| ----------À 
        son origine, le village était donc représenté par 
        les vingt demeures construites en 1846, les maisons se groupant autour 
        et en contrebas de l'église à partir de 1855. Le centre 
        du village fut initialement la zone englobant l'église, la place, 
        la mairie, l'ancienne poste, le lavoir (futur marché), l'abreuvoir 
        (monument aux morts), les écoles. La rue la plus ancienne est la 
        rue Marceau.
 ----------Mais, 
        très vite, Guyotville s'étale tout en longueur, le long 
        de la future ligne de chemin de fer, de part et d'autre de l'avenue Malakoff 
        (qui deviendra rues Chanzy et Poincaré) sur un kilomètre 
        entre la gare et les docks.
 
 ----------Les 
        habitations, couvertes de tuiles romaines ou de terrasses, ont presque 
        toutes des balcons et ne dépassent pas deux étages. Seules 
        les maisons de front de mer, bâtie§_ à cheval sur une 
        dénivellation de 12 à 15 mètres, ont une façade 
        de 4 à 5 étages du côté nord, exposée 
        aux embruns des tempêtes d'ouest. Presque toutes les demeures ont 
        des cours intérieures.
 
 ----------Parallèlement 
        à l'avenue Malakoff, trois voies
 ----------- 
        en contrebas, côté mer, un simple 
        chemin de terre, à partir de la Patriote, se poursuit par la rue 
        d'Alsace, jusqu'à la profonde échancrure de la petite plage 
        qui l'interrompt ; puis la route reprend à partir de l'ancien casino, 
        vers l'îlot ;
 ----------- 
        au-dessus de l'avenue Malakoff, la rue Laferrière, 
        prolongeant la rue Victor-Hugo : dénommée primitivement 
        " rue des Oursins ", elle fut tracée à l'occasion 
        de la construction de maisons basses pour la colonie espagnole venue massivement 
        vers 1866 ; à cette époque sont arrivées ces braves 
        familles de travailleurs étrangers, les Barber, Serra, Zaragori, 
        Mauri, Fornès, Pons, Oliver, Frau, Bonnet, Ballester, Trani...
 ----------Plus 
        haut, le boulevard Parmentier qui, du quartier Lemonnier et de l'église, 
        mène au stade.
 ----------De 
        nombreuses perpendiculaires à ces quatre voies quadrillent le village 
        .
 ************* ----------Mais un 
        caractère propre à Guyotville est la dispersion d'une partie 
        importante de la population communale en dehors du village, à l'inverse 
        des autres agglomérations du Sahel ou de la Mitidja, où 
        les fermes et maisons isolées sont rares. On découvre partout 
        fermes et villas éparpillées ou groupées en hameaux, 
        au Cap-Caxine, au Phare, à Saint-Cloud, à l'îlot, 
        à la Madrague, sur la route de Staouéli ; en grimpant au 
        plateau, on en découvre de part et d'autre des deux voies d'accès, 
        fermes spacieuses entourées de jardins et de vignobles, qui ne 
        disparaissent qu'à l'approche du ravin de Béni-Messous.
 ----------Cette 
        dissémination, rare en Algérie, a deux causes
 ----------- 
        historique, car le Préfet Lautour-Mézeray 
        obligea les concessionnaires à bâtir sur leur lot rural,
 ----------- 
        social, le territoire de Guyotville, protégé par 
        les villages du Sahel et de la Mitidja n'ayant jamais eu à redouter 
        les indigènes qui ont longtemps fait régner l'insécurité 
        ailleurs.
 
 ----------Ainsi, 
        en 1901, on dénombre 1.525 âmes dans le village et 1.295 
        habitants éparpillés.
 
 
 |  |  -----------Quelles 
        sont les nationalités constituant cette population ?
 ----------En 1852, l'Enta avait 
        implanté 53 familles françaises, 19 espagnoles et une indigène.
 
 ----------En 1866, l'implantation 
        espagnole s'est amplifiée : 131 Français et 190 Espagnols.
 
 ----------En 1876, 
        Guyotville, érigé en commune indépendante en 1874, 
        compte 595 habitants dont 337 étrangers, surtout espagnols, et 
        5 indigènes.
 ----------Ainsi, jusqu'en 1876, 
        la population d'origine est franco-espagnole.
 
 ----------En 1901, la population 
        a triplé : 2.821 habitants. Mais un apport italien massif est constaté 
        : 1.748 étrangers, dont 840 Italiens et 908 Espagnols.
 
 ----------La statistique du 4 mars 
        1906 est caractérisée par l'apparition des indigènes 
        (musulmans de statut local) en nombre appréciable : 3.507 habitants 
        dont 91 indigènes ; dès lors, l'apport indigène se 
        développe rapidement, en même temps que les besoins d'ouvriers 
        agricoles pour la culture des primeurs : en 1926, sur 5.065 habitants, 
        4.057 européens et 1.008 indigènes.
 
 ----------Le 8 mars 
        1936, une nouvelle statistique dénombre 6.736 âmes, dont----------- 2.712 Français 
        de souche (178 Métropolitains et 2.534 Algériens) ;
 ----------- 343 naturalisés 
        (116 Espagnols et 217 Italiens) ;
 ----------- 2.552 indigènes 
        de statut local (612 Arabes, 1.925 Kabyles, 11 Mozabites et 4 autres) 
        ;
 ----------- 1.037 Européens 
        étrangers (720 Espagnols, 294 Italiens, 23 autres) ;
 ----------- 92 musulmans étrangers 
        (85 Marocains et 7 Tunisiens).
 
 ----------Le 30 octobre 1948, il 
        y a 8.050 Guyotvillois
 ----------- 4.216 Français 
        d'origine ou naturalisés ;
 ----------- 3.363 indigènes 
        de statut local ;
 ----------- 198 étrangers 
        musulmans (Marocains ou Tunisiens) ;
 ----------- 273 étrangers 
        européens (Espagnols ou Italiens).
 
 ----------Jusqu'en 1953, la démographie 
        ne varie guère : 8.091 âmes. Elle s'accroîtra rapidement 
        par la suite : 12.000 en 1954, dont 5.000 indigènes ; 21.000 en 
        1960 ; 25.000 en 1962, avec un gros apport indigène.
 
 ----------Les divers éléments 
        européens, français, espagnol, italien ne sont jamais demeurés 
        isolés, vivant côte à côte, s'adonnant aux mêmes 
        travaux, n'étant séparés par aucun idéal religieux 
        ou social. Des unions nombreuses se sont nouées entre jeunes de 
        nationalités différentes ; entre 1888 et 1900, 119 mariages 
        entre jeunes de nationalité identique et 57 mariages " croisés 
        ", impliquent déjà un mélange pour un tiers 
        des familles.
 
 ----------En trois générations, 
        une population mêlée s'est constituée, majoritaire, 
        de même qu'un peu partout en Algérie : cette nouvelle race 
        méditerranéenne, " pied noir ", demeurera sentimentalement 
        française et les liens patriotiques seront encore resserrés 
        par le sang versé de 1914 à 1918 : la longue liste de morts 
        pour la France, à l'arrière du fronton du monument aux morts, 
        en témoigne.
 
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