| Origines du port 
        d'AlgerCe texte est extrait du Bulletin 
        de la société de géographie de l'Afrique du Nord, 
        4- trimestre 1907
 ---------Les 
        côtes de l'Afrique du Nord présentent peu d'abris naturels.---------En 
        Algérie les vents d'ouest sont les vents les plus fréquents. 
        Presque toutes les tempêtes sont des tempêtes d'ouest tournant 
        vers le nord-ouest et le nord en soulevant une très grosse mer.
 ---------Entre 
        le golfe de Bougie et celui d'Arzew, la baie d'Alger est le seul endroit 
        où l'on puisse trouver une protection relative, contre les vents 
        du nord-ouest, à l'abri du massif de la Bouzaréah qui domine 
        la partie ouest de la baie.
 ---------Malheureusement, 
        le promontoire de la Bouzaréah, 
        très arrondi, ne présente qu'une protection insuffisante 
        contre la mer. http://perso.wanadoo.fr/bernard.venis .Les écueils 
        de la 
        Pointe-Pescade et de la pointe des Consuls ne peuvent empêcher 
        les lames de contourner le promontoire et de pénétrer largement 
        dans la baie d'Alger.
 ---------Ce 
        n'est qu'un peu plus au sud, après la pointe d'El-Kettani, 
        que quatre îlots entourés d'écueils constituaient 
        autrefois une amorce d'abri naturel, offrant aux petits bâtiments 
        de l'époque une protection, bien précaire d'ailleurs.
 ---------C'est 
        à cette particularité que le port d'Alger doit son origine.
 ---------La 
        situation privilégiée de ce point de la côte semble 
        avoir attiré l'attention des Phéniciens qui, au IXe siècle 
        avant notre ère, s'y installèrent en même temps qu'à 
        Carthage. Certains poèmes grecs font même remonter l'origine 
        d'Alger à l'époque légendaire des expéditions 
        d'Hercule. Vingt de ses compagnons, après des aventures diverses, 
        auraient décidé de se fixer en face de ces îlots, 
        d'y bâtir un village auquel ils donneront le nom d'Icosium du mot 
        grec eikosi qui signifie vingt.
 ---------Ce 
        qu'il y a de certain, c'est que des inscriptions romaines confirment le 
        nom d'Icosium, colonie faisant pendant à l'établissement 
        maritime de " Rusgunium " situé au sud-est de la baie 
        d'Alger, sur la presqu'île de 
        Matifou.
 ---------Plus 
        tard, les Arabes donnèrent à Icosium le nom d'El-Djezaïr 
        (les îles), nom qui s'est transformé par la suite en Alger 
        par corruption euphonique.
 ---------C'est 
        sur ces îlots, base de départ de la jetée nord et 
        de la construction du port que s'est édifiée l'Amirauté 
        d'Alger, qui a fait le bonheur de nombreux peintres puis de photographes, 
        bien plus nombreux encore.
 Le port d'Alger avant 
        l'occupation turque ---------Nous 
        n'avons commencé à recueillir quelques renseignements sur 
        la vie maritime d'Alger qu'à partir de la fin du Xe siècle.http://perso.wanadoo.fr/bernard.venis 
        . El-Djezaïr des Beni Mezrana exportait, nous dit-on, à cette 
        époque, du miel, du beurre et des figues.---------Dès 
        le Xllle siècle, Alger servait de repaire à la piraterie 
        barbaresque et, en l'an 1300 l'on y achetait des esclaves. Au commencement 
        du XVIe siècle, l'activité maritime de l'Espagne était 
        particulièrement développée. Les premiers bâtiments, 
        chargés de richesses, étaient l'objet de convoitises et 
        bien souvent l'attaque des pirates se produisait avant l'arrivée 
        de ces vaisseaux dans les ports de la côte sud de l'Espagne.
 ---------C'est 
        cette raison qui a déterminé ce pays à intervenir 
        en 1505. Le cardinal de Ximenés s'emparait de Mers El-Kébir 
        et d'Oran. En 1510, le comte Pedro Navarro s'emparait de Bougie. Le 31 
        janvier de cette même année une députation des notables 
        d'Alger, venue par mer, à Bougie, signait avec Pedro Navarro un 
        traité qui reconnaissait l'indépendance et l'autonomie de 
        la ville d'El-Djezaïr et déclarait celle-ci vassale de l'Espagne 
        (il faut préciser ici que depuis cinquante ans, la ville d'Alger 
        avait répudié la souveraineté des rois de Tlemcen).
 ---------En 
        même temps, les barbaresques concédaient au roi d'Espagne 
        l'îlot de Stofila, la principale des petites îles, pour y 
        construire un fort et y avoir une garnison. (Ilot 
        A du schéma 1.)
 Aussitôt Pedro construisit la forteresse qui prit le nom de " 
        Penon " de l'Algel et y installa une garnison de 200 hommes (penon 
        est un augmentatif du mot espagnol qui signifie " rocher").
 ---------La 
        citadelle espagnole se composait de deux ouvrages qui menaçaient 
        la ville et tenaient ses habitants en respect. Le " Penon 
        " était entouré par la mer à l'ouest et ailleurs 
        par des canaux qui le séparaient des îlots voisins. Le plus 
        grand de ces îlots" 
        D", situé au sud, paraît avoir reçu 
        quelques constructions espagnoles. Pendant dix-neuf ans, les Espagnols 
        occuperont le " Penon " dans des conditions difficiles, par 
        suite de l'incurie du gouvernement espagnol et de l'hostilité des 
        habitants de la ville. Souvent, on y manquait de vivres, et même 
        de poudre et il fallut faire venir des Baléares l'eau douce nécessaire 
        à la garnison.
 ---------Les 
        barbaresques, qui avaient d'abord bien accueilli les Espagnols, ne tardèrent 
        pas à s'irriter de la présence des chrétiens. Ils 
        refusèrent des vivres aux habitants de la forteresse et les empêchèrent 
        de prendre de l'eau aux fontaines de la ville.
 ---------En 
        1516, le roi Ferdinand étant mort, les maîtres d'Alger espérèrent 
        se soustraire à la domination des Espagnols à la faveur 
        des troubles que devait créer le règlement de sa succession. 
        Ils appelèrent à leur secours le corsaire Aroudj qui était 
        déjà célèbre par ses exploits contre les chrétiens.
 ---------Aroudj 
        s'empressa de répondre à l'appel des habitants d'El-Djezaïr.http://perso.wanadoo.fr/bernard.venis 
        . Il attaqua la forteresse mais à cause de la faiblesse de son 
        artillerie, il ne parvint pas à ses fins et abandonna son entreprise.
 ---------Au 
        mois de mai 1529, Kheir-ed-Din, qui avait remplacé son frère 
        Aroudj comme souverain d'Alger (le pacha qui avait fait appel à 
        eux pour chasser les Espagnols avait comme il se doit, été 
        exécuté) trouva le moment propice pour se débarrasser 
        de la garnison espagnole dont l'existence était à la fois 
        pour lui une humiliation et une gêne.
 ---------La 
        garnison était placée sous le commandement d'un vieux capitaine, 
        Don Martin de Vargas, qui avait en vain demandé à l'Espagne 
        des secours et des munitions qui ne lui parvinrent pas à temps.
 ---------Kheir-ed-Din 
        envoya un officier au gouverneur pour le sommer de se rendre et lui offrir 
        une capitulation honorable. Il le menaçait, en même temps, 
        de passer la garnison au fil de l'épée s'il s'obstinait 
        à vouloir se défendre. La réponse de Don Martin de 
        Vargas fut : qu'" il était espagnol 
        et que les menaces d'un petit vice-roi n'étaient point capables 
        de lui faire trahir son devoir, et qu'il serait ravi d'être attaqué 
        pour donner la preuve de ses sentiments".
 ---------Kheir-ed-Din 
        fit canonner la forteresse jour et nuit. Au bout de quelques jours la 
        garnison se trouva dans l'impossibilité de répondre à 
        l'attaque, ses munitions étant épuisées. Et, le 27 
        mai, au point du jour, ayant réussi à pratiquer une brèche, 
        les Turcs donnèrent l'assaut. La résistance fut héroïque 
        et l'ennemi ne put entrer dans la place qu'après une journée 
        de lutte désespérée. Tous les hommes survivants de 
        la garnison étaient blessés. Le gouverneur, tout ensanglanté, 
        l'épée à la main, soutint la lutte jusqu'au bout. 
        Finalement il tomba vivant aux mains de ses vainqueurs ainsi que l'alcade 
        des tours, 90 soldats et 25 femmes et enfants.
 ---------Les 
        prisonniers furent distribués comme esclaves entre les raïs 
        et les soldats. De Vargas, d'abord traité avec distinction par 
        le corsaire, ayant refusé de renoncer à sa patrie et à 
        sa religion, fut condamné à la bastonnade et mourut sous 
        les coups.
 ---------Parmi 
        les femmes captives, deux furent épousées par leur maître. 
        L'une devint la belle-mère de Ramdam-Pacha, qui fut gouverneur 
        d'Alger et l'autre fut la belle-mère du roi de Fez et Marrakech, 
        Abd-El-Meleck Abou Merouan.
 Le port d'Alger pendant 
        la domination turque ---------Aussitôt 
        maître du Penon, Kheir-ed-Din fit démolir l'enceinte crénelée 
        du fort et les bâtiments. Il ne conserva qu'un bastion servant de 
        batterie du côté du large et une tour sur laquelle il installa 
        un fanal.---------Au-dessus 
        de la porte d'entrée de cette tour on voyait encore, au début 
        du siècle, un écusson de pierre sur lequel paraissaient 
        avoir été sculptées, puis grattées, les armes 
        d'Espagne.
 ---------Les 
        débris de cette démolition furent employés à 
        relier entre eux les petits écueils (F 
        schéma 1) qui formaient une ligne presque droite entre 
        l'îlot du fort et la côte. Ce fut l'origine du môle 
        qui a conservé le nom de Kheir-ed-Din. Ce travail fut achevé 
        avec des pierres tirées des ruines romaines de Rusgunium (Matifou) 
        ainsi que des carrières voisines. En même temps, une partie 
        des canaux qui entouraient les îlots fut comblée. http://perso.wanadoo.fr/bernard.venis 
        .L'ensemble du groupe rocheux devint une presqu'île. Ces travaux, 
        auxquels furent employés tous les esclaves chrétiens, durèrent 
        trois ans.
 ---------La 
        date du 27 mai 1529 marque l'un des tournants de l'histoire de cette côte. 
        Elle fut le point de départ de l'ère d'El-Djezaïr. 
        A partir de ce moment, les corsaires musulmans possédant un port 
        sûr et bien défendu contre les puissances chrétiennes 
        firent de la course une vaste entreprise politique et commerciale. Ils 
        purent impunément ravager les îles et les côtes de 
        la Méditerranée, capturer les navires jusque dans l'Océan 
        et tenir tête aux flottes les plus puissantes des nations chrétiennes.
 ---------En 
        1532 Kheir-ed-Din avait fait construire un mur sur le terre-plein temps, 
        empêchaient la circulation sur le môle et causaient des avaries 
        aux bâtiments qui y étaient amarrés.
 ---------Les 
        successeurs du vainqueur du Penon complétèrent son uvre 
        par l'exécution de travaux de défense militaire et de défense 
        contre la mer.
 ---------Hassan, 
        successeur immédiat de Kheir-ed-Din, établit sur les îles 
        les premières batteries. Celles-ci furent simplement posées 
        sur le sol sans aucun abri qui les recouvrit. Pour célébrer 
        l'achèvement des fortifications du port, en 1542, un vénitien 
        fondit une grosse pièce d'artillerie, à laquelle on donna 
        le nom de Baba-Merzoug (père fortuné) et qui devint tristement 
        célèbre, bien plus tard sous le nom de " La 
        Consulaire ". Nous en reparlerons plus loin.
 ---------Vers 
        1560, Salah Raïs suréleva la jetée et construisit une 
        chaussée maçonnée qu'il défendit au nord contre 
        la mer par un enrochement. En 1573, le pacha Arab Ahmei fit enceindre 
        l'îlot d'un parapet. Puis il fit construire deux tours, l'une pour 
        recevoir un fanal, l'autre servant de casernement à la garde chargée 
        de surveiller le port et les navires au mouillage.
 ---------Le 
        port restant ouvert au sud on fit une défense en enrochements sur 
        les roches et le banc sableux qui prolongeaient les îles au sud-ouest. 
        Ce fut le grand môle (emplacement 
        E du schéma 1). À la fin du XVIIIe siècle 
        des roches (G) 
        partant de terre et faisant face au grand môle furent réunies 
        par des blocs de pierre et formèrent la base du môle sur 
        lequel sera édifiée la Santé maritime. Ces travaux 
        furent achevés au commencement du XIXe siècle. À 
        l'extrémité de cet ouvrage était fixée la 
        lourde chaîne, supportée par des bouées, qui la nuit 
        fermait le port.
 ---------Le 
        port turc avait ainsi la forme d'un croissant ouvert au sud dont les deux 
        cornes étaient représentées par le grand môle 
        à l'est et la Santé à l'ouest. C'est la partie du 
        port d'Alger que l'on appellera par la suite la " Darse 
        de l'Amirauté".
 ---------L'îlot 
         (C) situé 
        au nord de la tour du phare resta isolé jusqu'au règne de 
        Hussein-Pacha, dernier dey d'Alger, qui fit combler le canal le séparant 
        du Penon. Pour la construction des grands navires les Turcs transformèrent 
        en chantier la plage de l'îlot sud (D). 
        Il correspond à la cale de halage construite par les Français.
 ---------L'alimentation 
        en eau douce était faite par un réservoir vers lequel on 
        avait détourné, avant 1700, les eaux d'une source située 
        au-delà du Fort l'Empereur (probablement Bir-Traria).
 ---------Des 
        magasins existaient sur l'îlot dès le commencement du XVIIIe 
        siècle. Ils servaient à abriter le matériel d'armement 
        des vaisseaux et le produit des prises.
 ---------Les 
        dernières constructions élevées sur le môle 
        Kheir-ed-Din, du côté de la mer, furent achevées au 
        commencement du XIXe siècle ainsi qu'en témoigne une inscription 
        turque placée contre le mur d'un local qui servit longtemps de 
        chapelle à l'Amirauté.
 ---------Nous 
        reproduisons cette inscription, ci-après, comme nous reproduisons 
        toutes celles trouvées sur ces lieux chargés d'histoire. 
        http://perso.wanadoo.fr/bernard.venis .Leur traduction 'en est due, sauf 
        erreur, au docteur Gabriel Colin, professeur d'arabe et de turc de l'Algérie 
        (Paris, 1901).
 ---------Les 
        inscriptions étant classées, dans cet ouvrage, d'après 
        leur date et portant un numéro d'ordre, nous rappellerons pour 
        chacune d'elles ce numéro afin de permettre aux éventuels 
        chercheurs de se référer au texte original et aux commentaires.
 ---------L'inscription 
        de l'ancienne chapelle de l'Amirauté porte le no 136 du corpus. 
        Traduction : " Par l'ordre éminent 
        du maître, du seigneur El Hadj Aly Pacha et grâce à 
        sa haute sollicitude, les sept magasins ont été achevés. 
        Qu'il soit à l'abri de l'infortune de ce monde perfide, et, en 
        un mot, qu'on ne se souvienne de lui que pour le bénir. Il s'est 
        proposé la conservation des approvisionnements de la flotte de 
        la Guerre Sainte. Qu'il soit délivré à jamais, dans 
        les deux mondes, de l'affliction que cause l'épouvante. Que ses 
        ennemis malveillants, en ce monde périssable, soient toujours abattus. 
        Dans les questions d'équité, sa parole, son zèle, 
        ses efforts tiennent toujours le premier rang. Que la pensée de 
        celui qui est la justice même soit réjouie par les délices 
        du Paradis. Puisse-t-il être agréé par la Vérité 
        et obtenir un rang élevé. Année de l'Hégire 
        1229. " (1813-1814 de l'ère chrétienne).
 ---------C'est 
        sous le règne d'Hussein-Pacha qu'a été terminé 
        ce qui devint dans la résidence du commandant de la marine, le 
        "grand salon". Une inscription turque placée au-dessus 
        de la voûte ouvrant sur la rampe qui suit la jetée Kheir-ed-Din 
        relate la construction de cet édifice (no 160 du corpus). Traduction 
        : " Le gouverneur, sultan d'Alger, a fait 
        cette construction. Hussein-Pacha, mine de miséricorde, a donné 
        ses soins à cet édifice. Dieu désire sans cesse la 
        Guerre Sainte de ses intentions pures comme la perle. Que la vérité 
        rende son étendard toujours victorieux. Il a donné à 
        ce bâtiment des bases quadrangulaires, avec des arceaux reliés 
        les uns aux autres. Désirant qu'elle reste comme un monument, cet 
        homme généreux a établi une construction dont les 
        fenêtres sont opposées à la mer, dont le dôme 
        s'élève au faîte du ciel. C'est la demeure des amiraux, 
        champions de la Guerre Sainte et conquérante. Un modèle 
        nouveau ayant été créé on édifie ce 
        pavillon que la langue ne saurait décrire et dont le plan est une 
        uvre d'art au-dessus de toutes les louanges. Énonce sa date. 
        Quelle belle chose Dieu a voulue. La vérité a rendu parfait 
        son achèvement. Année 1241. 
        " (1826 de l'ère chrétienne.)
 
 
 Les fortifications du 
        port d'Alger en 1830 ---------Au 
        moment de la prise d'Alger par les Français, en 1830, le port était 
        défendu du côté de la mer par huit forts qui formaient 
        une ligne de batteries continue, depuis l'extrémité nord 
        de l'îlot jusqu'à la pointe du grand môle, au sud. 
        Les batteries étaient superposées sur deux et trois étages, 
        la "Consulaire" était isolée entre deux batteries, 
        à l'angle du grand môle et de l'îlot sud (schéma 
        1).---------La 
        tour du phare appelée par les indigènes " Bordj-el-Fenar", 
        comptait quatre étages de feux et un total de soixante et une embrasures. 
        Mais son armement ordinaire n'était que de 55 pièces dont 
        une quarantaine de fort calibre. Cette tour renfermait une citerne d'une 
        capacité de 750 000 litres au-dessus de laquelle se trouvait une 
        vaste salle, quartier général des canonniers turcs.
 http://perso.wanadoo.fr/bernard.venis .Les fortifications du port, vues 
        du large, avec leur haute muraille baignée par la mer, crénelée 
        au sommet, et les gueules de nombreuses pièces d'artillerie apparaissant 
        aux embrasures, présentaient un aspect terrifiant. Au total, la 
        défense comprenait 293 pièces, presque toutes du plus gros 
        calibre, dont la moitié, à peu près, était 
        en casemates. Ce qui constituait, pour l'époque, un armement considérable.
 ---------Bien 
        que n'ayant que trois hectares de superficie, le port, ainsi puissamment 
        défendu, a pu abriter jusqu'à 40 navires. Sa passe était 
        fermée chaque soir, par une chaîne et deux bateaux veillaient 
        au dehors.
 Les forts du nord et 
        de l'est o Fort " Ras 
        Amar ei Kedim "---------À 
        l'extrémité nord de l'îlot s'élevait la batterie 
        appelée " Bordj-RasAmar-et-Kedim " (fort du cap d'Amar 
        l'Ancien) qui avait 25 canons de 18, 7 mortiers de gros calibre et 28 
        embrasures. Il y avait en outre 25 embrasures basses armées de 
        25 grosses pièces. Au sud de ce fort, un parapet de 42 mètres 
        abritait une triple rangée de mortiers.
 
 o Fort " Ras Amar et Djedid "
 ---------Cette 
        partie des fortifications resta isolée, formant une véritable 
        île jusqu'au moment où Hussein-Pacha, comme il a été 
        dit plus haut, y fit établir une batterie qui reliait les mortiers 
        de " Ras et Kedim " à la tour du phare et qui prit le 
        nom de " Ras Amar et Djedid " (fort du cap Amar le Neuf). Elle 
        était armée de 34 pièces sur deux étages, 
        inférieur casematé.
 ---------Au 
        nord et au sud la défense se continuait par le " Bordj et 
        Djedid " le Fort-Neuf, équipé de 21 pièces. 
        Il avait été construit sous le règne de Mohamed Ben-Osman-Pacha, 
        au XVIIle siècle.
 ---------Une 
        inscription turque, autrefois au-dessus de l'entrée du fort, fait 
        mention de sa construction. La traduction qui en a été faite 
        par le Dr Gabriel Colin (et qui porte le no 96 du corpus) est la suivante 
        : " A la louange de celui dans l'empire 
        de qui rien ne survient qu'il n'ait voulu et prédestiné. 
        La construction du fort a été achevée selon les ordres 
        et dispositions de Mohamed-Pacha. Que sa pieuse mémoire dure tant 
        que le soleil et la lune tourneront devant leur zodiaque. Les fondations 
        en ont été bien cimentées et le bâtiment bien 
        crépi, rendu agréable à Dieu et solide. O bonheur, 
        en raison de son utilité générale, il l'a institué 
        comme un monument. Que la miséricorde de la Vérité 
        mette en évidence un zèle digne d'éloges et une uvre 
        méritoire; que le Seigneur de la Bonne Nouvelle intercède 
        en sa faveur au jour du jugement dernier. Que sa boisson soit un vin (?) 
        scellé et son eau l'onde pure. Son défenseur, son protecteur 
        dit : c'est le Dieu très grand. Que ses ennemis irréligieux, 
        semblables à la poussière de la terre soient vaincus et 
        anéantis, puisque, grâce à sa liberté ont été 
        installés des canons qui ne mangent pas du miel. Dis Dieu garde 
        la date du fort illustre. Année 1187." (1773 et 
        1774 de l'ère chrétienne.)
 
 o Batterie "Mâbin "
 ---------Faisant 
        suite à ce fort, Hussein-Pacha fit construire la " Batterie 
        Mabin ". http://perso.wanadoo.fr/bernard.venis .Il existe deux inscriptions 
        turques relatives à cette batterie. L'une se trouve sur un pilier 
        placé sous la voûte assez éloignée de la batterie 
        et séparée d'elle par le fort Djedid (sans qu'on ait pu 
        expliquer sa présence en ce lieu). Cette inscription porte le no 
        155 du corpus. Traduction : " Je me mets 
        auprès de Dieu, à l'abri de Satan le lapidé. Au nom 
        de Dieu, le Clément, le Miséricordieux, en lui est l'assistance. 
        Dans la voie de Dieu, en vue de la Guerre Sainte, il a inauguré 
        une construction dans la partie médiale, il a donné une 
        muraille, le Mâbin, redoutable comme un lion, que Dieu bénisse 
        son constructeur, les stratagèmes qu'il projette promettent la 
        prospérité. Que la Vérité fasse triompher 
        son drapeau, il a tiré
 vengeance des infidèles. 
        Nous demandons à Dieu la protection qui fait la force de l'Islam. 
        Sa victoire reste au faible qui marche à la Guerre Sainte avec 
        la miséricorde de Dieu. O mon Maître, pardonne aussi pour 
        cela à un humble serviteur. Dieu enclin à l'assistance est 
        entré dans la meilleure partie de sa date. O mon Dieu, la meilleure 
        des protections, fais-nous triompher de la troupe des infidèles. 
        O mon Dieu, par ta victoire évidente, fais-nous triompher de la 
        troupe des infidèles. Et Dieu t'apportera une aide puissante. Ce 
        que Dieu a voulu arrive. Année 1239 de l'Hégire. "
 ---------Cette 
        inscription ne mentionne pas le nom d'Hussein mais cette lacune est comblée 
        par la seconde inscription qui complète la première et se 
        trouvait placée au-dessus de la porte d'entrée d'un magasin 
        donnant accès à la mosquée. Cette seconde inscription 
        (no 157 du corpus) se composait de deux parties : l'une formant marge 
        autour de l'autre formant corps.
 ---------Traduction 
        de la marge : " Quelle belle chose Dieu 
        a voulu. Le bordj Mâbin a pris bel aspect. O clément, O miséricordieux, 
        je me mets auprès de Dieu qui entend tout et sait tout, à 
        l'abri de Satan le maudit, le lapidé. C'est en Dieu qu'est l'assistance, 
        c'est Lui qui est le meilleur protecteur. Au nom de Dieu Clément, 
        le Miséricordieux. II n'y a de victoire que grâce à 
        Dieu, le Puissant, le Sage; et Dieu t'apportera une aide puissante. En 
        l'année de l'Hégire 1239. "
 ---------Traduction 
        du corps : " En un jour béni, son 
        constructeur a posé ses fondements. Grâces soient rendues. 
        Le Maître a produit l'achèvement de sa prospérité. 
        Après avoir appliqué ses efforts à le terminer, HusseinPacha 
        a prononcé son nom avec joie " Bordj Mâbin ". Ce 
        vizir, mine de générosité, en manifestant sa bienveillante 
        bonté, a augmenté les appuis du peuple musulman. Le fort, 
        tel un dragon à sept têtes, répand le feu de tous 
        côtés. Le pacha a garni ses murailles de canons qui ne mangent 
        pas de miel. Il veut le salut, c'est chose faite. Quant à ses ennemis 
        irréligieux, qu'ils augmentent l'abondance de leurs lamentations 
        et de leurs cris de détresse. O mon Dieu, fais cette grâce 
        que la dignité de Hussein-Pacha s'accroisse et que, sous peu, il 
        prenne de force à ses ennemis, ce qu'il désire. Année 
        1239. " (Soit années 1823 et 1824 de l'ère 
        chrétienne.)
 ---------En 
        franchissant une belle porte, on descendait dans une voûte qui correspondait 
        à l'un des étages de feu de cette batterie Mâbin qui 
        a servi, en 1942 et 1943, d'abri contre les bombardements aériens 
        au personnel de l'Amirauté. La batterie Mâbin dominait, en 
        arrière, le Bordj Es-Sardin.
 
 o Fort Es-Sardin
 ---------La 
        ligne de défense se continuait par le " Bordj Es-Sardin ", 
        construit au XVIlle siècle, armé de 32 pièces sur 
        deux étages dont l'inférieur était casematé. 
        C'est à l'étage supérieur que les Français 
        avaient placé les pièces de 47 pour rendre le salut.
 http://perso.wanadoo.fr/bernard.venis .Une inscription turque, qui surmontait 
        la porte d'entrée du fort (elle portait le no 38 du corpus) comprenait 
        deux parties : l'une relative à la construction du fort, la seconde 
        concernant sa restauration, un siècle plus tard.
 ---------Traduction 
        de la première inscription : " O 
        sultan Mohamed Kan Razy, par la Haute Justice, une batterie a été 
        ajoutée à la fortification d'Alger. Celui qui a continué 
        sa construction est Ahmed-Pacha. L'armée victorieuse l'a entreprise 
        avec zèle et courage. Elle a été heureusement achevée 
        et il a été prononcé pour elle une date. Frappe des 
        coups qui atteignent leur but, belle batterie. Par les soins de l'humble 
        Ibrahim ben Moussa, l'an 1077.- (1666 et 1667 de l'ère 
        chrétienne.)
 ---------Traduction 
        de la seconde inscription : " Celui qui 
        a restauré cette batterie pour dompter l'ennemi est le victorieux 
        Mohamed-Pacha-benOsman, l'homme heureux et brave. Elle sera devant l'ennemi 
        un bâtiment solide comme la barrière d'Alexandre. Que le 
        Dieu créateur lui donne une large récompense lors de la 
        résurrection. Quand elle eut été achevée, 
        avec l'aide de Dieu, on lui donna une date. Son feu fait périr 
        le mécréant comme les flammes ardentes. Année 1190. 
        " (1776-1777 de l'ère chrétienne.)
 ---------La 
        table de marbre sur laquelle était gravée cette inscription 
        présentait de chaque côté, sculptée en relief, 
        une mosquée à minaret et deux ifs ; chacun de ses arbres 
        porte à son sommet un oiseau faisant face à celui de l'arbre 
        opposé. Il faut voir dans cette représentation l'oiseau 
        que le mythe persan a désigné sous le nom de " Chêb 
        avis" et qui, perché sur un arbre, est censé répéter 
        continuellement : " Yâ haqq, yâ 
        haqq (O vérité, O Vérité). " 
        Au-dessus de l'inscription, on voit également, sculptés 
        en relief, deux poissons se faisant face et deux navires à voile. 
        Enfin, dominant le tout, un lion debout tient une sphère entre 
        les pattes antérieures. C'est à cause de la présence 
        des poissons au-dessus de l'inscription que l'on a donné à 
        ce bordj le nom de " Bordj-Es-Sardin ".
 ---------Nous 
        devons signaler, pour être complet, un certain nombre d'inscriptions 
        de provenances diverses qui se trouvaient placées sur les murs 
        des magasins, près de la plate-forme du Penon.
 ---------Traduction 
        de l'une d'elles, qui porte le no 43 du corpus : " A 
        la gloire du défenseur du fort, a été achevée 
        cette citadelle de la Guerre Sainte, excellente et élevée, 
        sous le règne du prince le plus fortuné, orgueil des rois 
        éminents, Ahmed, au commencement du mois de joumâdâ 
        et tâniya de cent après le huit, avant lesquels mille ans 
        se sont écoulés depuis l'émigration du Prophète, 
        le meilleur des envoyés. Année 1108. " (16961697 
        de l'ère chrétienne.) On a pu déterminer l'édifice 
        d'où provenait cette inscription. C'est après 1845, après 
        l'explosion de la poudrière qu'elle avait été placée 
        là.
 ---------On 
        voyait encore sur les murs du magasin de l'est, de nombreuses inscriptions 
        arabes provenant des tombes de Bab-El-Oued, des tables funéraires 
        hébraïques et des inscriptions turques, d'origine indéterminée 
        mentionnant l'aménagement ou la restauration des chambres de janissaires.
 ---------Enfin, 
        nous devons mentionner une inscription espagnole portant la date de 1777, 
        provenant très probablement d'un des forts d'Oran. Elle aurait 
        été placée là après la seconde prise 
        de cette ville par les Algériens en 1792.
 Edouard NOCCHI.(A 
        suivre.)
 
 
   |