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   | LES MINES DE FER  Il n'est pas faux de dire, quand l'on 
        parle de l'Algérie, que son sous-sol renferme de véritables 
        trésors. 
 Sa richesse superficielle, la fertilité des plaines où le 
        soleil dore les moissons et mûrit les lourdes grappes sucrées, 
        les vastes étendues où paissent les troupeaux de moutons, 
        ses plantations d'arbres producteurs dont l'été charge les 
        rameaux de fruits sucrés autour desquels tourne le vol sonore des 
        guêpes voraces, tout cela n'est rien auprès des ressources 
        infinies qu'offriront un jour, aux hommes nouveaux, l'exploitation et 
        la mise en valeur des richesses qui dorment dans la nuit froide de la 
        terre.
 Parmi ces richesses, il faut en premier lieu citer le fer, le fer dont 
        l'emploi ne fait qu'augmenter chaque jour, si réclamé par 
        les besoins de l'industrie et de la vie modernes, que, dans le recul des 
        temps, quand on se retournera plus tard vers le passé, on ne manquera 
        pas de considérer notre époque comme l'âge du fer, 
        le fer qui constitue aujourd'hui la fortune des nations
 
 Or, avec les mines de Normandie, de Lorraine et d'Algérie, la France 
        pourrait être la nation la plus riche du monde en minerai. Et quel 
        sérieux appoint lui apporterait dans sa production globale celle 
        de l'Afrique du Nord ?
 
 Le fer existe en effet un peu partout en terre algérienne, et ce 
        qu'il y a de remarquable, c'est qu'au rebours de ce qui s'est produit 
        pour les gisements de cuivre, la minéralisation, loin de s'atténuer 
        en profondeur, semble au contraire augmenter au fur et à mesure 
        que l'on avance dans les mystérieuses profondeurs de la terre. 
        Le plus bel avenir est donc réservé à ceux qui exploiteront 
        ces amas ferrugineux. La découverte de ces richesses souterraines 
        remonte à la plus haute antiquité.
 Les Romains les connurent et en tirèrent parti. On a pu s'en convaincre 
        aisément par la trouvaille, dans les éboulements d'anciennes 
        excavations, de différents outils datant de leur époque.
 
 Mais, comme leurs besoins étaient en somme plus restreints que 
        les nôtres, ils n'exploitèrent les gisements que d'une façon 
        superficielle.
 
 De même, les Turcs, aux temps où Alger était un nid 
        de pirates. Rendus dédaigneux par les immenses richesses que contenaient 
        leurs vastes empires, tous ces peuples n'extrayaient que le meilleur du 
        minerai : très souvent même, dans les scories de leurs installations 
        rudimentaires, on a retrouvé des mattes riches pour être 
        rémunératrices. Une tentative d'exploitation par les anciens 
        est donc souvent un gage rassurant. Il est bien peu d'exemples que cette 
        constatation ait été pour ceux qui l'ont admise une source 
        de déceptions.
 
 La région du Chéliff 
        est une de celles qui a été la plus favorisée par 
        la nature. Les gisements sont situés au pieds des contreforts Nord-Ouest 
        des massifs montagneux du Doui. C'est une série de vallonnements 
        qui prennent naissance à proximité du village de Duperré.
 
 Les mines de Duperré fournissent de l'excellente hématite 
        rouge et brune contenant un peu de phosphore, dont la métallurgie 
        moderne tire aisément parti.
 
 Leur rendement est allé sans cesse en augmentant. Le plus brillant 
        avenir leur est réservé ainsi qu'aux mines de 
        Rouïna.
 
 Il est intéressant de suivre l'évolution de ces dernières. 
        C'est en 1872 et en 1873 qu'elles furent découvertes et travaillées 
        par MM. Gaguin. entrepreneurs du chemin de fer d'Alger à Oran. 
        En 1903. MM. Gaguin vendirent leurs droits à M. Theys, qui devait, 
        en 1907, constituer une puissante société au capital de 
        cinq millions de francs.
 
 Sous son impulsion, on poursuivit la découverte des ressources 
        minières. Une partie du gisement se trouvant noyée, la Société 
        acheta une chute d'eau de 14 m 20 de hauteur sur le Chéliff donnant 
        une force de quatre à cinq cents chevaux.
 
 L'embarquement des minerais se fait dans le port d'Alger. Depuis l'ouverture 
        de la mine jusqu'au 1er janvier 1921, on avait embarqué une quantité 
        de un million 246.956 tonnes.
 
 Les nouvelles acquisitions sont venues accroître le domaine de la 
        Société, celles des mines de 
        Breïra et de Beni-Akil, situées sur le bord de 
        la mer. entre Ténès et Cherchell.
 
 Des travaux intéressants ont été exécutés 
        pour desservir la mine, située à neuf kilomètres 
        du bord de la mer, par un câble aérien qui descend les minerais 
        sous la seule action de la pesanteur et peut transporter jusqu'à 
        350 tonnes par jour au port d'embarquement.
 
 Là, les minerais sont déversés dans un vaste dépôt 
        en forme d'entonnoir, pouvant emmagasiner 12.000 tonnes. Au fond, sont 
        disposées des trappes ou trémies qui déversent le 
        minerai sur un ruban métallique fixe. Ce ruban se décharge 
        à son tour sur un autre ruban mobile qui s'allonge au-dessus de 
        la mer grâce à un porte-à-faux pouvant aller de 17 
        à 35 mètres, suivant la place du navire.
 
 La station navale a été faite pour recevoir des bateaux 
        de 5.000 tonnes.
 
 De même, à Philippeville, 
        un câble aérien de 17 kilomètres amène les 
        minerais jusqu'au port après avoir traversé des terrains 
        marécageux et passé au-dessus de plusieurs bras de mer.
 
 Les gisements donnent des minerais à haute teneur de fer sans impureté 
        et de la pyrite qui. jusqu'ici, a été exclusivement employée 
        en Algérie à la fabrication des engrais.
 
 Les mines de Rouïna sont sur le pied d'une production de 150.000 
        tonnes par an ; celles de Breïra. De 90.000 ; celles de Philippeville, 
        de 60,000.
 
 Nous nous sommes étendus à dessein sur ces exploitations 
        pour montrer l'activité que l'on a commencé à déployer 
        dans le domaine minier, en Algérie ; mais la Colonie pourrait occuper 
        une place plus importante dans la production française.
 
 En 1913, nous produisions 5.200.000 tonnes de fonte et 4.600.000 tonnes 
        d'acier. En 1919, ces chiffres sont tombés respectivement, à 
        2.400.000 et à 2 millions 100.000 tonnes.
 
 Puisque notre sous-sol nous offre les moyens de nous relever, il convient 
        que nous l'exploitions, aussi bien en France qu'aux colonies.
 
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