
          
          RENDANT HOMMAGE A SES SOUFFRANCES ET 
          A SON COURAGE
          M. M.-E. NAEGELEN a remis la croix de guerre à la ville de Philippeville
          Il remettra la même distinction aujourd'hui à Djidjelli
        DJIDJELLI (de notre envoyé 
          spécial René SICART). - Samedi et dimanche M. le ministre 
          M.E. Naegelen, gouverneur général de l'Algérie, 
          a poursuivi son voyage dans l'est du Constantinois.
          Avant-hier le cortège officiel s'est rendu à Bône, 
          ne s'y arrêtant que quelques heures. Le ministre Naegelen, au 
          cours d'un vin d'honneur offert par la municipalité et répondant 
          au député-maire. M. Pantaloni. a fait la déclaration 
          suivante qui, on l'imagine, a été chaleureusement acclamée 
          : 
          " Cest ma troisième visite à Bône vous donnant 
          ainsi l'impression que je considère votre cité comme une 
          capitale, Je ne suis pas de ceux qui ont peur de la nouveauté, 
          aussi je souhaite que ma prochaine visite soit proche dans ce chef-lieu 
          que vous désirez, dont vous rêvez tous et qui n'est d'ailleurs 
          pas un rêve insensé. "
          Auparavant le gouverneur avait parcouru rapidement les fouilles romaines 
          d'Hippone, puis les installations coopératives de la région 
          bônoise sous la conduite de M. Charles Munck. Nos lecteurs connaissent 
          l'importance de ces associations agricoles, aussi nous ne reviendrons 
          'pas sur cette visite.
          A PHILIPPEVILLE
          Dans la soirée de samedi, le gouverneur est arrivé a Philippeville 
          qui lui a réservé un accueil enthousiaste Tout au long 
          des artères de la ville jusqu'au monument aux morts puis au magnifique 
          hôtel de ville, la population a acclamé M. Naegelen. visiblement 
          ému.
          Naturellement de nombreuses allocutions et discours ont été 
          prononcés au cours de la soirée et de la matinée 
          du dimanche.
          Les élus de la région, MM. Boulsane, Morel, Banquet-Crevaux, 
          délégués a l'Assemblée algérienne, 
          ainsi que MM. Tucci et Sisbane, sénateurs ; et MM. Bougarel, 
          président de la Chambre de commerce ; Ciavaldini, vice-président 
          ; Kessous. conseiller général. etc.... ont tous affirmé 
          l'attachement des populations qu'ils représentent a la France, 
          et ont aussi, chacun dans leur domaine particulier mis en lumière 
          les desiderata et besoins de Philippeville. Dans l'ensemble, ces problèmes 
          sont identiques a ceux déjà exposés un peu partout 
          en Algérie au gouverneur.
          Remise de la croix de guerre
          Hier dimanche, par une matinée ensoleillée, M. le ministre 
          Naegelen a remis officiellement la Croix de guerre à cette cité 
          fondée en 1838, à l'agitation colorée, particulière 
          aux villes méditerranéennes.
          " Philippeville, a rappelé son maire, M. Cordina, a eu le 
          triste privilège en 1914 d'essuyer les premiers coups de canon 
          de l'ennemi. En 1942, dès le débarquement, ce port a subi, 
          durant neuf mois, les agressions du même ennemi. Ces attaques 
          se sont soldées par 48 morts, 107 blessés. 307 familles 
          sinistrées, 23 immeubles détruits et près de 200 
          atteints ou sérieusement endommagés. "
          " Il était juste, a répondu le gouverneur, que la 
          nation rendit hommage à vos sacrifices, à votre courage, 
          à votre résolution. Il m'est également agréable 
          de vous féliciter de vous être remis ardemment, dès 
          la fin de la tourmente au travail, effaçant presque totalement 
          les plaies consécutives aux bombardements. "
          Après avoir épinglé la croix de guerre sur un coussin 
          brodé aux armes de la ville, que lui présentaient deux 
          jeunes orphelins de guerre, le gouverneur et les personnalités 
          présente, ainsi que la population, ont observé une minute 
          de recueillement tandis que des salves de coups de canon et les sirènes 
          des navires ancrés dans le port saluaient cet instant émouvant.
          Hommage à M. Paul Cuttoli
          Tout au long des manifestations, le souvenir d'un homme a plané 
          sur la ville en joie. Chacun a évoqué la mémoire 
          de M. Paul Cuttoli qui réalisa en moins de 20 ans, un vaste programme 
          d'urbanisme qui donne à cette cité un cachet si agréable. 
          Et pour perpétuer l'activité créatrice de ce grand 
          homme, la municipalité a demandé au gouverneur d'inaugurer 
          le boulevard front de mer qui portera désormais le nom de Paul 
          Cuttoli.
          M. Naegelen a aussi rendu hommae au défunt, " qui a créé 
          cette ville, qui a fait la France en Algérie ".
          A la Chambre de commerce
          M. Naegelen a ensuite procédé à l'inauguration 
          du boulevard Sauveur Pinelli qui a présidé pendant plus 
          de 40 ans la Chambre de Commerce de cette ville et dont les nouveaux 
          bâtiments ont été également officiellement 
          mis en service.
          Enfin un banquet a réuni en fin de matinée prés 
          de deux cents personnes à la mairie.
          De nombreux discours y furent prononcés, donnant à cette 
          réunion un cachet plus algérien que régional.
          La présence de diverses personnalités : MM. Pantaloni, 
          Borra, Augarde, député ; Bayle, Bouchenafa, Valle, délégués 
          à l'Assemblée algérienne ; Froger, président 
          de la fédération des maires du département d'Alger 
          et surtout descendant d'une des premières familles installées 
          à Philippeville ; le général Préaud, commandant 
          la 10ème Région ; M. Vrolyc, ancien sous-préfet 
          de cet arrondissement a renforcé cette impression.
          Une grande politique algérienne
          Dans son discours, le gouverneur Naegelen a notamment engagé 
          les élus à ignorer " cette politique
          absurde des clochers, au-dessus de laquelle il doit y avoir une grande 
          politique algérienne s'intégrant elle aussi à une 
          politique nationale ".
          Il a, d'autre part, affirmé a nouveau la volonté de la 
          France de rester en Algérie " Ceux qui l'ignorent, a-t-il 
          dit, sont des fous. La France ne cédera pas, à aucun moment, 
          un morceau de sa chair et l'Algérie est un morceau de sa chair.
          Il n'y aura pas de recul dans cette marche de l'Algérie vers 
          un avenir toujours meilleur, grâce à la France, à 
          son uvre de paix. 
          A l'issue de ce banquet, le cortège a repris la route pour Strasbourg 
          et Djidjelli où, aujourd'hui, aura
          lieu également la remise de la croix de guerre à cette 
          station côtière si réputée