
        L'industrialisation de l'Algérie
          M. NAEGELEN A INAUGURE au Gué-de-Constantine 
          UNE USINE D'" ÉTERNIT "
        Production mensuelle : 
          1.000 tonnes de plaques et tuyaux
          
          La petite localité de Gué-de-Constantine, à quelques 
          kilomètres de Kouba, semble devoir devenir un foyer industriel 
          d'une grande importance. On connaît les usines " Cablaf " 
          et " Latraf " dont les énormes bâtiments se dressent 
          à proximité de la voie ferrée.
          
          On connaît beaucoup moins la " Société Algérienne 
          Eternit " spécialisée dans la fabrication des tuyaux 
          et des plaques en fibrociment. Cette entreprise est la dernière 
          venue dans le centre, car elle ne fut créée qu'en octobre 
          1949 
          
          Hier matin, l'austère cité de béton et d'acier 
          était pavoisée en l'honneur de la visite du gouverneur.
          
          M. le ministre Naegelen. une fois de plus, avait voulu marquer en effet 
          tout l'intérêt porté aux initiatives, susceptibles 
          d'assurer le développement économique du pays.
          
          MM. Bouakouir, directeur du Commerce et de l'Industrie au Gouvernement 
          général ; Drouhin, directeur du service de l'Hydraulique 
          ; Genton, représentant le préfet ; Weckel, directeur de 
          l'E.G.A., et de nombreuses personnalités du monde industriel 
          et commercial assistaient à cette inauguration.
          
          L'amiante-ciment
          
          Le ministre, qu'accompagnaient M. Cuvelier. président du conseil 
          d'administration, et quelques techniciens, dont M. Degrave, directeur, 
          procéda à la visite de l'entreprise.
          
          Celle-ci s'étend sur une dizaine d'hectares, compte tenu des 
          bâtiments secondaires et des aires destinées à l'exposition 
          des tuyaux.
          
          L'usine, proprement dite, occupe 5.000 mètres carrés, 
          formant un bloc de maçonnerie impressionnant.
          S'arrêtant devant chaque machine : broyeuses, malaxeuses, tours, 
          etc., M. Naegelen s'en fit expliquer l'usage. En peu de mots, voici 
          en quoi consiste ce matériau, dont la qualité s'impose 
          sur le marché algérien.
          
          L'" Eternit " est un mélange intime d'amiante et de 
          ciment. Le minéral, défibré, est incorporé 
          dans
          certaines conditions qu'il serait trop long d'exposer ici, au ciment. 
          Quoi qu'il en soit, il communique à la pâte obtenue ses 
          qualités d'imputrescibilité, d'élasticité 
          et de résistance au feu qui lui sont propres.
          
          Puis, au cours d'une seconde phase, a lieu le moulage des canalisations 
          ou des plaques, ces dernières servant le plus 
          souvent aux toitures, au cloisonnement. Après la finition des 
          tuyaux, de calibres variés, on procède à leur durcissement, 
          à leur séchage et à leur immersion, ce qui demande 
          un peu plus de trois semaines. Enfin, a lieu le classique passage au 
          banc d'essai, où l'on fait supporter aux canalisations de très 
          fortes pressions, allant jusqu'à trente atmosphères.
          
          Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce procédé 
          n'est pas nouveau car il date, parait-il, de 1905. En tous cas, il tend 
          à remplacer - sauf en ce qui concerne les voies de faible adduction 
          - les canalisations métalliques, si sensibles à l''action 
          destructive des agents extérieurs... 
          
          L'intérêt des visiteurs ne se démentit pas tout 
          au long de ce périple dans cette cité de l'acier et du 
          béton.
          
          L'Industrie nécessité algérienne
          
          Un apéritif d'honneur marqua l'entrée officielle dans 
          le monde industriel de la Société Algérienne " 
          Eternit ". Au cours de cette manifestation, empreinte de la plus 
          grande simplicité, M. Cuvelier remercia le ministre Naegelen 
          d'avoir voulu rehausser de sa présence cette inauguration. Puis, 
          après avoir précisé que la France se classait au 
          troisième rang pour la production mondiale de l'amiante-ciment, 
          derrière les États-Unis et l'Angleterre, l'orateur ajouta 
          que l'usine était encore jeune et qu'elle avait besoin de produire 
          et d'écouler pour assurer son équilibre, 1.000 tonnes 
          de plaques et tuyaux par mois. Il rendit hommage à l'efficience 
          des services du Gouvernement général.
          
          Le ministre Naegelen, prenant la parole, exprime toute sa satisfaction 
          d'avoir vu une usine modèle. Il souligna la part qu'elle allait 
          jouer dans l'essor industriel du pays. L'Algérie, déclara-t-il 
          en substance, est arrivée à un stade agricole très 
          poussé. Il appartient à l'industrie d'assurer à 
          la main-d'uvre inemployée et sans cesse croissante, des 
          débouchés nouveaux. " Cet effort d'industrialisation, 
          loin de " constituer un séparatisme économique ", 
          ne peut, au contraire. que renforcer les liens existant avec la métropole, 
          par un contact plus étroit entre les entreprises de France et 
          celles locales ".
          
          Le Gouverneur termina. son allocution en levant son verre au succès 
          de la société nouvelle, preuve de l'essor économique 
          algérien.