| L'Electrification de l'Algérie  La vocation civilisatrice de la France participe 
        des réalisations de tous ordres. A côté des transformations 
        politiques, elle s'affirme de façon à donner toute leur 
        valeur aux conceptions les plus généreuses dont s'honore 
        notre pays.
 A cet effet, l'électrification de l'Algérie est appelée 
        à jouer un rôle primordial. Elle apparaît comme l'un 
        des principaux leviers du développement agricole et industriel 
        de ce grand territoire, dont la production, faute de moyens appropriés, 
        est encore loin d'atteindre le rendement maximum que l'avenir permet d'escompter.
 
 Disons tout de suite qu'il n'est pas, en Algérie, de politique 
        de l'énergie électrique de principe. L'électrification 
        y est en fonction des possibilités d'évolution du pays, 
        elles-mêmes limitées par des conditions physiques et démographiques.
 
 UN PROBLÈME COMPLEXE
 
 L'évolution de l'Algérie est liée à l'accroissement 
        rapide de sa population. D'où la nécessité d'industrialiser 
        le pays en vue d'augmenter, dans une mesure suffisante, la masse des produits 
        agricoles et manufacturés indispensables à sa subsistance. 
        Problème difficile à résoudre en raison de la disproportion 
        entre des besoins croissants et des ressources limitées. Mais, 
        s'il paraît exclu que sa propre production puisse jamais intégralement 
        couvrir sa consommation - ce qui condamne l'Algérie à demeurer 
        tributaire des importations, même pour l'alimentation - il n'en 
        est pas moins possible de réduire sensiblement l'écart entre 
        l'une et l'autre, à l'aide des forces motrices fournies par l'énergie 
        électrique.
 Ces données, peut-être un peu trop abstraites, demandent 
        quelques éclaircissements.
 
 Il est de fait que la population indigène a triplé en un 
        demi-siècle et que son accroissement se poursuit au rythme de 130.000 
        habitants par an. Cette courbe "triomphalement ascendante", 
        selon l'expression de F. Gauthier, est un témoignage irrécusable 
        en faveur de l'oeuvre française en Algérie.
 
 Or, contrairement à une opinion assez répandue, l'Algérie, 
        considérée dans son ensemble, est un pays inégalement 
        favorisé par la nature. Les terres fertiles et bien irriguées, 
        dont la végétation luxuriante fait l'admiration du voyageur, 
        ne représentent qu'une partie de sa superficie. Celle-ci comprend 
        surtout des régions montagneuses, ravinées par l'érosion, 
        et de vastes plateaux secs où les récoltes maigres sont 
        le fruit d'un labeur acharné de défoncement.
 
 AU SERVICE DE L'AGRICULTURE
 
 Lorsqu'il s'agit d'augmenter la quantité des produits, notamment 
        les produits alimentaires, la première idée qui vient à 
        l'esprit, dans un pays essentiellement agricole, c'est d'y développer 
        d'abord au maximum l'agriculture. Un tel résultat peut être 
        atteint par l'amélioration des méthodes culturales, le développement 
        des irrigations, la motorisation d'une grande partie des travaux, et l'emploi 
        généralisé de toutes les formes d'énergie 
        propres à décupler le travail humain.
 
 A partir de 1920, un programme a été mis en chantier, qui 
        comportait la construction de grands barrages d'une capacité totale 
        de 900 millions de mètres cubes et l'aménagement, à 
        l'aval, de 180.000 hectares irrigables. Plus de 100.000 hectares ont été 
        irrigués en l'espace de vingt ans. On peut estimer, sans être 
        optimiste, qu'au cours des vingt prochaines années, c'est encore 
        100.000 hectares de plus qui seront fertilisés de cette façon, 
        et 200.000 au moyen d'un pompage, contrôlé et dirigé, 
        des nappes phréatiques.
 
 Mais, si l'on met en ligne de compte le temps nécessaire à 
        l'exécution des grands travaux nouvellement prévus ; l'impossibilité 
        d'étendre indéfiniment les zones d'irrigation, si abondantes 
        que soient les nappes souterraines ; la lenteur de tout progrès 
        en agriculture chez des paysans routiniers, assujettis à la lente 
        cadence des saisons et des années, on ne s'étonne pas qu'il 
        faille, selon les techniciens, dix ans au moins pour doubler la production 
        agricole qu'il s'agirait pourtant de quintupler.
 
 AU SERVICE DE L'INDUSTRIALISATION
 
 De même que l'amélioration interne de l'agriculture, l'industrialisation 
        contribuera à accroître la productivité de l'Algérie. 
        Par des voies différentes, elles concourent, l'une et l'autre, 
        à résoudre le difficile problème de l'alimentation.
 
 Le développement des riches cultures des zones irriguées 
        amènera, en effet, par un processus qu'on voit déjà 
        se dessiner, la création d'industries alimentaires importantes 
        : industrie du froid, pour la conservation et le transport des viandes 
        de boucherie et des fruits ; industrie de conservation de denrées, 
        confitureries, fabriques de semoule, savonneries, etc... En marge et au 
        service de l'agriculture, d'autres industries se développeront 
        : ateliers mécaniques pour la fabrication de pompes, la réparation 
        de camions, tracteurs, machines agricoles, l'entretien du petit matériel 
        mécanique et électrique des fermes, la fabrication de hangars, 
        de silos de stockage, d'emballages, d'engrais, etc...
 
 Il y a place en Algérie pour d'autres activités industrielles. 
        Les années difficiles que nous avons traversées et que nous 
        traversons encore, nous ont montré les lacunes tragiques de notre 
        équipement. L'Algérie, non seulement n'est pas outillée 
        pour traiter sur place ses propres minerais de fer, mais elle est encore 
        incapable de transformer en acier coulé ses ferrailles à 
        proportion de ses besoins, ou de fabriquer de la fonte, des ronds à 
        béton armé, des profilés de bonne qualité. 
        Bien qu'elle ait réussi en pleine guerre à monter une tréfilerie 
        de cuivre, elle n'est pas à même de faire des câbles. 
        Ne demandez pas à son industrie chimique de muer en sulfates le 
        minerai de cuivre extrait du sol algérien, si indispensables qu'ils 
        soient aux cultures régionales. Les moutons lui fournissent une 
        laine abondante ; ses terres, du coton de qualité ; mais, faute 
        d'industrie textile, elle n'en peut tirer, malgré l'habileté 
        de son artisanat, qu'un maigre lot de tissus. Elle produit de l'alfa, 
        mais ne possède pas d'industrie de papier. Insuffisants, ses ateliers 
        mécaniques ne sont pas à même de pourvoir complètement 
        à la réparation de tous ses véhicules : automobiles, 
        camions, tracteurs. Quant à sa production de ciment, elle atteint 
        à peine le tiers des besoins.
 
 C'est dire tout ce que l'Algérie attend de l'industrialisation, 
        elle-même subordonnée à l'emploi généralisé 
        de l'énergie électrique. Par la force des choses, celle-ci 
        devient ainsi un facteur vital pour la production algérienne.
 
 EMPLOI DE L'ÉNERGIE
 
 Dotant l'Algérie de forces motrices puissantes, lui apportant des 
        facilités de travail, infusant comme un sang nouveau dans les artères 
        de son économie, l'électrification est propre à transformer 
        tous les secteurs de la production, dont le rendement sera celui d'un 
        territoire parfaitement outillé.
 
 Si l'on veut passer en revue les domaines où l'énergie électrique 
        trouvera un heureux emploi, on ne manquera pas de s'arrêter aux 
        suivants :
 
 Chemins de fer. 
        - On sait à quel point la vie économique d'un pays dépend 
        du développement et de la bonne marche de son réseau ferroviaire.
 Il s'ensuit qu'il est d'intérêt majeur de rendre les transports 
        publics aussi indépendants que possible de l'étranger ou 
        d'incidences extérieures en alimentant leurs forces motrices, si 
        faire se peut, par des sources régionales. L'Algérie en 
        a fait l'expérience à ses dépens lorsqu'au cours 
        de l'hiver 1941-1942, la pénurie de charbon, puis, pendant les 
        hostilités, les dévorants besoins militaires l'obligèrent 
        à réduire considérablement sur les chemins de fer 
        son trafic commercial.
 
 Aujourd'hui, une notable partie du réseau algérien est déjà 
        en voie d'électrification. Les lignes qui en bénéficieront 
        sont celles reliant :
 
        
          | Alger à Oran | Alger à Constantine | Souk-Ahras à Ghardimaou |  
          | Oran à Sidi-Bel-Abbès | Constantine à Philippeville | Tébessa au Kouif |  
          | Oran à Témouchent | Philippeville à Bône | Oued-Kébérit à Tébessa |      Usage 
        domestique. - Trop disséminés à travers 
        le vaste territoire algérien pour pouvoir bénéficier 
        du gaz des villes, les fermes, métairies et villages verront s'étendre, 
        avec l'usage de l'électricité, leurs possibilités 
        de production en même temps que s'élèvera le niveau 
        social. Les disponibilités en bois, d'ailleurs modiques, étant 
        géographiquement mal réparties, la cuisine électrique 
        trouvera largement emploi dans les campagnes et jusque dans les intérieurs 
        modestes. Elle y voisinera avec le réfrigérateur, indispensable, 
        dans un pays comme l'Algérie, pour la conservation des denrées 
        périssables et le rafraîchissement des boissons.
 Usage agricole. 
        - En plus de l'irrigation à l'aide du pompage électrique, 
        consommant au minimum 80 millions de kW/h, l'énergie électrique 
        apportera dans les fermes la force motrice nécessaire aux machines 
        agricoles : battages, hache-paille, défoncements (dont l'usage 
        se répandra largement dans le Haut-Chéliff et sur les plateaux 
        sétifiens), labours des terres maraîchères (déjà 
        en expérimentation à Aïn-Taya), etc... De leur côté, 
        les industries à fondement agricole, notamment les industries alimentaires, 
        comme les fabriques de pâtes ou celles de conserves, trouveront 
        dans cette force motrice un auxiliaire utile.
 
 Industries diverses. 
        - La même observation peut être faite au bénéfice 
        de toute une série d'autres industries, allant du petit artisanat 
        musulman (notamment celui de Tlemcen) aux usines d'acier coulé 
        ; de celles qui traitent certains minerais, en particulier le zinc, aux 
        exploitations minières, non encore reliées par câbles, 
        comme celles du Kouif, de M'Zaita, du Djebel-Onk (qui va être mis 
        en exploitation), de Tadjerouine et celle de Gafsa, qui se trouve en territoire 
        tunisien.
 
 PRODUCTION DE L'ÉNERGIE
 
 Sans nous arrêter au détail des prévisions d'ordre 
        technique, bornons-nous à noter que la production de l'énergie 
        électrique a été calculée de manière 
        que puisse en être doublée tous les dix ans la consommation 
        moyenne, selon une échelle déjà appliquée 
        en France et en Grande-Bretagne.
 
 D'une manière générale, l'électricité 
        est produite soit par des usines thermiques consommant du charbon ou des 
        combustibles liquides, soit par des usines hydro-électriques utilisant 
        des chutes d'eau.
 
 L'Algérie n'a guère le choix. Elle est pauvre en combustibles 
        solides. Les houillères du Sud-Oranais produiront tout au plus 
        300.000 tonnes de charbon par an, lorsqu'elles seront convenablement équipées. 
        Ce charbon, par surcroît, est coûteux, tributaire de longs 
        transports. On ne le met à contribution qu'en périodes critiques. 
        D'autre part, le pétrole n'est pas exploité en Algérie. 
        L'alimentation des centrales thermiques, une fois que la production de 
        l'énergie électrique aura atteint un certain degré, 
        ne saurait donc être assurée que par l'importation de combustibles.
 Mais on ne peut, par ailleurs, grossir sans inconvénient le volume 
        des importations par l'achat de charbon étranger ou français. 
        De sorte qu'il y a, pour l'Algérie, nécessité de 
        recourir le plus possible aux usines hydro-électriques pour la 
        production de ses forces motrices.
 
 La " houille blanche " est, au demeurant, d'un prix de revient 
        bien moins élevé. Pour s'en convaincre, il suffit de jeter 
        un coup il sur la carte. On y verra que des pays où la production 
        hydraulique est le plus développée, sont précisément 
        ceux où les forces motrices sont bon marché. Tels la Suisse, 
        les pays scandinaves, la France et, en Afrique du Nord, le Maroc. En Algérie 
        même, c'est la région de Constantine qui, sous ce rapport, 
        se trouve la plus favorisée.
 
 Ajoutons que l'équipement hydro-électrique pourra être 
        légué intact aux générations futures, alors 
        qu'il n'en est pas de même de l'équipement thermique, dont 
        l'entretien et le périodique renouvellement demeurent onéreux.
 HOUILLE BLANCHE 
        ET BARRAGES Bien que l'étude des barrages n'entre 
        point dans le cadre de cet exposé, on ne saurait passer sous silence 
        leur importance pour le développement agricole et industriel de 
        l'Algérie. Ce sont eux, en effet, qui nous approvisionnent en houille 
        blanche.
 En 1938, l'énergie électrique était fournie en centrales 
        hydrauliques, non régularisées et au fil kW/h ( Voir 
        l'Annexe). Les plus récentes datent de 1932. Bien importantes 
        en matériel tournant et leur production Mais elles sont pauvres 
        en chaudières, leur matériel
 
 Algérie par sept centrales à vapeur, tandis que des de l'eau, 
        produisaient en moyenne 50 millions de que sans interconnection, elles 
        ont des réserves assez pourrait être portée à 
        35 millions de kwh environ. est ancien et passablement usé, faute 
        d'avoir pu être réparé ou remplacé 
        au cours de quatre années de service continu. Aussi certaines de 
        ces usines devront-elles être déclassées.
 
 La houille blanche, dont il y aura lieu de pousser au maximum l'exploitation, 
        n'offre pas ces inconvénients. L'étude des ressources d'énergie 
        hydraulique de l'Algérie montre que des quantités considérables, 
        atteignant plusieurs milliards de m3 par an, sont disponibles, mais non 
        régularisées et difficilement régularisables. Le 
        régime des oueds est tel, en effet, que la période des hautes 
        eaux est beaucoup plus courte que celle des rivières françaises. 
        Le débit y prend la forme de crues souvent furieuses. Par malheur, 
        ces oueds, eaux brèves, présentent tous le même régime 
        : hautes eaux en hiver et au printemps ; étiage en juillet, août, 
        septembre et octobre. Le drame algérien, c'est de ne pouvoir disposer 
        alternativement d'un régime hydraulique comme celui de la France 
        : Alpes (hautes eaux d'été), et Massif Central (hautes eaux 
        d'hiver). A cette irrégularité au cours de l'année 
        s'ajoutent des irrégularités interannuelles.
 
 La construction de barrages a précisément pour objet de 
        dompter les eaux sauvages de ces oueds en régularisant tout au 
        moins leur cours annuel au profit de l'agriculture et de l'industrialisation 
        algériennes. La première leur est redevable de l'irrigation 
        de ses terres ; la seconde, de la production des forces hydro-électriques. 
        En raison de ces avantages inappréciables, les barrages tiennent 
        une place importante dans le programme des travaux en cours (Voir 
        l'Annexe). Aussi, dès son entrée en fonctions, 
        M. le Ministre Plénipotentiaire, Yves Chataigneau, Gouverneur Général, 
        s'est-il fait un devoir d'encourager et d'activer l'équipement 
        hydraulique de la colonie.
 
 LES USINES HYDRO-ÉLECTRIQUE
 
 Tenant le premier rang dans les grands travaux prévus ou déjà 
        en chantier, elles comportent deux sortes d'ouvrages : ceux du génie 
        civil, tels que barrages, galeries d'amenée des eaux ; et les ouvrages 
        électriques ou métalliques, tels que turbines, alternateurs, 
        conduites forcées, etc...
 La prudence conseille de conserver parallèlement aux usines alimentées 
        par les barrages celles qui produisent l'énergie thermique. Elles 
        permettent, au cours des années sèches, de combler les déficits 
        de la production hydraulique et, d'autre part, de remédier instantanément 
        à une défaillance éventuelle des lignes à 
        très haute tension reliant les usines hydrauliques aux centres 
        de consommation.
 
 TRANSPORT DE L'ÉNERGIE
 
 Les ressources hydro-électriques n'étant pas situées 
        aux lieux mêmes de leur emploi, un réseau de transport à 
        haute tension est nécessaire.
 Le principal centre de production est la Petite Kabylie. Comme le montre 
        l'étude des forces motrices à transporter, il doit, d'une 
        part, être relié à Alger, d'abord par deux lignes 
        à 150 kv jusqu'à Aomar, puis par trois lignes à 150 
        kv à partir de ce point ; et d'autre part, à Constantine, 
        par deux autres à 150 kv, prolongées par une seule ligne, 
        de même débit, jusqu'à l'Oued Kébérit. 
        Cette artère générale à très haute 
        tension se doublera d'une autre à 60 kv, destinée à 
        alimenter en énergie des sous- stations de chemins de fer entre 
        Alger et Constantine, lors de leur électrification.
 
 Entre Oran et Alger, les échanges d'énergie ne justifient 
        qu'une ligne à 90 kv pour recueillir le courant électrique 
        des usines au pied des barrages d'irrigations et approvisionner, étant, 
        mixte, les sous- stations de chemins de fer.
 
 La ligne existante (90 kv) qui va de Bône à Oued Kébérit 
        sera prolongée jusqu'à Tébessa. Ses antennes apporteront 
        l'énergie aux mines tunisiennes de la région de Tadjerouine 
        et de Metlaoui-Gafsa. Elle sera alimentée à Bône par 
        la Centrale thermique et, à Oued Kébérit, par un 
        poste de transformation sur la ligne à 150 kv.
 
 L'ÉQUIPEMENT ALGÉRIEN : VERS LES 
        RÉALISATIONS
 
 Afin d'exploiter au maximum les ressources hydro-électriques de 
        l'Algérie, on a décidé de hâter l'équipement 
        des usines plantées au pied des barrages d'irrigation et dont les 
        noms sont aujourd'hui familiers dans le pays, à savoir les usines 
        du Ghrib, de l'Oued-Fodda, de Bakhada, de Bou-Hanifia, de Béni-Bandel, 
        du Hamiz, du Ksob, et des Zardezas. D'autres usines, déjà 
        en construction ou encore en projet, situées à proximité 
        de réseaux d'irrigation ou sur des cours d'eau non régularisés, 
        viendront accroître, au cours des prochaines années, le potentiel 
        économique de la région. Il s'agit de celles qui seront 
        établies à Perrégaux, à Boghni aval, à 
        Michelet, à Maillot aval, à Chabet-Saïad, et à 
        Aïn-Témouchent.
 
 Ces usines une fois construites, l'Algérie disposera de 16 millions 
        de kwh hydrauliques par an.
 Mais les gros ouvrages de la première tranche de travaux à 
        entreprendre seront l'aménagement de l'Oued Agrioun (près 
        de Kerrata), et celui de l'Oued Djendjen (près de Ziama-Mansouria). 
        Voici, en chiffres, leurs particularités :
 
 Chute de l'Oued Agrioun 
        :
 Hauteur brute de chute : 380 m. ; Puissance en kilowatts : 60.000 ; Production 
        annuelle : 110.000 kwh.
 Chute de l'Oued Djendjen 
        :
 Hauteur brute de chute : 670 m. ; Puissance en kilowatts : 60.000 ; Production 
        annuelle : 140.000 kwh.
 
 Ces ouvrages seront reliés à Alger et à Constantine 
        par des lignes de 150.000 volts, créant ainsi 1a grande artère 
        transversale à haute tension qui a tellement fait défaut 
        à l'Algérie durant ces dernières années.
 
 Parallèlement à cet équipement destiné à 
        la production d'énergie électrique, les travaux d'électrification 
        rurale, mettant cette force motrice à la disposition des villages 
        et des fermes, seront activement poussés. D'ailleurs, ils le sont 
        déjà, en dépit du manque de matières premières.
 
 État des travaux 
        au 1er janvier 1946
 Dès maintenant, on travaille d'un effort continu à l'achèvement 
        des usines au pied des barrages d'irrigation. On trouvera, dans le tableau 
        ci-après, un aperçu d'ensemble du programme des constructions 
        tel qu'il se présentait au janvier 1946.
 
        
          |  |  Le barrage de dérivation de Kerrata 
        sera achevé en fin d'année, les études de l'usine 
        définitive sont au point et les travaux préparatoires prendront 
        fin au début de l'an prochain. On peut escompter la mise en service 
        de l'usine définitive pour décembre 1948.
 
 Quant à l'Oued Djendjen, les travaux de reconnaissance de l'emplacement 
        du barrage, ainsi que les études générales sont terminés 
        ; les travaux préparatoires, comportant notamment le chemin d'accès 
        au barrage et aux fenêtres de la galerie et la cité ouvrière 
        de l'usine, sont en cours d'exécution. Les travaux définitifs 
        seront entrepris à cadence rapide en 1948, en vue d'assurer la 
        mise en service de l'usine dès 1952.
 
 UN INSTRUMENT DE CIVILISATION
 
 A diverses reprises, M. Yves Chataigneau, Gouverneur Général 
        de l'Algérie, a insisté sur l'urgente nécessité 
        de faire bénéficier la colonie d'une large industrialisation. 
        Apportant à l'agriculture les forces motrices nécessaires, 
        perfectionnant l'outillage de sa production, résorbant une main-d'uvre 
        pléthorique, elle est le point de départ d'un nouvel essor 
        de l'économie algérienne.
 
 Il est à peine besoin de souligner que ces améliorations 
        d'ordre matériel tendent avant tout au relèvement des conditions 
        d'existence des populations. Ainsi, à travers l'aspect technique 
        de l'effort énorme qui est ici déployé, se révèle 
        une préoccupation profondément humaine et française. 
        Loin de laisser lettre morte le vaste plan de réformes qu'elle 
        a conçu, la France entend qu'il s'inscrive hardiment dans le sol 
        algérien, comme le témoignage durable de sa civilisation.
 ANNEXEExtrait du rapport technique joint au Projet 
        d'ordonnance portant création d'un Office
 Étapes de réalisation
 --- La première tranche de travaux à exécuter consiste 
        à terminer les usines du programme de 1940, c'est-à-dire 
        :
 
         
          | Béni-Bandel | Hamiz | Chabet-Saïad, | Oued Ksob, |   
          | Perrégaux | Boghni aval, | Aïn-Témouchent | Zardezas |   
          | Bakhadda | Michelet | Bou-Hanifia |  |  et les lignes 90 kv. à l'Ouest d'Alger.
 --- La tranche de travaux d'après-guerre, qui est commencée, 
        comprendra :
 --------L'Usine de l'Oued-Agrioun et l'Usine de l'Oued-Djendjen,
 --------Une ligne 150 kv. Alger - Agrioun - Djendjen - Est Constantinois,
 --------Le sous-réseau de répartition à 60 kv. à 
        l'Est d'Alger,
 --------L'achèvement du réseau 90 kv, des confins algéro-tunisiens.
 
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