| ---------Guyotville 
        est un peuple heureux, et même au labeur laisse éclater sa 
        joie de vivre : un grand moment de la vie du village est la vendange et 
        l'expédition du chasselas. Tout commence vers le 25 juin et se 
        termine fin juillet. Pendant un mois, le village est en effervescence. 
        Les belles grappes de raisin doré à point, grâce à 
        un effeuillage précoce, ramassées dans de grands paniers 
        de roseaux de vingt kilos, sont transportées vers les multiples 
        magasins d'expédition jalonnant le village.
 ---------Le 
        raisin est alors l'objet des soins méticuleux de centaines d'emballeurs 
        et d'emballeuses, préparant les grappes en éliminant les 
        mauvais grains, en les éclaircissant aux ciseaux ; délicatement 
        tenues par la tige pour conserver toute la pruine, elles sont rangées 
        dans des cagettes de cinq kilos, en deux couches, seuls les grains devant 
        apparaître en surface, dans un emballage de frisure et de papier 
        cristal translucide, aux coloris variés, ou en billots de type 
        Mussy, de 9,5 à 10,5 kilos, chargés dans les camions par 
        des lanceurs puissants et habiles.
 
 ---------En 
        pleine saison, 30.000 colis quittent Guyotville chaque jour, via Alger 
        (Et. Franzoni, transitaire) en direction des halles de Paris (Mattési, 
        vendeur aux halles), de Lyon, de Perpignan ou de Marseille.
 
 ---------Le soir, après la dure journée 
        de labeur, quand le globe orangé du soleil plonge à l'horizon 
        et que le dernier flamboiement du ciel s'estompe, quand les derniers cris 
        stridents des martinets et des hirondelles se sont tus, la vie continue 
        dans rue. C'est l'heure où l'on flâne dans la rue principale, 
        où Léon l'aveugle, pousse sa charrette de cacahuètes, 
        de tramousses de bliblis le long des trottoirs ; devant les boutiques 
        délaissées chacun prend le frais sur les chaises ; c'est 
        l'heure des conciliabules devant les bars, des belotes et l'anisette dans 
        les cafés qui jalonnent la rue principale
 
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