|  le commerce extérieur -------Le voyageur qui, venant de la métropole, 
        arrive pour la première fois en Algérie, ne laisse pas d'être 
        surpris lorsqu'il découvre l'existence d'un contrôle douanier 
        exercé à l'entrée et à la sortie de tout objet 
        en provenance ou à destination de la métropole. À 
        s'en tenir à l'apparence, c'est là une situation paradoxale 
        qui contredit la définition constitutionnelle de l'Algérie.
 -------Il importe de dissiper d'abord cette 
        équivoque par une brève analyse du cadre juridique et administratif 
        dans lequel s'effectuent les échanges commerciaux entre l'Algérie 
        et la métropole.
 L'Union douanière  -------L'Algérie 
        constitue avec la métropole ce qu'il est convenu d'appeler une 
        union douanière.-------Notons déjà que le terme 
        " union " paraît impropre dans la mesure où, entendu 
        au sens d' " association ", il suppose l'existence d'au moins 
        deux éléments associés. Ce qui peut donner à 
        penser que l'union douanière concerne deux unités territoriales 
        distinctes, mais assemblées. Tout au contraire, la métropole 
        et l'Algérie forment - avec d'autres territoires d'ailleurs - une 
        seule et même unité territoriale au regard de la législation 
        douanière.
 -------C'est du reste ce qui ressort explicitement 
        du Code général des douanes qui déclare en son article 
        1er :
 -------" Le 
        territoire douanier comprend le territoire de la France continentale, 
        de la Corse, des îles françaises voisines du littoral, ceux 
        du département français d'outre-mer, et de l'Algérie, 
        ainsi que leurs eaux territoriales. "
 -------La première conséquence 
        directe de ce principe est énoncée à l'article 2 
        du même code " Dans toutes les parties 
        du territoire douanier, on doit se conformer aux mêmes lois et règlements 
        douaniers. "
 -------La métropole et l'Algérie 
        font partie du même territoire douanier et sont soumises à 
        la même législation et la même réglementation 
        douanière, c'est-à-dire que le même tarif douanier 
        frappe les produits étrangers à l'entrée en métropole 
        et en Algérie, à l'exception d'une nomenclature spéciale 
        d'articles, dont le nombre est actuellement limité à 9 et 
        qui peuvent faire l'objet d'une taxation distincte, appropriée 
        à l'Algérie.
 -------Autre conséquence, l'absence 
        de toute barrière douanière entre les deux rives de la Méditerranée 
        : il n'existe aucun droit de douane dans les échanges entre la 
        métropole et l'Algérie.
 
 Dualité des régimes fiscaux
 --------Il en va 
        autrement sur le plan purement fiscal : l'Algérie, on le sait, 
        possède son propre budget, distinct de celui de la métropole 
        et alimenté par une fiscalité interne comportant notamment 
        des impôts de consommation comme en métropole, mais perçus 
        au seul profit du budget algérien.--------Ainsi, 
        un produit d'origine métropolitaine importé en Algérie 
        se trouve libéré des taxes qui frapperaient sa consommation 
        en métropole, mais, par contre, tombe à son arrivée 
        sous le coup de la législation fiscale interne, au même titre 
        que toute autre marchandise de même nature produite en Algérie. 
        Aussi, bien que l'Algérie et la métropole ne soient pas 
        séparées par des barrières douanières, mais 
        seulement par des régimes fiscaux différents, l'administration 
        des douanes, en raison de son implantation territoriale et de son organisation 
        matérielle, a paru toute désignée pour 
        assurer l'application de cette législation : c'est à 
        ce titre seulement et pour des raisons de pure commodité, qu'elle 
        intervient dons le circuit commercial entre la métropole et l'Algérie, 
        en marge de son activité normale ; en confiant cette tâche 
        aux douanes, on a voulu simplement éviter de doubler inutilement 
        les services de contrôle à l'entrée des départements 
        algériens.
 --------Cette 
        situation n'est pas sans précédent et l'on peut citer, entre 
        autres, le cas de la zone franche du pays de Gex où, depuis 1832, 
        les douaniers français sont chargés de la perception des 
        droits intérieurs français sur le territoire de la zone.
 --------Telle 
        est donc l'origine d'une équivoque qui peut laisser croire à 
        l'existence de barrières douanières entre la métropole 
        et l'Algérie.
 --------Il 
        est enfin à peine nécessaire de rappeler que les droits 
        de douane qui sont perçus à l'occasion des échanges 
        commerciaux entre l'Algérie et l'étranger sont rigoureusement 
        identiques aux droits perçus sur le territoire de la métropole, 
        à quelques exceptions de détail près : l'Algérie 
        bénéficie en effet de dérogations lui permettant 
        d'avoir un tarif moins élevé que la métropole pour 
        certains produits (café, tabac, allumettes, friperie, pétrole, 
        etc.) ; de plus, la zone saharienne est exonérée de droits 
        de douane, pour diverses marchandises (céréales, sucre, 
        tissus, médicaments, pétrole lampant, etc).
 --------Quant 
        aux règles qui président aux importations algériennes 
        - régime des changes, licences d'importations, etc.- rien qui paraisse 
        mériter d'être signalé, puisqu'ici encore, il y a 
        unité de législation entre la métropole et l'Algérie 
        et qu'à ce titre, tous les accords commerciaux conclus par la Fronce 
        avec d'autres pays étrangers, s'appliquent de piano à l'Algérie.
 --------Ainsi 
        voit-on que, contrairement à certaines apparences, la métropole 
        et l'Algérie sont en union douanière quasi totale.
 
 Les principaux aspects du commerce extérieur 
        algérien
 --------L'évolution 
        du commerce extérieur de l'Algérie a suivi, depuis 1949, 
        une progression sensiblement constante, qui nous est révélée 
        par la comparaison des indices du volume du commerce annuel, calculés 
        sur la base de 100 de 1949, abstraction faite des fluctuations de prix 
        (graphiques ci-dessous).
  --------Le 
        volume global des mouvements commerciaux atteignait 358 milliards en 1954, 
        405 milliards en 1955 et 423 milliards de francs en 1956. La progression 
        révélée par les indices est donc importante puisqu'elle 
        concerne des volumes réels d'échanges importants.
 
 Déséquilibre de la balance commerciale.
 -------Le 
        commerce extérieur de l'Algérie doit être étudié 
        sous deux aspects : échanges avec la zone franc et échanges 
        avec l'étranger (voir graphiques ci-dessous).
   -------Il 
        faut souligner d'abord que la comparaison de ces valeurs réelles 
        ne met pas assez en lumière la progression effective des échanges, 
        du fait que les prix de certains grands produits d'exportation n'ont pas 
        toujours bénéficié d'une hausse comparable à 
        celle que subissaient les prix des produits importés et qu'ils 
        ont parfois même baissé de façon sensible.-------La 
        balance commerciale de l'Algérie, qui a été constamment 
        excédentaire de 1937 à 1942, est régulièrement 
        déficitaire depuis 1946. Ce déficit qui atteignait 63,8 
        milliards en 1953 et 78,2 milliards en 1954, s'élevait à 
        83 milliards en 1955, et à 123 milliards
 138,8 en 1956.
 -------Ce 
        déséquilibre qui va sans cesse en s'accroissant, semble 
        devoir subsister pendant plusieurs années encore.
 
 Les causes du déficit
 -------En 
        premier lieu, le déficit qui pourrait apparaître 
        comme l'indice d'une conjoncture inquiétante, n'est en grande partie 
        que la conséquence logique d'un effort massif d'équipement. 
        En effet, la même situation se retrouve chaque fois qu'un pays insuffisamment 
        développé réalise un effort d'expansion.-------L'Algérie 
        étant tenue de se procurer à l'extérieur le matériel 
        et les biens nécessaires à son équipement, la courbe 
        de ses importations doit inévitablement, au moins dons un premier 
        temps, présenter une pente plus rapidement ascendante que celle 
        de ses exportations qui sont tributaires d'une augmentation de la production 
        et par conséquent, du développement de l'équipement 
        en moyens de production.
 -------Ce 
        déséquilibre est encore accentué par le fait que 
        les investissements - et notamment les importations de matériel 
        - ne concernent pas exclusivement l'équipement économique, 
        mais aussi l'équipement social qui, 
        au moins d'un point de vue purement comptable, est improductif et qui 
        fait l'objet d'un tiers des investissements contre un peu moins de deux 
        tiers à l'équipement économique.
 -------Second 
        facteur de déséquilibre, 
        l'essor démographique, qui influe doublement sur la balance 
        commerciale, la population s'accroissant numériquement d'année 
        en année dans les proportions que l'on soit, en même temps 
        que son niveau de vie s'améliore de façon continue et sensible.
 -------De 
        là, une augmentation constante des besoins 
        intérieurs en produits de consommation, essentiellement 
        en produits alimentaires pour faire face à l'accroissement démographique, 
        et plus généralement, en produits durables ou non durables, 
        du fait de l'élévation du niveau de vie.
 -------Ainsi, 
        tandis que les importations augmentent, pour faire face à la demande 
        intérieure (produits laitiers, sucre, thé, café, 
        blé) un débouché de plus en plus important se trouve 
        fourni sur place aux productions algériennes habituellement excédentaires 
        et qui font ou faisaient l'objet d'un fort courant d'exportation (blé, 
        dattes, figues, etc.) par un marché intérieur de consommation 
        en développement constant : les volumes exportés s'en trouvent 
        réduits d'autant ; d'où nécessité de rechercher 
        des productions de remplacement.
 -------Enfin, 
        dernière observation : la quasi-totalité 
        du déficit de la balance commerciale de l'Algérie apparaît 
        en général dans son commerce sur la zone franc alors qu'inversement, 
        sa balance commerciale avec l'étranger est le plus souvent bénéficiaire. 
        Déficitaire en 1951, 1952, 1953, la balance avec l'étranger 
        a occupé un solde excédentaire en 1954, 1955, pour, en 1956, 
        marquer un déficit important.
 -------Il 
        en résulte que le problème des devises ne se pose pas avec 
        gravité à l'Algérie, au contraire des autres pays 
        fortement importateurs.
 
 Pays clients et fournisseurs de l'Algérie
 
 -------Comme 
        en 1938, l'Algérie commerce pour 75 ou 80 % avec la métropole. 
        Mais tandis qu'en 1938 elle lui vendait plus qu'elle ne lui achetait, 
        la situation est aujourd'hui inversée et ses achats en métropole 
        augmentent sans cesse : en 1954, 23,8 milliards de plus qu'en 1953 et 
        en 1955, 26,9 milliards de plus qu'en 1954.
 -------L'Algérie 
        exporte en métropole la majeure partie de ses vins, primeurs et 
        agrumes, des semoules et des tabacs et aussi des objets manufacturés 
        (surtout papiers et cartons, fils et câbles électriques) 
        ; elle y achète des produits laitiers, pharmaceutiques, chimiques, 
        des céréales, du sucre, des bois, des tissus, des machines, 
        des automobiles.
 -------Les 
        achats aux pays de l'Union française continuent à augmenter. 
        L'Algérie y trouve du café, du thé, des huiles végétales, 
        des bananes, tandis que ses ventes (vins, tabacs) diminuent.
 -------Les 
        échanges avec les pays étrangers, en 1954, révèlent 
        un excédent de 900 millions de francs et de 3 229 milliards en 
        1955. La Grande-Bretagne est, parmi les pays étrangers, le meilleur 
        client de l'Algérie pour l'alfa et le minerai de fer. Viennent 
        ensuite, l'Allemagne, l'Italie (où l'Algérie exporte fruits 
        et légumes, orges, minerais de fer et phosphates), les Pays-Bas 
        et enfin les États-Unis (minerai de fer, liège, huile).
 -------Viennent 
        en tête de ses fournisseurs étrangers les États-Unis 
        (houille, machines et tracteurs) suivis de la Grande-Bretagne.
 -------Enfin, 
        si l'Algérie trouve en la métropole son premier client et 
        son premier fournisseur, elle en est aussi le premier client (avec 11,8 
        % des exportations métropolitaines) et le troisième fournisseur 
        (avec 7,8 % des importations totales), après les U.S.A. (9,7 %) 
        et l'Allemagne occidentale (9,1 %) .
 
 Évolution du commerce extérieur 
        de l'Algérie
 -------L'analyse 
        de l'évolution des différents groupements d'utilisation 
        entre les années 1953 et 1,955 révèle que les importations 
        d'énergie, de matières premières pour l'industrie, 
        l'agriculture, et de produits de consommation (qui interviennent pour 
        les 2/3 dans l'accroissement du déficit) ont augmenté, alors 
        que les importations de moyens d'équipement semblent avoir atteint 
        un palier et commencent même à diminuer (voir graphique p. 
        14 et 15).
  -------Biens 
        d'équipement et objets de confort ou produits alimentaires de choix, 
        partie importante des importations algériennes, sont des marchandises 
        de prix élevés. Par contre, les exportations de l'Algérie 
        portent de façon constante sur des groupes de ressources agricoles 
        où les variations de détail ne changent guère la 
        structure de l'ensemble. En outre, l'évolution des prix a joué 
        au préjudice de l'Algérie : à poids égal, 
        la valeur des marchandises exportées a augmenté moins vite 
        que celle des marchandises importées. 
 Les mesures en faveur de l'exportation
 
 -------Quoique 
        moins sensible que l'accroissement des importations, la baisse des exportations 
        exige que l'Algérie, plus encore que la métropole, fosse 
        un effort considérable pour surmonter les difficultés croissantes 
        que rencontre l'écoulement de sa production, de façon à 
        améliorer les courants d'échange.
 -------L'existence 
        en Algérie et en métropole de situations parallèles 
        a eu pour conséquence l'institution de mesures de remboursement 
        des charges supportées par les entreprises exportatrices algériennes, 
        mesures inspirées de celles qui ont été prises en 
        faveur des exportateurs métropolitains. Les résultats des 
        trois premières années d'application font ressortir une 
        amélioration très nette de la situation des produits soutenus, 
        alors que les marchandises non bénéficiaires de l'aide à 
        l'exportation sont en régression sensible.
 -------Cette 
        évolution favorable porte notamment sur les poissons salés, 
        les huiles d'olive, les conserves de poissons, de légumes et de 
        fruits, les superphosphates, l'essence de géranium, les tapis, 
        le matériel de vinification, les légumes frais, le minerai 
        de zinc, les cuirs et peaux, les papiers et cartons.
 -------Enfin, 
        la libération des échanges qui a été le fait 
        saillant de l'année 1954 et qui s'est poursuivie jusqu'en 1956, 
        est naturellement appliquée de plein droit à l'Algérie. 
        On sait, en effet, que la France, fidèle à ses engagements 
        internationaux, a repris et accéléré depuis 1953 
        sa politique de libération des échanges par des mesures 
        successives dont les plus importantes ont été ' prises au 
        cours de l'année 1955. Le taux de libération a en effet 
        atteint 73 % en janvier 1955, 75 % en avril.
 -------Ces 
        mesures n'ont pas conduit, jusqu'à présent, à une 
        augmentation sensible des importations de produits étrangers, et 
        cela en grande partie du fait de l'institution de la taxe de Compensation. 
        Elles ne semblent pas non plus avoir gêné jusqu'ici l'écoulement 
        des produits algériens dons la métropole. Quoi qu'il en 
        soit, une certaine vigilance s'impose et en particulier la préparation 
        de chaque nouvelle tranche de libération exige une attention constante 
        de la part de l'administration.
 -------Il 
        est évident que la politique d'industrialisation, dont les fins 
        directes sont autres, doit avoir des incidences importantes sur la balance 
        commerciale qu'elle peut amener progressivement à l'équilibre 
        en accroissant les exportations et en assurant au pays une plus grande 
        stabilité économique. Ainsi, les produits industriels jouent 
        un rôle de plus en plus important à l'exportation ; les objets 
        manufacturés en Algérie sont apparus sur tous les marchés 
        du monde. On observe parallèlement une baisse accusée des 
        achats de divers produits fournis maintenant par l'industrie locale. Aussi 
        les caractères de la balance commerciale algérienne ne sont-ils 
        absolument pas ceux d'une colonie.
 Enfin, l'exploitation du pétrole saharien pourrait faire disparaître 
        la port la plus lourde des achats de l'Algérie à l'étranger.
 
 La balance commerciale dans la conjoncture exceptionnelle 
        que traverse l'Algérie depuis 1954
 -------Les chiffres 
        statistiques sur lesquels est fondée cette étude s'entendent 
        jusqu'à l'année 1956 incluse. Il apparaît, en effet, 
        que l'activité économique de l'Algérie n'a été 
        en aucune façon influencée par l'apparition en 1954 de l'action 
        séditieuse et qu'elle a poursuivi de façon constante son 
        évolution favorable.-------C'est 
        en 1956 seulement que les troubles ont commencé à influencer 
        de façon diverse certains secteurs de l'activité économique 
        du pays. Si la structure d'ensemble ne semble pas affectée de façon 
        notable par le climat d'insécurité, l'apparition de besoins 
        exceptionnels peut avoir sa part dans le déséquilibre de 
        la balance commerciale. Tandis que les exportations se sont trouvées 
        sensiblement stabilisées au niveau de 1955, les importations se 
        sont au contraire considérablement accrues et ne sont plus couvertes 
        qu'à concurrence de 55 % environ par les exportations. Ainsi, la 
        balance commerciale accuse en 1956 un déficit de 123 milliards 
        de francs.
 -------Il 
        serait encore prématuré de vouloir tenter une analyse approfondiede 
        cette situation nouvelle. On peut cependant affirmer que ce phénomène 
        est avant tout conséquence d'un accroissement des besoins intérieurs 
        en produits de consommation, accroissement encore plus sensible peut-être 
        qu'au cours des années précédentes, et souligné 
        par la stabilisation des exportations.
 -------Les 
        caractéristiques de l'économie algérienne d'après 
        guerre se reflètent donc dons son commerce extérieur : effort 
        considérable d'équipement, amélioration du niveau 
        de vie. Ces deux faits suffisent à expliquer le déficit 
        commercial.
 -------Sans 
        doute, l'avenir dira si l'Algérie ne doit pas trouver dans son 
        sous-sol la meilleure chance de parvenir à inverser le sens du 
        déséquilibre de son commerce extérieur.
 -------Mais 
        pour le moment et pour un temps difficile à déterminer, 
        la balance commerciale de l'Algérie demeurera caractérisée 
        par un déficit qui (aussi paradoxal que cela puisse paraître) 
        traduit sa volonté de progrès.
 -------Toutefois, 
        si elle veut que le " doping " provisoirement nécessaire 
        à sa modernisation n'exerce que des effets salutaires, l'Algérie 
        devra en régler soigneusement l'usage et travailler à le 
        réduire progressivement au rythme de l'expansion du pays.
 -------Enfin, 
        l'Algérie a le plus grand intérêt à poursuivre 
        une politique d'échanges orientée vers le commerce avec 
        la métropole, principalement en lui réservant son marché 
        d'importation. Mais cette discipline qu'elle doit s'imposer - et qu'elle 
        s'impose exige en retour que le placement de la production algérienne 
        sur le marché métropolitain soit protégé comme 
        production nationale.
 |  | Le commerce intérieur Les centres commerciaux
 -------Le 
        commerce intérieur est surtout actif dans les grandes villes les 
        plus peuplées, Alger, Oran, Bône viennent en tête, 
        d'autant qu'elles sont le lieu d'un important trafic maritime. Dans l'intérieur, 
        Constantine et Tlemcen sont des places actives. De nouveaux centres comme 
        Colomb-Béchar et d'autres agglomérations du Sud ont vu leur 
        commerce se développer en fonction de l'extension des exploitations 
        existantes.
 -------Les 
        marchés hebdomadaires des petites villes et villages de l'intérieur 
        sont plus pittoresques qu'importants. Cependant, dans certaines régions 
        d'élevage ou certains centres agricoles, les transactions prenant 
        parfois une ampleur non négligeable (Souk-Ahras, Kroubs, Maison-Carrée, 
        Boufàrik, Tiaretl
 
 L'action des chambres de commerce
 
 -------La 
        vie commerciale est suivie par huit chambres de 
        commerce
 -------- Alger, 
        Oran, Bône, Constantine, Bougie, Mostaganem, Mascara, Philippeville 
        - dont le nombre pourrait être accru prochainement en fonction de 
        la réorganisation territoriale de l'Algérie. Ces assemblées 
        consulaires sont habilitées à donner leur avis aux Pouvoirs 
        publics sur toutes les questions économiques : règlements 
        relatifs aux usages commerciaux et aux créations commerciales nouvelles. 
        Elles ont la gestion des concessions d'outillages portuaires publics.
 -------Leur 
        action est coordonnée depuis 1935 par la " Région économique 
        d'Algérie " dont la compétence s'étend à 
        l'ensemble des problèmes concernant la production, la circulation 
        et la consommation de toutes les denrées et matières commercialisables. 
        L'action des Chambres de Commerce sur le plan de leur circonscription, 
        et celle de la Région Économique sur le plan général, 
        sont le plus souvent communes et s'exercent en étroite collaboration.
 -------Les 
        Chambres de Commerce ont fondé un enseignement spécial destiné 
        aux futurs chefs d'entreprises, commerçants et employés 
        de commerce. La Chambre d'Alger a créé, en outre, une " 
        École supérieure de Commerce " 
        (actuellement gérée par la Région Économique) 
        et le " Centre Algérien de la Gestion 
        des Entreprises ". D'autre part, la Région Économique 
        d'Algérie s'est attachée, dans le domaine de la recherche 
        scientifique, à l'étude de la mise en voleur des produits 
        algériens. Créée en 1951, la " 
        Station Expérimentale de Recherches et d'Essais Frigorifiques Louis 
        Morard " examine notamment les problèmes de l'utilisation 
        du " Froid " dans l'entreposage, des transports et de la conservation 
        de toutes les denrées périssables que l'Algérie, 
        pays chaud, produit en quantités importantes.
 -------Cet 
        effort pour développer l'enseignement spécialisé 
        est particulièrement important, puisqu'il doit procurer à 
        l'Algérie les techniciens qui lui sont nécessaires..
 
 
         
          | UN IMPÉRATIF: faire entrer dans le circuit... 
            la fraction de la population d'Algérie qui est encore enfermée 
            dans les structures économiques traditionnelles. |  Importance de l'activité commerciale -------Les circuits 
        d'échanges intérieurs manifestent, comme les autres domaines 
        que l'organisation économique de l'Algérie est celle d'un 
        pays en pleine évolution.-------Deux 
        types d'activités s'y côtoient, en effet, dont l'importance 
        et les méthodes de travail diffèrent profondément 
        : d'une part, un circuit commercial évolué qui participe 
        à l'ensemble économique moderne, particulièrement 
        actif, comportant une infinité d'échanges et réunissant 
        aussi bien des Musulmans que des Européens; d'autre part, un petit 
        commerce de caractère artisanal qui fait vivre une importante population 
        d'origine autochtone et demeure rudimentaire et réduit. Le nombre 
        des commerçants en activité ne pouvant être établi 
        que de façon très approximative, il n'est guère possible 
        d'évaluer précisément l'importance numérique 
        respective de ces deux groupes économiques, d'autant que le premier 
        s'accroît de façon constante aux dépens du second.
 -------La 
        création d'un équipement commercial moderne (routes, voies 
        ferrées, équipement portuaire, réseau bancaire) a 
        en effet profondément bouleversé la structure du commerce 
        intérieur de l'Algérie. Aux grands courants commerciaux 
        de l'époque turque, Nord-Sud ou Sud-Nord, les transversales Est-Ouest 
        ou Ouest-Est ne jouant qu'un rôle secondaire, la création 
        d'un système routier important et surtout la construction de la 
        voie ferrée principale, orientée, comme les axes routiers 
        essentiels, selon l'axe Est-Ouest, a substitué dans les relations 
        intérieures la direction longitudinale Est-Ouest Ainsi, l'introduction 
        des moyens de transport modernes a transformé profondément 
        les courants commerciaux, en même temps qu'elle les intensifiait 
        considérablement. Toutefois, l'axe Nord-Sud semble devoir retrouver 
        une nouvelle importance avec la multiplication des lignes aériennes 
        intérieures, et aussi avec l'essor économique du Sahara.
 -------Quoique 
        l'importance du trafic intérieur soit difficile à apprécier, 
        on peut noter qu'en 1954, on comptait 309 964 immatriculations aux 17 
        greffes de l'ensemble du territoire algérien.
 -------En 
        1938, on enregistrait 1 904 créations de fonds de commerce et 737 
        faillites ou liquidations judiciaires. Tandis qu'en 1946, on avait respectivement 
        42814 et 37, chiffres exceptionnels dus à la brusque reprise des 
        activités économiques au lendemain de la guerre ; entre 
        1947 et 1952 on assistait à une normalisation progressive du commerce 
        intérieur (22000 nouveaux commerces en 1949, 15 532 en 1950, 12 
        967 en 1951 et 8 550 en 1952) puis à une stabilisation au niveau 
        moyen annuel de 3 400 créations pour 1953 et 1954. Par contre, 
        l'année 1955 a été marquée par une reprise 
        assez sensible avec 4 008 créations nouvelles et 96 liquidations 
        ou faillites seulement, contre 125 l'année précédente.
 -------Par 
        ailleurs, le montant total des disponibilités monétaires 
        en Algérie peut fournir une indication valable : il atteignait 
        au 31 décembre 1952, 191 milliards, au 31 décembre 1954, 
        272 milliards et au 31 décembre 1955, 326,5 milliards.
 -------Ainsi 
        l'activité commerciale de l'Algérie suit une nette progression, 
        parallèle au mouvement d'expansion économique du pays.
 -------Toutefois, 
        le niveau de l'activité commerciale, comme celui du développement 
        économique en général, reste bas et il n'est, pour 
        s'en convaincre, que de se reporter aux chiffres correspondants de la 
        métropole, où le montant des disponibilités monétaires 
        atteignait en 1952 - pour ne prendre que cet exemple - 4 157 milliards, 
        soit près de 22 fois plus pour une population 5 fois plus nombreuse 
        seulement. Encore faut-il considérer que la vitesse de la circulation 
        de la monnaie est plus grande en France qu'en Algérie, où 
        l'usage des chèques et de la lettre de change est beaucoup moins 
        répandu que dons les pays plus évolués.
 
 Situation présente
 
 -------Les 
        éléments statistiques fournis pour l'année 1955 permettent 
        également de constater que l'activité commerciale de l'Algérie 
        n'a pas été affectée par la conjoncture politique, 
        quoique plusieurs zones d'insécurité aient connu un certain 
        marasme. Il convient, au reste, de souligner qu'un programme d'action 
        comportant des dispositions bienveillantes à l'égard des 
        débiteurs de bonne foi, des prorogations d'échéances 
        ou des concours financiers nouveaux ont été appliqués 
        en faveur des commerçants victimes des événements.
 -------Au 
        demeurant, la tendance à la stabilité des prix qui s'était 
        manifestée de 1952 à 1954 s'est maintenue pendant l'année 
        1955 avec les mouvements saisonniers habituels, et o permis une forte 
        progression des chiffres d'affaires commerciaux.
 -------Cependant, 
        un examen approfondi permet de constater deux tendances qui pourraient 
        aller en s'accentuant
 -------- L'une, 
        paralysante, a exercé son influence sur les domaines et 
        dans les régions atteintes par la rébellion, à savoir 
        essentiellement les transports routiers, le tourisme, les biens d'équipement 
        agricole et les investissements privés.
 -------- L'autre, 
        stimulante, résultant de la présence des forces de l'ordre, 
        s'est exercée principalement dans les secteurs des produits alimentaires 
        et de la restauration et, plus faiblement, de l'hôtellerie et des 
        spectacles.
 Si l'activité et l'évolution du commerce intérieur 
        demeurent difficiles à estimer, parce que les indices chiffrés 
        sont rares et que les seuls renseignements précis concernent le 
        nombre de créations, mutations et radiations du registre de commerce, 
        on peut toutefois constater une certaine stabilisation de la propriété 
        commerciale, conséquence d'une port, pour quelques secteurs, de 
        la présence d'effectifs militaires consommateurs et d'autre part, 
        des mesures prises pour protéger le commerçant mobilisé.
 
 Le tourisme
 
 -------Le 
        tourisme en Algérie mérite une mention toute spéciale 
        ; il a, en effet, connu un développement remarquable au cours des, 
        dernières années à la suite des efforts persévérants 
        qui visaient à en faire l'un des facteurs de l'expansion économique 
        du pays.
 Au lendemain de la guerre, le tourisme algérien déjà 
        fort réduit dans le passé, était pratiquement inexistant 
        et ne disposait pas d'une organisation capable de relancer un mouvement 
        touristique.
 -------Or, 
        la variété des sites, le climat, les richesses folkloriques, 
        les vestiges historiques, tout concourt à faire de l'Algérie 
        un grand centre touristique pour peu qu'elle soit pourvue de l'équipement 
        indispensable et que soit menée à l'extérieur une 
        propagande destinée à da faire mieux connaître.
 -------Cette 
        politique fut entreprise par les Pouvoirs publics dès les années 
        1948-1950 avec prudence d'abord de façon à maintenir un 
        équilibre entre tous les secteurs qui interviennent dans l'activité 
        touristique. Une organisation touristique, en effet, ne s'improvise pas 
        et pour atteindre le niveau élevé auquel elle est parvenue, 
        par exemple, en métropole, elle doit posséder une structure 
        élaborée jour après jour, au prix de longs et patients 
        efforts. Un programme fut donc établi qui comportait des objectifs 
        modestes, mais intéressait tous les secteurs à la fois.
 -------Des 
        crédits spéciaux, régulièrement croissants, 
        furent affectés chaque année et à la remise en état 
        des hôtels existants et à l'extension de l'équipement 
        hôtelier ; les parcs automobiles furent reconstitués, les 
        transports routiers et ferroviaires rénovés, la navigation 
        aérienne développée.
 -------Parallèlement 
        à cet effort de rééquipement, l'action de propagande 
        s'intensifiait attirant des touristes de plus en plus nombreux. Dans les 
        grandes villes se tinrent des congrès de plus en plus rapprochés, 
        des navires en croisière firent escale dans les grands ports ; 
        des circuits réguliers furent organisés par des entreprises 
        privées avec l'aide des Pouvoirs publics ; enfin, ce fut l'apparition 
        de villages de toile qui, se multipliant rapidement, accueillirent sur 
        les côtes algériennes, durant les mois d'été, 
        de nombreux touristes métropolitains.
 Si, en 1954, le mouvement touristique était encore loin d'atteindre 
        l'ampleur du tourisme métropolitain, des résultats sensibles 
        avaient pu être obtenus.
 -------L'intérêt 
        grandissant pour l'Algérie qu'on était parvenu à 
        susciter avait fait augmenter le nombre de touristes étrangers. 
        Les chiffres d'entrée pour l'ensemble de l'Algérie sont 
        difficiles à dégager, mais on peut indiquer que pour les 
        seuls port et aéroport d'Alger, il s'élevait à 12 
        608 en 1954 ; cinq grands circuits touristiques étaient assurés 
        pendant toute l'année, qui parcouraient le Nord comme le Sud de 
        l'Algérie ; en 1954, il n'existait qu'un centre de vacances et 
        deux villages de toile ; en 1955, le tourisme populaire d'été 
        disposait des centres de vacances ou des villages de toile suivants : 
        Herbillon, Les Afbis, Tichy, Cap-Aokas, Cap-Matifou, 
        Zéralda, Francis-Garnier, Cherchell et les Andalouses.
 -------Ainsi, 
        voit-on que le mouvement touristique connaissait en Algérie un 
        essor considérable et nul doute qu'il aurait encore progressé 
        si l'insécurité survenue depuis n'avait pas détérioré 
        progressivement les résultats acquis. Certes, de nombreuses régions 
        sont restées ou auraient pu rester ouvertes au tourisme, mais les 
        mouvements de touristes, essentiellement fluctuants, ne pouvaient pas 
        manquer de se détourner très vite de l'Algérie.
 -------Ainsi 
        l'action séditieuse a détruit pour longtemps l'effet de 
        plusieurs années d'efforts qui avaient abouti à créer 
        de toutes pièces un " tourisme algérien ",
 -------Reste 
        que le tourisme ne peut constituer qu'une ressource d'appoint, plus ou 
        moins compensée par le départ des Algériens en métropole 
        ou à l'étranger pendant la saison chaude.
 
 L'artisanat
 
 -------Il 
        existe en Algérie un artisanat original de traditions très 
        anciennes et d'une valeur artistique incontestable. Tapis, tissages, broderies, 
        cuivres ciselés, bijoux, poteries en sont les produits les plus 
        connus et les plus estimés.
 -------Cependant, 
        exposé à la concurrence des productions industrielles, affecté 
        par l'évolution de la société musulmane, cet artisanat 
        se trouvait menacé et donnait des signes d'une décadence 
        qui risquait de priver de leurs ressources la plupart des petits artisans. 
        Pour y remédier a été créé un service 
        de l'artisanat qui se propose de guider l'artisan, de le ramener vers 
        les sources traditionnelles de son inspiration, de l'aider enfin à 
        placer sa production.
 -------Des 
        résultats tangibles ont pu être ainsi, obtenus : l'artisan 
        a compris qu'en suivant les conseils et les directives qui lui sont donnés, 
        qu'en modifiant ses méthodes de travail et ses techniques archaïques 
        il parvient à améliorer ses productions et, par suite, à 
        en assurer plus facilement l'écoulement.
 -------L'aide 
        qui lui est apportée se manifeste d'abord par la fourniture de 
        matières premières de choix, laines en particulier, qui 
        lui sont livrées, filées au calibre voulu et teintes selon 
        une gamme de nuances étudiées au laboratoire. Elle se manifeste 
        encore par le création de centres de perfectionnement artisanal 
        dans les localités où l'artisanat est particulièrement 
        développé. Ces centres où l'artisan trouve conseils 
        et assistance, sont répartis sur tout le territoire : Aflou, Tlemcen, 
        Mascara, Timimoun, Cherchell, Laghouat, Tébessa, Philippeville, 
        Khenchela, El-Oued, Sétif, Biskra, Grande-Kabylie, Bône.
 -------D'autre 
        port, l'artisan à domicile dont les moyens financiers sont insuffisants 
        peut recevoir des avances de matières premières et des prêts 
        de matériel et d'équipement. Une importante masse de prêts, 
        plus de 90 millions, est répartie par l'intermédiaire de 
        la société de prévoyance artisanale d'Alger et par 
        les sociétés agricoles de prévoyance, notamment par 
        celles qui sont dotées d'une section artisanale.
 -------Qu'il 
        s'agisse de tissages, de broderies, de dentelles, de vanneries, de poteries, 
        de bijoux, de dinanderies, de sellerie, l'aide à l'artisan se complète 
        par une organisation commerciale avec contrôle de la fabrication, 
        exposition des produits finis et estampillage en vue d'une commercialisation 
        rationnelle et rémunératrice.
 -------Au 
        cours de l'année 1956, ont été soumis à la 
        formalité de l'estampillage 52 874 tapis représentant une 
        superficie totale de 1 18 320 mètres carrés et 412 349 kilogrammes.
 -------Ainsi, 
        l'activité des services artisanaux prend les formes les plus variées. 
        Il est utile de mentionner les efforts qui sont déployés 
        pour permettre l'écoulement des produits de bonne qualité 
        et en conséquence procurer à l'artisan, et surtout à 
        l'artisane, un salaire
 d'appoint appréciable. Le chiffre des ventes réalisées 
        par la société de prévoyance artisanale d'Alger, 
        chargée de la commercialisation de la production artisanale pour 
        l'ensemble de l'Algérie, a doublé de 1955 à 1956, 
        preuve que l'action engagée en Algérie en faveur des artisans 
        est vraiment efficace.
 -------L'aide 
        à l'artisanat, dont l'inspiration et les buts peuvent être 
        rapprochés de ceux qui animent les services du paysannat, fait 
        apparaître certains aspects typiques de l'oeuvre de la France en 
        Algérie. En prodiguant les conseils techniques aux artisans des 
        régions rurales, en leur accordent un soutien financier, en les 
        dotant d'un matériel moderne, on o voulu leur assurer, dans le 
        cadre même des activités économiques locales, une 
        ressource d'appoint qui est loin d'être négligeable. Trait 
        d'union entre un système d'économie de type archaïque, 
        où le groupe vivent en autarcie, demande aux artisans locaux les 
        produits fabriqués dont il a besoin, et le système des activités 
        économiques modernes, puisque l'artisan utilise des techniques 
        complexes et perfectionnées (procédés de teinture 
        par exemple), l'artisanat contribue à faire entrer dans le circuit 
        économique moderne une partie toujours plus importante de la population 
        et apporte un accroissement sensible des revenus dans certaines régions, 
        généralement les plus pauvres du
 pays
 Conclusion -------Les échanges 
        avec la métropole représentent 79 
        % du commerce d'importation et 76 % du commerce d'exportation, 
        soit 78 % du commerce extérieur de l'Algérie dans son ensemble. 
        Ainsi, les deux partenaires, métropole et Algérie, trouvent-ils 
        à cette situation tous les avantages du débouché 
        mutuel, chacun étant pour l'autre à la fois un débouché 
        relativement assuré et une source d'approvisionnement relativement 
        certaine, et chacun devant une partie importante de son activité 
        aux commandes de l'autre partenaire.-------D'autre 
        part, la symbiose économique de la métropole et de l'Algérie 
        permet à la première de réaliser une 
        économie de devises considérables, à la seconde 
        d'ignorer le problème des devises fortes qui se poserait à 
        elle de façon extrêmement aiguë, en raison du déficit 
        de sa balance commerciale, si elle devait s'approvisionner en produits 
        industriels et alimentaires auprès des autres pays. On voit donc 
        l'importance, la profondeur et l'intérêt mutuel de la solidaritéorganique 
        qui unit la métropole et l'Algérie.
 -------La 
        balance commerciale de l'Algérie est caractérisée 
        essentiellement par un déficit croissant. Ce déséquilibre, 
        conséquence de l'effort d'industrialisation entrepris en Algérie 
        depuis plusieurs années, naît, paradoxalement, de la recherche 
        d'un nouvel équilibre économique. En effet, l'économie 
        algérienne, exclusivement agricole jusqu'à une dote récente, 
        s'ouvre progressivement à la vocation industrielle, puisque la 
        part du secteur industriel dans (e revenu global intérieur brut 
        de l'Algérie qui est actuellement de 32 environ pourra s'établir 
        prochainement aux environs de 40 %.
 -------D'autre 
        part, l'élévation du niveau de vie que révèlent 
        l'augmentation de certains postes à l'importation (biens de consommation) 
        et la diminution des mêmes postes à l'exportation, contribue 
        à accroître le déséquilibre.
 -------Comment 
        est compensé ce déficit? Par un apport extérieur 
        de capitaux et de revenus publics et privés
 -------1 ) 
        Des revenus privés, à savoir 
        les envois de fonds effectués par les travailleurs algériens 
        en Métropole.
 -------2) 
        Des revenus publics versés sous forme de traitements, salaires 
        et pensions.
 -------3) 
        Des capitaux privés qui s'investissent 
        en Algérie.
 -------4) 
        Des capitaux publics, tels les investissements 
        de l'administration métropolitaine, les emprunts du Trésor 
        Algérien, etc.
 -------Parmi 
        ces apports extérieurs les transferts de salaires et les investissements 
        de l'administration métropolitaine sont quantitativement les plus 
        importants.
 De plus, l'ensemble de ces apports joue un rôle essentiel en élevant, 
        dans l'immédiat ou à long terme, le pouvoir d'achat de la 
        population.
 
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