|  Letourneux (carte Michelin, n°172? 
        1958? Algérie-Tunisie)
 Situé dans l'Ouarsenis dominé 
        par le djebel Ech-Chaoun (1804 m), le centre de Letourneux a été 
        créé en 1891 sur 2 540 ha en montagne. Jusqu'en 1895, ce 
        village dépendait de la commune mixte de Téniet-el-Haad, 
        à 55 km. Il est distant de 155 km de Miliana, sur la route de Boghar.
 Le village doit son nom à un ethnologue qui, avec Léon Lehuraux, 
        écrivain, lui-même ethnologue, est à l'origine de 
        l'état civil algérien.
 
 Lors de son accession au statut de commune de plein exercice en 1895 c'est 
        M. Paul Cazelles, né le 2 juillet 1861, à Boghar qui devenait 
        son premier maire.
 Situé à 1 035 m d'altitude, le centre comportait en 1900, 
        58 concessions dont les titulaires étaient alors en cours d'installation. 
        En raison de l'exiguïté des lots de montagne, son maire obtenait 
        en 1919 l'agrandissement du territoi- re de la commune.
 
 Administration municipale
 
 Les terres en zone de montagne sont propices à l'élevage 
        qui trouve un débouché sur l'important marché de 
        Letourneux où s'échangent des céréales et 
        des objets de vannerie, nattes en alfa et tapis.
 
 - Maire: M. Paul Cazelles; adjoint: M. Narcisse Lepot; conseiller municipal: 
        M. Nicolas Demaret; garde-champêtre : M. Joseph Odou; institutrice: 
        Mme Plésant à l'école mixte; médecin de colonisation: 
        Dr Noguès, résidant à Téniet-el-Haad.
 
 En raison de son altitude, Letourneux bénéficie d'un climat 
        tempéré avec une température minimale de 6°, 
        6 au-dessus de 0 en hiver avec 17°, 7 en été.
 
 Jusqu'à sa mort le 27 novembre 1931, Paul Cazelles, maire et président 
        de la commission départementale du conseil général 
        encouragea l'élevage du mouton. Cet animal étant seul susceptible 
        de concourir à l'amélioration de sols pauvres recouverts 
        d'armoise et de quelques graminées sauvages. Avec la prévention 
        des disettes, la pratique de méthodes de lutte contre les parasites 
        et la création d'abreuvoirs, M. Paul Cazelles contribua au développement 
        de cet élevage.
 
 Letourneux n'était pas seulement un ensemble de rues et de maisons 
        éclairées au pétrole en 1900, c'était avant 
        tout des hommes et des femmes qui n'avaient pour objectifs que ceux de 
        travailler avec tous ceux qui les entouraient et de donner un avenir à 
        leurs enfants.
 
 Les marchés hebdomadaires de Letourneux, Vialar (ancien Tissemsilt) 
        et d'Aïn-Oussera devenaient ainsi des centres d'exportation de moutons.
 
 En raison de son action comme président de la commission départementale 
        du conseil général, pour le développement de cet 
        élevage, Paul Cazelles laissait, en 1932, son nom à la nouvelle 
        commune de plein exercice, d'Aïn - Oussera.
 
 A côté de son immense abreuvoir, un abattoir était 
        alors créé dans l'ancien caravansérail désaffecté 
        d'Aïn-Oussera. Une piste sommaire précédait la construction 
        d'un aérodrome et l'ouverture d'un courant d'exportation par voie 
        aérienne de carcasses de moutons vers les places de la métropole.
 
 C'est ainsi que, Aïn-Oussera, dont tous les guides touristiques des 
        années 1880 signalaient la bonne organisation du caravansérail, 
        était, jusqu'en 1957, reconnu dans toute l'Algérie sous 
        le nom de Paul Cazelles, comme le plus moderne des centres d'expédition 
        de viande ovine.
 
 A l'aube du XXIè siècle, plus personne ne se souvient d'Auguste 
        Batailler, de Paul Cazelles, de Rebhi Hadj et des 58 agriculteurs installés 
        avant 1900, sur les petites concessions de cette région de Letourneux, 
        entre Teniet-el-Haad et Boghari. Et pourtant les hommes et les femmes 
        de toutes origines qui furent à l'origine de ce village, n'étaient 
        pas des êtres d'exception. Ils surent simplement s'adapter à 
        un milieu difficile pour en moissonner un peu plus de blé et en 
        produire plus de moutons. Ce qui permettait à d'autres hommes d'y 
        vivre à leur contact, d'y élever leurs enfants dans le respect 
        de leurs rites et de leur culture.
 
 Remerciements:
 A l'issue de cette évocation de Letourneux, aujourd'hui complètement 
        oublié, il convient de remercier toutes les personnès qui 
        acceptèrent de partager leurs souvenirs et leur documentation sur 
        ce village. Citons notamment le Dr Georges Duboucher, Mme Jacqueline Faure, 
        M. Jacques Piollenc.
 
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