| ------Partis 
        le 16 Novembre 1848 des quais de Bercy de Paris, ils totalisaient 922 
        personnes femmes et enfants les 339 Concessionnaires du l le convoi qui 
        partaient volontaires en Algérie créer entièrement 
        le Centre Agricole de Mondovi dans la plaine de Bône. Ils répondaient 
        à l'appel du Décret de l'Assemblée Nationale du 19 
        septembre 1848 de la IIe République créant des Colonies 
        Agricoles dans la Province d'Algérie justement devenue Française 
        cette année là. L'Etat octroyait aux citoyens Français 
        volontaires une concession de terre d'une étendue de 2 à 
        10 hectares par famille selon le nombre de personnes. ------Répartis 
        dans cinq péniches et après le discours du Général 
        Cavaignac et la remise du Drapeau de la Colonie, il descendront par les 
        canaux du Loing, de Briare, du Centre puis la Saône et le Rhône 
        jusqu'à Arles. Ils termineront leur trajet en chemin de fer en 
        traversant le nouveau tunnel de la Nerthe, 4633 m, pour arriver à 
        Marseille le 30 novembre après 14 jours d'un périple rocambolesque. 
        Au Lazaret de Marseille ils attendront la frégate à Vapeur 
        "Le Labrador" qui les amènera en trois jours et demi 
        à Bône où ils arriveront dans l'après ? midi 
        du 8 décembre. Au Lazaret se trouvaient également les 835 
        Colons volontaires du 10e Convoi qui va créer Jemmapes attendant 
        "Le Cacique". Ils sont tous volontaires pour une concession 
        de 2 à 10 hectares de terre suivant l'importance de la famille 
        et non des déportés comme on a bien souvent voulu les assimiler. 
        Le décret de l'Assemblée Nationale du 27 Juin 1848 stipule 
        : "seront transportés par mesures de sécurité 
        dans les possessions françaises autres que l'Algérie, les 
        individus reconnus avoir pris part à l'insurrection du 23 Juin 
        et jours suivants". Arrivés à Bône ils seront 
        hébergés à la caserne Yusuf et prendront part le 
        10 Décembre, avec les autochtones, à l'élection au 
        suffrage universel du ler Président de la seconde République, 
        Louis Napoléon Bonaparte. Se trouve parmi ces colons volontaires 
        mon bisaïeul, Eugène Warion, né à Hennemont 
        dans la Meuse, le 1er Juillet 1825. Etudiant en Théologie dans 
        une institution des Batignolles à Paris, il obtiendra une concession 
        de 5 ha, 77a, 29 ca. N°3645.
 ------Le 
        11 décembre les colons célibataires seront dirigés, 
        pour y monter les tentes, sur l'emplacement aménagé par 
        l'armée à Koudiat Menaa à 23 km au sud de Bône 
        et à 7 km au Sud Est du camp de Dréan. Cet ancien camp romain 
        se situe en bordure de route entre Penthièvre et les terres du 
        Général Monk d' Uzer qui deviendra Duzerville. C'est enfin 
        le 12 décembre que la totalité du 11 e Convoi arrivera sur 
        l'emplacement qui deviendra le Mondovi que nous avons connu. Le livre 
        écrit par Maxime Rasteil d'après le manuscrit de Eugène 
        François, qui fut et qui reste le bréviaire de tous les 
        Mondoviens, contient de nombreuses erreurs et est assez romancé. 
        Eugène François était âgé de 9 ans en 
        1848 et ses parents étaient concessionnaires pour le 10e Convoi 
        de Jemmapes. Après le décès de sa mère, sa 
        sueur, son beau frère durant le choléra de 1849, il rentre 
        en métropole en juillet avec son père qui décède, 
        hélas, à Marseille après avoir renoncé à 
        sa concession. Le manuscrit avait été donné en 1908 
        à l'Abbé Bigot curé de Blandan. Eugène François 
        décède à Bône en 1917 et ce n'est qu'en 1930 
        que Mr Maxime Rasteil fera publier "Le Calvaire des Colons de 48". 
        Le site prévu pour l'implantation de la commune avait à 
        l'origine une superficie de 1656 ha, 52 a, 88 ca, et devait comprendre 
        trois Centres Agricoles Mondovi 1, 2 et 3. Seul le centre n° 1 gardera 
        le nom de Mondovi. Le n°2 après avoir été surnommé 
        Mondovi - le -Haut prendra en 1852 le nom du Vaillant Général 
        Barral. quant au n°3 qui devait s'appeler Zerizer il n'existera jamais.
 
 ------Installés 
        sous des tentes type "Marabout" pour deux, voire trois familles, 
        il faudra attendre les années 50 pour avoir les baraquements de 
        planches individuels puis les logements en dur.
 
 ------L'administration 
        militaire s'exercera dès 1848 avec le capitaine du 3è Génie 
        Louis Blanchet, puis se terminera en 1852 avec le Commandant du 72e Adolphe 
        Buirette de Verrières. Le régime civil prendra effet en 
        1852 avec la nomination comme ler magistrat de Jacques Rivaud venu avec 
        le 16e Convoi et cessera en 1962 avec la municipalité de Mr Roch 
        Péraldi qui a succédé à Mr Roland Bertagna 
        après 25 années à la tête de la commune de 
        1933 à 1958. La Paroisse placée sous le patronage de St 
        ? Ambroise, dont le choix avait été pris en cours de traversée, 
        sera fondée le 7 mars 1849. Le 1er prêtre sera l'Abbé 
        Malbet. Le dernier l'Abbé Robert, et avant que l'Eglise ne soit 
        érigée en Mosquée, un Prêtre de Ste Anne de 
        Bône venait y célébrer les offices. L'Abbé 
        Noizaux, qui officie en 1851, abattra à Magran le dernier lion 
        de la région. L'Eglise que nous avons connue sera inaugurée 
        et officiellement remise à la Municipalité Warion en 1877. 
        Elle possédait un tableau offert par Napoléon III lors de 
        sa visite à Bône en juin 1865. Un poste de gendarmerie est 
        créé le 15 juillet 1854 au centre du village. Le père 
        du Maréchal Juin y fera un séjour. La gendarmerie définitive 
        sera construite sur le CGC 13 qui mène à Penthièvre.
 
 ------L'épidémie 
        de choléra éclate en juin 1849. Ce n'est que fin août 
        de la même année qu'il disparaîtra après avoir 
        fait 257 victimes sur les 915 habitants que comptait ce Centre agricole. 
        Cependant Mondovi le Haut est épargné. Le 15.09.1849 une 
        lettre sera adressée à Paris, 7 place Furstemberg, à 
        Mr Charles et Cie, par une personnalité musulmane Mr Ali Ben Khérim 
        habitant sur la commune. Elle est écrite en arabe et sera transmise 
        avec sa traduction en français au Ministre de la Guerre. On peut 
        y lire
 --------------------"Au 
        nom de Dieu Clément et Miséricordieux. I1 n'y a pas d'autre 
        Dieu que Dieu. II n'y a de force qu'en Dieu.
 que Dieu soit propice à Mahomet, à sa famille, à 
        ses compagnons. Sachent les destinataires de cette lettre, ceux à 
        qui elle parviendra, mes amis Mme Sophie et Mr Charles que je leur présente 
        mon salut, que la miséricorde eues bénédictions de 
        Dieu soient sur eux. Je n'ai rien à vous apprendre que d'heureux. 
        Si vous demandez des nouvelle de Mme Marie Mercier habitant Mondovi - 
        le ? Haut, sachez qu'elle est en parfaite santé. Il ne manque rien, 
        sinon de vous voir et d'être réunie à vous. Elle va 
        sans cesse dans le pays des Béni Salah, Abdallah et Ahmed et exerce 
        ses bienfaits sur tous. Car elle guérit et soigne les malades chez 
        les Béni Salah, Ouled Sélim et au delà chez les Ouled 
        Maamar et Bou Aziz. Tous ceux qu'elle soigne (que Dieu la récompense) 
        l'aiment, qu'ils soient près d'elle ou loin d'elle. Sa puissance 
        est grande et son rang élevé parce qu'elle soigne les gens 
        sans leur demander ni argent, ni buf, ni mouton, ni poule même 
        pas un os. C'est pour cela qu'elle est aimée dans toutes les tribus. 
        Le salut sur vous de la part de vos amis Ali Ben Khérim, de ses 
        fils Ahmed et Béchir et de la femme de ce dernier Taous Bent Saleh. 
        Salut sur Mme Sophie et Mr Charles. Donnez nous de vos nouvelles et instruisez 
        nous de tout ce qui vous intéresse".
 
 ------Il 
        y a moins d'un an que les Colons sont sur les terres de ce centre Agricole. 
        Madame Marie Mercier, 43 ans, avait un diplôme de sage femme. Elle 
        accompagnait son fils Pierre, 25 ans, concessionnaire célibataire 
        et son neveux Adrien Grémillon, 25 ans, Concessionnaire célibataire 
        également. On est bien loin de trouver l'affreux colon venu pour 
        s'accaparer des terres des autochtones et faire suer le burnous.
 
 ------La 
        colonie s'organise. Elle accueillera les familles venues des vignobles 
        du Sud Ouest de la France, du Tarn et de l'Auvergne. I1 ne sera gardé 
        dans le village que le souvenir d'un seul Déporté politique 
        en la personne de Eugène Hermine, Maire républicain des 
        Basses Alpes déporté après 1851. Il sera bientôt 
        Juge suppléant à Mondovi puis Maire et Conseiller Général 
        de Randon. Vers 1860 nous verrons arriver des familles d'origine latine 
        fuyant l'unification de l'Italie ou le chômage à Malte
 --
 ----Hormis 
        la population urbaine qui n'a jamais dépassé le millier 
        d'Européens, de grandes fermes agricoles vont se développer 
        sur la commune. Les vignobles de Guébar - Bou - Aoun a la superficie 
        impressionnante de 5675 hectares avec son château, qui devait accueillir 
        Napoléon III dans son périple Bonois. Les établissements 
        de Bou Farah où l'élevage s'effectuait sur une vaste échelle 
        avec des laiteries des plus modernes fournissant plus de 1.000 litres 
        de lait par jour, la traite se faisant en musique. La cave vinicole de 
        l'Oued Guérig appartenant à la famille Pavet. Les Domaines 
        du Chapeau de Gendarme, Gazan, St Paul Chaubard où viendra naître 
        Albert Camus. Les fermes françaises alentours de Beugin, Magran, 
        d'autres plus modestes Cardenti, Latril, Albrieux, Albertini, Zamit, Jugue, 
        Dardé fourniront progressivement à la commune ses ressources 
        et ses besoins maraîchers. En 1920 c'est la création de la 
        Tabacoop, qui bien avant celle de Bône groupera les productions 
        de Tabac de la région. Elle emploiera une main d'uvre importante 
        autochtone et européenne. La Cave Coopérative créée 
        en 1922 pourra recevoir près de 30.000 hectolitres de vins des 
        moyens et petits producteurs. Le marché hebdomadaire du samedi 
        permettra la vente de cultures maraîchères et du bétail. 
        Le monument aux morts sera inauguré le 22 avril 1922. I1 portait 
        les noms des Enfants de Mondovi, Morts pour la France. Guerre 1914/18 
        avec 54 noms chrétiens et musulmans, 7 pour la seconde guerre 1939/45. 
        Le poilu, qui surmontait le socle, à plus de trois mètres 
        de haut, se trouve à Eragny sur Oise dans le Val d'Oise.
 L'Amicale des Mondoviens et leurs Amis a fait ériger une plaque 
        de marbre portant les noms de ces héroïques soldats morts 
        pour leur patrie en y ajoutant celui de notre jeune ami Claude Schwall 
        tué pour que cette terre que nous avons tant aimée reste 
        française après cinq générations de vie commune.
 Eug. Warion------L'Amicale 
        des Mondoviens et leurs Amis a été créée en 
        1977 sur une idée exprimée par feu le Docteur Marcel Taïeb. 
        Son siège social 509 Boulevard Montesquieu. La salle 13320 Bouc 
        - Bel - Air.
 Le repas annuel a lieu le 1er dimanche de juillet dans une Région 
        différente. Cette année 1993 il aura lieu à Bouc 
        - Bel - Air
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