| Souvenirs d'Alger... -------"D'avant la conquête, 
        Alger n'a conservé que le style mauresque dans son centre: la Casbah 
        qui s'étage sur les pentes rapides de la montagne qu'elle embrasse. 
        Supposez un instant qu'un nouveau Dédale ait été 
        chargé de bâtir une ville sur le modèle du fameux 
        labyrinthe, le résultat de sont travail aurait précisément 
        quelque chose d'analogue à l'Ancien Alger. Des rues étroites, 
        de largeur inégale, offrant dans leurs nombreux détours 
        toutes les lignes inimaginables excepté cependant la ligne droite 
        pour laquelle les architectes indigènes paraissent professer un 
        éloignement instinctif ; des maisons sans fenêtres extérieures, 
        quelques lucarnes tout au plus, des étages avançant l'un 
        sur l'autre de telle sorte que vers le sommet des constructions les deux 
        côtés opposés d'une rue arrivent souvent à 
        se toucher ; quelquefois même la voie publique est voûtée 
        sur un espace assez considérable. Représentez-vous tout 
        cela éblouissant de blancheur par suite d'un usage où l'on 
        était alors de donner chaque année deux couches de chaux 
        aux bâtiments, et vous aurez reconstruit le véritable Alger 
        par la pensée".
 Berbrugger
 
 
 ------Contrastant avec la Casbah et 
        Bab el Oued, le nouvel Alger dont le développement a été 
        conditionné par les besoins de l'économie locale et les 
        hchesses de l'arrièrepays. Partant de la Place du Gouvernement 
        où domine la statue équestre du Duc d'Orléans, une 
        façade impressionnante, constituée de bâtiments à 
        arcades se développe sur plus de 1.500 mètres face à 
        la mer: le palais de l'Assemblée Algérienne (1914) la Banque 
        d'Algérie (1918) avec sa porte monumentale ceuvre de Fourquet, 
        l'Hôtel Aletti (1929, (architectes Bluysen et Richard) l'Hôtel 
        de ville (1936 architectes Niermans et Ferlié) la préfecture 
        de style néo-mauresque (1913).
 ------Cet 
        Alger français s'est fait un peu au jour le jour, au hasard des 
        spéculations et des nécessités. La ville s'étend 
        tout en longueur sur une vingtaine de kilomètres depuis Pointe 
        Pescade jusqu'à MaisonCarrée
 
 
 ------Cette évolution s'est située 
        dans les années trente puis après la deuxième guerre 
        mondiale où
 l'on a assisté à un nombre impressionnant de travaux d'urbanisme 
        et de construction. Tout doucement le centre vital s'est déplacé 
        de la Place du Gouvernement vers le boulevard Laferrière qui est 
        devenu le centre des affaires.Aménagé en squares à 
        gradin, il coupe les artères maîtresses de la ville : le 
        boulevard Carnot, la rue Alfred Lelluch, le boulevard Boudin, les rues 
        d'Isly, Charles Peguy, Michelet et Berthezène, l'avenue Pasteur. 
        Dans la partie haute s'élève l'imposant Monument aux Morts 
        dû aux sculpteurs Landouski et Bigonet (1928) le square Guynemer 
        avec une statue dûe à Fourquet (1919) -la grande poste réalisation 
        de l'architecte Voinot (1913).
 
 
 ------Dominant l'ensemble, l'immeuble 
        du Gouvernement Général construit en 1930 sur les plans 
        de l'architecte J. Guiauchain par l'entreprise des frères Ferret. 
        Cité administrative qui s'étend sur 4.410 m2 et 13 étages 
        et regroupe presque tous les services généraux de la colonie.
 
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 | ------En moins 
      d'un siècle les européens ont transformé le visage 
      d'Alger conçu à l'image orientale pour mettre en place un 
      ordre urbain occidental, les diligences avaient remplacé les caravanes, 
      qui à leur tour furent remplacées par l'automobile. Dans ce 
      pays l'illusion et le décor règnent en maître.
 Tour de Babel où se côtoient fonctionnaires, marchands juifs 
      et arabes dans un climat perfide qui porte traiteusement au rêve. 
      Les fleurs, la végétation ajoutent leur prestige à 
      la splendeur des lieux et des choses et font oublier la misère présente 
      dans les quartiers populaires qu'ils soient arabes ou européens. 
      Dans son ensemble, le décor change peu, Alger reste toujours une 
      ville douce, de rêve, où dans une activité insouciante, 
      l'on s'agite beaucoup et parfois pour rien.
 
 ------Une agglomération surpeuplée et 
      en perpétuelle extension où le problème de l'habitat 
      prend une importance extrême. Cités nouvelles, blocs d'immeubles, 
      ont donné au cours de ces dernières années une dimension 
      nouvelle au grand Alger qui a absorbé la banlieue et les faubourgs 
      Maison Carrée, Birmandreis, le Clos Salembier...
 
 ------Une ville qui offre le triple spectacle de l'histoire 
      de la technologie et du modernisme avec sa casbah dont les maisons s'entassent 
      les unes sur les autres comme des cubes, de son port avec ses installations 
      et ses immeubles de commerce qui se développent en bordure du front 
      de mer et de sa ville moderne qui disperse ses villas multicolores sur les 
      premières pentes du sahel.
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