
          
        MAISON-BLANCHE ! ! ! 
          Aéroport de l'Afrique du Nord 
        Plus que n'importe quel 
          aérodrome, même français, Maison-Blanche jouit d'une 
          activité extraordinaire. L'Aéro-Club d'Algérie 
          qui, pour une grande part, est la cause de cette activité, a 
          contribué énormément au développement de 
          l'Aérodrome de Maison-Blanche. 
          
          J'interrogeais dernièrement un de mes amis de retour de France 
          qui fut étonné de voir à l'Aérodrome d'Orly, 
          un des plus importants, tous, les avions de tourisme, les ailes repliées, 
          et rangés, soigneusement sous, les hangars. Aux questions du 
          personnel présent à cette visite, il leur répondit 
          qu'à Maison-Blanche il était impossible de replier les 
          ailes des appareils, car les propriétaires en usaient presque 
          journellement. Cette réponse, paraît-il, combla d'étonnement 
          les habitués d'Orly.
          
          D'ailleurs, à la suite d'une visite rendue à notre ami 
          Dandeville, le dévoué secrétaire de l'AéroClub, 
          j'ai obtenu communication de chiffres qui sont plus qu'éloquents 
          et que je transcris fidèlement : 
          
          AERO-CLUB D'ALGERIE
        
           
            |  | Oct. 1931 |  Oct. 1932  | 
           
            | Nombre de Membres 
                 | 400  | 700  | 
           
            | Section féminine 
                 | 0
 | 30  | 
           
            | Avions de tourisme
 | 10 | 27  | 
           
            | Avions d'école | 1 | 3  | 
           
            | Planeurs
 | 0  | 2  | 
           
            | Nombre de pilotes 
                formés par l'Aéro-Club | 14 | 24 (dont 2 femmes)
 | 
           
            | Kilomètres, 
                parcourus par les avions de tourisme de Maison-Blanche, de Oct. 
                31 à Oct. 1932  |  | 40.000 | 
           
            | Elèves 
                mécani ciens brevetés 
                formés par les cours, de l'Aéro-Club |  |  12 | 
           
            | Elèves suivant 
                actuellement ces cours: 35  | 
        
        
          Ces chiffres comme on pourra le 
          voir donnent bien la physionomie de l'évolution plus que rapide 
          de l'aviation civile.
          Il faut aussi reconnaître que les dirigeants de l'A.C.A. ne ménagent 
          pas leurs efforts et leur temps.
          MM. Billon du Plan, Prévost, Durafour, Rebut, etc., sont les 
          artisans de l'uvre que je viens de tracer.
          
          D'autre part, sur le terrain, notre ami Fraix, chef mécanicien-pilote, 
          est le dévoué collaborateur sur lequel on peut toujours 
          compter.
          
          Le chef pilote Enzelmann, très aimé de tous ses élèves, 
          est aussi un dévoué. 
          
          Puis ce sont les habitués de la piste, tels Cazeaux, Duchesne-Marullaz, 
          Bonnet, Ladhuie, Germain, Billiet, la très sympathique Mme Tillier 
          et Monsieur, Descamps, etc., qui sont tous, non seulement des sportifs 
          mais encore des ardents propagandistes de l'aviation.
          
          D'ailleurs, la force de l'Aéro-Club réside essentiellement 
          dans l'esprit de ceux qui en font partie; une seule idée, un 
          seul but : " La grandeur de l'aviation nord-africaine " les 
          anime tous. 
          Il faut surtout signaler l'esprit de camaraderie qui règne dans 
          les rangs des, pilotes, qu'ils soient d'Oran, de Casablanca, de Bel-Abbès, 
          de Tiaret. d'Alger, de Blida ou de Constantine et de Tunisie C'est bien 
          d'ailleurs le seul " Sport " où l'on constate cette 
          camaraderie.
          
          Cet esprit est tout à l'honneur des dirigeants des différents 
          clubs.
          
          Les officiels de l'Aviation, MM. Fourcher, Poulain et notre ami Domenach, 
          chef de base, à Maison-Blanche, sont aussi et surtout les véritables, 
          créateurs de cet Aéroport.  
        Tous ces noms que je viens 
          de citer ne représentent qu'une partie des bonnes volontés 
          qui, tous les jours, travaillent pour le plus grand bien de l'Aéronautique 
          civile.
          Que tous ici reçoivent l'hommage de la reconnaissance algérienne 
          pour l'effort accompli. 
          
          Le baptême de l'avion " Ville de Blida "
          
          Dimanche dernier la ville de Blida fêtait l'aviation à 
          l'occasion du baptême de l'avion " Ville de Blida ".
          L'aérodrome décoré très artistiquement était 
          envahi par la grande foule dès 10 heures du matin, heure à 
          laquelle commençaient à atterrir les différents 
          avions civils ou militaires venus des différents points du Département 
          et surtout de l'aérodrome de Maison-Blanche.
          A midi un grand banquet était servi à l'Hôtel d'Orient, 
          au cours
         duquel prirent successivement 
          la parole MM. Cusin, Président de l'AéroClub Blida-Milidja, 
          M. le Colonel De Serre, représentant le général 
          Georges, M. Poureher, représentant le Ministre de la Guerre M. 
          Billon du Plan., Président de l'Aéro-Club d'Algérie, 
          M. le Colonel Weiss, bien connu du monde aérien. 
          Retenu jusqu'à deux heures à Alger nous quittons Maison-Blanche 
          à bord du superbe " Caudron Phalène Gypsy " 
          que M. André Lcmoync avait aimablement mis à notre disposition, 
          piloté par le sympathique Cazeaux. Treize minutes après 
          nous atterrissons à Blida après un trop court voyage, 
          vraiment merveilleux.
          Nous arrivons pour la bénédiction de l'avion " Ville 
          de Blida " par Monseigneur Leynaud, Archevêque d'Alger. 
          Après ce baptême, c'est Monseigneur Leynaud qui lui-même 
          reçoit le baptême... de l'air. La marraine Mme Gaston Ricci 
          est baptisé à son tour, puis les différents avions 
          prennent l'air à destination de leurs aérodromes respectifs. 
          
          Decamps sur l'appareil de M. Bunuel réalise avec un brio étonnant 
          plusieurs acrobaties, notamment un double looping fort réussi.
          M. Bonnet prend l'air, en compagnie de sa charmante fille, et... est-ce 
          l'appareil qui avait pris de bonnes habitudes avec Decamps, le voilà 
          qui se met lui-même a donner le frisson à la foule et peut-être 
          bien à... sa fille.
          Il est 4 heures lorsque M. Durafour, arrivant d'Oran sur son " 
          Phalène " vient se poser 5 minutes à Blida pour saluer 
          ses camarades. 
          A 4 h. 5 nous " décollons " à destination de 
          Maison-Blanche où nous nous posons à 4 h. 20 exactement.
          Belle journée pour l'aviation cl pour Blida
        Les ailes s'ouvrent 
          
          
          En cette splendide matinée du samedi 8 octobre, l'Hippodrome 
          de Sidi-Mabrouk présentait une animation inaccoutumée 
          et sur les routes, desservant le terrain provisoire de l'Aéro-Club 
          de Constantine, les autos se suivaient nombreuses pour s'aligner ensuite 
          dans un ordre parfait. Dans le hangar métallique, surmonté 
          de la' manche à air, dont un zéphyr léger renflait 
          la panse, des terrassiers s'affairaient, mettant une dernière 
          main à l'aménagement du logis., comme pour recevoir un 
          hôte de marque... En fait, c'était bien un événement 
          extraordinaire que celui qui groupait cette foule d'officiels, de sportifs, 
          de journalistes et de badauds et l'arrivée du premier avion de 
          l'école de pilotage de l'A.C.C. justifiait à la fois l'importance 
          et la curiosité de tous ceux qui s'intéressent aux choses 
          de l'air.
          A l'heure H - nos pilotes ont conservé de leurs exploits, la 
          précision militaire - un ronflement joyeux annonce le " 
          coucou ". Un point noir à l'horizon grossit rapidement et 
          voici maintenant qu'on distingue nettement les lignes élégantes 
          du Potez éblouissant sous les rayons du soleil et qui, après 
          un gracieux virage au-dessus de nos têtes, s'en va saluer le vieux 
          Rocher à faible altitude.
          
          Une courbe savante le ramène vers nous et c'est l'impeccable 
          atterrissage qui nous permet enfin de l'approcher.
          
          Une dernière vibration secoue l'appareil. L'hélice se 
          cale et, sautant prestement de la carlingue, le visage souriant et heureux 
          à la fois, voici MM. Bovet, président de l'A.C.C. et Richaud, 
          chef-moniteur du club, qui sont chaleureusement accueillis et félicités. 
          Impatientes, les questions se succèdent presque sans interruption 
          : " Bon voyage ? - Pas, trop " chahutés " ?... 
          auxquelles nos amis répondent avec la meilleure grâce.
          
          A juste raison d'ailleurs on s'extasie sur la première performance 
          du Potez 100 chevaux qui a effectué le voyage Alger-Constantine 
          en deux heures trente avec un consommation de quarante-huit litres. 
          Les conducteurs de bolides automobiles - ils sont nombreux sur la piste 
          - sont rêveurs et, délaissant leurs engins préférés, 
          s'empressent autour du séduisant avion de tourisme, l'inspectent, 
          le tâtent, s'y installent et l'on sent, chez chacun d'eux, sourdre 
          une nouvelle vocation, un irrésistible désir : piloter, 
          et posséder aussi, un monoplan semblable !