| DIFFICULTÉS INITIALES 
        DU RECRUTEMENT
 En 1865 à 1885, le problème du recrutement des élèves-maîtres 
        se posa, lors de chaque concours, à l'École Normale d'Alger. 
        On se souvient que les deux premières promotions furent composées 
        à l'aide de candidats recrutés surtout en France. Par la 
        suite, l'École parvint, sans trop de peine, à trouver en 
        Algérie, les éléments européens qui constituaient 
        l'unanimité - ou presque - de l'effectif des élèves. 
        Mais en 1871, " le recrutement sur place devient de plus en plus 
        médiocre comme concurrence et comme préparation. Il y aura 
        lieu, cette année très probablement, de demander à 
        M. le Ministre de l'Instruction Publique de nous envoyer quelques-unes 
        des recrues de nos Écoles Normales de France pour compléter 
        le personnel des boursiers de l'École Normale d'Alger ". C'est 
        ce que l'on devait faire pendant de nombreuses années. En 1881, 
        par exemple, pour compléter la promotion entrante, l'École 
        appela de France MM. Décès, Marra, Despugeol, Arnaud, Rolland, 
        Combet, Garabige, Durand et Gasc.
 
 L'année suivante, devant le Conseil d'Administration, l'Inspecteur 
        d'Académie déclare que " le nombre des candidats 
        à l'École Normale décroît constamment en Algérie 
        ". Comme " raison de cette disette ", il " 
        pense que le peu d'empressement que mettent les familles à rechercher 
        pour les jeunes gens les fonctions de l'enseignement tient à ce 
        que les traitements des instituteurs d'Algérie ne sont pas en rapport 
        avec les difficultés de la vie, que les instituteurs algériens 
        n'ont pas, comme leurs collègues de France, un classement qui leur 
        assure un avancement donné au bout d'un temps déterminé 
        ; qu'il en résulte alors que les fonctions d'instituteur n'assurent 
        pas à celui qui les accepte une carrière certaine conduisant 
        à un but très connu, et que cette incertitude de l'avenir 
        est une des raisons majeures qui empêchent les Algériens 
        de se diriger du côté de l'enseignement ". Il cite 
        à l'appui de ses dires l'exemple " d'instituteurs ayant 
        vingt-cinq ans de services et n'ayant touché autre chose que le 
        traitement minimum de 1.500 frs ". Effectivement, cette année 
        1882, sur quinze élèves à admettre en première 
        année, le concours d'admission n'avait pu en accueillir que neuf. 
        On en appelle encore six de la Métropole ( Il y 
        a lieu de remarquer que les candidats du département de Constantine 
        trouvaient depuis 1878 une École Normale à Constantine.). 
        Ce n'est qu'à partir de la session de juin 1923 que l'École 
        a pu recruter sur place tout son effectif d'élèves ; la 
        promotion 1922-1925 compte encore cinq métropolitains pour trente 
        et un algériens.
 
 LE COURS NORMAL INDIGÈNE
 
 En 1883, le problème du recrutement reçoit un commencement 
        de solution, grâce à la création du Cours Normal Indigène 
        (Un autre Cours Normal fonctionna, pendant 14 ans, auprès 
        de l'École Normale de Constantine. En 1897, ses élèves 
        furent versés au Cours Normal de Bouzaréa.) et d'une 
        Ecole primaire supérieure annexée à l'Ecole Normale. 
        Rappelons à ce sujet que, depuis la fondation de l'Ecole, et bien 
        que l'arrêté ministériel du 3 août 1865 ait 
        prévu que " l'élément indigène devait 
        figurer dans la proportion d'un élève musulman contre deux 
        européens ", il avait été à peu près 
        impossible d'observer les prescriptions ministérielles : trois 
        élèves indigènes figurent dans la première 
        promotion (15 janvier 1886), un seul l'année suivante, un encore 
        en 1867 et en 1868, deux en 1869... Les écoles arabes- françaises 
        d'alors étant incapables de former les candidats à l'Ecole 
        Normale, on avait songé à les admettre dans une classe de 
        l'Ecole annexe, qui devenait une sorte d'école préparatoire. 
        Devant la presque impossibilité de trouver, comme élèves-maîtres, 
        des indigènes capables de suivre avec profit l'enseignement de 
        l'Ecole, l'Administration se rallie à une formule plus simple : 
        le Cours Normal se recrute après concours, entre candidats indigènes 
        pourvus du certificat d'études et " même " du brevet 
        élémentaire. Les premiers devaient fournir des moniteurs, 
        les seconds, des adjoints indigènes pour les cours inférieurs 
        des écoles primaires.
 
 Le premier Cours Normal (1883-1884) 
        compta douze élèves dont deux brevetés. Il fallait 
        de toute urgence, en raison de l'augmentation de l'effectif, songer à 
        la reconstruction de Mustapha. Des plans furent dressés par M. 
        Guiauchain, architecte départemental. Lors de leur examen par le 
        Conseil d'Administration, un membre du Conseil, le Commandant Rinn, présenta 
        une observation intéressante : " ...pour le logement des 
        élèves- maîtres, le Commandant Rinn s'étonne 
        qu'on ait traité les élèves-maîtres indigènes 
        autrement que les élèves-maîtres français. 
        On a réuni les uns dans un dortoir, tandis que les autres ont une 
        chambrette particulière. Il expose que le seul moyen d'amener à 
        nous complètement les indigènes est de ne pas les soumettre 
        à un régime exceptionnel ". Ainsi, ajoute-t-il, 
        " on ne les nourrit pas comme les autres, on ne les habille pas 
        comme les autres, on ne les loge pas comme les autres. L'honorable membre, 
        qui a fait toute sa carrière en Algérie, ajoute qu'il faut 
        résolument traiter les indigènes comme les français 
        ".
 
 La suite de la discussion jette un jour curieux sur les habitudes des 
        élèves du Cours Normal en 1883. En effet, le directeur, 
        M. Cadoret objecte que " l'idée du dortoir pour les indigènes 
        lui est venue à la suite de l'expérience déjà 
        faite sur les indigènes en 1883. Ceux-ci, malgré leur esprit 
        de docilité, ont médiocrement profité de leur séjour 
        à l'Ecole en ce qui touche leurs façons de vivre. Les instants 
        de liberté dont ils jouissent les jours de sortie ne sont pas utilisés 
        par eux à frayer avec leurs camarades français. L'idée 
        de régler leur allure sur celle des élèves français 
        ne leur vient même pas. Ils ne paraissent pas se soucier de l'importance 
        de la tenue extérieure, de la propreté des vêtements 
        et des diverses manières d'être qui constituent chez nous 
        un homme ayant reçu un commencement d'éducation. Le directeur 
        ne croit pas, à cause de la lenteur des résultats, qu'il 
        faille renoncer à en obtenir, mais il pense que l'assimilation 
        complète des français et des indigènes, dès 
        leur entrée à l'Ecole Normale, n'est pas la meilleure ligne 
        de conduite à adopter. C'est pour cela qu'il a préféré 
        un dortoir où la surveillance du maître peut s'exercer facilement, 
        où il est possible de donner à l'un sur la manière 
        de se tenir, des conseils qui profitent à tous, où l'exemple 
        des uns entraîne les autres, à des installations particulières 
        qu'il faudra étroitement surveiller... "
 
 Il semble cependant que ces premiers élèves du Cours Normal 
        aient montré des dispositions d'esprit assez ouvertes à 
        la vie européenne. Car, au cours de la même séance, 
        le Conseil d'Administration considérant qu'" un certain nombre 
        d'indigènes admis en octobre 1883 ont manifesté le désir 
        de porter le même uniforme que leur condisciples français, 
        émet le vu qu'une démarche soit faite auprès 
        de M. le Gouverneur général pour obtenir que son arrêté 
        de 1883 réglant l'uniforme des élèves du Cours Normal 
        Indigène soit modifié dans le sens des observations qui 
        précèdent" (Ce n'est qu'en 1910 que 
        l'uniforme du Cours Normal " si laid avec sa veste abricot, d'un 
        entretien assez difficile à cause des soutaches qui l'ornent ", 
        mal ajusté à la taille, fut remplacé par une veste 
        bleue plus seyante, rappelant celle des lycéens. On conservait 
        la chéchia. Spirituellement, le directeur signalait d'ailleurs 
        qu'il avait dû, non sans regret, " habiller en indigène 
        un élève qui lui était arrivé avec un costume 
        européen ").
 
 De la date de sa création à celle de sa disparition (1924), 
        le Cours Normal a, quant à la durée de la scolarité, 
        subi diverses fluctuations. Tout au début, il comporta deux années 
        d'études, puis trois (décret du 18 octobre 1892), puis quatre, 
        de 1893 à 1908 ; on revint enfin à trois années de 
        scolarité. A la fin de leur seconde année, les élèves 
        du Cours Normal se présentaient au Brevet Élémentaire. 
        Ceux qui échouaient n'étaient que moniteurs. Ceux qui étaient 
        admis, la presque totalité, à partir de 1905, passaient 
        seuls en troisième année, où ils accomplissaient 
        leur préparation professionnelle tout en complétant leur 
        culture générale, principalement en langue française. 
        Ils étaient ensuite nommés adjoints indigènes. Un 
        certain nombre d'entre eux devenaient élèves de l'Ecole 
        Normale et continuaient leur scolarité jusqu'à la possession 
        du Brevet Supérieur. Huit cents indigènes à peu près 
        sont passés par le Cours Normal, à raison, en moyenne, de 
        vingt par promotion.
 
 KABYLES ET ARABES
 
 Pendant longtemps, seules ou à peu près, les écoles 
        kabyles fournirent au Cours Normal son contingent principal. En 1911, 
        le Rectorat désirant, pour les écoles qu'il ouvrait en pays 
        arabe, voir entrer, si possible, des arabes au Cours Normal, on ne put 
        cependant, sur cent vingt-sept candidats (soixante-et-un arabes et soixante-six 
        kabyles) retenir que quatorze noms, les treize premiers reçus étant 
        kabyles ; seul, le dernier était arabe. Or, remarquait M. ab o 
        der Halden dans une lettre au Recteur, " je n'ai pas besoin de 
        rappeler combien il est difficile d'acclimater un kabyle au milieu des 
        populations du Sud ou de l'Oranie. Si bien que le Cours Normal ne nous 
        fournit pas les auxiliaires dont vous avez besoin, et que n'ayant pas 
        la possibilité de transformer en arabes les kabyles que je reçois, 
        ces deux éléments n'étant point interchangeables 
        comme se le figurent peut-être des anthropologistes en chambre, 
        je vous fournis, d'année en année, 
        de plus en plus de kabyles dont vous n'avez aucun besoin et de moins en 
        moins d'arabes dont le besoin se fait sentir ". 
        Sans doute, des cours complémentaires se créent-ils en pays 
        arabe, mais pour juin prochain " nous sommes menacés d'une 
        nouvelle invasion berbère ". M. ab der Halden proposait donc, 
        avec raison, de diviser le Cours Normal en deux sections. D'année 
        en année, les élèves arabes progressèrent 
        en nombre et, en 1923, la proportion était renversée : sur 
        quinze indigènes entrés cette année-là, six 
        seulement étaient kabyles.
 
 En 1924, le Cours Normal ne fut plus recruté ; les indigènes 
        candidats instituteurs durent se présenter au même concours 
        que leurs camarades européens, et l'ancien Cours Normal devint 
        la Section Normale de l'Ecole Normale de l'Enseignement des Indigènes. 
        Elle compte à l'heure actuelle vingt élèves-maîtres 
        de deuxième et troisième année, et trente de première 
        année ; ces soixante-dix élèves se répartissent 
        entre trente-huit kabyles et trente-deux arabes.
 
 LA SECTION SPÉCIALE
 
 Autour des années 1880 et après le vote des lois françaises 
        sur la gratuité et l'obligation scolaire, l'enseignement primaire 
        des indigènes reçut, comme l'a écrit M. P. Horluc, 
        " une vive impulsion due à l'intérêt que des 
        hommes tels que Jules Ferry, Ferdinand Buisson, P. Foncin, A. Rambaud, 
        Marcellin Berthelot, Léon Bourgeois, se sont mis à lui porter 
        ". En mai 1879, au moment où Jules Ferry arrivait au Ministère 
        de l'Instruction Publique, il n'existait, à l'usage des indigènes 
        de toute l'Algérie, qu'une dizaine d'écoles, ne recevant 
        pas plus de 3.172 élèves. A la suite de missions de Stanislas 
        et Henri Lebourgeois, d'Emile Masqueray et Alfred Rambaud, Jules Ferry 
        décida, par décret du 9 novembre 1881, de créer aux 
        frais de l'Etat huit écoles en Kabylie (Dénommées 
        pour cela a écoles ministérielles), " de 
        toutes les parties de l'Algérie, la mieux préparée 
        à l'assimilation par le caractère, les murs et les 
        coutumes de ses habitants ".
 
 Pour la formation des maîtres des nouvelles écoles, fut organisée, 
        à Fort-National, une sorte de Section 
        Spéciale, sous la direction d'un ancien élève 
        de l'Ecole Normale de Bouzaréa, Eugène Scheer. Devenu instituteur 
        en Kabylie, ce " grand garçon de vingt-six ans, d'allure 
        à la fois modeste et décidée, connaissait si bien 
        le pays, pierre par pierre, homme par homme, que tous les indigènes 
        l'accueillaient la face épanouie en l'appelant " Sidi 
        Schir... " (A. RAMBAUD: Un de nos pionniers 
        en Afrique (Revue Bleue, 6 mai 1893).). Il devait, après 
        une carrière trop courte, et très belle, devenir Inspecteur 
        Principal des Ecoles Indigènes en Algérie. M. Verdy, qui 
        appartint à cette première Section, et arrivait de France, 
        a, dans un article fort curieux du Bulletin de 
        l'Enseignement des Indigènes (juillet 1908) raconté 
        les vicissitudes de cette année de préparation où, 
        sous l'autorité de M. Scheer, ses trois camarades, Mulin, Gilet 
        et Cartier, débarqués comme lui de la Métropole, 
        sans compter trois collègues algériens, Gorde, Michel et 
        Alaux, devaient s'initier à la langue kabyle, à la pédagogie, 
        aux moeurs et coutumes indigènes et à la médecine 
        pratique. Cette première tentative fut sans lendemain. D'ailleurs, 
        les trois " francaouis " regagnèrent l'année 
        suivante la France, et, écrit M. Verdy, " je restai seul 
        des " roumis ", comme nous désignaient quelquefois en 
        cachette nos collègues d'Algérie. En revanche, nous les 
        traitions de " larbis ". Cet enfantin usage n'altéra 
        jamais les bonnes relations que nous avions ensemble... "
 ***
 Il n'y eut, pendant sept ans, aucune préparation 
        particulière pour les maîtres qui, métropolitains 
        ou algériens, demandaient à servir dans l'enseignement des 
        indigènes. En 1891, un décret (20 octobre), créa, 
        à l'Ecole Normale de Bouzaréa, la 
        Section Spéciale, laquelle devait, parallèlement 
        au Cours Normal, former désormais le personnel de l'enseignement 
        des indigènes. Le nombre des sectionnaires, d'abord fixé 
        à quarante, subit comme celui des élèves du Cours 
        Normal, les fluctuations de cet enseignement. Il descendit à douze 
        en 1896, arriva même à six en 1900, remonta à treize 
        en 1903, à vingt en 1909, à trente en 1910. En 1919, il 
        est de vingt-sept. Il atteint aujourd'hui le chiffre le plus élevé 
        qu'il ait jamais réalisé : cinquante dont quarante anciens 
        élèves-maîtres sortants ou instituteurs des départements 
        métropolitains, et dix boursiers recrutés parmi les intérimaires 
        d'Algérie ou de France. En 1938, pour parer aux exigences du service, 
        la Section Spéciale comptera, sans doute, soixante élèves 
        et devra être dédoublée.
 Depuis sa fondation, la majorité des sectionnaires nous viennent 
        de la Métropole : en 1891, sur quarante élèves, les 
        départements de la Haute-Saône, de la Haute-Garonne, de la 
        Haute-Savoie, de la Dordogne, du Doubs... fournirent la plupart des sectionnaires 
        ; six algériens seulement figurent dans cette promotion. La valeur 
        moyenne intellectuelle et professionnelle des promotions de sectionnaires 
        qui se sont succédé, a pu varier selon les difficultés 
        ou les facilités qu'offraient les diverses inspections académiques 
        à laisser partir les jeunes maîtres candidats à Bouzaréa. 
        Jamais en tout cas, le zèle n'a, tout compte fait, manqué 
        à ces jeunes gens, et Bouzaréa peut être, autant que 
        des générations de ses élèves-maîtres 
        français et indigènes, fière des équipes qu'elle 
        a mises au service de l'enseignement des indigènes en Algérie.
 
 Depuis quelques années au surplus, le Rectorat reçoit un 
        assez grand nombre de demandes pour qu'il puisse, sans la moindre peine, 
        recruter la Section parmi les meilleurs des élèves-maîtres 
        sortants ou des jeunes instituteurs de la Métropole. Tous ont le 
        Brevet Supérieur ou le Baccalauréat, voir quelques-uns, 
        des certificats de licence ou même une licence complète. 
        Nous n'en sommes donc plus, comme cela se produisit au début de 
        l'institution, et surtout entre 1900 et 1910, à pourvoir la Section 
        Spéciale à l'aide d'éléments assez disparates 
        ; des " brevetés " 
        qui, faute d'emploi, travaillaient chez eux comme viticulteurs, forgerons, 
        comptables, agents auxiliaires des postes, des ponts et chaussées 
        ou des contributions ; un bon lot d'instituteurs libres; d'autres, encore 
        plus inattendus, comme cet adjudant de tirailleurs, de trente-six ans, 
        qui, après ses quinze ans de services, avait pris sa retraite. 
        S'il était, du reste, selon le directeur, la " conscience 
        même ", celui-ci portait un jugement moins favorable sur 
        le compte d'une recrue à la Section, ex-gendarme ! ! " 
        gros garçon plein de santé et que gagne l'embonpoint ; aussi 
        lourd d'esprit que de corps ;... esclave de la consigne, se souvient d'avoir 
        été gendarme... " Ce Pandore massif et obtus devait 
        être, en effet, un singulier Sectionnaire ! Ne nous en plaignons 
        pas trop puisque sa présence surprenante nous vaut d'introduire, 
        dans ces lignes un peu austères, une note agréablement humoristique.
 *** Jusqu'en 1910, et bien qu'ils constituassent depuis près 
        de vingt ans, les deux sections de l'Ecole Normale de l'Enseignement des 
        Indigènes, Sectionnaires et Elèves du Cours Normal s'ignorèrent. 
        Dépendant, les uns du directeur du Cours Normal, les autres du 
        directeur de l'Ecole Normale, chacun des deux groupes, logé aux 
        extrémités de l'interminable bâtiment de l'Ecole, 
        sans aucun contact entre eux, vivaient d'une existence tellement particulariste 
        que le Directeur de 1910 pouvait écrire : " ...un sectionnaire 
        peut sortir de Bouzaréa sans avoir une seule fois adressé 
        la parole à un élève-maître indigène... 
        ". Féconde en résultats fut donc la réforme, 
        préconisée et commencée par M. ab der Halden, qui 
        obligea ceux qui devaient vivre, sortis de l'Ecole, de la même vie, 
        à se rapprocher, à se connaître, à fraterniser 
        à l'Ecole même.
 Cette réforme était en pleine voie d'exécution lorsque 
        survint la guerre.
 
 LES ÉCOLES NORMALES D'ALGER-BOUZAREA
 
 Au lendemain des hostilités, l'arrêté du 10 janvier 
        1920, instituant à Bouzaréa une Ecole Normale à deux 
        sections, l'une française, l'autre indigène, toutes deux 
        pour l'enseignement des indigènes, incorporait le Cours Normal 
        à la nouvelle Ecole. Par son article premier, l'arrêté 
        précité déclarait que l'Ecole Normale d'Instituteurs 
        d'Alger-Bouzaréa, la Section Spéciale et le Cours Normal 
        qui lui sont annexés, seraient dorénavant désignés 
        sous le titre commun : " Ecoles Normales 
        d'Instituteurs d'Alger-Bouzaréa ". Un second arrêté, 
        du 22 février 1928, a, dans son article premier, remplacé 
        l'expression " Section Indigène 
        " par " Section Normale 
        ", laquelle reçoit exclusivement " des élèves 
        indigènes admis à la suite d'un examen d'aptitude ". 
        Ainsi se trouvait supprimé le recrutement qui n'avait d'ailleurs 
        eu lieu qu'une fois (promotion dite des " soixante-douze ") 
        d'élèves-maîtres français pour la Section Normale. 
        Ajoutons qu'au 1- octobre 1933, Oran ayant ouvert une Ecole Normale départementale, 
        Bouzaréa cessa alors de fournir des instituteurs pour l'enseignement 
        européen en Oranie.
 
 Restait à poursuivre le rapprochement des élèves-maîtres 
        indigènes et de leurs camarades de l'Ecole Normale de l'enseignement 
        des européens. Ce fut en 1928 que, grâce au directeur d'alors 
        : M. Dumas, aujourd'hui Inspecteur Général de l'Enseignement 
        des Indigènes, put être complètement réalisée 
        la réforme entreprise dès 1910. Connaissant aussi complètement 
        que possible cette Maison, tant comme ancien sectionnaire, que comme ancien 
        directeur de la Section Spéciale ; ayant d'autre part exercé 
        durant vingt années comme Inspecteur de l'Enseignement des Indigènes, 
        M. Dumas constatait à son arrivée que " le régime 
        intérieur, la durée des études, leur organisation 
        générale, les examens qui les sanctionnent en principe étant 
        les mêmes " pour les deux catégories d'élèves-maîtres, 
        il subsistait entre elles d'assez graves différences. " Le 
        temps, écrivait-il dans un article de la Revue 
        de l'Education (juillet 1930) n'est pas très lointain 
        où, parlant des élèves du Cours Normal, un de nos 
        prédécesseurs qui venait de prendre son service, était 
        obligé de faire les constatations suivantes :
 " On les tient soigneusement à l'écart de leurs 
        camarades européens dans l'intérêt de la moralité 
        générale et de la discipline, et j'ai le regret de constater 
        que le rapprochement ne se fait que par les mauvais élèves 
        des deux races. "
 
 " C'est sans doute sous l'empire de ces préventions que les 
        élèves- maîtres indigènes avaient leurs dortoirs 
        particuliers, leurs tables réservées dans le réfectoire, 
        leurs salles d'études distinctes. Dans l'enseignement, des séparations 
        arbitraires subsistaient aussi ; c'est ainsi que dans la pédagogie, 
        la psychologie, la sociologie, la morale, les jeunes indigènes 
        suivaient des cours à part. En somme, on hésitait à 
        réaliser pleinement une fusion qui allait à l'encontre des 
        idées reçues, même de certains textes règlementaires, 
        et il subsistait dans la vie intérieure de l'Ecole, un dualisme 
        tenace qui n'était en rapport ni avec la mentalité nouvelle 
        des élèves-maîtres, ni avec l'orientation actuelle 
        de l'enseignement primaire algérien.
 
 " Si, en effet, le décret de 1883 a jeté les bases 
        d'un enseignement indigène qui, par ses méthodes, ses programmes, 
        ses examens, son personnel devait se différencier de l'enseignement 
        français, des transformations profondes se sont produites depuis. 
        On parle d'un rapprochement des deux enseignements ; on parle même 
        de fusion, et, sans aucun doute, il y a là un courant nouveau qui 
        déterminera une adaptation progressive des institutions scolaires 
        aux besoins d'une population dont certains éléments sont 
        en voie d'évolution rapide... "
 
 Dans ces conditions, et pour hâter cette fusion si désirable, 
        M. Dumas expliquait comment, d'accord avec l'autorité académique, 
        il avait organisé la vie et les études des normaliens indigènes 
        et français de Bouzaréa : " ...Pénétré 
        de ces exigences, bien convaincu aussi des avantages profonds devant résulter 
        d'une communauté de vie pour des jeunes gens français et 
        musulmans, rapprochés par une culture identique et destinés 
        à collaborer à une même oeuvre d'éducation, 
        nous avons essayé de les mêler davantage.
 
 " Tout d'abord, les cours séparés de psychologie, de 
        sociologie, de morale, de pédagogie ont disparu, on a supprimé 
        des classes parallèles qui faisaient double emploi et les élèves-maîtres 
        indigènes ont rivalisé avec leurs camarades européens 
        dans ces études délicates comme dans toutes les autres disciplines.
 
 " En ce qui concerne le régime intérieur, dans les 
        salles d'étude, dans les dortoirs, dans les réfectoires, 
        dans tous les services de l'Ecole, même le service de surveillance, 
        nous avons mêlé ces jeunes gens, les mettant exactement sur 
        le même pied, les traitant de la même façon, sous réserve 
        de certaines pratiques religieuses traditionnelles. Officiellement, il 
        y a bien encore deux écoles normales à Bouzaréa, 
        mais la fusion s'est faite entre les élèves-maîtres 
        français et indigènes, qui fraternisent en bonne amitié, 
        pour le plus grand profit de tous, sans que ce régime, préparé 
        d'ailleurs par toute une évolution antérieure et qu'il a 
        suffi d'instaurer avec une confiance avertie, ait provoqué jusqu'à 
        ce jour le moindre heurt, ni le plus léger froissement... "
 
 Dans sa conclusion, le directeur de 1928 marquait bien qu'une telle organisation, 
        même ajustée aux besoins normaux " ne saurait être 
        considérée comme intangible. La préparation des maîtres 
        doit s'ajuster aux possibilités de recrutement, aux besoins économiques, 
        à l'évolution politique du pays ; dans une colonie jeune 
        comme l'Algérie surtout, des nouveautés, assez inattendues 
        parfois, se révèlent auxquelles l'éducation doit 
        s'adapter. Nous nous garderons d'anticipations aventureuses ; néanmoins, 
        il est manifeste qu'ici l'Ecole Normale française absorbe partiellement 
        l'Ecole Normale Indigène dont l'individualité n'a plus guère 
        qu'un caractère administratif. Selon toute vraisemblance, dans 
        peu d'années, il n'y aura plus, à Bouzaréa, qu'une 
        Ecole Normale pourvue d'une Section Spéciale ; les élèves-maîtres 
        musulmans ayant à peu près fusionné avec leurs camarades 
        français, ne figureront que pour mémoire sur l'état 
        de situation des effectifs ; ils continueront à bénéficier 
        de certaines facilités qui témoignent de l'intérêt 
        que leur témoignent les Pouvoirs publics ; leur formation sera 
        toujours l'objet d'une attention particulière, et orientée 
        selon les besoins d'une destination propre, mais devant collaborer à 
        une uvre d'éducation française, de plus en plus ils 
        seront élevés avec les Français, et comme les Français... 
        "
 
 Depuis 1928, donc, ayant subi les mêmes épreuves au concours 
        que leurs camarades européens, suivant les mêmes cours que 
        ces derniers, et passant comme eux le Brevet Supérieur, les élèves-maîtres 
        indigènes ont été répartis également 
        dans chacune des années dédoublées des trois promotions 
        de l'Ecole Normale proprement dite.
 
 L'ÉCOLE ANNEXE
 
 Pour la préparation professionnelle des élèves-maîtres, 
        l'Ecole Normale eut, dès sa création, son école annexe. 
        Celle de Mustapha s'ouvrit en mai 1866, compta dès son début, 
        une cinquantaine d'élèves et le double, deux ans plus tard. 
        Bien qu'elle eût été prévue comme école 
        arabe-française, M. Leduc regrettait " de ne voir dans 
        ses rangs aucun indigène ". Ce regret, nous le retrouvons 
        d'année en année, formulé dans tous les rapports. 
        Ainsi, en 1869: " Les écoles annexes ont été 
        établies auprès des Ecoles Normales pour former les élèves-maîtres 
        à l'art d'enseigner : ce sont, pour les futurs directeurs d'écoles, 
        des ateliers d'apprentissage. Or l'apprentissage peut-il donner les résultats 
        qu'on en espère, si l'apprenti se livre à des travaux qui 
        ne sont pas conformes à la profession à laquelle il se destine 
        ? En Algérie, il y a déjà bon nombre d'écoles 
        mixtes. Dans l'avenir et par la force même des choses, toutes les 
        écoles publiques deviendront mixtes, parce que cette transformation 
        des écoles est dans les besoins du pays et dans les nécessités 
        de notre politique dans la colonie. C'est donc en vue des écoles 
        mixtes qu'il faut former désormais les apprentis instituteurs. 
        Il serait important, à cet effet, qu'il y eût dans les rangs 
        de notre école annexe d'application un certain nombre d'élèves 
        arabes. Cela nous permettrait d'expérimenter avec les élèves-maîtres 
        les procédés spéciaux qu'il convient de mettre en 
        uvre dans les écoles d'européens et d'indigènes, 
        d'établir au point de vue des méthodes d'enseignement, des 
        règles et des traditions que les jeunes gens emporteraient à 
        leur sortie de l'Ecole Normale pour les propager dans toutes les Ecoles 
        de la Colonie. "
 
 Le transfert de l'Ecole à Bouzaréa a permis l'organisation 
        d'une classe indigène voisinant avec les trois classes d'européens, 
        dont la première est mixte en réalité. D'autre part, 
        ont été ouvertes une dizaine de classes d'application dans 
        les écoles d'El-Biar 
        et d'Alger (ancienne Ecole Fatah, aujourd'hui Ecole Carrière).
 
 LA QUATRIÈME ANNÉE
 
 Pour la préparation des cadres de l'enseignement primaire supérieur 
        masculin en Algérie, fut créée en 1909 une Quatrième 
        Année d'études (Lettres et Sciences). Cent quatre boursiers 
        en suivirent, de 1909 à 1935, les cours. Si elle ne fut jamais 
        nombreuse, cette Quatrième Année a fourni des résultats 
        très honorables. Elle fit recevoir à Saint-Cloud dix-neuf 
        élèves ; un Inspecteur d'Académie, un agrégé 
        de Sciences Naturelles, deux Directeurs d'Ecoles Normales, quatre Inspecteurs 
        primaires, deux Directeurs d'Ecoles Primaires Supérieures, trente-trois 
        professeurs d'Ecoles Normales ou d'E.P.S. et plusieurs maîtres de 
        cours complémentaires de nos Etablissements algériens du 
        second degré sont sortis de Bouzaréa : on peut regretter 
        que les difficultés budgétaires de ces dernières 
        années aient contraint l'Administration à supprimer en 1935 
        cette section supérieure qui complétait très heureusement 
        notre Ecole (Voir, dans les " Témoignages ", 
        l'étude de M. Disdet.).
 
 SITUATION DES EFFECTIFS
 
 De la fondation de l'Ecole au 30 juin 1937, sont passés par l'Ecole 
        : 1.691 élèves-maîtres européens ; 993 élèves 
        indigènes (Cours Normal ou élèves-maîtres) 
        ; 1.215 sectionnaires. Ne sont compris dans ces chiffres ni les 104 élèves 
        de 4e année, ni les 210 élèves et sectionnaires des 
        promotions actuelles. Au total, de 1866 à 1937, les Ecoles Normales 
        de Mustapha, puis de Bouzaréa ont instruit plus de quatre mille 
        maîtres de l'enseignement public algérien. Ce chiffre dispense 
        de tout commentaire.
 
 JULES FERRY ET BOUZARÉA
 
 C'est ainsi que l'histoire de l'organisation et du développement 
        de notre Ecole reflète le passé même de l'enseignement 
        primaire en Algérie ; mieux encore, le présent récit 
        est une illustration - et non des moins caractéristiques - de l'histoire 
        morale et sociale de l'Algérie depuis trois quarts de siècle. 
        Jusqu'à quel point, en effet, n'est-il pas exact d'interpréter 
        les chiffres progressifs de l'effectif de l'Ecole Normale européenne, 
        et plus encore, ceux, si changeants, du Cours Normal, de l'Ecole Normale 
        Indigène et de sa Section spéciale comme traduisant très 
        fidèlement, - excellent baromètre, - les diverses phases 
        de la politique de l'Algérie à l'égard de l'école 
        populaire, et même, tout court, les diverses étapes qui ont 
        jalonné la politique de la colonisation de l'Algérie ?
 
 1865: "Le moment est venu 
        de doter notre belle colonie d'Afrique d'une création qui répond 
        si bien aux besoins du temps... ", écrit le directeur 
        Leduc. L'Ecole est donc créée, mais, à peu de chose 
        près, ni son programme, ni son emploi du temps, ni son règlement 
        intérieur, ni l'uniforme de sec élèves, ni même 
        leur recrutement, ne la différencient sensiblement - on l'a vu 
        - des Etablissements similaires de la Métropole. Avec sa redingote, 
        et même coiffé de la chéchia, le normalien de Mustapha 
        vit selon la loi Falloux commune à toutes les Ecoles Normales françaises, 
        et, quand il quitte l'Ecole pour exercer dans les écoles françaises 
        ou arabes-françaises d'Alger ou des environs, c'est pour enseigner 
        comme il enseignerait dans une école quelconque de sa province 
        natale.
 
 Les années passent. Avec la Troisième République, 
        s'installe en France l'école primaire républicaine. L'Algérie 
        sera-t-elle oubliée ? Non, car un grand ministre, qu'anime au surplus 
        l'esprit d'" empire ", entend ne pas soustraire la Métropole 
        au devoir d'instruction de ses protégés : il y aura, en 
        Algérie, des écoles non seulement pour les européens 
        mais encore pour les indigènes ; donc, des maîtres pour ces 
        écoles ; donc, une Ecole Normale pour former ces maîtres. 
        Voici, esquissées dans le service qu'on attend d'elles, répondant 
        déjà à leur dénomination très exacte, 
        timide ébauche de ce qu'elles sont aujourd'hui devenues, les Ecoles 
        Normales d'Alger.
 
 1883, 1891, 1910... " Et maintenant, la 
        famille est complète... " Que, puisqu'il s'agit 
        d'histoire, on excuse les mots dits historiques. Mais ce mot, prêté 
        à Bailly, exprime une vivante réalité : car elle 
        s'est singulièrement agrandie, organisée, cette famille 
        normalienne, depuis les temps incertains de Mustapha : Indigènes, 
        Français d'Algérie, Français de France s'y coudoient, 
        et y vivent, matériellement tout au moins, en camarades, en attendant 
        que de cette réunion naisse l'union, c'est-à-dire l'amitié 
        intellectuelle, l'intimité, la fraternité tant désirée 
        par tous les hommes de cur, d'une jeunesse éprise du même 
        idéal, formée par les mêmes maîtres et les mêmes 
        méthodes, promise à la même tâche éducatrice 
        et civilisatrice.
 
 Les années passent. Des fluctuations se marquent dans les projets 
        de l'heure et dans les résultats du moment. Elles sont fonction 
        de la plus ou moins grande bonne volonté des assemblées 
        locales parfois sympathiques aux progrès de l'enseignement des 
        Indigènes, d'autres fois fâcheusement inspirées par 
        les doléances ou menaces des opposants de ceux qu'anime l'" 
        esprit colon " si bien décrit par M. Albert Sarraut (Cf. 
        Albert SARRAUT : Grandeur et servitude coloniales (Ed. du Sagittaire). 
        Et puisque l'Algérie n'aura qu'assez tard son autonomie financière, 
        ces fluctuations sont fonction du Parlement français, lequel fut, 
        jusqu'en 1900, le maître du budget algérien. Selon les époques, 
        on le voit, ce Parlement, docile à certaines suggestions, tout 
        imprégné dans ses votes du plus étroit colonialisme, 
        quand il n'est pas indifférent à la chose coloniale ; peu 
        soucieux, peu pressé, d'écouter les voix indigènes 
        qui commencent à réclamer des écoles, éludant, 
        tant qu'il le peut, cette dépense de souveraineté par excellence 
        que devrait être pour la Métropole tout budget de l'Instruction 
        Publique aux colonies. Ainsi, en 1895, il accorde le crédit dérisoire 
        de 123.000 francs sur 400.000 qui étaient nécessaires à 
        l'enseignement des Indigènes en Algérie, ce qui fait écrire 
        à Alfred Rambaud, ancien chef de cabinet de Jules Ferry, et - parce 
        qu'il la connaissait bien - ami de notre Bouzaréa : " ...ainsi, 
        on coupe les vivres à notre Ecole Normale de la Bouzaréa 
        qui n'a plus à faire ses preuves pour le dressage des maîtres 
        indigènes, et l'on compte sur la Médersa pour les former. 
        C'est à peu près comme si, chez nous, on supprimait l'Ecole 
        Normale Supérieure en chargeant Saint-Sulpice d'éduquer 
        les professeurs des lycées... ". Aujourd'hui, avec l'effectif 
        le plus nombreux que l'Ecole Normale Indigène ait jamais atteint 
        (70 élèves-maîtres, 50 sectionnaires), Bouzaréa 
        prouve que Paris comme Alger sont maintenant acquis à la cause 
        de notre grand Etablissement, clé de voûte 
        de l'édifice scolaire en Algérie. Et, parce que, 
        selon le mot très juste de M. Paul Bernard, Bouzaréa se 
        présente " comme la préfiguration et l'archétype 
        de l'école indigène en tribu ", ces heureuses dispositions 
        des pouvoirs publics à l'égard de notre Ecole trouvent leur 
        répercussion directe dans les progrès que réalise 
        chaque année l'enseignement des indigènes tout entier.
 
 Mais, à présent que nous, héritiers d'un long effort 
        et d'une généreuse pensée, récoltons la moisson 
        dont tous ceux qui, depuis Mustapha, patronnant l'Ecole, furent les semeurs 
        et les protecteurs vigilants, n'est-ce pas - strict devoir de reconnaissance 
        - le moment de rappeler ce que Bouzaréa doit, dans son succès, 
        son épanouissement, au fondateur même de l'école publique 
        en France, à ce Jules Ferry qui donna l'âme et le branle 
        à l'école populaire de la vieille France et à celle 
        de la France nouvelle ? ( ..." Si Jules Ferry a été 
        le fondateur de l'enseignement primaire public, laïc et obligatoire, 
        en France, c'est lui également qui a pris l'initiative de l'organisation 
        de l'enseignement des indigènes en Algérie... r (Bull. Ens. 
        Ind., no 187, mers 1907.)). Aussi bien, comme conclusion de ce 
        chapitre, et en mémoire du grand homme d'Etat, je ne saurais mieux 
        faire que de citer ce court mais combien éloquent passage d'un 
        article de l'ancêtre de nos sectionnaires, ce M. Verdy, de Fort-National, 
        lequel reçut un jour à Taourirt-Mimoun, la visite de Jules 
        Ferry et d'Alfred Rambaud : " ...M. Jules Ferry... interrogea 
        en géographie. Il fit faire au jeune Ferhat le tour de la Terre. 
        L'élève se tira fort bien d'affaire. Arrivé à 
        Saïgon, il passe au Tonkin. " Tonkin, capitale Hanoï, vaste 
        colonie française, conquête faite par M. Jules Ferry ". 
        A ces mots deux larmes roulèrent sur les joues de M. Jules Ferry. 
        Un silence religieux s'établit et l'émotion provoquée 
        par cette simple phrase fut si forte que pas un de ces Messieurs n'ajouta 
        un mot. Ils sortirent avec M. Jules Ferry... " (Cf. 
        Bull. Ens. Ind., n' 183 (juillet 1908).
 
        
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 Effectifs 
              de la section spéciale.....(reproduite ici car non lisible sur le PDF)
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