| LA MER -------Guyotville 
        dispose enfin d'un atout supplémentaire, ses alentours, avec trois 
        sites enchanteurs, la mer, singulièrement l'Ilot et surtout la 
        Madrague, la forêt de Baïnem, le plateau et sa campagne.-------Presqu'en 
        toutes saisons, sauf par vent de nord-ouest, la mer, toute proche, au 
          
        Cap-Caxine, à Saint-Cloud, sur les rochers et les " 
        seccas " du littoral, à la petite plage, est un attrait permanent 
        ; mais l'Ilot et surtout la Madrague sont le lieu de prédilection.
 -------On 
        accède à l'Ilot par la route qui prolonge le front de mer 
        après la petite plage, en côtoyant une rangée de villas 
        et cabanons côté mer. Vers l'intérieur, les propriétés 
        Van de Kerkov, Versaci, Lopinto... Puis c'est la montée de la Ras-Acrata, 
        dominant la mer d'une trentaine de mètres : les couchers de soleil 
        y sont splendides, avec un premier plan d'îlots rocheux noirs, se 
        détachant sur la clarté argentée de l'eau et le flamboiement 
        du ciel. Et c'est le plateau au versant abrupt, dominant le petit port 
        construit vers 1920, la baie de la Madrague avec ses cabanons s'étirant 
        au loin après "chez Savoyant " vers la plage Texier et 
        le club des pins...
 -------En 
        été, chaque dimanche, la plage est noire du monde venu de 
        l'exode de toute une partie de la capitale, en auto, en vélo, en 
        car ou en moto. Une ambiance de fête règne au milieu des 
        odeurs de frites et de brochettes ; chacun plonge, barbotte, nage et se 
        bronze indéfiniment au soleil sur le sable doré. Dans la 
        soirée, les terrasses des cafés- restaurants sont envahies 
        par les estivants, à Riva-Bella chez Mme Jacques (anciennement 
        Alléva), à la Guinguette chez Brignone, à la Riviéra 
        chez Macarone, au Méditerranée chez Biben, au Pescadou, 
        à la baie d'Along, à Mar y Sol... Attablés devant 
        une boisson fraîche, ils contemplent, au soleil couchant, les évolutions 
        de hors-bord, ou les voiliers attardés d'une régate, rejoignant 
        le port.
 -------Enfants, 
        nous aimions la Madrague en semaine, au printemps ou à l'automne 
        ; nous y allions à pied, par la route prolongeant le boulevard 
        Parmentier, après le stade, croisant la route de Staouéli, 
        longeant les propriétés Lubrano, Ambrosino, Napoléon, 
        Ruggiéro, Longo.
 -------En 
        toute tranquillité, nous pouvions, au petit port, nous baigner 
        à la passe, ramasser des oursins en pastéra, avec un" 
        carreau ", entre les rochers de la Ras-Acrata, 
        assister le soir, à l'arrivée des bateaux de pêche 
        des Banuls ou des Lauro, au départ des lamparos, tandis que sur 
        le terre- plein s'éternisaient les parties de pétanque.
 LA FORET -------La 
        forêt de Baïnem nous attire surtout en automne. Les familles 
        entières y pique-niquent le dimanche, pour la cueillette des champignons. 
        Il faut grimper en voiture la route d'Aïn-Bénian, toute droite 
        derrière l'église, ou celle prolongeant l'avenue Pasteur 
        et longeant les propriétés Bruyant, Fabre, Chaudière, 
        Coll et Ségui, pour rejoindre, après une longue courbe, 
        la route d'Aïn-Bénian. Un grand virage conduit à la 
        propriété Rouzeaud, au " château " ; le 
        château a appartenu à M. Tissier, ancien maire, puis, par 
        héritage, aux deux frères Vaillant, à M. Meynadier, 
        enfin à M. Rouzeaud. C'est au château que logea, en 1943, 
        le Général Eisenhower, après le débarquement 
        allié ; on pouvait le croiser, toujours très courtois, accompagné 
        de sa fille, pour des promenades à cheval.-------Puis 
        défilent les propriétés Falconnet, Gumina... et l'on 
        parvient au croisement avec la route communale du plateau ouest qui a 
        obliqué en direction de la forêt à partir de la propriété 
        Ebert, des Dolmens. A cet endroit se trouve la petite école du 
        plateau, et l'on aperçoit à gauche la forêt de Bainem.
 -------Que 
        d'après-midi joyeuses passées sous les pins, parmi les touffes 
        de " diss ", les bruyères et les arbousiers, les cyclamens 
        et les boutons d'or, à la recherche des champignons : bolets jaunes, 
        sanguins, roses ou ombrelles. De nombreux sentiers s'égarent dans 
        le massif très vallonné, pour aboutir tout à coup, 
        dans une trouée d'arbres, au magnifique panorama du Cap-Caxine. 
        Au bout de, la longue allée Charlemagne on gravit la butte, dénudée 
        à son sommet, d'où l'on découvre l'immensité 
        de la forêt.
 
 
 LE PLATEAU -------Le 
        plateau où, écoliers, nous allions nous promener, aider 
        aux vendanges ou au ramassage des primeurs, accompagner, de grand matin, 
        les chasseurs de lièvres ou de perdreaux rouges, a aussi un charme 
        infini.-------Après 
        avoir longé le stade, au bout du boulevard Parmentier, il faut 
        gravir, vers la gauche, la longue route droite du plateau ouest, bordée, 
        à l'est, d'un muret de pierres taillées et d'une haie de 
        cyprès ; au sommet, la route oblique à droite, vers le verdunisateur 
        (plus tard sera édifié à ce niveau l'ensemble des 
        logements de type évolutif), puis elle serpente entre les propriétés. 
        Au printemps, les champs sont parsemés de l'infinité des 
        taches jaunes de la " vinaigrette "
 (oxalis) dont nous sucions les queues acidulées, et des " 
        crachats du bon Dieu " (thlaspi), minuscules fleurs blanches en grappes, 
        embaumant l'atmosphère.
 -------Un 
        peu partout s'égrène la chanson cristalline et monotone 
        des norias. Qui n'a admiré ce site merveilleux, au sud, les belles 
        collines de chasselas, rayées des longues stries des abris de roseaux, 
        derrière lesquelles se blotissent Ouled Fayed, Chéragas 
        et Staouéli, à l'ouest, vers les dunes de bord de mer, la 
        presqu'île de Sidi-Ferruch 
        se profilant dans la mer qui scintille au soleil et, plus loin, dans la 
        brûme, la cime du Chenoua, derrière laquelle se cache 
        Cherchell, au nord, enfin, 
        la mer aux horizons changeants infinis.
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