| AUX 
        ÉCHOS D'ALGER ÉDITORIAL de décembre 2022 n° 159
 2022 et depuis de nombreuses années... Nous sommes hors du temps 
        et des lois.
 Ne croyez surtout pas en de la jalousie mal placée de ma part, 
        mais je fais des comparaisons.
 Mais direz-vous « faire des comparaisons, c'est prendre partie »...
 C'est tout à fait cela. Je prends partie...
 Nous n'allons pas refaire Notre Histoire, nous la connaissons, mais rappelons-nous...
 
 1962: l'exode de plus d'un million de Français et Harkis confondus, 
        chassés d'un territoire français. C'était « 
        La valise ou le cercueil ». C'était l'abandon de tout. Nous 
        ne partions pas pour trouver un Eldorado ailleurs ou, par volonté 
        d'envahissement ou, par ordre de changer l'image de l'hexagone, voire 
        même sa religion... Non ! Même si personne n'en parlait, nous 
        avons fui la guerre menée contre les chrétiens depuis longtemps, 
        confirmée par les « évènements de 1945 », 
        puis ceux qui ont suivi de 1954 à 1962, et que les bien-pensants 
        éviter d'appeler guerre.
 Et puis, nous étions Français  et le sommes toujours 
         , pour beaucoup par le sang versé pendant les guerres, par 
        le respect des règles, des lois... pas simplement sur papier et 
        pour les aides sociales.
 
 En fait, tout naturellement, pour sauver notre vie, nous intégrions 
        la Mère Patrie pensant qu'elle protègerait ses enfants dans 
        la souffrance et dans l'exil.
 La Mère Patrie ou « l'amère patrie » -nous a 
        tout de suite fait déchanter.
 Elle n'a pas empêché la haine d'une grande partie de la population 
        métropolitaine qui avait voté sur notre avenir, pour l'indépendance 
        sans que nous, nous ayons le droit de nous exprimer.
  « Qu'ils aillent se réadapter ailleurs », disait 
        un certain DEFERRE. « Que l'on coule les bateaux en Méditerranée... 
        », « Qu'ils retournent chez eux... » « Pieds-Noirs 
        = Arabes = Dehors »  pour ceux qui avaient rassemblé 
        quelques affaires et payé un container, le résultat était 
        pitoyable, car les dockers, dans les différents ports d'arrivée 
        et particulièrement à Marseille, se faisaient un plaisir 
        malsain de trempaient les containers dans la mer. Plus rien ne pouvait 
        être récupéré...
 
 P as d'ONG. Pas de passeurs. Pas d'accueil digne. Pas d'argent et de carte 
        bancaire, alors que nous avons payé de nos maigres deniers notre 
        traversée. Pas de téléphones « portables » 
        en arrivant. Pas de logements. Pas de place dans de nombreux hôtels 
        qui ne voulaient pas nous recevoir. Prisons désaffectées, 
        salles de classes (pour le temps des vacances scolaires d'été), 
        camps de toile... ont été pour beaucoup un endroit où 
        se poser, avec un hiver 1962, dont beaucoup d'entre nous se souviendrons. 
        Combien de décès sont intervenus, par le froid, le chagrin, 
        les suicides ? Très peu de journaux faisaient état de nos 
        conditions malheureuses. Mais nous n'étions pas des migrants. Nous 
        étions des Français à part entière, mis complètement 
        à part..
 Alors qu'actuellement, les photos-montages, non seulement font vendre, 
        mais touche la corde sensible d'une certaine politique.
 Nous ne sommes pas arrivés avec des valises pleines de pièces 
        d'or en laissant les hectares de terre « des fameux colonialistes 
        et capitalistes » comme nos adversaires ont fait croire.
 Pour ma part, et pour beaucoup d'entre nous, une concession « à 
        perpétuité » qui a perdu sa perpétuité 
        avec l'abandon de l'Algérie, dans le cimetière où 
        reposait mon père. C'était notre seul bien... Et la perpétuité 
        n'est plus puisque de nombreux cimetières ont été 
        rasés...
 Notre exode et la politique menée ont forgé un sentiment 
        catastrophique contre nous qui venions « prendre le travail des 
        Français, les appartements, les places dans les administrations 
        ou dans les sociétés... »
 
 Il y a 60 ans, avec le recul, nous étions nous aussi des OQTF : 
        Obligation de Quitter le Territoire Français, puisque l'Algérie 
        Française n'était plus, et... OQTF en Métropole puisque 
        l'on ne voulait pas de nous... Nous étions des Français 
        indésirables des deux côtés de la Méditerranée. 
        Mais nous, nous étions obligés de fuir pour sauver nos vies 
        ! Femmes, enfants, personnes âgées, hommes. Pas d'aide financière 
        pour payer notre traversée... Pas comme aujourd'hui !!! Avec l'argent 
        des contribuables, notre argent, les municipalités sont très 
        larges et précautionneuses avec ceux qui ne sont pas Français...
 
 Combien de fois avons-nous entendu « Sale Pieds-Noirs ! ». 
        Les enfants scolarisés en ont souffert en étant non seulement 
        insultés, mais aussi mis de côté.Aucune loi ne nous 
        protégeait contre ce racisme franco-français.
 Et le pire ! C'est que pendant de nombreuses années nous évitions 
        de parler de notre histoire, nous ne pouvions le faire qu'entre nous.
 Il n'y avait pas « le vivre ensemble » comme aujourd'hui, 
        puisque ces enfants étaient Français.
 Il n'y avait pas ce vivre ensemble d'aujourd'hui où l'on brûle 
        des voitures, des lieux de culte, on vole, on viole, on tue...
 
 60ans après, nous pouvons dire BRAVO à nos compatriotes 
        qui, grâce à la création d'associations de défense, 
        d'amicales de quartiers, villages, villes, voire d'immeubles... ont maintenu 
        par intelligence face à l'adversité, la flamme de notre 
        histoire.
 Notre Communauté et les associations  pas communautarisme 
         s'étiolent par le temps, la vie, ... mais, nous gardons 
        l'espoir dans les générations futures, qui auront à 
        coeur de connaître notre, mais aussi, leur passé.
 Alors racontez vos souvenirs d'Algérie, elles en auront besoin 
        comme support.
 Tous nos écrits paraissant dans AUX ECHOS D'ALGER sont déposés 
        à la Bibliothèque Nationale à Paris, un jour, même 
        si nous sommes absents, quelqu'un s'intéressera à leur lecture 
        !
 C'est le voeu pieu que nous formulons tous pour la vérité 
        et la reconnaissance de cette page de l'Histoire de France qui est tellement 
        « abîmée » par les politiques.
 En cette période de souhaits, gardons en mémoire pour ceux 
        qui nous tiennent à coeur : SANTEd'abord  BONHEURS et JOIES 
        simples mais entourés d'affection par ceux que nous aimons.. JOYEUX 
        NOËL empreint de foi, d'amour et de partage pour cette belle fête, 
        elle aussi galvaudée.
 
 Francette MENDOZA
 
 haut de page
 |