| Une pluviométrie capricieuse, 
        une évaporation intense, des oueds aux débits inégaux 
        créent un régime hydraulique soumis à de très 
        fortes irrégularités : irrégularités inter 
        annuelles dont un exemple désastreux fut la sécheresse persistante 
        des dernières années de guerre, irrégularités 
        annuelles dues aux régimes particuliers des oueds dont les eaux 
        bondissantes en saison de pluies, se réduisent pendant la saison 
        sèche à un mince filet boueux et à quelques flaques 
        croupissantes ou disparaissent complètement laissant à nu, 
        ourlé de lauriers-roses, un lit tourmenté encombré 
        de blocs et de galets. 
        
          |  Barrage de Beni Bahdel Collection B.Venis
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 La construction de barrages a précisément pour objet de 
        dompter les eaux sauvages de ces oueds en régularisant tout au 
        moins leur cours annuel au profit de l'agriculture et de l'industrialisation 
        algérienne : la première leur est redevable de l'irrigation 
        de ses terres, la seconde, de la production des forces hydro-électriques. 
        L'effort pour améliorer le régime des eaux envisagé 
        d'abord au point de vue agricole a porté en Algérie du Nord 
        sur les plaines alluvionnaires qui tout en couvrant une superficie de 
        400.000 hectares ne représentent en fait qu'un pour cent des terres 
        productrices sur l'ensemble des trois départements algériens.
 
 Onze barrages ( voir sur ce site 
        : barrages) 
        réservoirs sont actuellement en service, dont trois dans le département 
        d'Alger : celui du Hamiz, du Ghrib et de l'Oued Fodda; cinq dans le département 
        d'Oran : celui de Bakhade de Bou-Hanifia, des Béni-Bandel, des 
        Cheurfas et de l'Oued Fergoug; enfin, trois dans le département 
        de Constantine : barrages des Zardezas, de Foum-el-Gueiss et de l'Oued 
        Ksob.
 
 Tous ces ouvrages, à l'exception de ceux du Hamiz (1883) des Cheurfas 
        (188x) et l'Oued Fergoug (1871), ont été construit après 
        1921 et d'ailleurs modifié par la suite; c'est 
        assez dire l'effort accompli par l'Algérie depuis une vingtaine 
        d'années dans le domaine de l'équipement agricole.
 
 Les trois barrages anciens n'avaient pour but que d'accumuler l'eau l'hiver 
        pour la restituer l'été. Les nouveaux barrages, de conception 
        moderne, ont été construits, par contre, de manière 
        à pouvoir assurer, aussi souvent que possible, une régularisation 
        interannuelle. Telles sont les dimensions des réservoirs qu'elles 
        permettent d'accumuler l'eau excédentaire au cours des années 
        de grande humidité, afin qu'on en puisse disposer ensuite avec 
        sûreté, au cours des années de sécheresse.
 
 A l'heure actuelle, la réserve totale accumulée dans les 
        grands barrages atteint environ 460 millions de mètres cubes (qui, 
        moyennant quelques travaux de surélévation, pourront être 
        portés à 720 millions de m3) quantité suffisante 
        à l'irrigation de 170.000 hectares.
 
 C'est donc environ la moitié des plaines alluvionnaires algériennes 
        qui sont désormais susceptibles de bénéficier d'une 
        irrigation rationnelle.
 De plus, le plan décennal d'équipement de l'Algérie, 
        qui a été établi sous l'impulsion de M. le Gouverneur 
        Général Chataigneau, comporte au titre des travaux hydrauliques, 
        à côté de l'aménagement et de l'extension des 
        périmètres irrigables, la construction de 8 nouveaux barrages, 
        situés respectivement sur l'oued El Faht, près d'Uzès-le-Duc 
        (dép. d'Oran) sur l'oued Sarne près des Trembles (dép. 
        d'Oran), sur l'oued Meffrouch, près de Tlemcen, 
        sur l'oued El-Abd, près de Uzès-le-Duc, à Foumel-Cherza, 
        dans l'Aurès (dép. de Constantine), à la Fontaine-des-Gazelles, 
        près d'El-Kantara 
        (dép. de Constantine), sur la Bou-Namoussa, dans la 
        plaine de Bône, sur l'oued Isser, près de Palestro 
        (dép. d'Alger). On envisage d'autre part, la surélévation 
        des barrages de l'oued El-Ksob et de Bakhadda.
 
        
          |  Barrage du Hamiz
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 Grâce à ces travaux, le nombre des irriguants sera vraisemblablement 
        doublé. Il est facile d'imaginer les transformations que. peut 
        apporter à l'Algérie du Nord un tel accroissement de ses 
        ressources en eau.
 
 L'important programme qui a pour objet &utiliser au mieux les eaux 
        d'irrigation dans les Territoires du Sud comporte un triple aspect :
 Irrigation par épandage (barrage de dérivation et grandes 
        séguias);
 
 Régularisation des oueds par barrages-réservoirs : l'oued 
        Seggeur, l'oued Namous;
 
 Utilisation des nappes souterraines. La nature et la dispersion des travaux 
        dont dépendra l'exploitation de ces eaux, exigeront l'électrification 
        complète des Zibans et de l'oued R'hir. Le problème est 
        d'ores et déjà à l'étude en collaboration 
        avec le Service de l'électricité.
 
 Outre ces travaux, destinés à assurer la sécurité 
        aux oasis et à régénérer des palmeraies dépérissantes, 
        il y a, au nord de la région de Tolga, d'heureuses perspectives 
        pour le développement de cultures diverses, à la faveur 
        d'une nappe phréatique susceptible d'être captée. 
        Il n'est pas douteux qu'on pourrait faire prospérer cette région 
        par la plantation d'arbres fruitiers de toute sorte, ainsi que par la 
        culture de légumes en primeurs, de coton etc...
 
 Les résultats de ces travaux seront considérables. Tout 
        semble indiquer, en effet, que l'Atlas Saharien ou le pré-Sahara 
        pourraient nourrir dans de bonnes conditions environ 100.000 familles, 
        si la culture des céréales y était rationnellement 
        combinée avec l'élevage. Quand on sait comment, dans des 
        conditions, est vrai plus que précaires, une population nombreuse 
        réussit à subsister dans ces contrées en vivant d'un 
        élevage et de cultures encore rudimentaires, on peut estimer que 
        ce sont 70.000 familles de plus qu'y pourront faire vivre, dans des conditions 
        améliorées, les installations et aménagements prévus. 
        Les travaux projetés comportent donc dans ces régions une 
        incidence humaine qui est loin d'être négligeable.
 
 La politique hydraulique telle qu'elle se dégage du plan décennal 
        d'équipement s'intègre dans la politique économique 
        et générale de l'Algérie. Il ne s'agit plus de dresser 
        des catalogues successifs et, plus ou moins complets et critiquables des 
        travaux à accomplir. L'effort en matière d'hydraulique est 
        méthodiquement concerté avec d'autres efforts en d'autres 
        domaines. C'est ainsi que sont associés les concours du forestier 
        qui reboise, de l'ingénieur qui construit, de l'agronome qui guide 
        dans le choix des cultures et détermine les dates et l'abondance 
        de l'irrigation, du financier et de l'industriel qui contribue à 
        l'essor économique du pays.
 
 Cette politique de l'eau résulte donc de la coordination méthodique 
        de tous les moyens d'action dont dispose l'Algérie. Elle se réalise 
        par la collaboration des techniciens de l'Administration, des Assemblées 
        élues, des cultivateurs, des industriels.
 
 La question de l'eau, comme toutes celles qui se posent en Algérie, 
        ne pouvait être résolue que par cette souple et persévérante 
        politique d'association.
 
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