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               Intérieur de la médersa d'Alger.
 voir médersas 
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 |  Ce serait faire injure aux institutions françaises de ce pays que 
        de ne pas dire ce que sont les Médersas algériennes, ces 
        grandes écoles d'où sort, depuis près d'un siècle, 
        une bonne partie de l'élite musulmane d'Algérie : juristes 
        de talent, professeurs remarquables, interprètes, membres du culte, 
        fonctionnaires.
 
 Depuis leur création en 1850, les Médersas ont subi de nombreuses 
        transformations dont la dernière remonte à 1895. Conçues 
        d'abord comme des établissements d'enseignement islamique, elles 
        se sont progressivement modernisées en incorporant à leur 
        programme d'études des disciplines nouvelles et notamment la langue 
        française, si bien qu'elles inculquent à leurs élèves 
        une double culture arabe et française.
 
 Plutôt qu'ils n'adaptent les Médersas aux besoins de l'Algérie 
        et aux exigences contemporaines, les décrets ministériels 
        du 27 novembre 1944, portant réorganisation des Médersas; 
        algériennes, continuent en fait cette uvre de constant perfectionnement. 
        Les changements apportés aux Médersas ont en effet pour 
        but de corriger des défauts relevés depuis; longtemps et 
        ne sont pas une expérience aléatoire dont les conséquences 
        pourraient être funestes à la jeunesse.
 
 Et tout d'abord, il a été procédé à 
        une refonte et à une unification de l'enseignement des Médersas. 
        La durée des études a été portée de 
        quatre à six ans, le programme des matières arabes complété 
        et rajeuni; tandis que celui des matières françaises était 
        aligné sur le plan d'études des lycées. Tenant compte 
        à la fois du développement de l'enseignement primaire fr. 
        Algérie et du progrès qui en est la conséquence, 
        l'âge d'admission dans les Médersas a été. 
        ramené de quinze à treize ans. Les résultats enregistrés 
        en première année durant l'année scolaire 1945-46 
        ont permis de constater les heureux effets de cette mesure.
 
 Un second amendement essentiel a scindé le cycle des études 
        en deux : pendant les trois premières années, tous les élèves 
        reçoivent le même enseignement; à partir de la quatrième 
        année, deux sections sont offertes à leur choix; une section 
        traditionnelle où les matières arabes ont le pas sur les 
        matières françaises, une section moderne où c'est 
        l'inverse. Une discrimination et ainsi faite entre les diverses aptitudes 
        et tendances et les élèves sont orientés vers la 
        arrière où ils ont le plus de chance de réussir.
 
 Parallèlement à ces modifications de structure, les horaires, 
        tant pour le français que pour l'arabe, ont été l'objet 
        de réajustements destinés d'une part à permettre 
        l'application de règles pédagogiques plus efficaces, d'autre 
        part à doter les élèves de connaissances plus solides 
        plus étendues.
 
 La spécialisation des élèves, amorcée à 
        partir de la quatrième année dans les trois Médersas 
        de Constantine, Alger et Tlemcen, s'achève à l'École 
        Supérieure d'Études Islamiques d'Alger créée 
        par décret du 27 novembre 1944. Cette nouvelle institution ne remplace 
        pas purement simplement la division supérieure de la Médersa 
        d'Alger qui jusqu'ici rassemblait les meilleursélèves des 
        Médersas. L'École Supérieure d'Études Islamiques 
        poursuit un double but : dont aux anciens élèves des Médersas 
        une formation supérieure pour les matières arabes qui ne 
        figure pas dans l'enseignement des Facultés; parachever leur spécialisation 
        dans ses trois sections traditionnelles, pédagogique et administrative. 
        Elle se conforme ainsi aux directives générales de la politique 
        actuelle de la France qui tend à relever le niveau des cadres de 
        la nation.
 
 Enfin, le choix des professeurs pour les matières arabes a reçu 
        une réglementation comme il en existe une pour les professeurs 
        de matières françaises. Il suffisait auparavant d'être 
        pourvu du Diplôme d'Études Supérieures des Médersas 
        pour pouvoir enseigner dans ces établissements. Le Gouvernement 
        a jugé nécessaires une plus grande garantie et un titre 
        complémentaire. C'est pourquoi il a été institué 
        un Certificat d'aptitude à l'enseignement dans les Médersas 
        algériennes avec une option langue et littérature arabes 
        et une option sciences musulmanes juridiques et religieuses. Le jury qui 
        a siégé déjà à deux reprises en juillet 
        1945 et en juillet 1946 n'a eu qu'à se louer de l'institution de 
        ce concours.
 
 Comme on le voit, ces réformes et ces remaniements permettent tout 
        à la fois d'améliorer le recrutement des élèves, 
        celui des professeurs et de relever le niveau des études. Ce sont 
        là les trois conditions essentielles du succès de tout enseignement. 
        Aussi est-il certain que les Médersas algériennes contribueront 
        davantage dans l'avenir à diffuser la culture arabe et la culture 
        française pour le plus grand bien de l'Algérie et le bon 
        renom de la France.
 Saâdeddine BENCHENEB. |