| LA CHUTE D'UN MIRADOR Le jeudi 11 août, vers sept heures 
        du soir, M. Vila, cuisinier, prenait tranquillement le frais sur le perron 
        du restaurant Jaumon lorsqu'au-dessus de lui un craquement sinistre se 
        fit entendre suivi aussitôt d'une avalanche de pierres de taille 
        s'abattant avec fracas sur les trottoirs de la rue Dumont-d'Urville et 
        de 
        la rue de Constantine. 
 La tourelle en mirador venait de s'effondrer et le malheureux Vila, qui 
        n'avait pas eu le temps de fuir, disparaissait sous un amas de matériaux.
 
 Une foule énorme, attirée par le bruit de l'effondrement, 
        s'amassait aussitôt sur les lieux. On s'empressa de dégager 
        le pauvre cuisinier dont le corps était couvert de blessures, dont 
        la tête avait été réduite en bouillie et qui 
        avait les deux jambes brisées.
 
 Tous les soins pour le rappeler à la vie furent inutiles et le 
        docteur Castelli constatait que la mort, produite par une fracture du 
        crâne et de la cage thoracique, avait été instantanée.
 
 La victime de ce déplorable accident, qui était âgée 
        de 45 ans, laisse une veuve et deux enfants, dont l'un actuellement sous 
        les drapeaux.
 
 Faut-il voir dans cet effondrement la conséquence des dernières 
        secousses sismiques ou l'attribuer à un défaut de construction 
        de l'immeuble ? L'enquête prescrite nous fixera bientôt, espérons-le. 
        Toujours est-il qu'un malheureux y a perdu la vie et que si d'autres existences 
        ont été épargnées c'est uniquement par l'effet 
        du plus grand des hasards, l'écroulement s'étant produit 
        à l'heure où la circulation est particulièrement 
        intense dans le quartier.
 
 Les locaux présentant quelque insécurité ont été 
        évacués aussitôt, et l'on prit des mesures immédiates 
        pour étayer, avec de grosses poutres, l'immeuble dans la partie 
        qui s'est écroulée.
 
 Des renseignements recueillis peu après la catastrophe, il semble 
        résulter que les pierres de taille qui soutenaient le poids de 
        toute la tourelle au-dessus de la porte du restaurant ont dû "travailler" 
        depuis longtemps. Les pierres, parait-il, soutenaient un poids considérable 
        de maçonnerie, et la maison, située à un tournant 
        - où les trépidations produites par les tramways, d'immenses 
        chariots autobus, des véhicules de toute sorte sont très 
        violentes - était des mieux placées, à un angle surplombant 
        une autre rue, pour être beaucoup plus éprouvée que 
        d'autres.
 
 Quoi qu'il en soit, la parole est aux experts appelés à 
        déterminer les causes exactes de cet accident mortel.
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