| S'étendant sur une superficie de 2.196.000 km2, 
        soit environ quatre fois celle de de la France, l'Algérie a nécessité 
        pour satisfaire à ses besoins vitaux un ensemble de travaux publics 
        particulièrement important.
 Si l'on tient compte de ce qu'en 1830 tout était à créer, 
        que les sujétions militaires de l'époque ont entravé 
        dans une large mesure la mise en train et le développement des 
        travaux nécessaires, reportant ainsi leur extension au début 
        du siècle, on comprendra quelles répercussions ont pu avoir 
        les conditions exceptionnelles de pénurie engendrées par 
        la dernière guerre.
 Voies ferrées
 La modernisation du réseau qui devait être réalisée 
        progressivement à partir dut 1er janvier 1939 a été 
        arrêtée par la guerre, ce qui a augmenté les difficultés 
        techniques au cours des sept années qui viennent de s'écouler.
 
 Lorsque les Alliés débarquèrent le 8 novembre, le 
        réseau C.F.A 
        a ssurait de plus en plus difficilement le trafic nécessaire pour 
        permettre la vie ralentie de l'Algérie. Or, dès ce moment, 
        bien que privé des fournitures déjà réduites 
        de la Métropole, les circonstances lui imposèrent un effort 
        encore plus intense et duquel dépendit pour une large part le succès 
        de la campagne de Tunisie, puis à un moindre degré celui 
        de la campagne d'Italie. Cependant, grâce au dévouement du 
        personnel et aux apports alliés, le réseau réussit 
        non seulement à faire face aux exigences impérieuses de 
        la guerre, mais en 1946 sa situation s'améliorait et l'espoir de 
        reprendre sa marche vers la modernisation pouvait enfin renaître.
 
         
          |  Carte 
              chemins de fer algériens, |  
 Au 8 novembre, le stock de combustible était de z8.000 tonnes soit 
        45 jours de consommation au ralenti, et tomba même à 17.000 
        tonnes au 1 er avril 1943 (12 jours de consommation) au moment du trafic 
        le plus lourd. Il était de 45.000 tonnes (48 jours de consommation) 
        au 15 août 1946.
 
 Le débarquement du 8 novembre eu pour résultat immédiat 
        de priver les C.F.A. des modiques apports métropolitains. Les Alliés 
        leur vinrent en aide en important en 1943 des locomotives et des wagons, 
        mais en nombre insuffisant et pour une période relativement courte. 
        L'ingéniosité du personnel C.F.A. remédia heureusement 
        à l'énorme difficulté d'entretien en tirant le parti 
        maximum des matières rebutées et d'un outillage considérablement 
        usé. Le matériel put ainsi tenir.
 
 Et cependant malgré les difficultés croissantes, c'est en 
        plein effort de guerre que fut entreprise la mise à voie normale, 
        achevée fin 1945, de la voie 
        métrique reliant Oued Kéberit aux mines de phosphates 
        du Kouif (94 km), réalisation dont l'Algérie retirera un 
        avantage économique certain, surtout avec la perspective de la 
        mise en exploitation du gisement du Djebel-Onk.
 
 Pendant la même période, des travaux aussi importants que 
        la création de la gare de triage du Caroubier (Hussein-Dey) et 
        des faisceaux de manoeuvre de Ménerville, 
        du Kroubs, et de Duvivier, par exemple, étaient menés rapidement 
        à bonne fin.
 
 Le 4 février 1946, M. le Gouverneur général Yves 
        Chataigneau, après une étude minutieuse du problème 
        décidait de faire construire une voie ferrée de o m. 6o 
        (15o km) reliant l'oasis d'El Oued à celle de Still (Territoire 
        de Touggourt) afin d'assurer dans des conditions avantageuses un trafic 
        jusque-là soumis à des sujétions défavorables. 
        En août 1946, après une réalisation particulièrement 
        rapide des travaux, les premiers trains circulaient entre Still et El 
        Oued et la ligne sera incessamment mise en exploitation.
 
 Bilan suggestif qui montre que l'Algérie a su surmonter les difficultés 
        et même créer en des périodes particulièrement 
        difficiles. Bilan qui laisse bien augurer de la reconstitution du réseau.
 
 L'effort portera sur le doublement des voies uniques, l'électrification 
        de certains tronçons et l'extension vers le sud de certaines voies 
        ferrées algériennes.
 
 Un programme de 37 locomotives Diesel électriques est en cours 
        d'exécution et quinze de ces engins doivent être livrés 
        avant la fin de l'année, les autres courant 1947. De nouvelles 
        acquisitions pour trains de voyageurs, légers et accélérés, 
        sont à l'étude et leur réalisation portera sur 1947-1948.
 
 Orientée vers les besoins nouveaux de l'après-guerre et 
        les réalisations destinées à la mise en valeur des 
        richesses de l'Algérie, l'Administration des chemins de fer algériens 
        s'attachera à donner la solution la mieux adaptée à 
        tous les problèmes que pose l'équipement du pays en moyens 
        propres à l'exploitation de ses ressources.
 
 LES PORTS. -
 
 La côte algérienne, sur un développement de 1.000 
        kilomètres environ, ne présente que très peu de rades 
        sûres trois seulement en effet paraissent dignes de ce qualificatif, 
        celles de Mers-el-Kebir, 
        Arzew et Bougie. C'est dire que tous les ouvrages portuaires ont exigé 
        des travaux de protection importants et c'est dire aussi que tout ce qui 
        existe à l'heure actuelle est l'oeuvre du génie français.
 
         
          |  Mers-el-Kébir, un aspect 
              des travaux. |  Philippeville, Bougie assurent un trafic appréciable tandis que 
        Nemours, Beni-Saf, 
          
        Arzew, Ténès, Cherchell, Tipaza, Dellys, Tigzirt, 
        Port-Gueydon, Djidjelli, Collo, Herbillon et La 
        Calle, apportent aux populations l'appoint de leurs pêches.
 
 En 1939, les installations portuaires importantes assurent dans des conditions 
        normales le trafic courant de l'Algérie. Après cette date 
        les travaux d'extension sont presque complètement stoppés, 
        à l'exception de ceux de Mers-el-Kebir destiné à 
        devenir un grand port militaire méditerranéen, et le manque 
        de matériel se fait rapidement sentir.
 
 Avec les événements du 8 novembre, les ports algériens 
        entrent véritablement dans la guerre et vont y jouer pendant deux 
        ans un rôle prépondérant. Soumis dès ce moment 
        à des bombardements incessants, Bône a ses installations 
        d'embarquement de minerai entièrement détruites et Philippeville 
        voit son trafic considérablement réduit. Les ports de l'ouest 
        par contre, placés sous le commandement britannique, entrent à 
        nouveau dans l'effort de guerre allié avec un concours français 
        qui s'affirme et s'accroît progressivement. D'importants débarquements 
        de troupes et de matériel ont lieu sans arrêt dans les ports 
        d'Alger, d'Oran, de Mers-el-Kebir et d'Arzew, avec 
        des pointes lors des opérations
 de Tunisie (janv.-févr. 1943), lors du débarquement de Sicile, 
        (juin, juillet 1943) et enfin lors du débarquement en France (août-septembre 
        1944).
 
 Les périodes les plus actives furent celles de février 1943 
        où l'on enregistra à Alger une arrivée de 42 cargos 
        le même jour et celle de juin-juillet 1943 au cours de laquelle 
        on vit jusqu'à 210 bâtiments à la fois dans ce même 
        port.
 
 S'exerçant avec une main-d'oeuvre souvent sous-alimentée 
        dont les cadres étaient réduits par une mobilisation sévère 
        et avec un matériel usé difficilement réparable, 
        l'effort français, dans tous les ports d'Afrique du Nord a été 
        particulièrement méritoire au cours de ces deux années 
        pendant lesquelles l'appareillage mécanique se révéla 
        nettement insuffisant pour des périodes d'exploitation intensive.
 
 Actuellement, les ports algériens dont le trafic avait décru 
        vers la fin de l'année 1944> ont repris avec leur physionomie 
        du temps de paix, une activité appréciable. Un certain nombre 
        de bateaux sabordés, en réparation ou incorporés 
        dans le pool allié ont repris successivement leur place dans la 
        flotte algérienne. Les installations d'embarquerment de minerai 
        de fer et de phosphates de Bône entièrement détruites 
        par les bombardements ont été reconstituées provisoirement 
        et les travaux de protection du port de Mers-el-Kebir se poursuivent. 
        Malgré le manque de main-d'uvre qualifiée, de futailles 
        et de sacherie, la cadence moyenne journalière de déchargement 
        atteint 2.000 tonnes et pourra être
 dépassée, même dans, les ports secondaires dépourvus 
        d'outillage mécanique.
 
 Ainsi, lentement, après l'effort fourni, la vie des ports s'améliore. 
        Les travaux de développement ou de renforcernent d'ouvrages de 
        protection reprennent et le vaste programme établi concernant l'appareillage 
        mécanique des ports algériens sera réalisé 
        progressivement, dans la limite des contingents de matières et 
        de devises mises à la disposition de l'Algérie.
 
        
          |  Mise à voie normale |  |