| La poste militaire en Algérie - 
        1830-1967 Après la suppression, en 1835, du service - Trésor 
        et Poste " qui avait accompagné l'- Armée expéditionnaire 
        d'Afrique " et desestampilles qui avaient frappé la correspondance au départ 
        de ce nouveau territoire (v. L'Algérianiste n° 10), l'Algérie 
        n'a jamais été
 déclarée théâtre opérationnel " 
        et de ce fait il n'a jamais existé un service officiel de poste 
        militaire pendant plus d'un siècle.
 
 Cependant ses troupes ont toujours participé, non seulement aux 
        opérations menées sur son territoire pour consolider et 
        élargir la conquête, mais également à toutes 
        celles que la France a été conduite à mener dans 
        d'autres pays.
 
 Dans une première partie seront présentées les oblitérations 
        utilisées au cours de ces diverses interventions et dans une deuxième 
        celles utilisées lorsque l'Algérie a été entraînée 
        directement dans des opérations de guerre.
 1e PARTIE Le premier cachet à date utilisé par la 
        Poste militaire est apparu lors des troubles en Kabylie entre 1857 et 
        1860 ; il s'agissait d'une région encore insoumise et où 
        l'Administration n'était pas encore présente. Le courrier 
        expédié par les troupes en opération ne pouvait donc 
        être traité que par l'Armée d'où le cachet 
        suivant : Une deuxième intervention couvre une période 
        bien plus importante dans le temps et dans l'espace : celle de la pénétration 
        du Sahara.
 La France, enfin convaincue qu'elle n'aurait pas pu conserver l'Algérie 
        en limitant sa présence à la seule région côtière, 
        allait pousser sa conquête vers le sud et y installer son Administration 
        à la suite de son Armée, ainsi Biskra, occupée en 
        1844 voyait son bureau de poste civile créé en 1852,
 66 à Laghouat les deux dates sont respectivement 1852 et 1857, 
        à Ouargla et Touggourt 1854 et 1882, à El Goléa 1873 
        et 1891 alors qu'à Ghardaia cette création a lieu en même 
        temps que son occupation en 1882 et à Aïn Sefra en 1894.
 
 Le drapeau français atteignait ainsi les bords du Sahara.
 
 L'immensité du désert commençait à peine à 
        dévoiler ses mystères grâce aux explorations réalisées 
        par certains officiers depuis les années 1850, nous ne rappellerons 
        que la mission dirigée par le lieutenant-colonel Flatters, tué 
        par les Touareg en 1881.
 
 Il fallait attendre la signature de la convention franco-anglaise du 5 
        août 1890 délimitant les zones d'influence des deux puissances 
        en Afrique du Nord pour que la souveraineté française commence 
        à être réelle et ce malgré l'opposition de 
        certains milieux politiques parisiens.
 
 A partir de 1900, l'avance va se poursuivre vers les régions désertiques 
        du Tidikelt, de la Gourara et de la Saoura parcourues par des tribus nomades.
 
 Le décret du 11 avril de la même année accorde la 
        " franchise postale " aux lettres simples pesant moins de 15 
        g provenant ou destinées aux " militaires et marins opérant 
        dans le Tidikelt (région d'In Salah) " et exempte des droits 
        postaux les mandats-poste ne dépassant pas 50 F adressés 
        à ces militaires. Le mot " marins " dans un tel texte 
        peut paraître une erreur de la part de son rédacteur et cependant 
        il ne l'est pas puisque lors de la création des Troupes méharistes, 
        en 1890, les bureaucrates avaient songé à faire appel à 
        eux car, à leur avis, ils étaient plus aptes à supporter 
        les nausées provoquées par le mal de mer dû à 
        l'allure des chameaux.
 
 La circulaire d'application précise que les lettres provenant de 
        ces troupes doivent être revêtues de l'attestation du chef 
        de corps ou de détachement certifiant que l'envoyeur fait bien 
        partie de ces troupes en opération pour " qu'elles puissent 
        être frappées du timbre à date spécial Troupes 
        du Tidikelt dont seront pourvus les bureaux algériens chargés 
        de centraliser ces correspondances ".
 Ce cachet à date devait, donc, être accompagné 
        par ceux des bureaux ordinaires et par ceux de l'autorité militaire 
        attestant l'origine de l'unité en opération ce qui donne 
        lieu à un ensemble de marques apposées sur ces plis, parfois 
        l'on rencontre d'autres griffes ou inscriptions manuscrites précisant 
        l'origine. Parmi ces griffes signalons " Troupes d'occupation du 
        Touat ", " Corps d'occupation du Tidikelt ", " Annexe 
        du Touat " et, parmi les inscriptions manuscrites : " Troupes 
        d'occupation de l'Extrême-Sud Oranais " ou " du Haut Guir 
        " ou " de la Saoura ", " Colonne d'observation de 
        Figuig ", " Troupes du Sud Oranais ", " Camp de Duveyrier 
        ", etc.
 Le décret du 24 mai 1900 étend cet avantage aux troupes 
        opérant dans la Division d'Alger, au-delà ode Fort-Miribel 
        et de Fort-Mac-Mahon ainsi que, dans la Division d'Oran, au sud du poste 
        de Djenan ed Dar. Enfin, par décision de la direction de l'exploitation 
        postale, 4° bureau, parue au Bulletin mensuel des P.T.T. n° 8 
        d'août 1900, cette mesure est étendue aux militaires de la 
        Division d'Oran en opération au sud de Djenien bou Rezg.
 
 Deux autres cachets de franchise postale ont été utilisés 
        par l'autorité militaire pour lesquels nous n'avons trouvé 
        nulle part le texte officiel les ayant autorisés.
 Par décision du 24 décembre 1902 la structure 
        administrative du Sahara est ainsi définie : création des 
        " Territoires du Sud " partagés en deux régions 
        : le " Territoire ,d'Aïn Sefra " couvrant le sud oranais 
        et le " Territoire des Oasis " couvrant le sud algérois 
        et le sud constantinois, les opérations militaires y ont été 
        conduites d'une façon autonome, la situation de leurs frontières 
        étant fort différente.
 Ci-après nous donnons les renseignements à notre connaissance 
        sur l'évolution des bureaux de poste en service dans ces deux territoires 
        pendant l'époque ode la conquête au cours de laquelle la 
        plupart d'entre eux étaient gérés par du personnel 
        militaire détaché.
 a) Territoire d'Aïn Sefra
 Voici la liste des divers bureaux ouverts pendant cette 
        époque et classés dans l'ordre chronologique de leur création.- Djenien Bou Rezg - Oran - BPTT juillet 1889 ouverture le 14 juin 1889 
        - classe Facteur Boîtier Auxiliaire - supprimé ?
 - Taghit - Oran - BPTT décembre 1901 ouverture le 16 octobre 1901 
        - classe Facteur Receveur Auxiliaire Militaire - BPTT septembre 1909 - 
        supprimé le 10 septembre 1909.
 - Djenan Ed Dar - Oran - BPTT février 1901 ouverture le 16 septembre 
        1901 - classe Facteur Receveur Auxiliaire Militaire - BPTT décembre 
        1903 transféré à Beni Ounif le 16 octobre 1903.
 - Timimoun - Oasis sahariennes et Sud Algérien - BPTT juin 1902 
        ouverture le ler mai 1902 - classe Facteur Receveur Militaire - Oran élevé 
        Recette en 1909.
 - Duveyrier - Oran - BPTT juin 1902 ouverture le 1" mai 1902 - classe 
        Facteur - Receveur Auxiliaire Militaire - BPTT août 1904 supprimé 
        le 15 juillet 1904.
 - Beni Ounif - Sud Oranais - BPTT décembre 1903 transféré 
        de Djenan Ed Dar le 16 octobre 1903 dans la même classe - BPTT mai 
        1904 dénommé Beni Ounif du Figuig - Sud Oranais le 16 avril 
        1904 - Oran élevé à Recette en 1909.
 - Béni Abbès - occupé en 1902 - Extrême-Sud 
        Oranais - BPTT décembre 1903 ouverture le ler novembre 1903 - classe 
        Facteur Receveur Auxiliaire des Postes.
 - Colomb - occupé le 11 novembre 1903 - Extrême-Sud Oranais 
        - BPTT août 1904 ouverture le 1er août 1904 - classe Facteur 
        Receveur Auxiliaire des Postes - Le général Lyautey, commandant 
        ce secteur, avait occupé en réalité l'oasis de Béchar, 
        contrairement aux ordres reçus et dans son rapport avait annoncé 
        la prise de Colomb du nom de l'officier qui avait participé à 
        l'opération - BPTT novembre 1906 dénommé Colomb Béchar 
        - Oran le ler janvier 1906 et élevé à Recette.
 - Adrar - occupé le 30 juillet 1900 - Oasis sahariennes - BPTT 
        mai 1904 ouverture le 1" mai 1904 - classe Recette.
 - Ben Zireg - occupé en août 1903 - Sud Oranais - BPTT juin 
        1905 ouverture le 25 mai 1905 - classe Recette Auxiliaire Rurale des Postes 
        - BPTT avril 1906 supprimé le 12 février 1906.
 
 Au cours de ces années, une espèce d'osmose s'était 
        créée sur la frontière algéro-marocaine, ainsi 
        le général Lyautey décidait l'occupation de Berguent 
        dans le territoire voisin (v. L'Algérianiste n° 12). Le BPTT 
        de mars 1907 publie la décision du 11 septembre 1906 créant 
        un bureau postal qui sera ouvert le 1er mars 1907 - classe Recette Simple 
        Hors Classe - et celui du 12 octobre 1903 qu'il est classé Recette 
        Simple de 3° Classe et qu'il est rattaché au bureau 'de la 
        Commune Mixte d'El Aricha - Oran, enfin le BPTT de janvier 1912 publie 
        la décision du 6 décembre 1911 le réintégrant 
        à son pays et le rattachant à la Recette Principale de Tanger.
 
 b) Territoire des Oasis
 - Fort-Mac-Mahon et Fort-Miribel, construits en 1895, sont dotés 
        de leurs bureaux de poste de la classe Facteur Receveur de l'Etat le 28 
        décembre 1895 (BPTT janvier 1896) et rattachés à 
        Oran, ils seront supprimés le ler mai 1902 (BPTT juin 1902).
 - In Salah - occupé le 29 décembre 1899 - Sud Algérien 
        - BPTT juin 1902 - ouverture le 1" mai 1902 - classe Facteur Receveur 
        Auxiliaire - ultérieurement le cachet porte en exergue - Oasis 
        Sahariennes.
 - Aoulef - occupé le 19 mars 1900 - Constantine 
        n'est ouvert que le 1" mars 1911 (BPTT mars 1911) - classe Recette 
        Auxiliaire des Postes à Gestion Gratuite - BPTT septembre 1911 
        élevé à Recette.- Djamaa - occupé en 1907 - Constantine - BPTT mars 1910 ouverture 
        1" mars 1910 - Classe facteur Facteur Receveur des Postes de l'E'tat 
        - BPTT février 1912 devient Facteur Receveur Auxiliaire le ter 
        février 1912.
 - Fort Polignac et Fort Motylinski - Constantine - BPTT mars 1911 - ouverture 
        16 mars 1911 - classe Recette Auxiliaire des Postes à Gestion Gratuite 
        - deviennent Recettes Auxiliaires Rurales le ter août de la même 
        année.
 
 Après cette première période de la pénétration 
        française au Sahara d'autres modifications ont été 
        apportées dans l'évolution de ces bureaux et bien d'autres 
        ont été ouverts mais il s'agit alors de décisions 
        prises par la seule administration postale sans aucune ingérence 
        de l'autorité militaire.
 Pénétration française 
        au Sahara - Période 1890-1911 D'autre part, il faut signaler que d'autres bureaux gérés 
        par des militaires ont été créés en Algérie 
        du nord dans des centres peu peuplés, tel est le cas d'Aflou - 
        Oran, de Barika, Bou Hadjar et El Meridji - Constantine en janvier 1893, 
        de Kralfallah et Aïn Sfissifa - Oran en juillet 1884 et de Ras El 
        Ma - Oran en août de la même année. L'histoire de l'Armée d'Afrique n'est plus à 
        écrire car les livres ne manquent pas pour rappeler son héroïsme 
        de la Crimée à Madagascar, de l'Italie au Tonkin sans oublier 
        celle de 'la Légion étrangère qui lui est propre.
 Partout le service postal a accompagné ces troupes mais son histoire 
        est difficile à reconstituer car les documents parvenus à 
        nous sont rares et, dans tout cas, ils se limitent à ceux arrivés 
        en Algérie et parfaitement identifiables. Ci-après est reproduite, 
        à titre d'exemple, une enveloppe expédiée de Chine 
        par un militaire du 2e bataillon du régiment des Zouaves de marche 
        et destinée à Oran.
 
 Pendant la guerre de 1914-1918, la situation est presque la même, 
        certes de nombreux documents au départ d'Algérie nous sont 
        parvenus comportant les cachets d'unités, d'hôpitaux de la 
        Croix-Rouge mais il ne s'agit pas là de véritables documents 
        de la Poste militaire. En revanche, doivent entrer dans cette catégorie 
        les " Cartes en Franchise - Correspondance des Armées de la 
        République " ainsi que certaines oblitérations telle 
        que " Ouvert par l'autorité militaire - 779 " apposée 
        sur une carte provenant d'Espagne à destination d'Oran et datée 
        du 3 septembre 1918, ou l'autre " Ministère de la Guerre - 
        Contrâle postal Oran " vue sur une carte expédiée 
        de Bou Denib - Maroc du Sud le 15 août 1916 et donc en transit dans 
        ce port.
 
 Une autre catégorie de cachets d'origine militaire sont ceux des 
        camps de prisonniers de guerre tel que " Dépôt de prisonniers 
        - Place de Biskra ", y en a-t-il eu d'autres ?
 2° PARTIE a) Guerre du MarocLa loi du 31 janvier 1921 scinde le service de la trésorerie de 
        celui de la poste et son application ne se réalise qu'à 
        la suite du décret du 5 octobre 1923 et de celui d'application 
        du 12 août 1924, l'ancienne inscription " Trésor et 
        Poste " est remplacée par celle " Poste aux Armées 
        " suivie, dans la plupart des cas, du numéro du secteur postal 
        attribué aux bureaux centraux militaires chargés de l'acheminement 
        du courrier.
 Ces nouvelles mesures sont appliquées au Maroc à l'occasion 
        de la campagne contre la révolte du Riff en 1925 ; parmi les S.P. 
        de la série 400 attribués à ce théâtre 
        d'opérations les nOS 401, 401 A et 404 appartiennent au secteur 
        de Taza desservi par Oudjda et Oran.
 Encore une fois le courrier des troupes d'Algérie engagées 
        dans cette guerre ne peut être reconnu que par la présence 
        des cachets des unités.
 
 b) 1939-1945
 Cette période, très riche en événements politiques 
        et militaires, doit être divisée en quarte parties que nous 
        allons présenter successivement : la première couvre les 
        années 1939 à 1942, la deuxième est celle de la campagne 
        d'Afrique du Nord, puis celle de la campagne d'Italie et enfin celle de 
        la libération de la France.
 *** Dès la mobilisation générale de 1939 
        il a été constitué à Alger un commandement 
        chargé du " Théâtre d'opérations en Afrique 
        du Nord " (T.O.A.F.N.) placé sous les ordres du général 
        d'armée Noguès et installé dans les locaux du Petit-Lycée 
        de garçons de Ben Aknoun réquisitionné à cet 
        effet.
 Parmi les services qui y sont rattachés il y a celui de la " 
        Poste aux Armées " chargé de l'acheminement et de la 
        distribution du courrier soit par des moyens propres, soit par ceux du 
        service des Transmissions, soit encore par ceux de la Poste civile. Ses 
        attributions s'étendent aux trois territoires d'Afrique du Nord 
        et aux troupes envoyées en opérations en métropole.
 
 Des secteurs postaux sont attribués :
 
 a) A Alger le n° 504 au 19e corps 
        d'armée et au commandement du front tunisien ; le n° 505 au 
        commandement en chef d'Afrique du Nord ; le n° 506 aux éléments 
        d'armée n° 1 d'Afrique.
 En réalité il s'agit seulement d'adresses postales servant 
        au tri car aucun cachet à date portant ces numéros n'a jamais 
        existé.
 
 b) aux contingents partis en métropole 
        :
 - le n° 15 à la 2° D.I.N.A. (Division d'infanterie nord-africaine) 
        ;
 - le n° 19 à la 6° D.I.N.A. ;
 - le n° 99 à la 7° D.I.N.A. ; -H le n° 130 à 
        la 3e D.I.N.A. ;
 - le n° 139 à la 5° D.I.N.A. ;
 - le n° 244 à la Ire D.I.N.A. ;
 - le n° 246 à la 4' D.I.N.A.
 
 Pour les troupes stationnées en Algérie, il n'y a pas eu 
        de secteur postal la franchise militaire étant justifiée 
        par le cachet de l'unité.
 Deux séries de cartes en F.M. ont été distribuées 
        à ces troupes : l'une officielle, éditée par Photo-Africaine, 
        représentant des vues et des scènes locales, l'autre privée 
        offerte par l'Aspirine Usine du Rhône intitulée : " 
        Pages de gloire " parmi lesquelles on 'trouve celles en souvenir 
        du 3° régiment de Zouaves, du 3° régiment de Spahis, 
        du ler régiment de Chasseurs d'Afrique et du le' régiment 
        de Zouaves.
 Après juin 1940 aux cachets des unités pour certifier la 
        franchise postale se sont ajoutés ceux des Chantiers de Jeunesse.
 *** L'opération Torch, effectuée le 8 novembre 
        1942 sur les mêmes plages que celles occupées par le général 
        de Bourmont plus d'un siècle avant, allait ouvrir une nouvelle 
        ère pour la Poste aux Armées.
 Les conjurés qui avaient préparé l'opération 
        étaient conscients que les services postaux devaient être 
        parmi les principaux points névralgiques à occuper d'où 
        l'action menée contre la Grande Poste d'Alger dans 'la nuit du 
        7 au 8 et qui devait être à l'origine de la mort du lieutenant 
        Pillafont.
 
 Le lendemain, le gouverneur général Châtel, arrivant 
        de France à Constantine, confirmait les ordres donnés par 
        cette préfecture de suspendre toute communication avec Alger, ordre 
        qui avait été transgressé par le personnel qui, par 
        conrte, les avait maintenues au profit des Alliés et qui se trouvait, 
        'dès lors, en première ligne dans le combat qui allait reprendre.
 
 Le 23, l'Inspecteur général des Postes en Algérie 
        adressait un message à tous les directeurs pour qu'ils n'opposent 
        aucun obstacle aux opérations et même les facilitent.
 
 En même temps, les Chantiers de Jeunesse constituaient un corps 
        franc de 3 000 hommes qui allait s'intégrer dans oles forces anglaises 
        en opération sur la zone côtière en 'direction de 
        la Tunisie et de ce fait son courrier était acheminé par 
        le Post Office.
 
 De son ocôté le général Koeltz, commandant 
        le 19° corps d'armée, décidait de participer aux opérations 
        engagées par les Alliés et, le 2 décembre, mettait 
        sur pied le Détachement de l'Armée française (D.A.F.), 
        sous les ordres du général Juin, formé par la Division 
        de marche d'Alger (9° régiment de Tirailleurs algériens 
        et 2e Chasseurs d'Afrique), celle de Constantine commandée par 
        le général Welwert, qui sautera sur une mine le 10 avril 
        1843 et sera remplacé par le général de Monsabert, 
        et une brigade légère mécanisée.
 
 Successivement la D.A.F. était renforcée par le groupement 
        Carpentier (7° régiment de Tirailleurs marocains, 1er groupe 
        de Tabors, 3° régiment de Tirailleurs algériens, 4° 
        régiment de Tirailleurs tunisiens, deux groupes de 75 et une batterie 
        antichars) dénommé Division de marche du Maroc et puis encore 
        par le 3° régiment de la Légion, le ler Spahis algériens, 
        le 2° et le 3° régiment de Tirailleurs algériens.
 
 Le service de la " Poste aux Armées ", à qui est 
        attribuée la série 500, est ainsi articulé :
 - direction stationnée à Laverdure (Constantine) ;
 - bureau centralisateur militaire (B.C.M.) stationné à Constantine 
        ;
 - bureau poste militaire (B.P.M. 509) qui était l'échelon 
        arrière, stationné d'abord à Tébessa (Constantine) 
        puis à Tunis desservant les
 - B.P.M. 501, affecté à la G.S.T..T,
 - B.P.M. 503 affecté à la Division de marche d'Alger,
 - B.P.M. 504 affecté à la Division de marche de Constantine,
 - 505, affecté à la Brigade légère mécanisée,
 - B.P.M. 506, affecté au commandement du 19° corps d'armée 
        stationné successivement à Biskra, Ouargla et Gafsa.
 
 Les cachets à date de cette série sont caractérisés 
        par le texte qui comporte le mot " Postes " au lieu de " 
        Poste ".
 
 La division de marche marocaine a continué à être 
        desservie par le B.P.M. 414 de la série 400 affectée à 
        ce territoire.
 
 Le 7 mai 1943 la chute de Tunis marquait la fin des opérations 
        alliées en Afrique du Nord ; 70 000 hommes d'origines et de religions 
        diverses, mais parlant la même langue et animés du même 
        amour pour la France, y avaient participé pour sauver son honneur 
        bafoué oix-huit mois auparavant et avaient parsemé leur 
        marche vers la victoire de 16 000 sacrifiés.
 
 Cette victoire scellait également d'autres forces françaises 
        venant d'ailleurs. celle du général Knig : les Forces 
        françaises libres oF.F.L.) qui avançaient depuis le Moyen-Orient 
        et celles du général Leclerc qui avaient prix leur marche 
        à Koufra,
 
 Ces deux unités, après avoir utilisé dans un premier 
        temps la Poste militaire anglaise, avaient organisé leurs propres 
        services de " Poste aux Armées " rattachés à 
        Londres :
 - la première a utilisé les cachets à date des types 
        suivants en service dans les diverses localités de leur stationnement 
        : 1 à Beyrouth, 2 à Damas, 3 à Alep, 4 au Caire et 
        5 à Alexandrie ;
 - la seconde n'a que les cachets F.F.L. 6 et B.P.M. 6 utilisés 
        à Tripoli (Libye).
 Le 3 septembre elle ont été intégrées 
        dans la structure générale : la division Koenig devient 
        la re division de la France libre (1" D.F.L.) et est affectée 
        à l'Armée Juin alors que la Division Leclerc sera regroupée 
        au Maroc pour constituer la 2° division blindée (2° D.B.) 
        qui débarquera par la suite en Normandie.
 D'autre part, le B.C.M. et les B.P.M. en service auprès de la D.A..F 
        étaient dissous en août pour être réorganisés 
        au profit du Corps expéditionnaire français (C.E.F.) qui 
        se préparait pour participer à la campagne d'Italie aux 
        ordres du général Juin.
 
 A la suite de la nouvelle situation qui s'était créée 
        en Afrique du Nord, l'administration de l'ex-Fezzan italien était 
        attribuée à la France, le commandement est d'abord desservi 
        par le B.P.M. 561 et par la suite par un bureau civil de la classe Agence 
        Postale qui utilise le cachet hexagonal classique avec l'inscription Sebha 
        - Sud Tripolitaine.
 Bien qu'elles ne fassent pas partie du service de ola 
        " Poste aux Armées ", il nous paraît opportun, 
        avant de clore ce chapitre, de donner des indications sur la poste militaire 
        des troupes alliées ayant combattu en Algérie et sur celle 
        organisée dans les camps de prisonniers de guerre.
 Les Américains avaient leur bureau central boulevard Thiers à 
        Alger.
 
 Chaque échelon de commandement, les grandes unités et les 
        divers services étaient désignés par un numéro 
        APO (Army Post Office), nous en connaissons près de 110. Les dates 
        limites d'utilisation vont du 19 novembre 1942 pour l'APO 1 attribué 
        à la ire division d'infanterie qui était l'élément 
        de tête des troupes de débarquement, à mai 1946 pour 
        l'APO 789 attribué à la base aérienne de La Sénia.
 
 La plupart du courrier a été affranchi à 6 cents 
        et a été oblitéré par les cachets à 
        date des types suivants :
 Peu de lettres ne sont pas affranchies et portent la mention 
        " Free ".
 Le timbre à 6 cents a été surchargé RF en 
        Algérie, Tunisie, Maroc, Sénégal et Dahomey, cette 
        surcharge étant différente d'un pays à l'autre ; 
        pour l'Algérie il y a eu plusieurs types de surcharges : deux divers 
        ont été imprimés à Alger, un à Bône 
        et un autre à Oran, les plis ainsi affranchis et ayant voyagé 
        réellement sont rares.
 
 Les troupes anglaises comprenaient deux Armées : la ire ayant participé 
        au débarquement et la VIIIe venant de Tripolitaine sous la oconduite 
        du général Montgomery. La base Post Office était 
        installée à la gare maritime d'Alger et a utilisé 
        presque 110 chiffres pour indiquer les secteurs postaux des diverses unités 
        et services.
 Le courrier des troupes canadiennes a été 
        traité par la poste anglaise, qui a utilisé une vingtaine 
        de chiffres différents des siens.
 L'effrondrement italo-allemand en Tunisie avait provoqué la capture 
        d'un nombre de prisonniers dépassant toutes les prévisions 
        d'où la nécessité d'aménager rapidement des 
        camps un peu partout en Afrique du Nord.
 
 Les Anglais n'ont administré que 16 000 prisonniers, ayant décidé 
        d'en envoyer un grand nombre dans d'autres colonies et en particulier 
        en Inde.
 
 Les Américains, tout en ayant pris une mesure analogue en en envoyant 
        une partie aux U.S.A., en ont administré près de 56 000.
 
 Les Français en ont administré environ 43 000, distribués 
        entre les dépôts suivants : I Géryville et IV Djelfa 
        - Laghouat pour les hommes de troupe allemands et XII Tiaret pour les 
        officiers ; III Boghari pour les Autrichiens ; V Le Kreider, VII Palat 
        et VIII Carnot pour les hommes de troupes italiens et VI Saïda pour 
        les officiers. De ces dépôts ils étaient très 
        souvent détachés pour les rapprocher du lieu de leur travail 
        mais, en tout cas, le courrier transitait toujours par le dépôt.
 
 En plus des messages autorisés à être expédiés 
        au moyen des cartes postales en franchise de divers types, dont celles 
        de la Croix-Rouge, le décret du 5 février 1944 signé 
        à Alger accordait également la franchise postale aux messages 
        confiés au Bureau d'informations du Vatican dont le siège 
        se trouvait 7, place Bresson à Alger. Par lettre du 12 avril 1944 
        la direction générale de la Poste militaire lui proposait 
        un premier approvisionnement de 100 000 formules pouvant être réparti 
        entre tous les bureaux de poste militaire par les soins du Bureau central 
        militaire installé 1, rue Ernest- Renan à Alger.
 
 Signalons enfin le service de la Censure militaire qui, 'pendant cette 
        période, a utilisé un cachet ovale avec les mentions TA 
        316 à 318 à Alger, TB 319 à 321 à Oran, TC 
        323 à Bougie et TE à Bône. Souvent on rencontre d'autres 
        bureaux de censure comme, par exemple, celui triangulaire avec croix lorraine 
        et n° 2015 apposé sur une lettre oblitérée par 
        Poste militaire B.P.M. 5 du 31 janvier 1944 et adressée à 
        Tébessa.
 Joseph DEL MATTO.(A suivre.)
 
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