| Que nos fusillés réintègrent 
          notre mémoire collective nationaleJosselyne Revel-Mouroz
 Présidente du Centre d'Etudes Pieds-Noirs
 Monsieur le Premier Ministre Hôtel
 57 rue de Varenne .
 75007 Paris
 Monsieur le Premier Ministre,
 Le 5 Novembre dernier, vous avez tenu à réhabiliter les 
        mutins de 1917, qui "refusèrent d'être sacrifiés" 
        et "furent fusillés pour l'exemple".
 Si votre but est de réconcilier les Français avec leur histoire 
        et avec eux-mêmes, l'intention est certainement louable. Mais alors, 
        il faut aller jusqu'au bout.
 Il y a eu des Français qui ont refusé que des départements 
        français soient sacrifiés et ils ont fait le sacrifice de 
        leur vie pour se battre contre l'abandon de l'Algérie et de sa 
        population, abandon dont on peut voir aujourd'hui où il a mené 
        ce pays.
 Le 16 Octobre, le Centre Culturel Algérien organisait un hommage 
        aux porteurs de valises. Nul n'ignore que ces valises contenaient soit 
        des armes, soit de l'argent destiné à l'achat de ces armes 
        qui tuaient et mutilaient des civils innocents et des soldats qui faisaient 
        leur devoir. Cela s'appelle trahison ou collaboration avec l'ennemi, puisqu'il 
        s'agissait bien d'une guerre. Les personnes qui se sont rendues coupables 
        de ce crime sont honorées aujourd'hui. En revanche, le Colonel 
        Bastien-Thiry, le lieutenant Degueldre, le sergent Dovecar et Claude Piegts 
        " furent fusillés pour l'exemple". Même s'ils ont 
        utilisé des méthodes que la morale réprouve, ils 
        l'ont fait par désespoir, parce qu'aucune autre solution ne leur 
        avait été laissée. Ils sont morts pour avoir voulu 
        tenir la parole que d'autres avaient donnée et reniée. Ils 
        sont morts parce qu'ils ne voulaient pas livrer leurs compatriotes à 
        des assassins, qui ont massacré Européens et Harkis et qui 
        continuent de massacrer, femmes et enfants, en particulier, sans obtenir, 
        il est vrai, aujourd'hui l'ab solution qui leur avait été 
        consentie il y a trente-six ans.
 Alors, Monsieur le Premier Ministre, nous attendons de vous des paroles 
        d'apaisement et la reconnaissance de la sincérité de ces 
        hommes pour qu'ils "réintègrent aujourd'hui, pleinement, 
        notre mémoire collective nationale".
 Dans l'espoir que notre demande légitime sera entendue, je vous 
        Matignon prie de croire, monsieur le Premier Ministre, à l'assurance 
        de ma haute considération
 Josselyne Revel-Mouroz
 Présidente du Centre d'Etudes Pieds-Noirs
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