Cette commune de plein exercice du département 
          d'Alger, créée en 1846, est située au pied de l'Atlas, 
          dont la chaîne atteint à cet endroit 1 604 m. Le centre 
          doté d'un territoire de 13990 ha en plaine et montagne est à 
          61 km au sud-ouest d'Alger et à 12 km à l'ouest de Blida.
          
          Détruit par le séisme de 1867, ce centre s'est promptement 
          relevé de ses ruines.
          
          A 114 m d'altitude, les températures oscillent entre 5 °C 
          au-dessus de 0° en hiver et 35 °C en été avec 
          des périodes de canicule de 40 °C lorsque souffle le sirocco. 
          Le village abrite une gare PLM, sur la ligne de chemin de fer Alge-Oran.
          
          Au début du )oce siècle, les liaisons avec Blida et Cherchell 
          sont assurées par des voitures à traction hippomobile.
          
          Le territoire de la commune est traversé par l'oued Bou-Ghouaou 
          et par l'oued El-Haâd. Le grand marché du Sebt (samedi) 
          qui se déroulait au haouch ( Haouch 
          : grande propriété agricole logeant propriétaires 
          et ouvriers.) de Smara a été en 1855 rapproché 
          du centre-ville pour en faciliter l'accès aux habitants du village 
          qui, privés d'irrigation, n'avaient alors aucun moyen de produire 
          des légumes.
        Administration 
          municipale en 1863
        Dix-sept ans après sa création, 
          Mouzaïaville avait déjà une population de 6 972 habitants 
          avec un conseil municipal composé comme suit : maire: M. Caussade; 
          adjoints: MM. Ronchaud, Loubignac et Hitier; conseillers municipaux: 
          MM. Arnaud, Farou, Ferrère, Klène, Verger, Brahim ben 
          Fékaïr.
          
          Administration municipale en 1900
          
          Maire: M. de Lansac; adjoint: M. Cherrier; secrétaire: M. Feutray; 
          conseiller général: M. Pousson; 
          gardes champêtres: M. Joseph Bréjeon, Saïd Mouaïa;
          
          instituteurs: MM. Pellegrin et Chaffin à l'école de garçons; 
          institutrices: Mme Beausoleil à l'école de filles, Mme 
          Attard à l'école de garçons; 
          médecin: Dr Guers, médecin de colonisation visitant La 
          Chiffa et El-Affroun; 
          
          curé: M. l'abbé Adrien Rouvier; 
          
          postes et télégraphe: Mme Boutet, receveuse; 
          
          syndicat des eaux : M. Léon Laforge, directeur du syndicat; 
          
          garde des eaux : M. Martin Samat.
          
          Artisans et commerçants en 1900
          
          En raison d'une activité économique très diversifiée, 
          de nombreuses professions et différents corps de métiers 
          étaient établis en 1900 à Mouzaïaville.
          
          Assurances: MM. Bertrand, Gustave Sintès et Therminot; 
          aubergistes: MM. Amiel, Azéma, Boyer, Matte, Sury, Garcia, Mme 
          Vve Simouneau à l'hôtel du Roulage; 
          bois: MM. Arnaud et Bruxelles, (commerçants en bois); 
          bouchers : Mme Vve Forges, M. Olivain; 
          boulangers : MM. Fert, Rosello, Simouneau et Grézet; 
          bourreliers: MM. Castéras et Aoustin; 
          charrons-forgerons : MM. Arnaud, Séguy, Domard ;
          chaudronnier : M. Gaétano Lombardi;
          cordonniers: MM. Finateu, Vergnes; 
          crin végétal: MM. Bouzid, Duplan, Takbou, séchage 
          et mise en " cortas " du palmier-nain, sous-produit du défrichement; 
          
          distillateurs: MM. Guérin (frères), MaisondieuLaforge, 
          (marcs de raisin et géranium); 
          entrepreneurs, T-P: MM. Mourier, Odosia, Sauterel, Tucci, Boulay, Léglise; 
          
          épiciers: MM. Baptiste, Matte, Auguste Trogna, Bruchon, Armand, 
          Berkani, Mouïa ; 
          ferblantier : M. Calixte Boyer; 
          mécanicien: M. Trossel; 
          menuisiers: MM. Barges et Eugène Fragneau;
          minotier: M. Ronchaud; 
          peintre: M. Jean Léglise; 
          pharmacien : M. Nestor Duc ; 
          sage-femme : Mme Vve Mahul;
          tailleurs : MM. Roujoux et Bouie;
          tissus: MM. Finance et Fourment.
          
          Agriculteurs en 1900
          
          Après drainage, cette région de la plaine de la Mitidja 
          était particulièrement favorable à la culture des 
          agrumes, du tabac, des céréales, blé, orge, avoine, 
          maïs, des légumes et plus particulièrement de la 
          vigne. Cette dernière était cultivée avec beaucoup 
          de soins. Afin de prévenir les infestations cryptogamiques, notamment 
          de l'oïdium, quelques viticulteurs plantaient des rosiers en tête 
          de leurs rangs de ceps. Cette plante plus sensible au mycélium 
          que la vigne permettait la mise en oeuvre préventive de traitements 
          à base de soufre. Les vignobles conduits sur porte-greffe 41-B, 
          Richter 99 et rupestris du Lot étaient constitués de cépages 
          tels que carignan, cinsaut, alicante-bouschet qui donnaient d'excellents 
          vins rouges et rosés. L'Alphonse Lavallée ainsi que les 
          muscats, d'Alexandrie et de Hambourg et le dattier de Beyrouth étaient 
          plus particulièrement destinés à la production 
          de raisins de table.
          
          Mme Vve Verger, MM. Pierre Arnaud, Bernardi, Boudet, Chambon, Cazeaux, 
          Deynat, Wilfrid France, François, Gamerre, Germain, Paul Ginestou, 
          Klène, Krempf, de Lansac, Jean-Baptiste Lembezat, Matson, Mougeot, 
          Panier, Ronchaud, Simouneau, Marcé.
          
          Tous ceux qui furent à l'origine de ces cultures durent faire 
          face aux maladies, aux aléas climatiques, à la mévente 
          de leurs produits et aux hécatombes de deux conflits mondiaux. 
          Installés sur des concessions exiguës, dans un milieu souvent 
          hostile, ils ruinèrent leur santé dans la recherche opiniâtre 
          de productions susceptibles de résister aux effets d'un climat 
          capricieux avec la création de vignobles et de vergers d'agrumes, 
          orangers, mandariniers, clémentiniers.
          
          Nombreux sont ceux qui abandonnèrent, en cédant leur lot 
          à d'autres qui réussirent à surmonter ces difficultés.
          
          Ils étaient des hommes et des femmes de leur temps, accrochés 
          à leur terre avec l'énergie du désespoir. Leur 
          aventure profondément humaine mérite qu'un pont soit lancé 
          en direction des générations qui leur font suite. Aujourd'hui 
          leurs arrière-petits-fils ou arrière-petites-filles commencent 
          à se poser des questions sur la façon dont ils vivaient 
          et travaillaient en 1900, soit cinquante-quatre ans après la 
          création de ce village dans la plaine de la Mitidja.
          
          À partir de cultures comme le géranium, le tabac, les 
          agrumes et surtout la vigne qui prospère là où 
          aucune autre ne pourrait être pratiquée, ils contribuèrent 
          à développer le peuplement de ce village où, en 
          1962, avec 13 330 habitants, des médecins, une pharmacie (Bauzat), 
          des écoles, des artisans, il restait encore beaucoup à 
          faire.
          
          Certainement incomplète, cette note succincte permettra peut-être 
          à quelques-uns de ceux qui eurent des attaches familiales à 
          Mouzaïaville d'en combler les lacunes.
        o
        Remerciements:
          L'auteur exprime ses sentiments de bien vive gratitude au Dr Georges 
          Duboucher, à MM. Jacques Piollenc et Jacques Thibaut, qui lui 
          permirent de réunir la documentation nécessaire à 
          la rédaction de cette note.
          
          ---