| L'hydraulique et la 
        colonisation en Algérie  Transformer en grasses luzernières, 
        en riches jardins maraîchers ou en opulents vergers de maigres champs 
        à céréales ou des pâturages pauvres, voire 
        des marais insalubres, tel a été le but poursuivi en Algérie 
        lors de la construction des grands barrages et de la mise en défense 
        des sols contre les eaux dévastatrices.
 Certes, l'oeuvre est vaste. L'effort pour améliorer le régime 
        des eaux a tout d'abord porté sur les plaines alluvionnaires qui, 
        tout en couvrant une superficie de 400.000 ha., ne représentent, 
        en fait, qu'un pour cent de la superficie totale des terres productives 
        sur l'ensemble des trois départements algériens. Mais l'irrigation 
        d'une part, l'assèchement et le drainage d'autre part, sont susceptibles 
        de transformer les conditions agricoles de ces plaines et d'en décupler 
        la productivité. Quelles ont été, dans le détail, 
        les réalisations de cet imposant programme ? C'est ce que nous 
        allons rapidement passer en revue en nous attachant tout d'abord à 
        l'Hydraulique positive.
 TERRITOIRES DU 
        NORD Les grands barrages 
        et l'irrigation
 Onze barrages-réservoirs sont actuellement en service, dont trois 
        dans le département d'Alger ; celui du Hamiz, du Ghrib et de l'Oued 
        Fodda ; cinq dans le département d'Oran : celui de Bakhadda, de 
        Bou-Hanifia, des Béni-Bandel, des Cheurfas, et de l'Oued Fergoug 
        ; enfin, trois dans le département de Constantine : barrages des 
        Zardezas, de Foum-el-Gueiss et de l'Oued Ksob.
 
 Tous ces ouvrages, à l'exception de ceux du Hamiz (1883), des Cheurfas 
        (1881) et l'Oued Fergoug (1871), ont été construits après 
        1921 ; c'est assez dire l'effort accompli par l'Algérie depuis 
        une vingtaine d'années dans le domaine de l'équipement agricole.
 
 Les trois barrages anciens n'avaient pour but que d'accumuler l'eau l'hiver 
        pour la restituer l'été. Les nouveaux barrages, de conception 
        moderne, ont été construits, par contre, de manière 
        à pouvoir assurer, aussi souvent que possible, une régularisation 
        interannuelle. Telles sont les dimensions des réservoirs qu'elles 
        permettent d'accumuler l'eau excédentaire au cours des années 
        de grande humidité, afin qu'on en puisse disposer ensuite avec 
        sûreté, au cours des années de sécheresse.
 
 A l'heure actuelle, la réserve totale accumulée dans les 
        grands barrages atteint environ 460 millions de mètres cubes (qui, 
        moyennant quelques travaux de surélévation, pourront être 
        portés à 720 millions de m3), quantité suffisante 
        à l'irrigation de 1711000 hectares.
 
 C'est donc environ la moitié des plaines alluvionnaires algériennes 
        qui sont désormais susceptibles de bénéficier d'une 
        irrigation rationnelle.
 De plus, le plan décennal d'équipement de l'Algérie, 
        qui vient d'être établi sous l'impulsion de M. le Gouverneur 
        Général Chataigneau, comporte, au titre des travaux hydrauliques, 
        à côté de l'aménagement et de l'extension des 
        périmètres irrigables, la construction de 8 nouveaux barrages, 
        situés respectivement sur l'oued El-Faht, près d'Uzès-le-Duc 
        (dép. d'Oran), sur l'oued Sarne, près des Trembles (dép. 
        d'Oran), sur l'oued Meffrouch, près de Tlemcen, sur l'oued El-Abd, 
        près d'Uzès-le-Duc, à Foum-el-Cherza, dans l'Aurès 
        (dép. de Constantine), à la Fontaine-des-Gazelles, près 
        d'El-Kantara (dép. de Constantine), sur la Bou-Namoussa, dans la 
        plaine de Bône, sur l'oued Isser, près de Palestro (dép. 
        d'Alger). On envisage d'autre part, la surélévation des 
        barrages de l'oued E1-Ksob et de Bakhadda.
 
 Grâce à ces travaux, le nombre des irriguants sera vraisemblablement 
        doublé. Il est facile d'imaginer les transformations que peut apporter 
        à l'Algérie un tel accroissement de ses ressources en eau.
 
 A ce sujet, il semble nécessaire de dissiper un malentendu : l'idée 
        a été trop souvent répandue que les grands ouvrages 
        hydrauliques étaient destinés uniquement à irriguer 
        les grandes propriétés. Or, dans les périmètres 
        actuellement desservis, les petites et moyennes propriétés, 
        européennes ou musulmanes, représentent une fraction importante 
        de la superficie totale. C'est ainsi que dans le périmètre 
        du Hamiz, pour une superficie irriguée de 4.753 hectares, on compte 
        1.306 irriguants, dont 888 musulmans.
 
 Par ailleurs, la petite hydraulique agricole qui s'attache à la 
        solution des problèmes individuels d'alimentation en eau des propriétés, 
        plus spécialement au profit des petits propriétaires et 
        des fellahs, n'est pas négligée, au contraire ! Les programmes 
        nouvellement établis tendent à l'utilisation la plus complète 
        des eaux sauvages par la construction de petits ouvrages de dérivation 
        sur les oueds et mêmes d'ouvrages plus importants, tel le très 
        récent projet de barrage d'accumulation à Taouiala, dans 
        la région d'Aflou.
 Distribution des 
        eaux Mais il ne suffit pas d'accumuler l'eau derrière 
        des barrages, il faut encore la distribuer. C'est suivant la réserve 
        du barrage qu'on délimite un périmètre classé 
        comme irrigable, à l'intérieur duquel l'eau est conduite 
        vers le point culminant de chaque propriété. Si le barrage 
        est suffisamment proche du périmètre, la distribution des 
        eaux part de l'ouvrage lui-même ; mais, dans la majorité 
        des cas, on est obligé de restituer l'eau à la rivière 
        pour la reprendre plus loin au moyen d'ouvrages de dérivation. 
        Pour amener ces eaux aux propriétés, il est nécessaire 
        d'utiliser, en dehors des conduites de types variés, des dispositifs 
        hydrauliques assez complexes : vannages automatiques et partiteurs à 
        réglage facile, et de répartir l'eau suivant un horaire 
        très strict.
 L'eau est vendue dès lors à chaque propriétaire selon 
        un régime extrêmement libéral, fixé sur le 
        décret-loi du 30 octobre 1935, réglant la distribution et 
        la vente de l'eau. Aucun engagement n'est demandé à l'irriguant, 
        autorisé à prendre à tout moment l'eau dont il a 
        besoin, sauf en période d'extrême sécheresse, où 
        des restrictions s'imposent.
 
 Étant donné qu'il s'agit d'une richesse publique, le décret-loi 
        reconnaît implicitement à la Colonie le droit de " contrôler 
        qu'il est fait de l'eau bon usage pour les intérêts généraux 
        du pays ". C'est que la mise en valeur d'un pays par l'irrigation 
        pose dans tous les domaines une multitude de problèmes.
 
 C'est ainsi que dans le domaine démographique, la culture irriguée 
        exige à la fois des praticiens avertis et une nombreuse main-d'uvre. 
        Or, on man que de celle-ci comme de ceux-là. Les problèmes 
        relatifs à l'éducation de la population et à son 
        accroissement sont probablement les plus délicats.
 
 Dans le domaine social, force est de constater que le régime actuel 
        de grande propriété et de tenure n'est pas adapté 
        à l'irrigation qui, du moins à son stade ultime, ne réussit 
        bien que dans un régime de petite propriété où 
        le cultivateur, avec sa famille, travaille lui-même son jardin.
 
 Dans le domaine agricole, il faut choisir les espèces végétales 
        les mieux adaptées au terrain et (note 
        du site: sur le document, la phrase s'interrompt ici.)
 
 Dans le domaine économique et commercial, enfin, il ne suffit pas 
        de produire, il faut encore pouvoir vendre, ce qui exige une prospection 
        des marchés, des efforts publicitaires, ainsi que des organisations 
        commerciales pour la bonne répartition des produits. au climat, 
        choix exigeant une longue sélection.
 
 Le " Service de la Colonisation et de l'Hydraulique " au Gouvernement 
        Général est chargé, en plus de la construction des 
        ouvrages et de la distribution des eaux, de résoudre ces divers 
        problèmes, en collaboration avec les services intéressés 
        ; il lui appartient également de bien orienter les irriguants, 
        tout en conservant à l'initiative et au travail individuels leur 
        place légitime.
 La défense 
        contre les eaux nuisibles Si la défense contre l'érosion, 
        les crues et la remontée des nappes phréatiques, exige une 
        autre technique, son objet demeure l'augmentation de la productivité 
        du sol algérien. Elle s'attaque, cette fois-ci, non plus aux terres 
        sèches, mais aux terres insalubres ou empoisonnées par le 
        sel.Dans certaines plaines littorales algériennes, notamment celles 
        de Bône, dans le département de Constantine, et celles de 
        la Macta et du Sif, dans le département d'Oran, les alluvions déposés 
        n'ont pas encore atteint leur équilibre géologique et les 
        oueds coulent sur des lits exhaussés, aggravant ainsi le danger 
        des inondations et créant des zones marécageuses où 
        sévit le paludisme.
 
 Il a donc fallu endiguer ces Oueds et assainir les plaines.
 
 Légendaires sont déjà les résultats obtenus 
        dans la Mitidja, 
        hier plaine pestilentielle, aujourd'hui le " Jardin de l'Algérie 
        ". Un effort analogue a été accompli dans les plaines 
        de la Macta, de l'Habra et du Sig, mais ce travail n'est pas achevé. 
        Enfin, l'Administration vient de passer à l'exécution du 
        grand projet d'assainissement de la plus vaste de ces plaines : celle 
        de Bône.
 
 Les travaux en cours vont s'étendre à plus de 90.000 hectares. 
        Déjà deux périmètres défendus, couvrant 
        une superficie totale de 30.000 hectares, sont en voie de constitution.
 
 Ces basses plaines pourront servir en grande partie de terrains d'embouche 
        s'ajoutant aux terres de pacage, qui sont actuellement limitées 
        aux Hauts Plateaux et à la bande Nord du Sahara. L'amélioration 
        des pâturages pourra, en outre, se compléter de réserves 
        fourragères produites dans les régions dominant ces plaines.
 
 Incidences sur la colonisation
 
 Mais l'irrigation des terres, leur défense contre les eaux nuisibles, 
        en un mot, l'accroissement de leur capacité de production à 
        l'aide des ouvrages d'hydraulique agricole, ont engagé l'Algérie 
        dans des dépenses considérables qui s'élèvent 
        à plus de 2 milliards.
 
 Ces travaux dont la collectivité a supporté la charge, n'ont 
        bénéficié, en fait et directement, qu'aux seuls propriétaires 
        de terres situées dans les périmètres irrigables 
        et défendus. La plus-value qu'en tirent les propriétés 
        privées autorise donc l'Algérie à demander aux propriétaires 
        intéressés le paiement d'une indemnité. La loi du 
        18 mars 1942, qui a pour objet la mise en valeur des terres irriguées 
        et des terres améliorées grâce à des travaux 
        de défense, apporte, dans ce domaine, une innovation. Elle stipule, 
        en effet, que l'Algérie est en droit d'exiger cette indemnité 
        de plus-value, non en espèces, mais en nature, c'est-à-dire 
        en terres. Bien entendu, les petites propriétés familiales, 
        ainsi que celles déjà exploitées antérieurement, 
        ne seraient pas amputables, leurs possesseurs ayant la faculté 
        de s'acquitter en espèces.
 
 Ce texte présente toutefois des imperfections. Elles tiennent au 
        fait qu'il avait été établi en fonction d'une situation 
        qui, depuis, a été dépassée par l'évolution 
        politique et sociale. Aussi la révision de cette loi est-elle à 
        l'étude ; si les modifications prévues concernent les modalités 
        d'application, elles ne toucheront pas aux principes essentiels de la 
        loi : donner un nouvel essor à l'installation de paysans sur les 
        terres et déterminer ainsi le rendement rapide des périmètres 
        irrigués.
 
 Grâce aux terrains ainsi récupérés, l'Algérie 
        entrera dans une étape nouvelle de uvre colonisatrice. De 
        nouvelles formules sont à l'étude, qui doivent favoriser 
        l'installation des colons.
 
 La législation ancienne (décrets de 1904 à 1924) 
        était basée sur l'accession immédiate des colons 
        à la propriété de leur lot. Bénéficiant 
        déjà de délais de paiement, ils pouvaient, en outre, 
        se procurer les fonds nécessaires à leur exploitation en 
        faisant appel au Crédit agricole gagé sur la valeur du fonds. 
        Cette formule s'est soldée par de nombreux mécomptes dus 
        essentiellement à l'insuffisance de capacités techniques 
        dont ont fait preuve de nombreux colons pour avoir ignoré les conditions 
        de la culture en Algérie.
 
 A la lumière de l'expérience, il semble préférable 
        de choisir les candidats colons dans les milieux ruraux et de ne les ériger 
        en propriétaires que lorsqu'ils ont acquis les aptitudes requises 
        pour faire prospérer leur terre tout en remboursant à la 
        collectivité la valeur de leurs fonds. D'où la nécessité, 
        pour le Service de la Colonisation, d'aménager lui-même la 
        propriété sur laquelle le colon fera son apprentissage et 
        son stage d'essai, avant de pouvoir recevoir ses titres de propriété.
 
 Le retard apporté à la réalisation de cette oeuvre 
        est imputable aux circonstances de guerre qui ont rendu impossibles le 
        choix et l'installation de nouveaux colons. L'Administration profite de 
        ce délai pour mettre au point les modalités d'application.
 
 Il s'ensuivra un peuplement qui sera à même de mieux utiliser 
        les ressources du pays, et de cette amélioration bénéficieront 
        au premier chef ces populations elles-mêmes, quelle qu'en soit l'origine.
 
 L'eau potable
 
 L'activité du Service de la Colonisation et de l'Hydraulique ne 
        se borne pas d'ailleurs à l'amélioration du régime 
        des eaux et à l'installation de colons ; elle prend en outre à 
        tâche d'alimenter en eau potable les agglomérations rurales 
        et urbaines.
 
 Avant la constitution du Service, les communes seules étaient chargées 
        de résoudre les difficiles problèmes posés par le 
        captage et l'adduction des eaux potables Charge lourde et qui s'aggravait 
        de l'insuffisance des moyens techniques dont elles disposaient Pour remédier 
        à cet état de choses, on a décidé que les 
        ingénieurs du Service Hydraulique prêteraient leurs concours 
        aux municipalités pour la construction des ouvrages, hormis toutefois 
        leur exploitation et leur entretien La création, au sein du Service, 
        d'une équipe spécialisée de géologues permet 
        désormais d'adapter aux cas particuliers les techniques modernes 
        les plus appropriées
 
 Notons que l'approvisionnement en eau potable se fait des trois manières 
        suivantes :
 1° Captage méthodique des sources 
        et adduction des eaux au centre par des conduites. Cette technique, la 
        plus répandue, à l'inconvénient de nécessiter 
        des travaux coûteux d'amenée lorsque, comme dans la plupart 
        des cas, la source est assez éloignée de l'agglomération 
        ;
 2° Pompage des nappes souterraines. 
        Cette solution est adoptée de plus en plus fréquemment pour 
        l'alimentation des grandes villes ;
 3° Utilisation de l'eau des barrages, 
        dont les réserves considérables peuvent être partiellement 
        utilisées, à condition de les faire passer, au préalable, 
        par une station de filtrage et de les soumettre aux procédés 
        habituels de stérilisation. Procédé adopté 
        pour la ville d'Oran, partiellement encore tributaire du barrage des Béni-Bandel.
 
 Une solution analogue s'imposera à la ville d'Alger. En effet, 
        si un certain nombre d'années encore les eaux souterraines de la 
        Mitidja peuvent lui suffire, il lui faudra, avant quinze ans, recourir 
        à celles de l'Oued Isser, régularisées par un important 
        barrage-réservoir.
 
 Certes, l'approvisionnement en eau des grandes agglomérations algériennes 
        laisse assez à désirer, le Service n'ayant encore pu complètement 
        regagner le retard devant lequel il s'est trouvé lors de sa création. 
        La guerre, de son côté, n'a pas manqué de ralentir 
        l'exécution de programmes dont la réalisation demeure subordonnée 
        à la mise en uvre de moyens techniques considérables. 
        Mais l'Administration, soyons-en certains, ne négligera rien pour 
        améliorer l'alimentation en eaux des populations rurales et urbaines.
 ** L'HYDRAULIQUE 
        DANS LES TERRITOIRES DU SUD Un exposé sur l'amélioration 
        du régime des eaux serait incomplet s'il se bornait aux réalisations 
        dans les Territoires du Nord de l'Algérie, sans mentionner ce qui 
        est entrepris dans les Territoires du Sud.
 Le développement agricole des hautes plaines intérieures 
        de l'Atlas Saharien et de la bande Nord du Sahara est essentiellement 
        subordonné aux quantités d'eau disponibles dans ces régions 
        et à leur répartition rationnelle.
 
 Les ressources en eau de ces territoires ont une double origine : il y 
        a, d'une part, les eaux superficielles, provenant des cours d'eau formés 
        par le ruissellement sur le flanc sud de l'Atlas Saharien proprement dit, 
        de l'Aurès et des Nementcha ; et, d'autre part, les eaux souterraines, 
        emmagasinées dans les nappes phréatiques et captives, qui, 
        dans certaines régions, sont parfois artésiennes.
 
 Pour pouvoir utiliser les unes, la construction de barrages - réservoirs 
        est nécessaire ; quant aux autres, elles sont rassemblées 
        moyennant le captage systématique des sources naturelles, ce qui 
        exige le forage et l'équipement de puits, dont la gamme va des 
        plus rudimentaires aux plus perfectionnés.
 
 Ces eaux,qu'elles soient superficielles ou souterraines, continueront 
        à être utilisées tout ensemble pour l'irrigation dont 
        dépend le développement des cultures, et pour la création 
        de points d'eau destinés à l'alimentation des troupeaux.
 
 L'irrigation et les cultures
 
 Parmi les cultures dont l'irrigation favorise le développement, 
        signalons plus particulièrement les céréales et les 
        dattes.
 La culture des céréales par épandage se pratique 
        de longue date chez les populations nomades ou semi-nomades. Une aide 
        technique, somme toute assez simple, paraît susceptible de l'étendre 
        davantage. Un premier essai vient, malgré la difficulté 
        des temps, d'être tenté avec succès dans la région 
        de Laghouat (1 Barrage d'épandage 
        de crues d'Al-Fatah.).
 
 Il n'est pas interdit de penser que l'on pourrait de la sorte cultiver 
        chaque année au moins 50.000 hectares, peut-être le double, 
        avec un rendement moyen atteignant 15 quintaux à l'hectare environ.
 
 La culture de la datte pose un double problème, selon qu'il s'agit 
        de la datte d'exportation ou de consommation locale. Actuellement, la 
        culture de la première est à peu près exclusivement 
        l'apanage de l'Oued R'hir et du Souf. Il n'est pas du tout évident 
        qu'il en puisse être autrement à l'avenir. Mais, sous cette 
        réserve, le palmier-dattier est d'une utilité incontestable, 
        autant par la riche nourriture qu'il procure que par l'abri qu'il offre 
        à toutes sortes de cultures arbustives ou maraîchères.
 ** L'important programme qui a pour objet d'utiliser 
        au mieux les eaux d'irrigation, comporte un triple aspect :1° Irrigation par épandage (barrage 
        de dérivation et grandes séguias) ;
 2° Régularisation des oueds par 
        barrages-réservoirs. Notons à ce propos que le seul cas 
        sérieusement étudié jusqu'ici est celui de l'Oued-el-Abiod 
        (Aurès) qui a donné lieu au projet de barrage de Foum-el-Gherza, 
        dont la construction sera entreprise en première urgence dès 
        que les circonstances le permettront. Il est vraisemblable qu'on pourra 
        régulariser de la même façon plusieurs autres cours 
        d'eau du versant sud de l'Atlas Saharien : l'Oued Seggeur, l'Oued Namous, 
        le Haut M'zi, peut-être le Guir dans la région de Djorf Torba 
        ;
 3° Utilisation des nappes souterraines. 
        La nature et la dispersion des travaux dont dépendra l'exploitation 
        de ces eaux, exigeront l'électrification complète des Zibans 
        et de l'Oued R'hir. Le problème est d'ores et déjà 
        à l'étude en collaboration avec le Service de l'Electricité.
 
 Outre ces travaux, destinés à assurer la sécurité 
        aux oasis et à régénérer des palmeraies dépérissantes, 
        il y a, au Nord de la région de Tolga, d'heureuses perspectives 
        pour le développement de cultures diverses, à la faveur 
        d'une nappe phréatique susceptible d'être captée. 
        Il n'est pas douteux qu'on pourrait faire prospérer cette région 
        par la plantation d'arbres fruitiers de toute sorte, ainsi que par la 
        culture de légumes en primeurs, de coton, etc...
 
 L'aménagement du pâturage
 
 L'élevage, et particulièrement l'élevage ovin, restera 
        une importante source d'activité pour les populations des Territoires 
        du Sud. Le problème fondamental est d'y utiliser à plein 
        rendement tous les pâturages naturels, en dotant la région 
        de tous les points d'eau possibles, et en créant des abris là 
        où sévit un froid dangereux. Ce dont il s'agit, en effet, 
        c'est de faire vivre en toute sécurité, dans les Territoires 
        du Sud, un troupeau de quelque millions de têtes, et d'en améliorer 
        la qualité.
 
 Sur l'immense zone où l'élevage du mouton est possible (soit 
        une superficie de 500 à 600 km de long sur 100 à 200 km 
        de large), il y aura lieu, en outre, de créer, d'aménager 
        et d'entretenir environ trois cents point d'eau, abondants et bien équipés.
 
 Les résultats de ces travaux seront considérables. Tout 
        semble indiquer, en effet, que l'Atlas Saharien ou le pré-Sahara 
        pourraient nourrir dans de bonnes conditions environ 100.000 familles, 
        si la culture des céréales y était rationnellement 
        combinée avec l'élevage. Quand on sait comment, dans des 
        conditions, il est vrai plus que précaires, une population nombreuse 
        réussit à subsister dans ces contrées en vivant d'un 
        élevage et de cultures encore rudimentaires, on peut estimer que 
        ce sont 70.000 familles de plus qu'y pourront faire vivre, dans des conditions 
        améliorées, les installations et aménagements prévus. 
        Les travaux projetés, qui ont retenu tout particulièrement 
        l'attention de M. Yves Chataigneau, Ministre Plénipotentiaire, 
        Gouverneur Général de l'Algérie, comportent donc 
        une incidence humaine qui est loin d'être négligeable.
 
 *** Lorsque l'Algérie aura réalisé 
        ce magnifique programme et que ses populations se seront adaptées 
        aux conditions nouvelles de l'agriculture résultant des aménagements 
        du régime des eaux, sa physionomie se transformera. Les plaines 
        littorales et sublittorales se couvriront de jardins maraîchers 
        et de riants vergers. Les Hauts-Plateaux eux-mêmes verront leur 
        monotonie rompue par des taches de verdure s'étendant peu à 
        peu. Les troupeaux algériens, dont le nombre ne cessera de croître, 
        seront élevés avec moins d'aléas. Quant à 
        l'approvisionnement en céréales des populations du Sud, 
        il sera largement assuré. Enfin, des palmeraies modernes et à 
        grand rendement se développeront dans des oasis régénérées 
        ou créées de toutes pièces, grâce à 
        des puits nouveaux dans des zones aujourd'hui complètement désertées. |