| Madame la Maréchale de Lattre de Tassigny ayant 
        accepté de venir présider l'inauguration de l'Avenue qui 
        porte le nom du chef de la lère Armée Française, 
        la Municipalité d'Alger la recevait à l'Hôtel de Ville, 
        au cours d'un vin d'honneur, le samedi 28 mars à 18 heures.
 De nombreuses personnalités avaient tenu à rehausser de 
        leur présence cette manifestation : M. Léonard, Gouverneur 
        général de l'Algérie, de nombreux parlementaires, 
        M. Laquière, Président de l'Assemblée Algérienne, 
        M. Trémeaud, Préfet d'Alger, Me Libersa, MM. les Colonels 
        Valentin et Gloria, membres du Comité National " Rhin et Danube 
        ".
 
 M. le Préfet Gazagne prit le premier la parole :
 
 " Madame la Maréchale,
 
 " Au nom du Conseil Municipal de la Ville d'Alger, je vous remercie 
        d'avoir bien voulu accepter notre invitation pour inaugurer l'avenue à 
        laquelle nous avons donné le nom du Grand Soldat et je tiens à 
        vous dire combien nous sommes touchés de la simplicité avec 
        laquelle vous y avez répondu ".
 
 " Je salue M. Libersa et MM. les Colonels Valentin et Gloria, membres 
        du Comité National du Rhin et Danube et toutes les autorités 
        religieuses, militaires et civiles qui, par leur présence, rehaussent 
        cette réception ".
 
 " Je remercie également mon ami, le dynamique Président 
        Calavassy et son comité qui ont mis tout leur coeur à l'organisation 
        de ces manifestations ".
 
 " Madame, ce n'est pas sans une profonde émotion que nous 
        vous accueillons en ces lieux ".
 " Cette émotion est faite du respect que nous inspire la grande 
        ombre du valeureux soldat que vous représentez parmi nous et qui 
        a laissé, sur cette terre où il vint forger sa magnifique 
        Armée d'Afrique, un impérissable souvenir ".
 
 " C'est avec un infini respect que nous nous inclinons devant l'immense 
        douleur qui est la vôtre ".
 
 " En votre présence, nous comprenons mieux tout ce que représente 
        d'abnégation, de renoncement ,de courage et d'anxiété 
        l'existence d'une femme et d'une mère de soldats, toute dévouée 
        à leur carrière et à la France ".
 
 " Elle se doit de les encourager, de les exalter, sans jamais laisser 
        paraître les craintes qu'elle ne cesse de nourrir ".
 
 " Si elle participe à leurs triomphes, de quels tourments 
        paye-t-elle ces minutes de joie, à l'heure du danger, lorsque, 
        seule au foyer, elle attend anxieusement l'arrêt du destin ".
 
 " Inspiratrice, conseillère, compagne fidèle, tendre 
        mère enfin, vous avez été tout cela, Madame la Maréchale... 
        Et vous avez donné à la Patrie les deux êtres qui 
        vous étaient les plus chers, parce que votre fils avait répondu 
        à l'appel de son devoir en Indochine, parce que votre mari refusait 
        d'abandonner son poste pour se soigner ".
 
 " Ils sont morts, mais leurs actes, leurs noms. demeurent, et votre 
        présence ranime leur souvenir dans la mémoire des Français 
        ".
 
 " Refoulant les larmes stériles, vous avez courageusement 
        tenu à poursuivre l'activité de votre mari en acceptant 
        de diriger les oeuvres sociales de Rhin et Danube auxquelles vous apportez 
        tout votre dévouement et tout votre coeur ".
 
 " Ainsi donnez-vous au monde entier l'exemple du courage d'une grande 
        Française que l'adversité ne peut abattre ".
 
 " Je vous demande, Madame la Maréchale, au nom du Conseil 
        Municipal et au nom de la population tout entière, d'accepter l'hommage 
        de cette manifestation à laquelle nous avons tenu à donner 
        un éclat qui fût digne du symbole que vous représentez, 
        comme un témoignage de notre respect et de notre reconnaissance 
        ".
 
 Puis Me Libersa remercia M. le Préfet Gazagne et prononça 
        l'allocution suivante :
 " Monsieur le Maire, Mesdames, Messieurs, Mes chers Camarades,
 
 " Madame la Maréchale de Lattre est trop émue pour 
        vous dire elle-même le sentiment qu'elle éprouve en se retrouvant 
        ainsi en Alger au milieu de nous, et elle me fait le grand honneur de 
        vous dire, Monsieur le Maire et vous tous, habitants d'Alger, la reconnaissance 
        que nous vous avons ".
 
 " Demain, vous honorerez notre grand Chef, le Maréchal de 
        Lattre ".
 
 " Aujourd'hui, dans une réception si simple et si touchante, 
        vous avez bien voulu, Monsieur le Maire, associer étroitement à 
        la solennité de cette manifestation les camarades de Rhin et Danube.
 
 " Permettez-moi, au nom de notre Comité Général, 
        de vous exprimer l'émotion profonde que nous avons ressentie lorsque 
        notre camarade Calavassy nous a demandé d'accompagner ici Madame 
        la Maréchale de Lattre ".
 
 " C'est qu'en Alger nous sommes au berceau même de l'épopée 
        qui fait notre fierté ".
 
 " C'est ici qu'en 1943, pour ma part, me trouvant à Staouéli, 
        j'étais avec ces hommes n'ayant à leur disposition que de 
        vieux moyens, mais étroitement unis, avec toutes ces forces de 
        l'Algérie. appartenant à toutes les confessions, qui ont 
        repris le drapeau de la France pour partir livrer les combats de la libération 
        ".
 
 " Je sens profondément tout le poids de cet héritage 
        que nous détenons maintenant, nous qui avons eu l'honneur, partant 
        d'Algérie, de débarquer en France, de nous joindre là-bas 
        aux forces vives du Maquis de la Résistance Française, pour 
        réaliser un valeureux corps avec lequel le Général 
        de Lattre devait conduire le drapeau jusqu'au Rhin et jusqu'au Danube 
        ".
 
 " Monsieur le Maire, cette épopée est peut-être 
        un des plus beaux travaux du Maréchal dé Lattre qu'aujourd'hui, 
        par votre personne, la Municipalité d'Alger entend honorer, pour 
        que se réalise l'union des Combattants. Et je pense qu'il était 
        bien naturel que cela se fit sur cette terre, puisque le premier amalgame 
        s'est réalisé ici, puisque c'est à partir de l'Armée 
        d'Afrique que ces colonnes sont parties en Italie, puis en France ".
 
 " Monsieur le Maire, je suis fier d'être revenu, avec mes camarades, 
        au berceau. Au nom de l'Association Rhin et Danube, au nom de ses 700 
        sections et de ses 95 centres départementaux, je vous prie d'accepter 
        et de transmettre à tous les citoyens de votre ville l'hommage 
        filial de Rhin et Danube ".
 
 Mme la Maréchale de Lattre remit ensuite la Médaille de 
        la Reconnaissance " Rhin et Danube " à Mme Henriette 
        Charles-Vallin, déléguée à l'Assemblée 
        Algérienne ; à M. Marcel Ribeyre, député d'Alger 
        ; à M. Marcel Bélaïche, délégué 
        à l'Assemblée Algérienne ; à M. le Colonel 
        Jamilloux, délégué à l'Assemblée Algérienne 
        et Maire de Maison-Carrée, ainsi qu'à différentes 
        personnalités.
 
 Enfin M. Calavassy, Président du Comité Régional 
        d'Alger " Rhin et Danube " offrit au nom de son groupement, 
        à Mme de Lattre de Tassigny, un ouvrage intitulé " 
        Algérie ".
 
 Dimanche 29 mars, à 10 h. 30, une cérémonie réunissait 
        au Monument aux Morts, autour de la Maréchale et de M. Léonard, 
        Gouverneur général de l'Algérie, les plus hautes 
        personnalités civiles, militaires et religieuses. Après 
        que Mme de Lattre de Tassigny eut ranimé la flamme, le cortège 
        officiel se rendait sur le bâtiment du pont du Télemly, récemment 
        mis en service. C'est en effet cette portion d'artère qui portera 
        désormais le nom d' " Avenue Maréchal de Lattre de 
        Tassigny ". Mme la Maréchale de Lattre coupa le ruban symbolique, 
        entourée de M. Léonard, Gouverneur général 
        de l'Algérie, du Général Calliès et de M. 
        Gazagne, Maire d'Alger.
 
 C'était ensuite, des mains mêmes de la Maréchale, 
        la remise des drapeaux aux représentants des centres départementaux 
        et des fanions aux sections " Rhin et Danube ".
 
 Puis M. Gazagne, Maire d'Alger, glorifia la mémoire du Maréchal 
        de Lattre en ces termes :
 " Madame la Maréchale,
 " Monsieur le Gouverneur Général,
 " Monsieur le Président,
 " Mesdames,
 " Messieurs,
 
 " La Ville d'Alger tient à honorer la mémoire de ceux 
        qui se sont sacrifiés pour la grandeur de la France ".
 " Le nom de cette avenue, l'éclat de cette manifestation qui 
        entoure son inauguration, la présence de Mme de Lattre de Tassigny 
        que je salue ici très respectueusement au nom de la population 
        de notre Cité, la présence également des hautes autorités 
        civiles, militaires et religieuses en sont le témoignage ".
 
 " Alger qui a eu l'insigne honneur d'être la Capitale de la 
        France Combattante et fut le point de départ de cette glorieuse 
        Armée d'Afrique qui, avec les forces alliées, a délivré 
        notre Patrie, contribué à sauvegarder la liberté 
        du monde et rétabli le prestige de la France, est douloureusement 
        fière de rendre aujourd'hui un solennel hommage à un des 
        glorieux chefs qui ont été les artisans de la Victoire ".
 
 " Jean-Marie Gabriel de Lattre de Tassigny est né le 2 février 
        1889 à Mouilleron-en-Pareds, village où, 48 ans auparavant, 
        était né Clemenceau ".
 
 " Tous deux, à des époques différentes de notre 
        Histoire, contribuèrent, par leur ténacité et leur 
        volonté patriotique, à sauver la France dangereusement menacée 
        ".
 
 " A Saint-Cyr, Major de la promotion Ste-Geneviève, de Lattre 
        de Tassigny choisit la Cavalerie ".
 
 " Après un an de stage à Saumur, en 1913, le Sous-Lieutenant 
        de Lattre entre au 12ème Dragons ".
 
 " Puis, c'est la guerre ".
 
 " Deux fois blessé, dès le début des hostilités, 
        il est volontaire, dans l'Infanterie, pour retourner au front. Présent 
        à Verdun et au Chemin des Dames, il reçoit sa 8ème 
        citation, la Croix d'Officier de la Légion d'Honneur et la Military 
        Cross ".
 
 " La guerre terminée, le Capitaine de Lattre est volontaire 
        pour le Maroc, il y reste de 1921 à 1926 ".
 
 " A cette époque, il rentre en France avec deux nouvelles 
        blessures et 3 citations supplémentaires. Il est alors promu Chef 
        de Bataillon. "
 
 " Reçu premier à l'Ecole de Guerre, il est promu Lieutenant-Colonel 
        en 1932 et affecté à l'Etat-Major du Général 
        Weygand qui dira de lui, avant de quitter son Commandement : " Officier 
        Supérieur de très haute valeur, généreux, 
        ardent, qui doit être à sa place dans les postes les plus 
        élevés ".
 
 " De Lattre le prouvera ".
 
 " Nommé Chef d'Etat-Major du Gouverneur Militaire de Strasbourg 
        en mars 1939, il reçoit ses deux premières étoiles 
        ".
 
 " Lorsque la 2ème guerre mondiale éclate, il devient 
        Chef d'Etat-Major de la 5ème Armée d'Alsace ".
 
 " Le 2 janvier 1940, il reçoit le Commandement de la 14ème 
        D.I. Sous son impulsion, son unité devient un remarquable instrument 
        de guerre ".
 
 " Le 13 mai, en face de l'ennemi, à la charnière de 
        Sedan, il le repousse par trois fois en lui faisant 2.000 prisonniers. 
        Contraint de se replier, il recule en combattant, tout en récupérant 
        le matériel laissé sur place en emmenant ses prisonniers 
        et sauvant ainsi l'honneur du Drapeau ".
 
 " On le trouve combattant à Mourmelon, à Nevers, à 
        Riom et il se sépare de ses troupes au lendemain de l'Armistice 
        en leur disant : " Nous reprendrons la lutte, je vous donne rendez-vous 
        pour ce jour-là ".
 
 " Commandant Militaire du Puy-de-Dôme, puis Commandant Supérieur 
        des troupes en Tunisie, il prépare la revanche, créant des 
        écoles de cadres, camouflant des armes, en prévision de 
        la reprise des hostilités ".
 
 " Rappelé brusquement à Montpellier, il reçoit 
        le Commandement de la 16ème Région. Puis, c'est le 8 Novembre 
        1942, le débarquement en Afrique du Nord ".
 
 " Le 11 Novembre 1942, la France entière est envahie par les 
        Allemands. Le Général de Lattre décide alors de résister 
        et ne tenant plus compte des ordres qui lui ont été donnés, 
        prend ses dispositions pour s'installer dans le massif des Corbières 
        avec ses unités en armes et ses munitions ".
 
 " Il ne peut mettre son projet à exécution. Arrêté, 
        il est condamné à 10 ans de prison pour abandon de poste 
        ".
 
 " Le temps passe... Mais le Général n'attendra pas 
        longtemps. Son fils Bernard et Mme de Lattre mettent sur pied, avec quelques 
        amis sûrs, un plan d'évasion qui réussira et, le 3 
        septembre 1943, c'est la Liberté ".
 " La France retrouve ainsi un de ses meilleurs Chefs de guerre ".
 
 " Traqué par la Gestapo, il lui échappe pendant un 
        mois et le 17 octobre il part en avion en Angleterre et de là pour 
        l'Afrique du Nord ".
 
 " Arrivé à Alger le 20 décembre, il reçoit 
        le Commandement de l'Armée B qui doit participer à un débarquement 
        allié sur les côtes françaises de la Méditerranée 
        ".
 
 " Ses qualités exceptionnelles l'ont désigné 
        pour ce poste. Il s'emploie corps et âme à donner à 
        son unité de 150.000 hommes une haute valeur morale ".
 
 " Ces hommes, des vétérans, des F.F.L., des soldats 
        de l'Armée d'Afrique et des Territoires d'Outre-Mer, des Evadés 
        de France, des Européens et des Français Musulmans formeront, 
        avec l'Armée d'Italie, puis les F.F.I., la première Armée 
        Française ".
 
 " Le débarquement de l'Ile d'Elbe est la première étape 
        d'une marche triomphale de la Méditerranée au Rhin et du 
        Rhin au-delà du Danube. Le 15 août 1944, la première 
        Armée Française est exacte au rendez-vous que la France 
        lui a donné sur ses plages de Provence ".
 
 " Le Général de Lattre possède maintenant une 
        Armée à la hauteur de sa valeur, telle qu'il l'avait conçue 
        ".
 " Trois jours après, avec l'esprit de décision qui 
        l'anime et l'intuition de ceux qui sont prédestinés, sans 
        attendre le matériel lourd, il décide de prendre Toulon 
        et Marseille ".
 
 " Puis, c'est la montée triomphale avec l'appui des blindés 
        et des motorisés : Avignon, Orange, Vienne, Saint-Etienne, Lyon, 
        Chalon-sur-Saône, Beaune, Chagny, Nuits-Saint-Georges, Autun, Dijon 
        le 11 septembre, Langres, Chaumont. "
 
 " C'est le quart de la France libérée, l'anéantissement 
        de deux armées allemandes, 50.000 prisonniers ".
 
 " Mais il reste l'Alsace ".
 
 " Après une minutieuse préparation, le 14 novembre, 
        c'est la ruée pour la trouée de Behort avec le ler corps 
        du Général Bethouart ".
 
 " Montbéliard tombe et le Rhin. Champagney, Gérardmer 
        et le Ballon d'Alsace ".
 
 " Huit jours plus tard, la manoeuvre conçue par le Chef réussit 
        et les deux corps d'Armée se rejoignent à Burnhaupt. L'adversaire 
        est écrasé, 17.000 prisonniers, 100 chars détruits 
        et un énorme butin récupéré ".
 
 " De Lattre sauve Strasbourg menacée, Colmar est libérée 
        le 2 février ".
 
 " La semaine suivante, il ne reste plus un seul ennemi à l'ouest 
        du Rhin ".
 
 " De Lattre signe alors l'ordre du jour n°6 du 7 février 
        1945, si grand dans son laconisme :" L'Allemand est chassé 
        du sol sacré de la France, il ne reviendra plus ".
 
 " Sa tâche semble terminée, mais il a une ambition : 
        traverser le Rhin, pénétrer chez l'ennemi ".
 
 " Après la grande épopée de son armée, 
        c'est pour lui un droit que doit lui accorder le Commandement allié. 
        Il réussira ".
 
 " Le 31 mars, le Rhin est franchi en force. C'est le passage dans 
        Spire, Gemersheim, Lemersheim, Karlsruhe, Stuttgart, Tubingen, Siegmarigen, 
        Ulm, Constance et l'Autriche ".
 
 " Désormais, la lère Armée Française 
        prendra le titre de " Rhin et Danube ".
 
 " Le 8 mai 1945, l'Allemagne capitule. Le Général de 
        Lattre reçoit l'ordre de se rendre dans la capitale du Reich où 
        il se retrouve avec le représentant des Nations alliées 
        pour y recevoir la reddition ennemie ".
 
 " Grâce à son énergie, il a l'insigne honneur 
        de signer au nom de la France l'acte de la capitulation allemande ".
 
 " Le 9 mai 1945, il terminera son ordre du jour à ses troupes 
        par ces mots : " Soldats vainqueurs, vos enfants apprendront la nouvelle 
        épopée que vous doit la Patrie ".
 
 " La paix retrouvée, le Général de Lattre voulant 
        assurer la pérennité des liens d'amitié nés 
        entre ses hommes au cours des durs combats et les aider à rester 
        fidèles à leurs morts et à leurs victoires, crée 
        l'Association " Rhin et Danube " dont il reste le Chef. "
 
 " A cette association demeurera inséparablement lié 
        le nom du Maréchal de Lattre ".
 
 " Avec Mme de Lattre, il ne ménage ni sa peine, ni son temps, 
        pour apporter une aide matérielle et morale à ceux qui ont 
        été durement éprouvés par la guerre : les 
        malades, les blessés, les aveugles ".
 
 " Nommé Inspecteur Général de l'Armée 
        de terre en 1947, Inspecteur Général des Forces Armées 
        en 1948, Commandant en Chef des Forces Terrestres de l'Union Occidentale, 
        il déploie toute son activité à forger une nouvelle 
        Armée Française par des conceptions modernes ".
 
 " Le 6 décembre 1950, il est nommé Haut Commissaire 
        et Commandant en Chef en Indochine pour relever une situation désastreuse 
        ".
 
 " Dès son arrivée, un miracle se produit. La situation 
        est renversée ".
 
 " Nos troupes, galvanisées par son énergie, ont désormais 
        l'initiative des opérations et infligent des pertes importantes 
        à l'ennemi. Entre temps, sous son impulsion, les armées 
        des Etats Associés s'organisent et s'instruisent tout en prenant 
        part à la lutte ".
 
 " Son propre fils, Bernard de Lattre, tombe héroïquement 
        le 30 mai sur le rocher de NinhBinh, à la tête de sa compagnie 
        composée exclusivement de Vietnamiens ".
 
 " Malgré cette dure épreuve, il poursuit sa tâche 
        ".
 
 " Il se rend aux U.S.A., en Grande-Bretagne où il réussit 
        à convaincre nos grands alliés de la mission de la France 
        en Extrême-Orient ".
 
 " Mais cette activité débordante, cette énergie 
        indomptable, au mépris de toute prudence, devaient lui être 
        fatales ".
 
 " Déjà la maladie le mine et le Général 
        tarde à revenir en France pour se faire soigner. Le 11 janvier, 
        atteint d'un mal implacable, il rend le dernier soupir ".
 
 " Transporté aux Invalides, il reçoit l'hommage fervent 
        de tout un peuple frappé douloureusement par la mort d'un chef 
        qui a été l'un des principaux artisans du salut de la Patrie 
        ".
 
 " Le 15 janvier, le corps du Général est transporté, 
        sur le char " Alsace ", sous l'Arc de Triomphe pour y recevoir 
        l'ultime hommage des anciens de " Rhin et Danube " qui défilent 
        une dernière fois devant leur Chef ".
 
 "Le Président de la République vient déposer 
        sur le char l'insigne de la dignité de Maréchal que le Gouvernement 
        lui a conférée à titre posthume. Et le 16 janvier, 
        ce sont les obsèques nationales en présence d'un million 
        de Français qui font la haie sur son passage ".
 
 " Dans une dernière marche triomphale à travers la 
        France recueillie, Jean de Lattre de Tassigny, Maréchal de France, 
        héros prestigieux entré dans l'Histoire, retourne à 
        son pays natal où il repose maintenant à côté 
        de son fils Bernard ".
 
 " Voilà le grand soldat, la haute figure devenue légendaire 
        qui n'a jamais désespéré, dont le nom sera désormais 
        porté par cette grande artère que nous avons choisie parce 
        qu'elle répond à son goût orienté vers tout 
        ce qui est grand et beau ".
 
 " Ce nom demeurera à jamais attaché aux grandes victoires 
        remportées par toutes nos armées confondues dans un même 
        esprit d'ardent patriotisme et de foi dans l'avenir de la France ".
 
 " Grâce à son oeuvre, poursuivant l'épopée 
        italienne du Maréchal Juin, de Lattre de Tassigny a rétabli 
        notre prestige auprès de nos alliés et permis à la 
        France de reprendre son rang de grande puissance dans le monde ".
 
 M. le Gouverneur général Léonard termine en s'inclinant 
        lui aussi devant un grand Français et en saluant Mme de Lattre 
        de Tassigny.
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