvre-feu ; ce furent aussi les retombées 
        de la guerre franco-française en Algérie : barrages, perquisitions... 
        Depuis 1961 le père Aquilina se trouvait seul, son 
        vicaire l'abbé 
        Dahmar, kabyle prêtre catholique français, 
        ayant dû partir contre son gré après les barricades 
        de Janvier 1960 : qu'il soit ici salué. Ce fut un moment pénible 
        pour le chanoine Aquilina. D'autres allaient suivre, la vie à Saint-Augustin 
        basculant, comme le reste de la ville, dans une sorte de cauchemar surréaliste 
        : ainsi, le sacristain Berger, petit, bougon... et si populaire dans la 
        paroisse, ancien résistant, marin qui avait gagné l'Angleterre, 
        était devenu de plus en plus agité, dans cette atmosphère 
        de barrages, bouclages, ratissages, engendrés par la chasse à 
        l'O.A.S. : les images de l'autre guerre s'entrechoquaient avec ce qui 
        arrivait de façon si imprévue, si injuste... Un samedi matin 
        raconte le chanoine Aquilina, le quartier fut cerné par les blindés, 
        et des vagues de gardes-mobiles fouillèrent immeuble par immeuble, 
        s'approchant de l'église ; soudain le sacristain disparut, après 
        avoir fermé les portes de Saint-Augustin. La journée passa, 
        puis celle du dimanche : il demeurait introuvable. Ce n'est que le lundi 
        matin, au moment de dire, seul, sa messe matinale, que le chanoine Aquilina, 
        croyant halluciner entendit un faible gémissement paraissant provenir... 
        de l'autel même ! ! ! Soudain, il réalisa, et se précipita 
        derrière celui-ci, se souvenant qu'une trappe bouchait une minuscule 
        cavité, située derrière le tabernacle. Il l'ouvrit 
        : le sacristain était là, recroquevillé, tremblant, 
        hagard. L'homme était devenu fou.
 
 -------La gorge se serre en évoquant 
        ces moments, mais il fallait, n'est-ce pas, que ces choses-là ne 
        soient pas occultées... Ce fut bientôt l'agonie de la paroisse, 
        le départ massif des paroissiens, la dispersion de la chorale... 
        Le 18 octobre 1962, des soudards de l'A.L.N. envahirent l'église, 
        la dévalisèrent, saccagèrent les ornements, et la 
        profanèrent par des souillures innommables. On imagine la suite 
        donnée à la plainte déposée courageusement 
        auprès de la "police locale" par l'abbé Aquilina... 
        L'église fut alors fermée la plupart du temps. Le vénérable 
        chanoine Rossano qui était resté aux côtés 
        de son curé, dut partir en 1963, après avoir été 
        agressé à plusieurs reprises par des yaouleds (nos distingués 
        médias diraient aujourd'hui des " jeunes gens "), qui 
        le bombardaient à coups de pierres. Mlle Gard subit une fois le 
        même sort et fut jetée à terre au moment où 
        elle entrait dans l'église. Elle partit pour Nice.
 
 -------En 1967, sur une paroisse de plus 
        de 20 000 âmes, il restait seulement quelques centaines de personnes. 
        En 1962, le catéchisme était suivi par 200 enfants. Il en 
        restait 7 en 1967.
 
 -------Alors, on peut dire la rage au cur, 
        le chanoine Aquilina décida de partir, estimant que les quelques 
        coopérants qui venaient à Saint-Augustin n'étaient 
        pas ses paroissiens. Il eut en plus le courage et la dignité de 
        refuser les postes que la hiérarchie lui proposait dans la nouvelle 
        cathédrale, et il choisit l'exil.
 
 -------Un père 
        jésuite le remplaça, on n'ose écrire " lui succéda 
        ".
 
 -------Le sort de l'église Saint-Augustin 
        était joué. Appartenant aux pouvoirs publics, l'édifice 
        ne pouvait être sauvé. En eût-il été 
        autrement, s'il avait appartenu au clergé ? Il est permis d'en 
        douter ; rien que le nom de saint Augustin, qui clamait l'hymne de l'Afrique 
        chrétienne, romaine et berbère, au lieu de le sauver, l'aurait 
        condamné.
 
 -------Lorsque l'église fut remise 
        aux autorités judiciaires algériennes, la messe fut célébrée 
        pendant quelque temps encore dans la petite chapelle de l'école 
        des sueurs de la rue Roland-de-Bussy étrange retour au point zéro 
        pour la grande église, qui avait vu sa première chapelle 
        dans cette petite rue, où oeuvraient les religieuses de l'Assomption, 
        puis, qui s'était installée dans les locaux d'une caserne 
        destinée à laisser place au futur palais de justice !
 
 -------En l'occurrence, les représentants 
        des Habous furent plus rapides que ceux du ministère de la justice 
        : ils s'emparèrent de l'épave de l'église pour en 
        faire une mosquée, parmi tant d'autres. Mais, comme dit le psalmiste 
        : " Dominus... Tu es qui restitues haereditatem meam mihi " 
        (Ps. 15).
 
 -------En guise de postface à l'évocation 
        de la paroisse Saint-Augustin, voici la plus étonnante "carte 
        de visite" qui soit, à propos d'une cérémonie 
        religieuse.
 
 -------Saint-Augustin, 
        église des artistes, comme elle était aussi celle 
        des membres des professions Judiciaires, qui y faisaient célébrer 
        la messe de rentrée du palais, voyait chaque année la célébration 
        de la messe, dite du Voeu de Willette, le matin du mercredi des Cendres. 
        Cette cérémonie rassemblait un grand concours d'artistes, 
        croyants comme non-croyants. La dernière qui eut lieu, au moins 
        avec l'éclat habituel, fut celle qui fut célébrée 
        le 15 février 1961 par Mgr Jacquier, les chants ayant été 
        assurés par " la Baraka " dirigée par André 
        Garreau, avec, à l'orgue, Marie-Antoinette Gard, et la prière 
        de Willette ayant été dite par M. André Limoges, 
        de " France V ".
 
 -------L'annonce de cette cérémonie, 
        avec les détails ci-dessus, était imprimée sur une 
        feuille d'invitation, portant, sous le texte lui-même, la mention 
        suivante
 " De la part de : MM. J-D. Bascoulès, Etienne Chevalier, Emile 
        Claro, Louis Fernez, Pierre Frailong, Sauveur Galliero, Christian de Gastyne, 
        Gilbert Larroque, Auguste Marissal, Simon Mondzain, Mmes Andrée 
        du Pac, Nelly Pate, France Schiaffino-Laurent, pour les Beaux-Arts ; MM. 
        Léo-Louis Barbes, Jean Clergue, Raoul de Galland, Mlle Marie-Antoinette 
        Gard, MM. André Garreau, Lucien Huck, Joseph Jamoul, Marcel Laffont, 
        René Morelli, Jacques Tapissier, Romuald Vandelle, pour la musique 
        ; MM. Louis-Eugène Angeli, Fernand Arnaudiès, Mlle Geneviève 
        Bailac, Jean Brune, Alexandre Chevalier, Mlle Christiane Delacroix, André 
        Farese, R.-P. Florent, Roland Godiveau, Pierre Heral, Alfred Keppling, 
        Lucien Magliulo, Georges Marcais, René Rostagny, pour les lettres 
        et le théâtre ".
 
 -------Quel algérianiste pourrait 
        rêver d'une plus extraordinaire affiche, d'un plus brillant plateau, 
        d'une carte de visite plus vivante, témoin d'une vie qui continuait 
        malgré, envers et contre tout ?... Et tout cela, en 1961, à 
        la veille du Putsch, rassemblé à Saint-Augustin... Alors, 
        " algérianiste " de par même son nom, " algérianiste 
        " jusque dans ses dernières cérémonies, cette 
        illustre paroisse algéroise méritait de revivre dans les 
        pages de cette revue, comme elle vit à jamais dans le coeur de 
        ceux qui furent ses enfants, et le restent en toute éternité.
 
 -------(1) Marie-Antoinette Gard, malgré 
        son grand âge, assura avec brio, la tenue de l'orgue de notre-Dame-du-Port, 
        à Nice, le curé étant M. le chanoine Lecop, ancien 
        curé de Saint-Charles-d'Alger. Elle s'est éteinte à 
        l'âge de quatre-vingt-sept ans, le 14 avril 1983.
 (Décembre 1985)
 
 
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