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 EN MARGE DU CONGRÈS GÉOLOGIQUE
 UN CRATÈRE MÉTÉORITIQUE
 a été découvert dans la region sud-est de Laghouat
 Au cours des travaux du XIX° Congrès 
        géologique international, une étude a été 
        présentée par M. Roinan Karpoff, participant français, 
        sur un cratère découvert par lui dans le Sud algérien 
        et dont l'origine - qui remonte peut-être à un million d'années 
        - serait due à la chute d'une gigantesque météorite.Nous avons pu, au cours d'un aimable entretien avec l'auteur, obtenir 
        quelques renseignements accessibles à notre entendement de non-initié.
 Ce cratère ayant la curieuse configuration d'une dépression 
        circulaire bordée de falaises et d'un bourrelet, se trouve à 
        400 km., à vol d'oiseau, au S.S.E. d'Alger, à 120 km. à 
        l'E.S.E. de Laghouat, à 9 km. au S.E. d'un vieux bordj flanqué 
        d'une citerne : Talemzane, et à 1 km. environ de la piste Laghouat-Delaa-Guerrara.
 Découvert par M. Karpoft le 18 décembre 1951, il put, en 
        Janvier 1952, grâce au concours de M. G.
 Drouhin, directeur du service de la Colonisation et de l'Hydraulique, 
        être survolé et photographié.
 Visité au sol plusieurs fois, M. J. Dubieff, physicien de l'Université 
        d'Alger, en fit les mesures préliminaires an magnétomètre.
 Sa forme générale est circulaire. Du sommet de la crête 
        nord au sommet opposé il mesure approximativement 1.750 mètres. 
        Les points les plus hauts des bords du cratère dominent le fond 
        de 67 mètres. Fortement ébréchés par les branches 
        de deux petits oueds aboutissant dans la dépression.
 La zone la plus basse est couverte de jujubiers et d'un champ de céréales 
        cultivées par les nomades.
 M. Karpoff pense que l'apparition de ce cratère remonterait au 
        début du quaternaire ou, au plus, à la fin du pliocène. 
        On trouve sur les bords de nombreux ateliers néolithiques : silex 
        taillés, ainsi que des tombeaux circulaires préislamiques.
 L'ORIGINE DU CRATÈRESur l'origine, le mode de formation de cet " accident " géologique 
        si régulier on peut émettre diverses hypothèses. 
        M. Karpoff n'a pas manque de les passer au crible de la critique pour 
        ne conserver que celle qui parait pour le moment la plus sure : une origine 
        explosive due à la chute d'une météorite géante.
 Il resterait, cependant, à trouver des débris de météorite 
        autour du cratère, mais malgré de longues heures de recherche, 
        encore tout dernièrement en compagnie de MM. Th. Monod, L.-F. Brady 
        et Nichols, M. Karpoff n'en a pas trouvé trace.
 Toutefois, pour diverses raisons, cette absence ne constitue pas une contre-indication 
        à l'hypothése retenue. Tel est le cas, par exemple, du plus 
        grand cratère météoritique connu : le Chubb Crater 
        du Canada.
 Au reste, dans son trajet à travers, l'atmosphère, la météorite 
        est précédée par un coussinet de gaz
 portés à une température telle (plusieurs millions 
        de degrés) qu'il en résulte, au moment du contact avec l'écorce 
        terrestre, une vaporisation et une explosion dont les expériences 
        atomiques modernes ne donnent qu'une faible idée.
 Le cratère de Talezmane pourrait être l'un des plus vieux 
        parmi ceux connus à ce jour. Par son diamètre, il serait 
        actuellement le second du monde après le Chubb Crater, récemment 
        découvert au Canada, qui a 3.500 mètres de diamètre, 
        et avant le Meteor, dans l'Arizona, qui en compte 1.207.
 On connaît actuellement douze cratères importants d'origine 
        probablement météoritique, dont un en
 France, à Cabrerolles. En existe-t-il d'autres au Sahara ? M. Karpoff 
        pense que ouï et les recherches permettront certainement des découvertes 
        nouvelles. Il est certain que l'utilisation de la photographie aérienne 
        se montre particulièrement utile pour la localisation de tels " 
        accidents ". géologiques.
 Nous voici donc, en Algérie, possesseurs d'une curiosité 
        géologique, en quelque sorte à portée de la main. 
        Ce n'aura pas été un des moindres mérites du Congrès 
        géologique international de l'avoir fait connaître.
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