|  El-Kseur en 1900par Edgar Scotti
 A 92 km de Fort-National, sur la route 
          de Bougie dont il est distant de 24 km, ce chef-lieu de commune dominait 
          la vallée de l'oued Sahel. Il était situé sur la 
          ligne du chemin de fer de Beni-Mansour à Bougie, dont la voie 
          ferrée traverse l'oued et passe dans la plaine de l'oued Amizour 
          après avoir franchi un tunnel de 225 m de long, avant de revenir 
          sur la rive gauche pour se diriger vers Il-Maten. Une station des Chemins 
          de fer de l'Est Algérien à 3 km était, en 1900, 
          reliée au village par deux entreprises de voitures de place. 
          ElKseur se trouvait sur le chemin de grande communication n° 21 
          de Tizi-Ouzou à Oued-Amizour et sur le n° 3 de Beni-Mansour 
          à Bougie avec des liaisons maritimes assurées sur Port-Gueydon, 
          Dellys et Alger.
 Le village a été créé en 1872, sur 3 558 
          ha en plaine et coteaux.
 
 À 2 km à l'est d'El-Kseur, se trouvait Tiklat, un lieu-dit 
          qui abritait les ruines fort belles de Tubusbtus dotées de remarquables 
          citernes alimentées par une
 conduite d'eau douce, dite " Anser Arbalalj ", de 14 km de 
          longueur, construite par les Romains. Le nom même d'El-Kseur, 
          signale l'existence de ces vestiges puisqu'il signifie les ruines. En 
          effet, des colonnes de granit et autres traces d'un passé romain 
          parsemaient le territoire de la commune.
 L'eau d'alimentation y était d'excellente qualité, mais 
          en quantité insuffisante. En 1900, un projet de remise en état 
          de la conduite romaine devait permettre une abondante distribution d'eau 
          dans chaque immeuble et maison. Les températures variaient entre 
          10 °C au-dessus de 0 °C en hiver et 42 °C en été.
 Le village disposait d'écoles de garçons, de filles et 
          d'une maternelle. Un petit marché quotidien se tenait tous les 
          jours dans la halle, avec un grand marché du lundi, à 
          l'entrée du village. En 1900, le village d'Il-Maten faisait partie 
          de la commune d'El-Kseur qui comptait 4038 habitants dont 438 Français.
 
 Exposée aux risques climatiques et notamment à la sécheresse, 
          la région d'ElKseur est très favorable à la culture 
          des céréales : blé, orge, avoine, sorghobéchena, 
          aux légumineux pois chiches, ainsi qu'aux cultures arbustives 
          : figuiers, caroubiers, oliviers. Avec ses forêts d'oliviers, 
          El-Kseur abritait des huileries et savonneries. Pendant quelque temps 
          des moteurs d'automobiles furent même lubrifiés à 
          l'huile d'olive.
 
 Des terres profondes étaient propices à la viticulture. 
          Au tout début du xxe siècle, un petit vignoble de 200 
          ha donnait 5500 hectolitres d'excellents vins rouges et blancs dont 
          la teneur alcoolique et les qualités organoleptiques étaient 
          reconnues et appréciées en Suisse et dans le Jura français.
 
 Que reste-t-il aujourd'hui de ce vignoble que des hommes entretenaient 
          toute l'année ?
 
          
            | Administration 
                municipale Maire: Charles Noël; adjoint: Armand Charotte;
 secrétaire : Jules Dresche;
 garde champêtre: Jean-Baptiste Bergeon;
 architecte voyer : Charles Talamas, conducteur des Ponts et Chaussées;
 médecin de colonisation: Dr Paul Claverie;
 curé : abbé Duny;
 pasteur: pasteur Hosart;
 Eaux et Forêts : MM. Lafaurie, Charlemagne et Legaly, gardes 
                forestiers;
 instituteurs : MM. Marcaillou et Deleuze, adjoint;
 institutrices: Mme Marcaillou et Mlle Jeanne Bonnemaison, adjointe;
 cadi-notaire: Si Mohamed ould Maklouf;
 interprète: Ismael ben Mohamed Hadj Ali;
 vétérinaire: Dr Verdin chargé de la quatrième 
                circonscription;
 postes et télégraphe : Mme Badin, receveuse;
 facteurs ruraux: MM. Jean Dresche et Albert Enert;
 chef de gare : M. Joseph Saureil.
 Artisans 
                et commerçants - Agent d'affaires: M. Maillé; avocats 
                : Me Gall et Me Maillé; éleveur de bestiaux: M. 
                Falconnet; boucher : Moktar ben Bélaïd ; bourrelier: 
                Auguste Moucan; cafetiers: Mme Vve Anungal, MM. Pradal et Joseph 
                Moucan; cafetiers maures: MM. Zaïdi Mohamed ben Brahim, Ouennaughi 
                Mekki, Marceau, Amar Ben Ali; charrons forgerons: Mme Vve Lesbres, 
                MM. Auguste Maurice et Pierre Viboud; coiffeurs : MM. Ramdane, 
                Mohand ; cordonniers : MM. Petrazza, Ferdinand Clouet, Arfi Kafala; 
                épicier: M. Antoine Franzini; commerce de figues caroubes: 
                MM. Laussinot et Mahieddine; hôteliers: M. Joseph Pradal 
                à l'Hôtel des Voyageurs; moulin à huile : 
                Mme Vve Honorat; maréchaux-ferrants : Mme Vve Lesbres et 
                M. Maurice; matériaux de construction: Mme Vve Jury, M. 
                Cielvo; menuisiers : 1VIM. Cielvo et Paparelle; minotier: M. Jean 
                Dufour; munitionnaire aux vivres: M. Clouet; munitionnaire aux 
                fourrages: M. Armand Charotte; nouveautés: Mme Vve Juny; 
                propriétaire notable: M. Étienne Laussinot; sellier 
                harrtacheur : M. Auguste Moucan; tabac: Mme Vve Jury; teinturier: 
                M. Arfi; transports terrestres: MM. Charotte, Fiorio, Sebili Mohamed, 
                Trotot, Mme Vve Honorat; vétérinaire: Dr Verdin. Éleveurs, 
                agriculteurs et viticulteurs Nombreux élevages de bestiaux, ovins, bovins 
                et équins : MM. Bruyas, Charotte, Carton, Dufour, Nofred 
                Ferrer, Guggia et Girard, Mme Vve Paul Bert, MM. Bornand frères, 
                Félix Bornand, Bruyas, Butticaz, Carton, Charotte, Guggia, 
                Noël, Schindler et Auguste Vasserot |  Les vestiges de l'époque romaine 
          ont donné leur nom à El-Kseur, " les ruines ". 
          Mais que restera-t-il du souvenir des hommes et femmes qui, au prix 
          de beaucoup de sacrifices, y apportèrent un savoir-faire et une 
          certaine prospérité? Ces mêmes hommes et femmes 
          venus de toute l'Europe sont à l'origine de cette Algérie 
          qui, certes, n'était pas un Eldorado, mais où chacun pouvait, 
          pour être utile à tous, exercer un métier conforme 
          à sa culture et à ses traditions.
 Cette note trop succincte permettra peut-être à tous ceux 
          qui eurent des attaches familiales à El-Kseur, d'y trouver des 
          réponses aux questions qu'ils se posent sur ce que leurs aïeux 
          pouvaient bien faire dans ce village. Ils auront alors la possibilité 
          d'en combler les lacunes, de la compléter et de la développer 
          à l'aide de leurs propres archives familiales. Ils iront ainsi 
          à la rencontre de leurs racines, non pas pour eux, ni pour des 
          rues ou des bâtiments, dont il ne subsiste aujourd'hui que des 
          ruines, mais pour partager avec d'autres un peu de l'esprit de ceux 
          qui en furent à l'origine.
 o Cette remise en mémoire du village 
          d'El-Kseur a été rendue possible grâce aux archives 
          du Dr Georges Duboucher, de Robert Bornand et Jacques Piollenc. Qu'ils 
          en soient chaleureusement remerciés.  |