origine du nom : 
          franco-arabe.
          Mouzaïa est le nom du djebel qui se trouve juste au sud du village. 
          Sommet à 1603m.
          Nous avons rajouté ville.
        Origine du centre : 
          française. 
          La zone du futur village avait été traversée 3 
          fois par les troupes montant à Médéa en juillet 
          1831, mars 1836 et mai 1840.
          Dès 1842 des européens de Blida se seraient installés 
          à cet endroit, sous protection militaire.
        Le centre ne fut officiellement créé qu'en 
          décembre 1846 ; et promu CPE en 1856.
        C'est le Génie de Blida qui a monté les 
          premiers baraquements, et un régiment de zouaves qui a défriché 
          les broussailles à palmiers nains.
        
        
        
        
        Le territoire communal 
          est pour l'essentiel dans la Mitidja. Au sud il incorpore quelques collines 
          jusqu'au djebel Lachouaf ; modeste djebel qui culmine à 602m 
          quand la plaine est à 131m au village et à moins de 60m 
          à sa limite nord.
          
          Malgré ces altitudes pas trop basses, cette plaine était 
          en 1830 encombrée de marécages lorsque les torrents descendus 
          des collines débordaient de leurs lits peu encaissés dans 
          leurs alluvions : notamment les oueds affluents du Bou Roumi qui limite 
          la commune à l'ouest. De surcroît le nord était 
          très proche du lac Halloula.
          
          En 1954 le problème avait été résolu. Et 
          ces terres désormais assainies étaient très fertiles.
          
          Néanmoins, si l'on en juge par des noms de ferme inhabituels 
          (un clos de la persévérance, une ferme de la persévérance, 
          une ferme de la prévoyance) les débuts de la mise en cultures 
          durent être délicats. On doit noter aussi que les fermes 
          sont peu nombreuses : ce sont des domaines plutôt que des fermes 
          familiales. Je mets à part la ferme Germain dont les multiples 
          bâtiments visibles sur la carte soulignent l'importance. La famille 
          Germain, comme les familles Averseng à El Affroun ou Borgeaud 
          à Staouéli, porte un nom connu de tous les Algérois 
          après 1900. L'ancêtre, né en 1803, a été 
          militaire en Algérie durant 8 ans. A sa libération il 
          choisit de rester en Algérie et obtient en 1852 une concession 
          de 10ha à Mouzaïaville. Son fils unique sut faire fructifier 
          son héritage, puisqu'à sa mort il possédait à 
          peu près 1 000ha à cheval sur les communes d'Ameur el 
          Aïn, El Affroun et Mouzaïaville. Ses descendants ne dilapidèrent 
          pas ces biens : ils y ajoutèrent même deux grands domaines 
          dans la plaine de Bône. Le patrimoine familial n'a pas été 
          victime des inévitables partages successoraux. Il y avait plusieurs 
          fermes Germain en Mitidja occidentale.
        Les activités sont 
          agricoles surtout, mais pas seulement.
        
           
            |    ·       | Agricoles 
                dès le début avec fourrages, blé et orge 
                (il y a un clos du moulin au sud du village) ; vigne et orangers 
                à la fin. | 
           
            | · | Industrielle 
              avec la mise en bouteilles d'une eau minérale encore appréciée 
              et commercialisée aujourd'hui : l'eau de Mouzaïa. La 
              source a été découverte en 1925 par un colon, 
              Monsieur Leblanc. La mise en bouteilles industrielle a commencé 
              en 1949. | 
        
        Un seul centre 
          : Mouzaïaville. Le plan-directeur d'origine 
          avec son damier inscrit dans le carré du parapet et du fossé 
          de protection, est bien visible. Mais sur cette carte de 1957 apparaissent 
          d'autres habitats sûrement beaucoup plus récents et destinés 
          à d'autres occupants que les descendants des colons.
          
          La gare, au nord du village, a été ouverte en 1869. Et 
          depuis le premier mai 1871 on pouvait y prendre le train pour Alger 
          sur un quai, et pour Oran sur le quai d'en face.
        
        A cette époque il n'y avait qu'un seul train. 
          Il desservait toutes les gares chaque jour ; un autre train (celui d'Alger 
          à Affreville) s'arrêtait aussi à Mouzaïaville. 
          Tous les trains, en 1871, étaient omnibus et mixtes (voyageurs 
          et marchandises). De Mouzaïaville à Alger le voyage durait 
          2h 36 ; et de Mouzaïaville à Oran 14h 46. Il n'y avait pas 
          de train de nuit. Pour Blida 25 minutes suffisaient.
          Après 1914, pour aller à Blida ou à Alger les gens 
          préférèrent prendre l'autobus. Ils avaient le choix 
          entre les cars blidéens (ligne de Tiaret) ou les transports Mory.
        Particularités historiques 
          probables.
        
           
            |    ·       | Mouzaïaville semble avoir été 
                construite à l'emplacement d'un important castrum romain. 
                Ce camp était très loin du limes (qui était 
                à la limite sud de l'Atlas tellien) : il surveillait sans 
                doute l'accès à la route qui, par la vallée 
                de l'oued Djer, réunissait le port de Césarée 
                (Cherchell) à la vallée du Chélif où 
                elle rejoignait la grande voie romaine ouest - est qui reliait 
                entre elles toutes les provinces de la Tingitane (Maroc) à 
                la Proconsulaire ( Tunisie) par Aumale (Auzia) et Sétif 
                (Sitifis). Ce castrum aurait été pourvu d'une enceinte 
                de protection renforcée au IVè siècle, peut-être 
                sous l'empereur Constance. | 
           
            | · | Mouzaïaville aurait pu accueillir 
              les Trappistes qui se sont finalement installés à 
              Staouéli en août 1845, si le fondateur, Don François 
              Regis, venu en reconnaissance en 1842, n'avait pas jugé la 
              zone trop dangereuse. | 
        
        Particularité du toponyme Mouzaïa : sa polysémie.
        
           
            |    ·       | Il y a un Mouzaïa - ville 
                (déjà vu). | 
           
            | · | Il y a un Mouzaïa - djebel. 
              Ce djebel, haut de 1603m était assez facile à traverser, 
              ou plutôt à contourner, grâce à un col 
              à moins de 1000m d'altitude. Ce fut cette voie qu'empruntèrent 
              les Français pour grimper à Médéa avant 
              la construction de la route des gorges de la Chiffa. Une fois le 
              djebel contourné, restait à gravir le très 
              long versant du djebel Nador (où se trouve le monastère 
              de Thiberine) jusqu'à l'emplacement du futur village de Lodi 
              créé en 1848. | 
          
            | · | Il y a un Mouzaïa- oued. 
              C'est un oued qui longe le djebel au sud et qui se jette finalement 
              dans l'oued Chiffa. C'est sa vallée qui a été 
              choisie par les constructeurs de la voie ferrée de Blida 
              à Djelfa à la sortie de la voie acrobatique des gorges 
              de la Chiffa. Du monastère de Thiberine on voyait nettement 
              les trains qui suivaient cette vallée, puis montaient à 
              Lodi en suivant approximativement le chemin suivi par les conquérants 
              de Médéa en 1840. Cette voie ferrée a atteint 
              Lodi en 1891 et Djelfa en 1921. | 
          
            | · | Il y a un Mouzaïa-les-Mines 
              qui est une gare de la vallée de l'oued Mouzaïa et une 
              mine. En fait ce nom est plus un espoir qu'une réalité. 
              La mine de cuivre, découverte dans les années 1840, 
              n'a pu être exploitée qu'après l'arrivée 
              du chemin de fer. Je suppose qu'elle fut exploitée au tournant 
              du siècle, mais pas très longtemps car les teneurs 
              des minerais étaient trop faibles. Par contre la carrière 
              de gypse a dû être exploitée, pour la fourniture 
              de plâtre, aussi longtemps que la sécurité put 
              être assurée. Aujourd'hui cette gare et la mechta attenante 
              s'appellent Tamesguida. En 1958 Mouzaïa-les-mines était 
              devenu une commune : avec 12 européens sur 2 322 habitants 
              (j'ai bien dit douze). | 
        
        Population en 1954 
          : 17 030 dont 1 354 non musulmans (soit 7, 95%).
          Population agglomérée en 1948 : 3 361. Un grand village 
          donc.
          
          Grain de sel de B.Venis : sur ce site, quelques 
          cartes postales concernant Mouzaïaville :  
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