| -----Il y a des 
        jours particuliers dans l'année israélite, où l'on 
        ajoute après la prière du matin, plus exactement, après 
        la Amida, et sans aucune interruption, une série de psaumes (du 
        n°113 au 118 inclus), et qu'on appelle le Hallel, vocable hébraïque 
        sur lequel s'est fondé, dans presque toutes les religions, le mot 
        (hébraïque lui aussi) de Hallelouy-a, (louez, au sens de louangez, 
        Dieu). Nous allons étudier aujourd'hui de plus près ce Hallel.-----Le Hallel 
        (et ce mot regroupe l'ensemble des psaumes cités en référence) 
        ne se dit qu'à un moment de joie sacrée. Ainsi, par exemple, 
        nous le lisons tous les jours de fêtes, Souccoth (fêtes des 
        cabanes, Pessa'h, les mi-fêtes étant, rappelons-le les jours 
        intermédiaires entre le 1°` et le dernier jour de fête. 
        Le Hallel se chante, plus qu'il ne se lit (les accents et les mélodies 
        variant suivant les coutumes des fidèles) avec emphase ces jours-là. 
        Le Hallel se dit le jour, debout, pieds joints, précédé 
        et suivi d'une bénédiction, avec un minimum de 10 adultes 
        majeurs, mais jamais la nuit. Nous verrons plus loin les exceptions.
 -----Cependant, 
        on le lit aussi, à d'autres moments, mais de façon abrégée, 
        c'est-à-dire, qu'on y introduit des coupures. Les jours de néoménies 
        (Rosh-Hodesh - tête de mois, donc nouveau mois), on lit le Hallel 
        abrégé. Abrégé, parce qu'on saute la moitié 
        supérieure du Psaume 115 (versets 1 à 11 inclus). Ce jour-là 
        ou ces deux jours-là, puisque RoshHodesh peut avoir deux jours, 
        on ne lira que les versets 12 à 18. Même chose pour le Psaume 
        116, dont nous sautons les versets 1 à 11 aussi, et nous ne lisons 
        donc que les versets 12 à 19. Les autres composantes du Hallel 
        (les psaumes 113, 114, 117, et 118), eux, ne sont jamais tronqués.
 -----Le Hallel, 
        nous l'avons dit plus haut, manifeste un élan d'amour du peuple 
        envers son Dieu, un témoignage de gratitude pour les miracles qu'il 
        fit en notre faveur. C'est pour cela qu'on ne le lit qu'aux grandes fêtes, 
        quand la joie est collective. Un individu tout seul, qui a bénéficié 
        d'un miracle, cependant, ne le dira pas, ou alors en privé. Il 
        faut, pour dire le Hallel, que la gratitude de Dieu se soit manifestée 
        pour toute la collectivité d'Israël et qu'elle ait des répercussions 
        jusqu'à aujourd'hui.
 Prenons comme exemple la Pâque juive : même si elle a eu chaque 
        année, même si chaque année nous commémorons 
        la sortie d'Egypte et la fondation du peuple juif, ne s'accompagne de 
        la lecture du Hallel pendant les 8 jours de la fête. La Pâque 
        juive vu son importance jouit cependant d'un statut particulier, quant 
        à la lecture de ces s.
 -----La fabrication 
        des pains azymes se faisait autrefois chez soi, dans l'après-midi 
        précédant la fête (pour être clair, en 1997, 
        l'après-midi du 21 avril). Pendant la préparation des pains 
        azymes, le malaxage de la farine, la cuisson, etc... on
 chantait le Hallel. Le soir de la fête, à la synagogue, exceptionnellement, 
        immédiatement après la Amida du soir, on chante le Hallel. 
        C'est le seul jour de l'année où le Hallel est récité 
        de nuit, le soir de Pâques et pour nulle autre fête.
 |  | -----Ceci pour nous 
        souvenir que nos ancêtres en Egypte ont reçu l'autorisation 
        du Pharaon de quitter le pays la nuit. Aussitôt, les exilés 
        ont entonné le chant du Hallel. C'est pour cela que nous perpétuons 
        ce rite d'année en année. On voit donc bien que l'origine 
        du Hallel remonte à la nuit des temps. Cependant, le roi David, 
        qui a composé et mis en oeuvre les Psaumes, les a recueillis et 
        les a inclus dans le Psautier. Autre particularité de la Pâque 
        : alors que le Hallel se dit les 9 jours de Souccoth et les 2 de Chavouoth 
        en entier, les 6 derniers jours de Pâque, le Hallel est tronqué, 
        comme à Rosh-Hodesh. La raison en est simple. Là encore 
        une fois, on voit le caractère et le message universels de la Thora. 
        La sortie d'Egypte a, malheureusement occasionné de nombreuses 
        victimes parmi les Egyptiens. Avec les dix plaies, Dieu a frappé 
        leurs premiers-nés, puis l'armée qui fut noyée dans 
        la Mer Rouge. Pour ne pas faillir à notre devoir de gratitude et 
        de compassion, même envers nos ennemis d'alors, nos sages ont voulu 
        supprimer le Hallel pour tout le reste de la fête. Mais comme il 
        s'agissait de Pessa'h, la plus importante fête du judaïsme, 
        la lecture du hallel a été maintenue avec les omissions 
        susnommées. Autres jours où l'on lit ces textes : les 8 
        jours de Hannoukah, commémorant la révolte des juifs contre 
        les Grecs vers l'an 162 avant JC, et le rétablissement du culte 
        divin (voir notre article sur Hanoukah), ainsi que le miracle de la fiole 
        d'huile (elle devait se consumer pendant 1 journée, elle a brûlé 
        8 jours, le temps nécessaire à la fabrication d'une autre 
        huile sainte).-----A Pourim, 
        fête relatée en détail dans le livre d'Esther, on 
        ne lit pas le Hallel. Pourtant, le miracle réalisé ce jour 
        est plus important et plus grand que celui de Hannoukah. De plus, Pourim 
        a fait l'objet d'un traité entier dans le Talmud, ce qui n'est 
        pas le cas de Hannoukah. Pourquoi cette différence ? C'est que 
        le miracle de hannoukah a eu lieu en
 Terre Sainte, et celui de Pourim en Perse. En ne lisant pas le Hallel 
        à Pourim, on a voulu marqué ainsi la prépondérance 
        de la Terre Sainte. Cependant, nombre d'exégètes confèrent 
        au livre d'Esther, que nous lisons à Pourim, le même statut 
        que le Hallel.
 -----Autres 
        jours de fêtes où l'on ne lit pas le Hallel : Roch Hachana 
        (nouvel An) et le Yom Kippour. La raison en est simple. Ces jours-là, 
        Dieu fixe la destinée de chaque homme pour l'année à 
        venir. Il consulte un "registre" et décide de qui va 
        vivre, ou qui va mourir. Dans une telle position inconfortable, comment 
        l'Homme pourrait-il se
 sentir joyeux et entonner le Hallel ? D'ailleurs nos sages mettent dans 
        la bouche de Dieu ces mots-là : "Le Livre des vivants et des 
        morts est ouvert devant Moi, et vous Me chanteriez des hymnes ?". 
        Belle leçon d'humilité que Dieu nous donne !
 G.SEBAG
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