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          | ALGER-REVUE 
            de décembre 1957, consacrait un long article à la naissance 
            de la Télévision Musulmane en Algérie. Nous évoquions 
            alors les difficultés techniques qu'il a fallu surmonter et 
            les efforts déployés pour doter notre ville d'un outil 
            de diffusion, dont l'absence devenait un anachronisme dans une cité 
            aussi moderne qu'Alger. 
 Vingt-six mois se sont écoulés depuis. Il nous a paru 
            bon de dresser ici un bilan de ce qui a été fait et 
            de parler de ce qu'il reste encore à faire pour les émissions 
            musulmanes de la Télévision. Ce bilan s'impose, car 
            le succès déjà rencontré par cette chaîne 
            et l'espèce de petite révolution qu'elle a provoquée 
            dans le mode de vie de nos concitoyens musulmans, interdisent qu'on 
            le passe sous silence.
 
 A cet effet, nous nous sommes adressés à celui qui, 
            sur le plan organisation artistique, est en quelque sorte l'âme 
            de la chaîne arabe de la Télé : nous voulons parler 
            de M. Fathallah Benhassine, chef des Services littéraires et 
            artistiques des E.L.A.K. de Radio-Algérie.
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          |  M. 
              Fathallah Benhassine dans son bureau de la rue Berthezène. |  Semaine après semaine, jour après jour, 
        avec un acharnement qui puise sa source dans le plus pur des dilettantismes, 
        M. Benhassine élabore, organise et réalise les programmes, 
        qui font la raison d'être de la télévision musulmane.
 Car l'organisation des spectacles arabes n'est pas, à l'heure actuelle, 
        une affaire aisée. Payant de sa personne, se heurtant souvent au 
        scepticisme de certains, au sectarisme de collaborateurs, à l'incompréhension 
        d'autres, M. Benhassine uvre avec comme seul but, la sauvegarde 
        du patrimoine artistique algérien. A ce patrimoine, la télévision 
        offrait le cadre idéal pour s'épanouir et la chance inespérée 
        de se perpétuer : M. Benhassine n'a pas voulu manquer cette chance.
 ********************************* Notre conversation a tout naturellement porté sur 
        l'émission " Rythmes et Chansons" retransmise tous les 
        lundis, depuis la salle Pierre Bordes et qui connaît un succès 
        rarement égalé.
 - Les spectacles donnés à l'heure actuelle salle Pierre 
        Bordes par France V (Émissions en langues arabe et kabyle), nous 
        dit M Benhassine, ne constituent pas, à vrai dire, une innovation 
        puisque ces mêmes E.L.A.K., du temps de MM. Wilson et Grinda, donnaient 
        déjà des concerts publics de musique classique, populaire, 
        moderne et variée, et allaient aussi bien dans l'Oranie (Oran, 
        Relizane, Mascara, Mostaganem), que dans les autres villes d'Algérie 
        (Bougie, Orléansville Blida, Cherchell , etc...).
 
 -Dès l'installation de la Télévision à Alger, 
        M. Gayraud, alors directeur régional de la R.T.F. en Algérie, 
        avait conclu un contrat avec la troupe Mahieddine pour donner des représentations 
        théâtrales, télévisées, depuis l'Opéra 
        Municipal.
 
 -Le Maire d'Alger avait répondu favorablement à cette demande, 
        mettant alors à sa disposition, tous les lundis, la salle de l'Opéra 
        Municipal d'Alger. Malheureusement, les événements ont paralysé 
        la réalisation de ce projet.
 
 -Cette année, nous avons voulu le reprendre et nous avons redemandé 
        la même salle, mais en vain. Nous avons alors reporté notre 
        espoir sur la salle Pierre Bordes, et, grâce à la compréhension 
        de M. Dussaule, nous avons pu y donner des spectacles qui sont à 
        la fois radiodiffusés et télévisés.
 
 « Pour les connaisseurs du théâtre d'expression arabe, 
        ils savent que leur répertoire est assez mal fourni pour donner 
        tout un éventail de pièces de tous genres (tragédies, 
        comédies, lyriques, vaudevilles, etc...). Ce qui a étonné 
        certains et surpris beaucoup d'autres, c'est le succès remporté 
        par ces spectacles. Cependant, on comprend aisément que le public 
        n'ait pas cessé de les redemander car il en a été 
        sevré, un peu malgré lui.
 
 Maintenir le contact des artistes avec le 
        public
 
 QUESTION : Au-delà du côté «divertissement du 
        public» quel but poursuivez-vous dans le cadre de ces émissions 
        musulmanes télévisées?
 
 R. :Il y a d'abord un but humanitaire : à savoir le versement des 
        recettes aux uvres sociales de la R.T.F. en Algérie. Ensuite 
        un aspect social : procurer du travail aux artistes, leur permettre de 
        subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles et 
        résorber ainsi le chômage qui règne dans cette corporation. 
        Il ne faut point oublier qu'à l'heure présente les artistes 
        ne trouvent plus à s'employer ni à l'Opéra ni dans 
        les fêtes familiales traditionnelles.
 Enfin leur permettre de reprendre leur métier dont, par une inactivité 
        de plusieurs années, ils perdent la pratique. La télévision 
        va parfaire leur art. Dans cette voie : apprentissage, recherche et perfectionnement, 
        nous devons beaucoup à M. Noël Ramettre, chef du Service Réalisation 
        qui a formé une équipe de premier ordre.
 
 Q. :Trouvez-vous à Alger même, les 
        éléments nécessaires à vos émissions?
 
 R. :Alger constitue le centre de production par excellence et nous y trouvons 
        tout à la fois les uvres et les exécutants, ce qui 
        n'existe nulle part en Afrique du Nord.
 
 Outre la production locale que nous encourageons mais qui ne répond 
        pas aux exigences de nos possibilités actuelles (trop d'actes, 
        décors multiples) que, seule, une salle puissamment équipée 
        permettrait de réaliser, nous puisons dans le théâtre 
        universel par des adaptations d'uvres anglaises, espagnoles, égyptiennes, 
        italiennes, libanaises, etc...
 ...Car pour nous, contrairement aux affirmations de Kipling, l'Occident 
        et l'Orient se rencontrent bien à Alger et personne ne pourrait 
        le nier.
 
 Ses possibilités d'exploitation de films tournés ou kinescopés 
        par la R.T.F. en Algérie sont immenses. II suffirait de se pencher 
        sur cette perspective pour en apprécier l'inestimable potentiel, 
        aussi bien sur le plan dramatique que lyrique, sans oublier sa portée 
        psychologique.
 
 Pour amplifier, enrichir le répertoire local nous acceptons routes 
        les initiatives et sollicitons toutes les collaborations - notre porte 
        est grande ouverte à tous ceux qui, doués, veulent apporter 
        leur pierre à l'édifice.
 
 Q. : Combien d'émissions compte actuellement le programme arabe 
        de la télé ?
 R. : Elles sont pour l'instant au nombre de 5 :
 1°/ Arts et Lettres , émission littéraire ou 
        artistique diffusée tous les lundis et qui
 dure 15 minutes (exemple : Rachid Ksentini, Lamartine, Ibn Khaldoun).
 2°/ Rythmes et Chansons ", retransmise depuis la salle 
        Pierre Bordes tous les lundis soir, alternée avec soit une dramatique 
        (Le voyage de M. Perrichon), soit avec une lyrique (Al Koul ala Alkarch).
 
        
          | Si vous le souhaitez, 
              vous pouvez cliquer sur la photo pour l'agrandir.
               Emission Rythmes 
              et Chansons : un mariage, avec l'orchestre féminin de Mériem 
              Fékai. Aux côtés de Latifa et Tizraoui, Mmes 
              Nadjat, Hadjera, Bali, Dalila. |  3°/ Une émission enfantine mixte (français 
        et arabe), dont la durée est de 45 minutes.4°/ Un film égyptien tous les samedis.
 5°/ Une émission musicale le vendredi. Très éclectique, 
        elle comprend tous les genres (classique, moderne, bédouin, oranais, 
        etc.)
 
 La durée de ces émissions est approximativement de quatre 
        heures par semaine. Et pour répondre à une auditrice qui 
        pose la question des deux langues (littéraire et dialectal), je 
        précise qu'actuellement, en gros, nous donnons hebdomadairement 
        3 h. 45 de spectacles en dialectal et 15 minutes en littéraire.
 
 Pendant le mois du Ramadan la R.T.F. a fait un effort particulier qu'il 
        convient de souligner : la diffusion tous les jours (samedi et dimanche 
        exceptés), à la fin des émissions, d'un court métrage 
        réalisé dans nos studios.
 
 Il faut diffuser chaque semaine une uvre dramatique
 
 Q. : Quels sont vos projets ?
 R.: Aller toujours de l'avant, bien entendu. A cet égard il convient 
        de préciser que notre but demeure la diffusion, chaque semaine, 
        d'une uvre dramatique ou lyrique indépendamment de l'émission 
        " Rythmes et Chansons", de la salle Pierre Bordes.
 
         
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               Salle 
              Bordes : répétition de l'opérette "En 
              Nagun el Hayat" Décor de Galliéro |  Cette émission est, en effet, dans notre esprit, 
        une soirée essentiellement de variétés ; elle est 
        si vous voulez, la nouvelle version de notre " Music-hall 
        du dimanche ", qui, dans le passé, avait lieu au 
        cinéma " Djamal ", puis ensuite au " Donyazad ".
 Ce qui nous empêche actuellement de transmettre des pièces 
        dramatiques ou lyriques, c'est le manque de locaux, la Maison de la Radio 
        du 
        boulevard Bru ne comportant pas assez de studios. C'est une 
        question de crédits, car même à Paris, les studios 
        et les services de la R.T.F. sont dispersés et vivent à 
        l'étroit en attendant la construction.
 
 Q. : Comment est organisé votre budget?
 R. : La R.T.F. en Algérie ne reçoit ses ressources que de 
        la Métropole, c'est dire que les redevances que l'Algérie 
        lui procure, représentent une infime partie de son budget général. 
        Aussi faudra-t-il signaler l'importance de cet apport sans lequel nous 
        n'aurions pu faire aucun progrès réel et durable dans le 
        domaine qui nous intéresse.
 Voyez-vous, la R.T.F. en Algérie, en ce qui concerne les émissions 
        musulmanes, remplit le rôle de mécène de l'Art en 
        plus de celui d'éducateur et de vulgarisateur des sciences modernes 
        et connaissances humaines. Elle a fait pour l'évolution de la masse 
        et pour le combat contre l'ignorance, voire même 
        contre l'analphabétisme. plus que beaucoup d'autres institutions 
        appropriées.
 
 Je crois que nous sommes dans la bonne voie. Nous n'aurons qu'à 
        persévérer, en demandant toutefois aux autorités 
        locales responsables de nous faciliter la tâche en nous aidant à 
        obtenir des salles de spectacles de choix, afin de satisfaire les spectateurs 
        qui sont, avant tout, leurs administrés.
 
 Par exemple ces derniers nous reprochent de n'avoir pas pensé à 
        organiser à l'intention des mères de famille et des habitants 
        de la banlieue d'Alger et de sa périphérie des matinées. 
        Certes, nous y avons bien pensé, mais nous ne pouvons rien faire, 
        faute de local.
 
 Éloges et critiques
 
 Q. : Nous savons que le public de la salle Pierre Bordes réagit 
        énormément aux .spectacles qui sont offerts. Le téléspectateur 
        réagit-il de la même façon?
 
 R. : Les réactions de ce dernier sont différentes de celles 
        du spectateur. Celui-ci communiant avec l'acteur, pénètre 
        dans l'ambiance et joue le jeu, tandis que le téléspectateur 
        isolé n'adhère pas entièrement au spectacle.
 II faut dire que la télévision est un art nouveau qui cherche 
        sa voie.
 
 Q. :Recevez-vous des suggestions ou des critiques des téléspectateurs?
 R. : Nous applaudissons chaque fois que nous recevons une lettre où 
        les critiques sont exposées avec une netteté digne d'intérêt. 
        Même si parfois elles ne sont pas justifiées, même 
        si elles émanent d'une passion ou d'un égoïsme, ces 
        critiques nous servent toujours. car elles nous montrent nos défauts 
        ou nos points faibles ; ainsi nous nous efforçons de nous améliorer 
        et de satisfaire davantage les goûts qui, 
        précisément, ne se ressemblent pas.
 
 De même nous recevons des lettres contenant des éloges qui 
        sont valables aussi, parce qu'il y a des travailleurs qui uvrent 
        dans l'ombre et qui ont besoin d'une satisfaction morale. En principe, 
        les belles réalisations ne provoquent aucune correspondance, pour 
        la bonne raison que c'est parfait, et les téléspectateurs 
        comme les auditeurs croient sincèrement qu'ils méritent 
        cela et qu'ils payent la taxe radio ou T.V. pour avoir des spectacles 
        de ce genre. Mais quand il y a une petite lacune, tous se mettent à 
        crier au scandale. En voici quelques exemples exprimant sans haine ni 
        passion, leur point de vue:
 
 " Monsieur,
 "... Sans vouloir jouer au censeur, il est impossible de passer sous 
        silence les critiques que font naître vos émissions, elles 
        sont de deux ordres :
 " Primo : médiocrité notoire,
 " Secondo : mauvaise répartition des heures de programmation.
 Vous disposez d' un moyen de diffusion exceptionnel, il vous est donc 
        loisible de faire connaître de nouveaux talents, de nouvelles idées. 
        Au lieu de cela, tout n'est que niaiserie, et dire que certains considèrent 
        la télé comme le huitième Art ! telle n'est pas du 
        moins l'opinion des téléspectateurs algériens.
 " J'ai l'intention de vous parler aujourd'hui plus spécialement 
        des émissions eu langue arabe,
 REPORTAGES D'ACTUALITÉS :
 " Ne pourrait-on pas éviter de passer des bandes qui ont déjà 
        été programmées en langue française ?
 "Exemple: le Salon de l'Aviation de Londres, déjà vu 
        lors d'un précédent magazine de. l'aviation.
 " Est-ce que les sujets de reportage manquent ? ou est-ce plutôt 
        les crédits qui font défaut ?
 CONCERTS DE MUSIQUE ARABE:
 " Rien à dire, quelquefois trop courts.
 FILMS DE COURTS MÉTRAGES (production locale):
 " Quand on pense à tout le tapage qu'on a fait. à l'époque, 
        sur les tournages du studio des Eucalyptus, on reste confondu devant d'aussi 
        piètres résultats : deux douzaines de courts métrages 
        et un moyen métrage. Si je ne m'abuse, il était, à 
        l'époque, question pour les émissions en langue arabe, du 
        fait qu'elles devaient se contenter uniquement de leurs propres productions, 
        de prendre une certaine avance. En fait d'avance, je crois plutôt 
        que vous avez fait comme le lièvre de la fable.
 "Le but de la télévision étant de distraire 
        et aussi d'instruire, je pense que votre effort de vulgarisation devrait 
        porter sur des auteurs plus accessibles à la masse, En outre, je 
        pense que vos efforts seraient plus payants si vous employiez de préférence 
        l'arabe dialectal. Le producteur de cette émission est néanmoins 
        à féliciter, même si parfois il vise un peu trop haut. 
        Qu'il continue.
 FILMS DE LONGS MÉTRAGES:" Pour la plupart sans intérêt, mais dans l'état 
        actuel des programmes, bonne diversion.
 Émissions THÉÂTRALES:"Bonnes en général mais n'existe-t-il pas de pièces 
        écrites spécialement pour le théâtre d'expression 
        arabe
 " Je connais toutes les difficultés auxquelles se heurtent 
        les organisateurs de spectacles, et plus spécialement quand il 
        s'agit de théâtre arabe, le public ne répondant pas 
        toujours aux espérances mises en lui. Il y a bien d'autres obstacles, 
        on ne peut évidemment traiter tous les sujets, il faut respecter 
        certaines lois fondamentales de l'Islam. Néanmoins, et malgré 
        ces réserves, je persiste à croire que tous pouvez faire 
        beaucoup mieux.
 
 ÉMISSION ; " RYTHMES ET CHANSONS"
 "Agréable divertissement sans plus, public trop bruyant, mais 
        pourquoi s'obstine-t-on à vouloir intercaler des sketches dans 
        cette émission, sketches parfois fort longs et qui irritent l'assistance 
        déjà peu patiente.
 " J'espère que les promesses qu'à faites votre directeur 
        général, M. Chavanon, lors de son dernier passage à 
        Alger, seront tenues (M. Chavanon avait fait ces déclarations en 
        présence de son délégué M. Mallein, ingénieur 
        général des Télécommunications, chargé 
        de la direction de la RTF en Algérie, qui les tiendra certainement.).
 
         
          | Si vous le souhaitez, vous 
            pouvez cliquer sur les photos pour les agrandir. |   
          |  Selmon Wabid, chanteur au luth.
 |  La chanteuse et actrice Nora
 |  Le célèbre chanteur tlemcénien Hadj Larbi ben 
              Sari, virtuose unique du "R'bab"
 |  Mais puissent vos services ne pas oublier que nous sommes 
        en Algérie. sur une terre de rencontre de deux civilisations et 
        par leurs prochaines émissions, nous faire connaître et aimer 
        en différentes activités les richesses de nos communautés
 " Ma conclusion sera une phrase qui figure au Cercle Franco-Musulman 
        et qui, je pense, pourrait être votre devise : "Enrichissons-nous 
        de nos mutuelles différences " . Veuillez, etc...
 M. KABERSELI Ahmed. 5, rue de la Pensée.
 ************************************** "Cher Monsieur,Peut-être ne vous sera-t-il pas indifférent, au milieu de 
        toutes les critiques souvent malveillantes dont vous être l'objet, 
        de recevoir les très sincères félicitations d'un 
        téléspectateur qui suit toujours avec beaucoup de sympathie 
        vos émissions. Votre adaptation du "Voyage de M. Perrichon 
        " lundi dernier fut particulièrement réussie. Vos jeunes, 
        très sympathiques par ailleurs, ont admirablement joué leur 
        rôle. Je pense plus particulièrement aux interprètes 
        de Salim et Omar, mais je n'oublie pas les autres, notamment Si Hadel, 
        si plein de verve, Je vous demande de leur transmettre tous mes compliments. 
        Quant à vous, je vous dit simplement " continuez". Vous 
        avez compris que le public musulman tout comme un autre public a le droit 
        d'être exigeant.
 Encore bravo ! avec toute ma sympathie.""
 Jean BERNARD.
 Inspecteur Primaire, 
        Châteaunenf - El-Biar
 
 le méritoire effort des techniciens
 
 Le téléspectateur qui le soir n'a qu'à tourner le 
        bouton de son poste pour voir aussitôt s'animer le petit écran, 
        ne soupçonne pas la somme de travail que doivent dépenser 
        organisateurs et techniciens. Ce côté inconnu du public nous 
        a été dévoilé, avec son amabilité coutumière, 
        par M. Noël Rameute, chef du Service de la Réalisation de 
        la R.T.F. en Algérie.
 
 Ainsi, nous prenons pour exemple l'émission " Rythmes et Chansons 
        " (et cet exemple est aussi valable pour toutes les autres émissions, 
        tant arabes que françaises), les efforts pour les organisateurs 
        commencent à partir du moment où il faut établir 
        le programme. de l'émission, c'est-à-dire, plusieurs jours 
        avant la diffusion. Et ceci n'est pas une chose aisée, car ils 
        doivent, avec des possibilités souvent restreintes, " monter 
        " un spectacle qui réponde à deux impératifs 
        : être varié et plaire à un public particulièrement 
        exigeant, parce que jeune. A cet égard, MM. Gribi et ses collaborateurs 
        Safiri, Kazdarli, Tizraoui, le présentateur Sissani et d'autres 
        encore, font preuve d'un dévouement plus que méritoire.
 
 Répétition sans technique
 
 Une fois donc le programme établi, les répétitions 
        commencent. Celles-ci ont lieu dans des conditions très précaires. 
        En effet, alors que pour la chaîne française les répétitions 
        ont lieu pendant trois jours avec la technique, c'est-à-dire avec 
        les caméras alimentées, ce qui permet d'en contrôler 
        la marche, l'image, le repérage, etc..., les répétitions 
        pour la chaîne musulmane, ont lieu dans un local privé et 
        " à l'italienne ", autrement dit : sans caméras 
        ni décors. Ceci est dû, d'abord au fait que la Maison de 
        la Radio, boulevard Bru, n'a pas assez de plateaux (2 plateaux pour l'ensemble 
        des émissions), ensuite au fait que la salle Pierre Bordes n'est 
        disponible qu'un jour par semaine. Au demeurant, cette salle ne se prête 
        nullement aux exigences de la prise de vue télé, les caméras 
        devant être fixées alors qu'elles se déplacent librement 
        dans un vrai studio.
 
 I.es répétitions ont donc lieu, pendant plusieurs jours, 
        sans technique. C'est seulement, le jour même de la représentation, 
        qu'une répétition se déroule devant les caméras, 
        en costumes et dans les décors.
 
 Signalons en passant que la question des décors est actuellement 
        l'un des grands soucis des responsables, les moyens dont ces derniers 
        disposent étant, là aussi, très restreints et Sauveur 
        Galliero doit se contenter de rajeunir et de réadapter de vieux 
        décors.
 
 lundi : Jour " J "
 
 Le lundi, jour de l'émission, le travail commence bien avant 8 
        heures, avec l'arrivée du car télé.
 
 Alors que les organisateurs préparent l'ultime répétition, 
        les techniciens installent les caméras, les câbles, la prise 
        de son, etc... Puis le réalisateur, en l'occurrence Gribi
 
        
          |  Mustapha 
              Gribi, le réalisateur règle le cadrage d'une scène. |  Mustapha, entre en scène. Son rôle est très 
        important, car de lui dépend la réussite technique du spectacle. 
        Le réalisateur commence par régler son travail sur scène, 
        il fait répéter le texte et jouer les comédiens en 
        fonction des caméras fixes et non mobiles. Disposant de 4 caméras 
        plantées dans 4 coins de la salle, il a donc 4 perspectives différentes 
        de la scène. installé dans la cabine du car, il doit faire 
        un choix des images qui lui sont renvoyées et qu'il suit sur 4 
        écrans placés devant lui. Son choix doit respecter la progression 
        de l'action et refléter la quintessence du spectacle. M. Ramertre 
        nous dira à ce sujet : " Gribi obtient un travail plus qu'honnête 
        ".
 Il est juste de signaler la compétence et le dévouement 
        de techniciens, tels que MM.Watine, chef du Centre Vidéo, Teulon, 
        ingénieur du son, Ortolan, etc.
 
        
          | Si vous le souhaitez, 
              vous pouvez cliquer sur la photo pour l'agrandir.
               Le 
              populaire Lili Boniche |  Le téléspectateur 
        musulman ne veut pas être traité en parent pauvre
 Comme on le voit, indépendamment des organisateurs, artistes et 
        employés, la moindre émission télévisée 
        met en branle une véritable armée de techniciens. Ici, l'un 
        est solidaire de l'autre et le succès final dépend de l'harmonie 
        de tous.
 
 Certes, il y a encore des imperfections, des insuffisances ; des améliorations 
        s'imposent :
 le téléspectateur musulman, notamment, ne veut pas être 
        traité en parent pauvre. On connaît son engouement pour la 
        radio et,tout récemment, pour la télévision. Pour 
        cette dernière, cet engouement ne demande qu'à se renforcer, 
        Nous n'en voulons pour preuve que le bond qu'a fait le nombre des téléspectateurs 
        musulmans depuis la création de l'émission " Rythmes 
        et Chansons".
 
 Il est donc dans l'intérêt même de la R.T.F. d'augmenter 
        sensiblement les heures d'émissions en arabe. Puisse ce vuêtre 
        exaucé !
 Interview recueillie par Samir HANAOUI ************************ «... Je souhaiterais que dans les 
        Mairies des plus petites communes de France il y ait un poste de Télévision 
        pour que ceux qui sont isolés, qui sont déshérités, 
        qui sont malheureux et qui sont surtout trop séparés de 
        la communauté des âmes puissent se vivifier, puissent retrouver 
        un contact humain qui leur permette de mieux vivre et de se sentir revenir 
        à ce grand courant de la vie que la Télévision apporte 
        avec ses images ".
 Ainsi Marcel L'Herbier, récemment concluait ses remarquables déclarations 
        sur "l'Art nouveau " de la T.V.
 Pensait-t-il, à ce moment-là, à notre T.V. musulmane 
        encore en gestation ? Sans doute pas.
 Et cependant... avec quelle pertinence ce souhait si lucide, si humain, 
        pourrait-il être formulé sur ce sol !
 
        
          | Si vous le souhaitez, 
              vous pouvez cliquer sur la photo pour l'agrandir.
               L'orchestre 
              moderne des E.L.A.K dirigé par M.Scandrini, au piano. |  |