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               Pergola et jardin français du musée 
                national
 |  Sans doute manquons-nous du recul nécessaire pour porter un jugement 
        sur l'évolution culturelle de l'Algérie pendant les années 
        de guerre. Nous ne pouvons que nous rendre compte d'une façon bien 
        incomplète de ces efforts, de cette activité qui, répondant 
        dès le lendemain de la bataille perdue et de l'armistice, à 
        l'appel chi r 8 juin 194o et aux lueurs d'espoir qu'il apportait, devaient 
        maintenir la vie spirituelle sur cette terre française jusqu'à 
        la libération et la victoire.
 
 18 juin 1940, 8 novembre 1942, 8 mai 1945 : ces grandes dates jalonnent 
        le chemin à parcourir.
 
 Au mois de juin 1940 les populations de l'Afrique du Nord, qui avaient 
        vu s'embarquer vers la France une grande partie de leurs forces armées, 
        ne comprirent pas immédiatement ce qui se passait de l'autre côté 
        de la mer; et c'est avec stupeur qu'elles accueillirent la nouvelle de 
        la suspension des hostilités.
 
 Les terribles épreuves de la Patrie dictaient son devoir à 
        l'Algérie. De même que colons et fellahs devaient contribuer 
        au ravitaillement de la France, il importait aux intellectuels de maintenir 
        la vie de l'esprit, de montrer que nos valeurs spirituelles n'avaient 
        pas succombé dans la tourmente. Des savants et des écrivains 
        de la Métropole et d'Algérie trouvèrent sur ce sol 
        africain un refuge pour l'expression de leur pensée. On put y lire, 
        fait sans précédent, dans une revue publiée à 
        Alger, des articles signés Paul Valéry, Giraudoux, Louis 
        de Broglie, Joliot, Esclangeon, Jean Rostand, Cocteau, Mondor, J. et J. 
        Tharaud.
 
 Bientôt de très nombreux français, particulièrement 
        d'Alsace et de Lorraine, vinrent chercher dans nos trois départements, 
        en Tunisie et au Maroc, un abri contre les menaces, les chantages, les 
        hontes de l'occupation et y respirer une demi liberté. En même 
        temps que vers les Alliés momentanément impuissants ou encore 
        trop lointains le regard des français les plus clairvoyants se 
        tournait déjà vers l'Afrique du Nord et y cherchait les 
        signes de notre relèvement En avril 1941, Gide déclarait 
        : " C'est pourquoi, vers la fin de ma vie, et durant cette année 
        tragique, me touche si particulièrement tout ce qui vient de cette 
        autre France, et je souris avec tant de joie à ce bel éveil 
        de jeunesse, de l'Est à l'Ouest de notre Afrique du Nord, si ardente, 
        si préservée et sur qui nous fondons tant d'espoirs. "
 
 C'est alors d'Algérie que partit en effet " ce bel éveil 
        de jeunesse ", cette floraison de poésie publiée par 
        la revue " Fontaine " que dirigeait Max-Pol Fouchet. En termes 
        parfois voilés d'hermétisme, les écrivains qu'il 
        avait groupés y continuaient la lutte, y tenaient le front de l'esprit 
        français.
 Cette préparation morale à la reprise du combat se doublait 
        d'une préparation matérielle, les uns s'opposant, dans la 
        mesure du possible, aux exigences des commissions d'armistice, les autres 
        civils ou militaires entrant en contact avec les mouvements de résistance 
        et les agents de l'Amérique. On sait comment cette action clandestine 
        aboutit aux événements du 8 novembre 1942.
 ** Avec le débarquement des Alliés commençait 
        le second acte. Bien que la conclusion entrevue fût la victoire 
        libératrice, l'événement imposait à l'Algérie 
        de nouvelles épreuves et de nouveaux devoirs. C'était la 
        coupure complète avec la France, et tout ce qu'elle entraînait 
        de difficultés administratives ou économiques, de désarroi 
        morale et d'angoisses; c'était aussi la mobilisation de toutes 
        les ressources de l'Algérie en vue de l'effort de guerre; dans 
        l'ordre culturel, c'était le départ aux armées d'une 
        grosse partie des cadres du pays, ainsi que des maîtres, des étudiants, 
        la réquisition des écoles et des salles de cours, la privation 
        de tous les livres imprimés dans la Métropole 
        et particulièrement à Paris, cerveau du monde de langue 
        française. Mais c'était aussi, par une sorte de compensation, 
        l'afflux d'une élite française : universitaires, hommes 
        politiques, officiers, soldats et ouvriers, qui, venus d'Angleterre ou 
        des États-Unis, ou passés par la voie aventureuse de l'Espagne, 
        allaient reprendre le combat à visage découvert aux côtés 
        des Alliés. On peut dire que pendant près de deux ans, l'histoire 
        de l'Afrique du Nord, et particulièrement de l'Algérie, 
        siège du Gouvernement Provisoire de la République Française, 
        s'est confondue avec celle de la France qui ne voulait pas mourir. L'effort 
        intellectuel algérien s'inscrit à chaque page de cette histoire. 
        La tâche s'offrait alors multiple et les sujets étaient abondants. 
        Il y avait à préparer la libération, à étudier 
        les questions politiques qu'allait poser ce besoin de rénovation 
        de la République, à esquisser le statut de la future Union 
        française, à consolider les liens culturels de la France 
        avec l'Étranger, enfin à réhabituer la France elle- 
        même au plein usage de la pensée libre.
 Outre la diffusion des principaux écrits parus dans la clandestinité 
        ou à Londres, à New- York ou au Levant, l'Algérie 
        a vu et voit encore paraître de nombreuses uvres ayant trait 
        à la Résistance, au débarquement et à la Libération.
 
 Sur le débarquement en Afrique du Nord et ses suites immédiates, 
        ont déjà paru 8 Novembre 194z, de M. Esquer, Alger et ses 
        Complots, de' M. Aboulker, La Bissectrice de la guerre, par MM. Richard 
        et de Serigny, Expédients Provisoires, de Mme Pierre Gosset.
 
 Sur les hauts faits de l'armée française - les nombreux 
        reportages des correspondants de guerre (écrivains et peintres) 
        mis a part - on a pu lire entre autres : L'action des troupes du Général 
        Leclerc dans la libération de la Tunisie, du colonel Ingold, Le 
        Tchad fait la guerre, de M. P. O. Lapie, L'Aigle de brousse, de M. Breugnot 
        (Grand prix littéraire de l'Algérie avec le Général 
        Weiss pour 1945), J'avais un sabre, de M. René Janon, L'Ile captive, 
        récit de la libération de la Corse fait par M. Franchi, 
        Les journaux de marche, des 9e D.I.C. et 3e D.I.M. et. victoire sous le 
        signe des trois croissants, du capitaine Heurgon, illustré par 
        Jouanneau Irriera et somptueusement édité par Pierre Vrillon.
 
 Il faut encore noter les importants travaux de la mission scientifique 
        chargée d'explorer le Fezzan, que la colonne Leclerc venait de 
        conquérir et les peintures et dessins qu'a rapportés de 
        cette région désertique M. R.-J. Clot. Le livre Images d'Afrique, 
        publié à Alger, renferme toute une série de ces beaux 
        documents.
 
 Saint-Exupery, parti d'Alger en juillet 1944 sur son avion de reconnaissance, 
        disparut au cours de sa mission apportant cette contribution tragique 
        à la lutte libératrice.
 
 " A mesure qu'approchait l'heure de la Libération de la France, 
        la reconstitution politique s'imposait à tous les esprits ".
 
 Les multiples périodiques qui virent le jour en Algérie 
        au cours de cette période s'assignèrent cette tâche 
        importante : Alger républicain (quotidien de gauche) et les hebdomadaires 
        : La dépêche oranaise (modéré), La Marseillaise, 
        de M. Quilici, devenu aujourd'hui La Bataille, Liberté (communiste), 
        Fraternité (socialiste), 'Égalité, de M. Ferhat Abbas 
        (Union des Amis du Manifeste o Algérien), Démocratie et 
        l'Algérie Radicale magazine (radicaux socialiste), La IVe République 
        (M.R.P.), L'Africain (P.R.L.), Le Courrier Algérien (à tendance 
        autonomiste )' Travail (C.G.T.), Combat (gaulliste, dirigé deux 
        ans dans la clandestinité par MM. Capitant et Viard), Unir (anti-communiste), 
        Les Cahiers anti-racistes, Honneur et Patrie (anciens combattants), Regain 
        (prisonniers et jeunes combattants), Le Canard sauvage et Le Crochet (humoristes), 
        Rafales et T.A.M. (magazines d'informations).
 
 Renaissances et la Revue Économique et sociale étudièrent 
        plus particulièrement sous l'angle juridique le problème 
        de la résurrection Française.
 
 A la suite du discours prononcé à Constantine par le général 
        de Gaulle le 12 décembre 1943, puis des travaux de la conférence 
        de Brazzaville, dont le compte rendu fut publié à Alger, 
        ainsi que des séances d'études du Centre des Hautes Études 
        Musulmanes, et de celles de la Direction des Réformes du Gouvernement 
        Général de l'Algérie, divers périodiques ont 
        esquissé des solutions possibles au problème de l'Union 
        française.
 Parallèlement à ces travaux, les événements 
        ont, en des multiples domaines, facilité une importante confrontation 
        des efforts français avec ceux des alliés. Faite d'abord 
        au sein des associations France-Grande-Bretagne-États-Unis et France-U.R.S.S., 
        puis au cours de conférences dont les textes ont été 
        réunis en trois volumes sous le titre de Conférences d'Alger 
        par le recteur Laugier, cette confrontation a été surtout 
        mise en lumière grâce aux Centres de Documentation Alliés. 
        Signalons encore à ce propos, une exposition de la peinture anglaise 
        au musée des Beaux Arts et la naissance de deux quotidiens militaires 
        alliés : Stars And striges (résurrection de celui de 1914-1918) 
        et L'Union Jack.
 
 En cette période de guerre et de fermentation des idées 
        politiques, la littérature apporte sa contribution au renouveau 
        spirituel. Tandis que la revue Fontaine continue sa brillante carrière 
        on voit naître L'Arche, publiée par les soins de Jean Amrouche, 
        de Jacques Lessaigne et sous le patronage d'André Gide que les 
        armées victorieuses ont trouvé dans Tunis libéré 
        et qui dans le premier numéro (alors édition " Alger 
        - Paris ") appelle de ses vux l'apparition " d'hommes 
        nouveaux dans un monde nouveau ".
 
 La Nef qui recherche toutes " les occasions de s'engager en esprit 
        et dans les faits " pour le " combat et la reconstruction ".
 
 Ces jeunes revues, qu'animent tant de jeunes auteurs, trouvent de courageux 
        éditeurs algériens parmi lesquelles un tout jeune plein 
        d'allant : Edmond Charlot. Ces éditeurs font paraître en 
        outre un' nombre impressionnant d'ouvrages. Citons ici Attendu que... 
        et le journal d'André Gide, Les Arts de littérature et un 
        André Gide, d'Hytier, une Ode à la France, de Ch. Morgan, 
        Le Mas Théotime, de Bosco (prix Théophraste Renaudot), Travail 
        d'Homme, d'Emmanuel Roblès (prix populiste et en 1942, Grand Prix 
        littéraire de l'Algérie avec Edmond Brua), fronda des Chiens, 
        de Lamy d'Alcantara (Grand Prix Littéraire de l'Algérie 
        1943 avec M. Zenati et Mme L. Jean-Darrouy qui a écrit Au pays 
        de la mort jaune, histoire romancée des temps héroïques 
        de la colonisation), Képis bleus, d'un officier des Territoires 
        du Sud, le commandant Lanev.
 *** Après la victoire, s'est ouverte cette période 
        actuelle où les Français, d'accord sur les grands principes, 
        avaient encore à fournir un travail de mise au point. Il restait 
        à arrêter les modalités d'application de ces principes, 
        et à reprendre dans la paix une vie rénovée par la 
        grande épreuve qu'ils venaient de traverser.
 Le Gouvernement a quitté l'Algérie pour regagner la Métropole 
        et en même temps que lui, les membres de l'Assemblée Consultative, 
        de nombreux écrivains, réfugiés ou algériens, 
        les grandes revues et quelques hebdomadaires nés sur ce sol algérien.
 
 La vie reprenant son rythme normal, le principal foyer de l'intellectualité 
        en Algérie va redevenir comme par le passé la Faculté 
        d'Alger, seule Faculté française d'Outre-Mer.
 
 L'Université a retrouvé ses étudiants et ses professeurs, 
        ses salles de cours. Elle décuple son activité, préparant 
        la scolarisation des masses musulmanes rurales, réorganisant les 
        médersas et créant un " Institut d'Études Supérieures 
        Musulmanes ", " première réalisation d'une Université 
        musulmane au sein de l'Université française ", créant 
        aussi une " École pratique d'Études arabes " pour 
        répandre toujours plus largement l'enseignement de cette langue.
 
 Mais elle a bien d'autre; activités, elle a donné le jour 
        à un " Institut d'Études Sahariennes ", un " 
        Institut d'Études Orientales ", un " Institut d'Urbanisme 
        " où les questions sont étudiées sous l'angle 
        nord-africain et colonial et qui sera appelé à établir 
        concurremment avec l'Institut d'Urbanisme de Paris les projets relevant 
        du Ministère de la France d'Outre-Mer. Un " Centre d'Étude 
        Politique et Administrative " a également été 
        créé près d'elle par l'École des Sciences 
        Politiques.
 
 Parmi les publications universitaires, il faut signaler la collection 
        d'une Bibliothèque arabe française, bilingue (arabe classique 
        et poésies populaires); le Bulletin des Études arabes (bimestriel), 
        la Revue Africaine et la Revue d'Alger, devenue Revue de la Méditerranée.
 
 Quant aux ouvrages scientifiques les plus récents indiquons : deux 
        volumes de l'Encyclopédie Coloniale et Maritime, consacré 
        à l'Algérie et au Sahara, une Encyclopédie algérienne, 
        publiée sous le titre de Documents Algériens, en fascicules, 
        par le Service d'Information du Cabinet du Gouverneur Général 
        de l'Algérie et la Berqrie musulmane et l'Orient au moyen âge, 
        de M. G. Marçais.
 
 Le public qui s'intéresse à la culture musulmane a salué 
        la parution de la revue de langue française Es Salam, dirigée 
        par M. Boubakeur. De 194z à 1946 parut la revue de langue arabe 
        Es Nasr, qui s'adressait aux militaires.
 
 Les périodiques d'Algérie apportent un intérêt 
        croissant à l'étude de toutes les questions musulmanes.
 
 L'art, à son tour, abandonne aujourd'hui ses préoccupations 
        du temps de guerre. Les musées, après avoir réparé 
        les dégâts subis lors des bombardements aériens ou 
        par suite des réquisitions, sortent leurs trésors des abris 
        et rouvrent leurs portes. Le Musée 
        des Beaux-Arts expose ses nouvelles acquisitions. On doit à 
        son très actif directeur, M. Jean Alazard, la naissance d'une revue 
        Études d'Art. Le 
        Musée National Stéphane Gsell (Antiquités 
        algériennes, romaines et Art musulman) et le Musée 
        Franchet d'Esperey (musée de l'Armée) sont l'objet 
        de sérieux et vastes projets qui prévoient leur agrandissement 
        et la construction d'une École nationale des Beaux-Arts vraiment 
        digne de l'Afrique du Nord française.
 
 La villa Abd 
        El Tif reçoit à nouveau pour un séjour 
        de deux années (après concours) des artistes métropolitains.
 
 De nombreuses expositions de peintres et de sculpteurs prouvent la vitalité 
        d'un art nord- africain. Citons : le Salon des Orientalistes, celui de 
        l'Union des artistes de l'Afrique du Nord, une exposition de peintres 
        et miniaturistes musulmans (les uns directement influencés par 
        les écoles françaises, les autres fidèles à 
        la tradition musulmane), de céramistes, d'artistes en bois sculptés 
        et ferronneries, etc...
 
 Le Grand Prix littéraire de l'Algérie ainsi que le Grand 
        Prix Artistique vont être à nouveau attribués.
 
 En Algérie, comme en Tunisie et au Maroc, les Jeunesses Musicales 
        de France ont fait cette année un beau départ, aidées 
        par les sociétés de musique algériennes et particulièrement 
        par l' " Accord Parfait ", qui a donné une audition de 
        la " Damnation de Faust " de Berlioz.
 
 Le Conservatoire d'Alger prévoit une étude approfondie des 
        différents genres de musique arabe, berbère et andalouse.
 
 Le Théâtre Municipal d'Alger a traversé une période 
        très difficile pour avoir voulu vivre sans subventions. Aucune 
        troupe de la Métropole n'a pu encore traverser la Méditerranée; 
        mais des jeunes se sont mis courageusement à l'ouvrage : les étudiants 
        ont représenté Huit Clos de Sartre et, se joignant à 
        une autre troupe de jeunes, ils se proposent de monter des pièces 
        qui ont longtemps tenu l'affiche l'an dernier à Paris : Virage 
        dangereux et Une grande fille toute simple. Les étudiants musulmans 
        ont, eux aussi, joué avec succès quelques pièces 
        du répertoire arabe.
 Il s'est créé un cercle littéraire de jeunes et l'École 
        " Algérianiste " affirme qu'elle n'était qu'endormie.
 
 La Radiodiffusion a été réorganisée et vient 
        de lancer une revue de haute tenue Radio 46 (édition nord-africaine).
 
 Bien que ce rapide tableau des activités culturelles en Algérie 
        pendant la dernière guerre et après la victoire soit par 
        lui-même assez éloquent, il serait cependant des plus incomplet 
        si nous ne laissions la parole aux intellectuels d'Algérie et ont 
        défini les aspirations des populations de ce pays.
 
 M. Jean Amrouche, poète d'origine berbère, directeur de 
        L'Arche, a étudié dans une conférence faite à 
        l'Association France-Grande-Bretagne-États-Unis et publiée 
        dans le tome II des Conférences d'Alger, l'" Action de la 
        pensée française en Afrique du Nord ".
 
 M. Saadeddine Bencheneb professeur à la Médersa, chargé 
        de cours à la Faculté de Lettres et qui, en 1944, après 
        la parution de son recueil de Contes d'Alger, partagea avec le Commandant 
        Lehureaux, le Grand Prix littéraire de l'Algérie, a, dans 
        un article publié par la Revue d'Alger et, en septembre 1945, par 
        les Cahiers de l'Est de Beyrouth, mis en lumière l'" Influence 
        de l'esprit français sur l'Orient arabe ".
 
 Ces deux écrivains nous redisent excellemment que la pensée 
        française qui " s'inscrit partout en Afrique du Nord a également 
        formé une importante partie de l'élite du monde arabe moderne, 
        " ouvrant les intelligences aux problèmes humains et les cursà 
        des sentiments oubliés ou ignorés ". L'élite 
        musulmane a " les yeux tournés vers la France ".
 
 Quant aux uvres de langue française des Français d'Algérie, 
        qu'ils soient autochtones naturalisés ou d'origine métropolitaine, 
        tout en s'insérant dans notre littérature, elles appontent 
        des résonances très méditerranéennes et très 
        nord-africaines.
 
 En effet même si comme Lucienne Favre, Rose Celli, Jean Amrouche, 
        Gabriel Audisic Albert Camus, René Jean Clot, Max Pol Fouchet, 
        Claude de Fréminville, Jean Grenier, Mouloudji (Prix de la Pléiade), 
        Roire, Jules Roy... malgré les efforts de décentralisation 
        culturelle ils sont " montés " vers Paris, ils gardent 
        leur " fidélité nord-africaine " et restent les 
        fils d cette Algérie, " France nouvelle ", tant ils sont 
        marqués par ce pays, sa luminosité, les approche de sa mer 
        si souvent bleue, de son désert si dépouillé et cependant 
        ci captivant et tant ils si sont enrichis de la confrontation des deux 
        civilisations qui vivent ici en symbiose, l'Orient e l'Occident.
 
 Tous ces intellectuels sont prêts à approuver cette déclaration 
        faite par M. Gabriel Audisi( dans son livre Amour d'Alger et reprise récemment 
        dans un magistral' article qu'il a donné l'Encyclopédie 
        coloniale et maritime : " Je n'ai à peu près rien écrit, 
        prose ou vers, qui ne fut plus ou moins inspiré par l'Algérie. 
        " Volontiers ils contresigneraient cette réponse à 
        un interview du Littéraire, parue le 1 o août 1946, faite 
        en termes presque identiques et en leu nom, par M. Albert Camus à 
        son retour de New-York : " Je n'écrirai rien qui ne soit en 
        quelque mesure lié à cette terre dont je proviens; et, si 
        l'on veut, à tout prix, me rattacher à une école 
        parlons d'une école nord-africaine. Le côté nord-africain 
        m'importe plus que le reste, c'est en lui que s'exprime ma sensibilité 
        la plus personnelle. "
 HENRI MARÇAIS. |