| Sidi Abd-er-Rahman La gracieuse 
        mosquée Sidi Abd-er-Rahman qui, avec, son élégant 
        minaret à colonnettes, se dresse de façon si pittoresque 
        au-dessus des bosquets du 
        Jardin Marengo,a été construite en 1696, sur 
        l'emplacement de la kouba en laquelle avait été inhumé, 
        en 1471, le célèbre docteur africain, Sidi Abder-Rahman.
 Ce personnage, qui alla en Orient étudier les sciences et la théologie 
        appartenait à la tribu des Tçalba, laquelle au VIIIème 
        siècle, domina sur la Mitidja, d'où son surnom de : Tçalbi.
 
 Détail déjà rappelé : Abd-er-Rahman habita 
        à Alger une maison de la rue de la Charte, aujourd'hui enclavée 
        dans l'ancienne Préfecture. Il était né en 1387.
 
 De nombreux musulmans furent enterrés autour de la mosquée 
        du saint, qui elle- même, contient plusieurs tombes.
 On remarque à l'extérieur :
 
 Le tombeau de Ouali Dadda dont les restes étaient autrefois rue 
        du Divan. La kouba érigée en cette rue, fut démolie 
        en 1864 pour l'agrandissement du couvent de la Miséricorde. Sur 
        son emplacement se trouve une école de filles. A cette kouba était 
        annexé un refuge entretenu avec les biens que laissa le saint. 
        Selon la légende, ce saint venu d'Orient par mer, sur une natte, 
        souleva contre les navires de Charles-Quint les flots qu'il battit au 
        préalable, de verges. Il mourut en 1554.
 
 Son tombeau présente l'inscription suivante : "Il est le 
        saint des créatures et le pôle des êtres créés. 
        Lorsqu'il se proposa de partir pour l'autre monde, en louant Dieu, nous 
        entendîmes une voix prononçant la date de sa mort; elle disait 
        :
 "Que Dieu l'abreuve d'une boisson purifiante". Année 
        961 (1554)."
 
 Ouali Dadda, rapporte Berbrugger, tenait, en dépit de sa sainteté, 
          
         rue du Divan, une taverne où 
        il vendait de l'alcool. On conserva dans sa primitive kouba, son fusil, 
        sa masse d'armes et sa hallebarde.
 
 Le temporel de Ouali-Dadda était d'une certaine importance. Son 
        haouch de Maison-Carrée qu'acquit le Maréchal Clauzel, comprenait 
        un marabout sous son vocable. Là, au début de la Conquête, 
        furent tués 30 soldats de la Légion Etrangère. Il 
        y avait en ce lieu, nombre de vaches, de moutons, de chevaux, une grande 
        quantité de grains, sous la garde du Ministre des Biens Ruraux.
 
 Le 10 du premier mois de l'année, celui-ci remettait à l'Oukil 
        de la rue du Divan, la somme qui lui revenait. Cette somme assez élevée, 
        tomba après 1830, à 720 francs.
 
 Le tombeau de Sidi-Mansour, précédemment à la porte 
        d'Azoun. Les restes de ce marabout furent transportés à 
        Sidi-Abd-er-Rhaman en 1846, quand eut lieu la démolition du rempart 
        près duquel le saint était inhumé. Ce personnage 
        qui vivait au XVIème siècle fut le disciple de Sidi Zenouk 
        qui, lui-même, avait suivi les leçons de Sidi Abd-er-Rahman. 
        (Voir à : La 
        Porte d'Azoun et ses abords).
 
 La tombe de marbre de Khedeur-Pacha, qui fut étranglé en 
        1605 par ordre de Kouça Mustapha, pacha vassal de la Sublime Porte.
 
 Le tombeau d'Ahmed-Bey, de Constantine, qui fut interné en 1848 
        à Alger et habita une maison de la rue Scipion où fut plus 
        tard le commissariat central.
 
 Le tombeau de Sidi Abd-Allah dont une rue de la ville porte le nom.
 
 La tombe du muphti hanefi Boukandoura et, tout près, celle de Ben 
        Zakour, imma de la grande mosquée.
 
 Le magnifique tombeau de marbre de Youcef Pacha, ciselé d'épigraphies 
        et de fie stylisées.
 
 Au-dessus de ces sépultures se dressent un cyprès et un 
        palmier centenaires, plus joli effet.
 
 Dans les bâtiments attenants à la mosquée, se trouvent 
        le tombeau de l'oukil Ouada, dernier architecte de ce temple, et plusieurs 
        tombes anciennes.
 
 Cette partie de l'édifice comprend les cuisines où sont 
        préparés les repas desti: aux pauvres que secourt régulièrement 
        la mosquée.
 A l'entrée du marabout de Sidi Abd-er-Rahman est scellée 
        une inscription où célébré l'oukil Abd-el-Kader 
        qui, en 1627, édifia le monument. La première ligne texte 
        dit : "Ceci est le tombeau de Sidi Abd-er-Rahman".
 
 Au-dessus du porche se voit une autre inscription nommant le dey Hadj 
        Ahn qui ordonna la construction de l'édifice. Le mot "Bitchoukin" 
        (Amour) qui trouve forme un chronogramme donnant d'après la valeur 
        numérale des lettres date de la fondation de la mosquée 
        : année 1108 (1696).
 
 Dans l'intérieur du temple, repose ce saint, sous une magnifique 
        châsse de bois sculpté et doré qu'environnent des 
        bannières de soie. A la coupole, sont suspendus nombreux, des lustres 
        de cristal et aussi des étendards d'étoffes précieuses 
        qui, avec les ex-voto et les faïences rares du pourtour, forment 
        un ensemble d'une exquise originalité.
 
 Une inscription s'y trouve aussi, qui rappelle que l'entier achèvement 
        de l'édifice fut réalisé par les soins de l'oukil 
        Sidi Ouada, sous le pacha Abdy, en 1730.
 
 Tout près est appendu un tableau reproduisant l'aspect présenté, 
        il y a de siècles, par la mosquée dont le minaret apparaît 
        tout enluminé ( Des traces de 
        couleurs se retrouvent, en effet, sous la couche de chaux des murs de 
        ce minaret.).
 
 Il y a en outre dans ce sanctuaire, les tombeaux d'Hassen-Pacha, de Mustapha 
        Pacha et du dey Ahmed.
 
 Au fond, près du mirhab : le tombeau de Rosa, fille d'Hassen-Pacha. 
        (Mirhabdécoré, contrairement à la tradition malékite, 
        ce temple n'ayant qu'un caractère de chapelle).
 
 Au pied de la châsse, sont inhumés les restes du savant Boudjema 
        qui fut le professeur de Sidi Abd-er-Rahmnan.
 
 Dans le sanctuaire furent déposés des étendards offerts 
        par la population musulmane aux Tirailleurs lors de leur départ 
        pour les expéditions coloniales pour la grande guerre. La bibliothèque 
        renferme un manuscrit précieux, vieux de plus de 750 années.
 
 En cette mosquée vinrent plusieurs souverains. Des distributions 
        hebdomadaires d'aliments aux indigents ont lieu à Sidi Abd-er-Rahman. 
        Chaque année, la femme du Gouverneur en fonction préside 
        l'une d'elles.
 
 C'était, extérieure à la mosquée, et dans 
        le jardin Marengo même, que se trouvait naguère encore, la 
        kouba où fut déposée Lella Aïcha, petite fille 
        du célèbre docteur. Cette kouba fait aujourd'hui partie 
        de la nécropole de Sidi Abd-er-Rahman.
 
 De nombreuses dotations furent faites dans le cours des siècles 
        au profit de cette mosquée. Celle-ci, en 1830, possédait 
        soixante-neuf immeubles, rapportant annuellement 6.000 francs.
 
 Parmi les dons en nature faits à Sidi Abd-er-Rahman, nous relevons 
        celui, original, d'une dame Douma bent Mohammed qui, en 1825, constitua 
        en habous ses chaudrons de cuivre en faveur du tombeau du saint. Ces ustensiles 
        devaient servir à la cuisson des aliments distribués aux 
        pauvres. Ils devaient être "entretenus, étamés 
        et réparés" sur les revenus d'une boutique dont 
        la donatrice était propriétaire.
 
 On sait que les mosquées donnaient droit d'immunité à 
        tous les individus poursuivis qui s'y réfugiaient.
 
 Sidi Abd-et-Rahmnan, en 1829, servit d'asile à un certain Hadj-es-Saadi, 
        ancien mezouar. Celui-ci, en reconnaissance de la protection qu'il reçut 
        du saint, s'engagea à affranchir tous ses esclaves nègres.
 
 C'est sur le tombeau de Sidi-Abd-er-Rahman que les Musulmans, en contestation 
        d'affaires, sont appelés à témoigner en présence 
        de leurs juges, de la sincérité de leurs déclarations.
 
 L'actuel imam est M. Amin Kaddour.
 Au sujet du nom 
        "Abd-er-Rahman" Le nom, Sidi Abd-er-Rahman, 
        il convient de l'indiquer en complément de cet article, signifie 
        : Monseigneur, serviteur du Clément 
        - il est porté par nombre de Musulmans.
 Nous signalerons à ce propos, le sens d'autres noms tels : Abd-Allah, 
        serviteur de Dieu; Abd-el-Aziz, serviteur du Tout-Puissant; Mahi-Eddin, 
        dirigé par la religion; Kheïr-ed-Din, le bien de la religion; 
        Salah-ed-Din (Saladin), le restaurateur de la religion.
 
 Parmi les prénoms, certains sont des noms de patriarches ou de 
        prophètes : Ibrahim (Abraham); Yacoub (Jacob); Moussa (Moïse); 
        Soliman ou Sliman (Salomon); Daoud (David); Aïssa (Jésus - 
        qualifié prophète, lui aussi).
 
 Autres prénoms : Mustapha (élu de Dieu); Mohammed, Mahmoud 
        (le bien loué); Hassan (le beau) avec Hoceïn, Hussein, comme 
        diminutifs; Kadour (le fort).
 
 Prénoms féminins : Aïcha (heureuse); Messaouda (fortunée); 
        N'fiça (précieuse); Yasmina (jasmin); Zohra (fleur d'oranger).
 
 Parmi les noms, il en est indiquant une origine : Djezaïri (d'Alger); 
        Cherchali (de Cherchell); Trabelsi (de Tripoli); Stambouli (de Constantinople); 
        Ben Genouïs (de Gênes); rappelons en outre que maints noms 
        de chrétiens ne sont autres que des noms arabes modifiés, 
        par exemple : Alvarès (El Farés), le cavalier; Darbéda 
        (Dar Beïda), la maison blanche.
 Sidi Abd-Allah Ce temple à minaret intéressant, 
        comporte une école coranique. (Voir à son sujet rue Sidi-Abdallah, 
        à l'article 
        Rues, places, quartiers).Sidi Mohammed Ech-Cherif
 
 Ce marabout se trouve dans l'ancien Alger, en un joli site dénommé 
        par les artistes : carrefour Fromentin. Le saint personnage inhumé 
        là depuis 1541 - année de l'expédition de Charles-Quint 
        - est l'objet d'une grande vénération de la part des femmes 
        musulmanes. C'est à lui, en effet, que celles d'entre elles qui 
        désirent goûter les joies de la maternité viennent 
        adresser leurs voeux.
 
 A ce marabout a été annexée une zaouïa. Un ancien 
        état des dépenses de cet établissement mentionne 
        entre autres choses, l'achat de soixante litres d'huile pour l'éclairage 
        - d'un certain nombre de nattes - et aussi de vingt-cinq livres de sucre 
        "pour le breuvage offert aux savants qui viennent là faire 
        leurs dévotions".
 
 La zaouïa était généreuse pour les pauvres. 
        A ceux-ci, le jour de la grande fête du Mouloud, elle offrait, dit 
        un document , "deux boeufs, dix-huit mesures de blé, trente 
        livres de beurre, dix charges de bois, six mesures d'huile, etc...".
 
 A l'entrée du marabout, se trouve une fontaine que le Comité 
        du vieil Alger a fait décorer de mosaïques et d'un auvent. 
        L'imam du temple est M. Chérif Zahar.
 Sidi Bou-Ghedour Non loin de Sidi Mohammed Ech-Chérif, 
        un autre saint personnage fut inhumé, au XVIe siècle, qui 
        était surnommé Sidi bou Ghedour (l'homme aux marmites). 
        Pendant le siège d'Alger par Charles-Quint, dit une légende, 
        cet homme descendit sur le quai de la darse où il brisa une certaine 
        quantité de pots de terre récemment débarqués. 
        Les Musulmans, d'abord surpris de sa conduite, constatèrent bientôt 
        avec admiration, paraît- il, qu'à chaque vase mis en pièces, 
        une galère impériale se fracassait à la côte. 
        La foule le considéra sur-le-champ comme un saint et lui donna 
        le surnom de Bou Ghedour.
 Le mérite d'avoir provoqué la tempête devenue si funeste 
        à la flotte de Charles- Quint, fut aussi attribué (voir 
        plus haut) à Ouali Dadda, à Sidi Bethka dont s'élevait 
        le marabout près de la porte d'Azoun, et à un nègre 
        du nom de Youssef, qu'on oublia, à la suite d'une démarche 
        que fit auprès de Hassen-Agha, l'aristocratie religieuse, humiliée 
        de la notoriété dont commençait à jouir cet 
        esclave.
 
         
          |  
              Gener et Bayot.- Fort des 24 heures - ancienne esplanade Bab-el-Oued 
               
              (entre pages 160 et 161) |  Marabout Sidi-ben-Ali 
        et Cimetière (dit des Princesses)Rue Mirabeau (1 
        Cette voie fut baptisée : rue N'fiça, 
        du nom de l'une des deux princesses enterrées en son cimetière.), 
        anciennement rue de l'Empereur
 Cette petite nécropole située 
        au centre de la ville arabe, comprend le tombeau du saint très 
        vénéré des Musulmans : Sidi Ahmed ben Ali.
 Tout près, ont été inhumées deux filles d'Hassan-Pacha, 
        dont les tombes présentent deux stèles de marbre et un cippe 
        surmonté d'un turban.
 
 Les inscriptions de ces stèles sont les suivantes :
 "Voici le tombeau de feue Fatma bent Hassan Bey. Que Dieu lui 
        pardonne ainsi qu'à tous les Musulmans. Amen! Amen!"
 "Voici le tombeau de Cê1le qui est en possession de la miséricorde 
        de Dieu : N'fiça, fille de feu Hassan Pacha. Que Dieu lui fasse 
        miséricorde ainsi qu'à tous les Musulmans."
 
 D'autres tombes subsistent encore là, décorées de 
        pièces d'ardoise aux fines ciselures. De très vieux figuiers 
        étendent leur feuillage sur ce lieu, colorant d'un étrange 
        jour vert, ce coin d'un charme particulier.
 
 Avant la guerre, le Comité du Vieil Alger avait pris à sa 
        charge l'entretien de ce pittoresque cimetière, 700 carreaux émaillés, 
        anciens, recouvrirent les allées. Des plantes, des fleurs l'agrémentèrent. 
        Le tout fut malheureusement détruit par une plèbe du voisinage.
 Mosquée 
        des Mozabites Aux édifices religieux relevant du 
        rite maleki ou du rite hanefi est à ajouter, pour Alger, la mosquée 
        d'un culte dissident, celles des Hadites communément désignés 
        : Mozabites.
 Les adeptes de cette secte n'admettent que la lettre du Coran, ne souffrant 
        nulle interprétation du livre de Mahomet. Leur dissidence religieuse 
        valut aux Mozabites du passé, aux Ouabites, de nombreuses persécutions. 
        Obligés de s'expatrier de l'Orient, ils s'enfuirent à Djerba 
        puis jusqu'à Tiaret d'où ils durent encore émigrer 
        pour se fixer dans le Sud algérien en l'aridité duquel ils 
        créèrent de magnifiques oasis
 
 Des colonies de schismatiques se formèrent encore à Masaté, 
        à Zanzibar.
 
 Un temple, il y a quelque soixante ans, fut par eux édifié 
        à Alger, rue de Tanger, sur l'emplacement d'un plus ancien, dont 
        l'actuelle génération n'a qu'un vague souvenir.
 
 Ce temple qui comporte une coupole reposant sur des colonnes est décoré 
        d'intéressants panneaux de faïences.
 
 Un hammam l'avoisine. Seuls, les hommes viennent prier là, les 
        femmes, par tradition, demeurant au pays.
 
 A la mosquée ibadite est adjointe une mahakma que préside 
        un cadi.
 
 En raison de leur audacieuse conduite lors du siège de la ville 
        par Charles-Quint, les Mozabites, détail donné précédemment, 
        reçurent des Barbaresques, le monopole des bains maures et des 
        boucheries.
 Lieux de dévotion 
        des Nègres Le mahométisme des Nègres s'associe, 
        on le sait, de croyances et de pratiques particulières. On trouvera 
        à ce sujet des indications au chapitre : La Banlieue (Fontaine 
        des Génies). Temples israélites Comme il a été dit, des renseignements 
        sont donnés à leur sujet à "la 
        Ville et la Conquête" (rue Bab-Azoun).
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