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        ÉCHOS D'ALGER ÉDITORIAL de juin 2017 numéro 136
 Chers Amis de notre pays perdu,
 Chaque année, à pareille époque, et sous le couvert 
        de vous rendre compte de la vie et de la gestion de votre amicale, nous 
        avons le plaisir de vous retrouver très nombreux et avec bonheur, 
        ce 30 avril.
 Cette année 2017 est particulière puisque, il y a 50 ans, 
        en 1967, un petit groupe d'amis, dont faisaient partie entre autres, MM 
        Gustave BORDERIE (dernier maire français de Birkadem), 
         Charles OUTIN, Robert MENDOZA, Jean-Paul LORGEAS, 
        Robert LINARES, Robert NOGUERA, Fernand TIBERINO... se constituait 
        et donnait naissance à l'Amicale Gardoise des Enfants de l'Algérois. 
        Je dois vous avouer que c'est mon mari qui m'a incitée à 
        entrer dans le Conseil de l'époque... et depuis... j'y suis!!!
 
 Vous le savez, vous qui nous soutenez depuis longtemps, quel essor elle 
        a pris depuis 1980, puisque d'un club de 69 adhérents, votre association 
        est devenue une grande Famille.
 Le mot Famille n'est pas galvaudé et signifie bien les liens tissés 
        entre nous.
 Aussi, c'est en famille et tout naturellement qu'une pensée particulière 
        va vers nos chers défunts partis en 2016, espérons vers 
        d'autres cieux plus cléments, c'est ce que l'on souhaite.
 Une autre pensée particulière s'adresse à nos défunts 
        restés en terre d'Algérie, devenue étrangère, 
        aux familles aussi, donc à nous, qui voyons se tourner inexorablement 
        les pages de Notre Histoire. Pour tous ces absents, observons une minute 
        de silence, afin qu'ils sachent combien ils nous manquent. Unissons nos 
        pensées à celles des familles touchées par les épreuves.
 
 Faire un bilan de l'année 2016, c'est avant tout vous dire, qu'avec 
        le Bureau, nous avons pris une autre dimension qui se veut plus politique, 
        même si nous savons que ce sujet ne fait pas parti des buts de l'Amicale.
 Cette politique que nous menons est une politique de sauvegarde, de protection 
        et de vérité.
 Nous subissons depuis plus de 55 ans...
 Nous ne pouvons plus accepter en baissant la tête, tout ce qui est 
        dit et fait contre nous. Donc, votre Amicale réagit, prend des 
        positions... car elle se doit de défendre Notre Cause, Notre Histoire, 
        en s'unissant à d'autres mouvements...
 Nous sommes toujours au ban des accusés, quoiqu'il se passe :
  L'accueil des migrants : ces intellectuels de gauche s'extasient 
        en disant : « nous avons bien accueilli plus d'un million de Pieds-Noirs, 
        nous nous devons de recevoir les migrants qui fuient leur pays en guerre... 
        »! Vous avez dit guerre ou faut-il comprendre volonté et 
        autorisation d'envahissement?
  l'immigration : c'est la faute des Pieds-Noirs qui ont entraîné 
        avec eux, ceux qui venaient d'être libérés du joug 
        de la France : la preuve donc que nous n'étions pas de mauvais 
        « colonialistes et capitalistes»
  l'analphabétisme des Pieds-Noirs : nous étions des 
        ignares, il fallait tout nous apprendre, ce sont les propos tenus par
 radio-ecclésia à Nîmes, comme si nous n'avions pas 
        d'écoles, d'universités, d'hôpitaux et autres domaines 
        d'instructions, et sans plaisanter : l'eau courante... pour l'hygiène,
  les emplois que nous leur avons pris,
  ne pas oublier les appartements qu'ils ne pouvaient paraît-il 
        pas obtenir, et qui par la faute des Pieds-Noirs ont connu une hausse 
        fulgurante,
  ne pas oublier aussi, ces propriétaires qui refusaient la 
        location d'appartements à des Pieds-Noirs, surtout lorsqu'ils avaient 
        des enfants,
  ne pas oublier toutes les vexations dans le monde du travail. Le 
        « sale Pieds-Noirs » a fusé plus d'une fois, nous meurtrissant. 
        Notre accent nous trahissait...
  « Ah! Ces Pieds-Noirs! » balancé sur un ton 
        dédaigneux par une élue de Nîmes et qui me faisait 
        réagir en disant « N'oublies pas que je suis Pieds-Noirs 
        » et l'autre de répondre « Ah! Mais toi, ce n'est pas 
        la même chose!!! ». Quelle hypocrisie!
  Les Pieds-Noirs sont braillards, revendicatifs, ils sont passéistes, 
        revanchards, ... et pour compléter : les Pieds-Noirs sont racistes!
  Ils osent dire cela de nous alors nous vivions en bonne intelligence, 
        toutes communautés et religions confondues. Nous ne connaissions 
        pas le racisme.
 
 Pourquoi nos détracteurs ne s'accordent-ils pas à reconnaître 
        que nous sommes « Plus français qu'eux, même si l'on 
        s'appelle MENDOZA, SIMIOLI, SCOTTO, ou ARRAG ».
 Ne nous a-t-on pas appris à aimer la France, la Patrie, son drapeau, 
        son Histoire, toutes ses valeurs, ses coutumes, son art de vivre, sa grandeur...?
 Et puis, quand vont-ils comprendre que nous sommes des Français, 
        nés dans d'autres départements français que ceux 
        de métropole, des Français qui ont été enrôlés 
        pendant les guerres et qui sont morts pour défendre leur Mère 
        Patrie.
 
 Il y a une chose certaine, c'est que malgré toutes les tares que 
        l'on nous attribue, nous avons toujours eu le respect des lois, nous n'avons 
        jamais brûlé de voitures, saccagé des édifices 
        publics, alors que nous aurions pu...
 
 Jacques SOUSTELLE écrivait 
        : « Le peuple Pieds-Noirs a été victime d'une condamnation 
        collective qui n'a d'équivalent dans Notre Histoire, depuis la 
        révocation de l'édit de Nantes.
 La solidarité nationale n'a pas joué, ni même la solidarité 
        humaine, tant cette communauté a été accablée 
        de calomnies et défigurée par une campagne acharnée 
        ».
 
 Alors vous comprendrez le besoin d'être entre nous, au début 
        de notre exil.
 
 Par notre courage, notre travail, nous avons fait notre place. De belles 
        réussites ont été constatées, dans tous les 
        domaines, pour notre plus grande fierté, prouvant que nous n'étions 
        pas si « bêtes » que cela....
 
 Au fil du temps, des unions se sont faites entre nos enfants et les enfants 
        de métropolitains, des amis nous ont rejoints; ils ont appris à 
        nous connaître, à nous apprécier, à mieux comprendre 
        notre souffrance, certes, mais surtout notre joie de vivre, car il y a 
        quelque chose de très fort chez « Nous », les épreuves 
        nous ont enrichis et nous gardons toujours la tête hors de l'eau, 
        la porte ouverte pour l'accueil, la main tendue pour aider.
 
 2016 a été encore une année de drames, de terrorisme 
        une fois de plus... Les politiques n'ont rien compris pour garder le pouvoir, 
        ils se confondent en « larmes de crocodile », semblant partager 
        la peine des familles, mais rendant visite, entourés des médias, 
        aux voyous hospitalisés plutôt qu'aux familles des victimes...
 
 C'est ça la France, la Terre des Droits de certains Hommes et de 
        certains Citoyens, mais surtout pas la Terre des Français »...
 Alors, déçus 55 ans après, oui, mais tellement fiers 
        d'être des Français... entièrement à part! 
        Des Pieds-Noirs!
 Ce peu de considération nous accompagnera jusqu'au bout.
 Mais comme nous sommes des battants, allant jusqu'au bout justement dans 
        l'engagement, cela ne nous empêchera pas de continuer notre chemin 
        associatif, en assurant nos projets, comme nous les avons assurés 
        en 2016, avec :
  Les cérémonies de Mémoire,
  l'Assemblée générale,
  le pèlerinage à Caussou, autour de N D de BELCOURT,
  le rassemblement national à Uzès,
  le pèlerinage dédié à N D d'Afrique 
        à Carnoux-en-Provence qui a eu lieu dans des conditions différentes 
        de celles des années précédentes. Un mois avant, 
        le 14 juillet, l'attentat terroriste de Nice, a fait prendre d'autres 
        consignes à la prudence (un petit rappel : c'est votre Amicale 
        qui a instauré le pèlerinage à Carnoux, le 15 août, 
        en 1981),
  les repas-rencontres dans les sections, les Rois, les méchouis, 
        tout ce qui permet les retrouvailles
  les réveillons, etc...
  et une activité qui est le point d'orgue dans la relation 
        avec l'ensemble de Notre Grande Famille : AUX ECHOS D'ALGER, votre journal 
        trimestriel.
 Au 31 décembre 2016, nous comptions 75 adhésions offertes 
        aux plus défavorisés et 73 adhésions nouvelles ont 
        été comptabilisées pour 2016
 
 Pour 2017, pour les 50 ans de l'Amicale, nous avons lancé l'opération 
        parrainage en offrant l'adhésion : 61 personnes nous ont rejoints 
        grâce au concours de leurs parents ou grands-parents. Nous sommes 
        heureux de ce résultat mais il faudrait que ce message s'amplifie, 
        durant cette année exceptionnelle. Et les années à 
        venir... Notre espoir pour les années futures, nous le portons 
        bien sûr, sur la relève. Il ne faut pas que Notre Histoire 
        s'éteigne avec nous. Parmi ces jeunes qui nous ont rejoints et 
        qui se sentent concernés, l'un d'entre eux Thomas 
        BERTRAND, m'a envoyé ce message, que je me dois de vous 
        transmettre :
 « Chère Madame,
 Laissez-moi vous raconter le pourquoi de mon adhésion. Un matin 
        de fin d'hiver, vous en déduirez qu'il y a peu de temps donc, aux 
        aurores, comme j'en ai l'habitude, mon réveil sonna. Mais ce matin 
        là, en consultant ma boîte mail, quelque chose va
 changer le cours de ma jeune histoire.
 Mon grand-oncle par alliance maternelle, nous (ma famille) a envoyé 
        un mail avec une lettre jointe.
 Une lettre figurez-vous, qui fait référence à ce 
        que dit Emmanuel Hollande ou François Macron, je ne sais pas à 
        vrai dire, concernant la colonisation.
 Celui-ci bien évidemment, ne distinguant pas l'Algérie des 
        autres pays colonisés (alors que celle-ci faisait pourtant partie 
        intégrante de notre territoire, mais qu'en a-t-il à faire, 
        lui, le technocrate?) et donc préférant continuer dans la 
        démagogie ambiante, celle qui consiste à dénigrer 
        tout ce qui a fait notre pays.
 La lettre en question fut une révélation pour moi!
 Une révélation parce qu'à l'intérieur, je 
        pouvais lire ce que mes aînés, ascendants, avaient réellement 
        vécus en Algérie, c'est-à-dire, à la fois 
        :
 De la rancur, envers celui qui les a abandonnés,
 De la nostalgie, d'une époque révolue où justement 
        la mixité et l'amitié entre deux peuples était plus 
        grande que n'importe quel discours de bien-pensant d'aujourd'hui,
 De l'amour pour leur terre celle qui les a vu naître et qu'ils ont 
        défendu jusqu'à perdre espoir,
 Et surtout, que la plaie, la fracture, ne s'étaient pas refermées 
        et ne refermeraient jamais!
 Alors, il est de notre devoir; à nous petits-enfants de Pieds-Noirs, 
        de prendre le relais pour que l'HISTOIRE de la France ne tombe pas dans 
        l'oubli, pour que leur combat, votre combat, ne soit pas vain. Aujourd'hui 
        âgés de plus de 75 ans, même plus de 80 ans pour mon 
        grand-père, j'ai compris qu'il faut que leur histoire qui est par 
        ricochet la notre, nous soit enseignée. Enseignée non pas 
        par des charlatans mais par ceux qui l'ont réellement vécue.
 C'est à nous de reformer une amitié vieille de plus de 130 
        ans entre deux peuples qui aspirent aux mêmes idéaux mais 
        qui sont instrumentalisés de part et d'autre de la Méditerranée 
        par des oligarques cupides et individualistes!
 Après ces quelques phrases, je me présente : je suis Thomas 
        BERTRAND, petit-fils de Vendelin et Pierrette ROSENBERGER, fils d'Olivier 
        et Florence, je suis un étudiant en Sème année de 
        licence de gestion et je suis fier d'être Français, fier 
        d'être descendant de Pieds-Noirs, parce que j'ai compris ce que 
        cela signifié! ».
 Ce message réchauffe nos coeurs.
 Aujourd'hui, nous avons le plaisir de vous offrir quelques surprises imaginées 
        et concoctées par mon petit-fils Aurélien 
        MONET, lui aussi « tombé dans la marmite Pieds-Noirs 
        , comme mes autres petits-enfants... tous présents aujourd'hui 
        et à chaque occasion.
 
 Aussi parents, grands-parents... votre rôle est important... Il 
        ne faut pas que la disparition du dernier d'entre nous, soit comparée 
        à celle de Lazare PONTICCELLI, 
        italien d'origine mais surtout Grand Français par son engagement. 
        Dernier Poilu de la Grande guerre, né en 1897 en France, décédé 
        en 2008 et décoré de la Légion d'honneur en... 1996. 
        A 99 ans! Il a fallu tant d'années de réflexion pour reconnaître 
        sa valeur!
 Alors, devons-nous, devez-vous prendre patience?
 La France est longue dans la reconnaissance!
 « Aimons-nous vivants » chante François 
        VALERY... Enfant de chez nous... mais pas devant un tombeau.
 
 Francette MENDOZA
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