| Bilan de l'activité 
        algérienne durant ces deux dernières années Depuis deux ans, l'Algérie clé de voute 
        de la communauté française participe à un de ces 
        mouvements accélérés d'évolution qui fixent 
        en un moment les dispositions et le soufle d'un pays pour y fonder la 
        durée de son histoire.
 En septembre 1944, elle remettait à la Métropole à 
        la fois le siège du Gouvernement de la République et le 
        flambeau de la souveraineté nationale que lui avaient confiés 
        les Français combattants demeurés libres et ceux qui résistaient 
        à l'envahisseur.
 
 Tout en demeurant place des Armes et des Solaats de la Libération 
        du territoire, elle se retrouvait dans ses cadres originaux à reconstruire 
        avec les exigences locales à satisfaire selon ses expressions propres 
        à affirmer.
 
 Si elle n'échappe point actuellement au rythme lent auquel se réalisent 
        les mesures envisagées dans le monde pour établir des -.apports 
        d'équilibre entre la production, les échanges et la consommation, 
        elle n'en a pas moins forgé et construit les ouvrages de l'avenir 
        dégageant les ruines de la guerre et franchissant ainsi une étape 
        &oisive de son histoire.
 
 LE PLAN D'ACTION COMMUNAL.
 
 Le comité Francais de la Libération Nationale dès 
        le 11 décembre 1943 soulignait la nécessité de dresser 
        en Algérie un programme complet, dans la vue d'assurer le progrès 
        économique et social des habitants des trois départements 
        nord-africains.
 
 La Commission des Réformes de 1944 préparait à son 
        tour une série de mesures susceptibles de contribuer à la 
        mise en oeuvre de cet important programme.
 
 C'est dans cet esprit que fut adressée, en avril 1946, une circulaire 
        invitant tous les cnefs de commune à établir le plan d'action 
        de leur unité administrative, avec la préoccupation d'éviter 
        les constructions abstraites (Voir 
        " Documents Algériens ", série économique, 
        N° 13.). En choisissant la commune comme unité 
        d'action, M. le Gouverneur Général Yves Chataigneau a tenu 
        à faire appel aux maires, aux administrateurs, aux présidents 
        des centres municipaux ainsi qu'aux assemblées locales qui connaissent 
        les besoins de leurs administrés. Les chefs de communes ont eu 
        à procéder à l'inventaire général de 
        ces besoins et à fournir, après étude concrète, 
        un plan complet, homogène, coordonné pour réaliser 
        en cinq ans avec méthode et continuité, et dans tous les 
        domaines, les créations et améliorations opportunes. Ils 
        ont été priés de prévoir, dès maintenant, 
        les desiderata qu'il y aurait à satisfaire à l'expiration 
        de cette période quinquennale, ainsi que les solutions à 
        donner aux problèmes qui se feraient jour à cette époque.
 
 L'établissement du plan d'action est donc aujourd'hui en plein 
        travail et de nombreux dossiers sont à l'étude aux services 
        compétents. Aussi peut-on avoir un aperçu d'ensemble des 
        programmes envisagés et des difficultés qu'il faudra surmonter, 
        ainsi que des dépenses qui devront résulter de l'exécution 
        du plan de cinq ans.
 
 Modifications 
        du régime municipal.
 Sur le plan politique l'évolution économique et sociale 
        des populations algériennes se traduira par une modification du 
        régime municipal, qui les régit actuellement. Progressivement, 
        centres de colonisation, douars, fractions de douars ou villages, obtiendront 
        leur autonomie municipale. De nouvelles communes 
        de plein exercice et de nouveaux centres municipaux seront institués, 
        cependant que des centres de colonisation ou des douars seront rattachés 
        à des communes de plein exercice ou à des centres municipaux.
 
 Ces transformations modifieront la structure actuelle des communes mixtes 
        et si les pi cpositions qui ont été formulées sont 
        reîenues. 55 d entre elles subiront des amputations de territoires 
        et 7 autres disparaîtront
 
 Les premières réalisations, notamment les créations 
        des centres municipaux de Kabylie montrent les difficultés financières 
        assez sérieuses auxquelles se heurte cette organisation. Ainsi, 
        convient-il sans doute d'envisager - afin d'augmenter les recettes des 
        unités administratives les plus déshérités 
        - un remaniement de la réglementation sur l'attribution des produits 
        des droits de marchés assurant une répartition plus équitable 
        des revenus provenant decette taxe, très souvent payée par 
        des populations étrangères à la commune qui les encaisse.
 
 Un projet de loi sur les syndicats, en préparation au Ministère 
        de l'Intérieur, offrira aux municipalités lorsqu'il aura 
        été promulgué, le moyen de se grouper pour une gestion 
        commune de tout ou partie de leurs services municipaux. Les économies 
        qui en résulteront pour elles, leur procureront les disponi Mités 
        et les aisances convenables port assurer la mise en oeuvre de leur plan 
        d'action. I] est permis d'espérer que la réalisation de 
        ces programmes quinquennaux accroîtra la production algerirnne et 
        améliorera la situation financière des entités communales, 
        en augmentant les facultés contributives de leurs administrés.
 
 Equipement rural.
 L'amélioration des conditions de vie des populations rurales ne 
        sera obtenue que par l'application des programmes sur l'habitat, la mise 
        en valeur du sol et le développement des voies de communication. 
        Aussi, la plupart des chefs de communes ont-ils proposé, non seulement 
        la remise en état et l'ouverture des chemins vicinaux, mais encore 
        des modifications et réfections à apporter au réseau 
        des routes nationales et départementales altérées 
        du fait de la guerre et dont la remise en état réclamera 
        l'exécution de travaux importants que les communes ne peuvent prendre 
        à leur charge. Les créations de voies nouvelles se heurtent 
        aux mêmes difficultés financières. Aussi, pour réaliser 
        cette partie du plan sera-t-il indispensable de venir en aide aux budgets 
        locaux d'une manière substentielle.
 
 Les projets établis prévoient des travaux de captage et 
        d'adduction d'eau dans les agglomérations et villages, réclamés 
        notamment par les présidents des centres municipaux kabyles : travaux 
        de création de points d'eau, pour l'alimentation humaine et celle 
        du cheptel, dans les zones de nomadisme et dans les régions habitées 
        par des populations très disséminées ; aménagement 
        des cours d'eau de façon à intensifier la mise en valeur 
        des terres.
 
 En ce domaine aussi, les participations des municipalités seront 
        souvent limitées au quart de la dépense prévue et 
        il faudra demander à l'Algérie de financer la plupart des 
        travaux de cet ordre, afin d'améliorer en définitive la 
        production agricole algérienne et d'assurer la réussite 
        du plan quinquennal.
 Il convient également d'étudier pour les programmes d'électrification 
        intéressant la p-,tralation musulmane, des modalités spéciales 
        de financement.
 
 Développement 
        de l'enseignement.
 L'organisation municipale des douars impose des efforts pour développer 
        l'enseignement primaire dans les campagnes. L'étaolissement dés 
        programmes quinquennaux offre l'occasion de compléter et de préciser 
        les projets antérieurs, d'accélérer leur rythme, 
        en tenant compte du nomadisme dans les communes de la zone pré-saharienne 
        ainsi que de la dissémination des populations des hauts plateaux.
 Mais si l'enseignement primaire présente un intérêt 
        considérable pour l'évolution intellectuelle et morale des 
        populations, l'enseignement professionnel est essentiel au progrès 
        économique de l'Algérie, car il fournira des agriculteurs 
        et des ouvriers d'élite à l'organisation du paysanat et 
        une main-d'oeuvre qualifiée aux usines nouvelles.
 
 L'artisanat.
 Un artisanat réorganisé et renouvelé préparera 
        le reclassement d'un nombre appréciable de jeunes musulmans tout 
        en augmentant le revenu national.
 
 En effet au cours des dernières années, l'artisanat traditionnel 
        a été désorganisé tandis que certains corps 
        de métiers prenaient un essor nouveau. Cet essor apparaîtra 
        vite précaire et factice. Les importations de produits manufacturés 
        risquent de condamner, tôt ou tard, des métiers artisanaux 
        favorisés par l'indigence et par les besoins du moment.
 
 La perspective d'une crise probable des métiers artisanaux et des 
        arts algériens a donc poussé à intervenir au plus 
        tôt et à envisager, dès maintenant, les solutions 
        à donner à ces graves questions.
 
 Les nécessités d'une saine industrialisation ne sont pas 
        en discordance avec le souci de sauvegarder la physionomie propre du pays 
        par le maintien et la protection de l'artisanat professionnel.
 
 L'industrialisation sera tentée partout où elle paraîtra 
        favorable à l'avenir économique du pays, mais elle ne doit 
        pas, pour cela, condamner des métiers familiaux qu'il importe d'aider 
        et d'encourager. L'artisanat traditionnel algérien se sauvera par 
        la qualité de la production, et par la valeur artistique. A cet 
        effet sont envisagés :
 - la rénovation des arts algériens ;
 - la mise en valeur et protection suivie de l'artisanat ;
 - l'orientation des artisans ;
 - l'ouverture des débouchés assurés pour les produits 
        locaux ;
 - l'institution d'estampilles officielles pour la garantie des productions 
        traditionnelles.
 
 Les résultats obtenus seront satisfaisants si la mise en oeuvre 
        de ce programme donne aux artisans l'élan et la sauvegarde que 
        les conditions d'une économie saine et bien entendue imposent.
 
 Education agricole 
        des fellahs.
 L'institution d'organismes susceptibles d'aider, de guider et d'éduquer 
        nos fellahs dont l'insuffisance et 1 inexpérience professionnelles 
        sont notoires est à l'étude. Sans doute les se sont-elles 
        appliquées à rénover les méthodes des cultivateurs. 
        Mais leur action doit s'intensifier encore. Une circulaire récente 
        ordonne de créer au sein de ces sociétés des secteurs 
        d'amélioration rurale, cadres économiques et sociaux dans 
        lesquels se fera l'instruction technique et psychologique de l'agriculteur 
        musulman. Certains des projets qui ont été, en l'espèce, 
        présentés sont remarquablement établis et ils contiennent 
        une étude approfondie des possibilités culturales des régions 
        considérées et du mode de préparation ou d'exploitation 
        des terres, ainsi que des caractères essentiels du milieu humain. 
        Une action méthodique conviendra à cet égard, basée 
        sur des renseignements précis, obtenus après enquête 
        soigneusement conduite mais, malheureusement, le recrutement des techniciens 
        s'avère des plus malaisés ; nombre de S.I.P. sont dépourvues 
        d'agents techniques ; les chefs de culture qualifiés, les bons 
        conducteurs de tracteurs sont rares ; le cheptel éprouvé 
        par les dernières années de sécheresse se reconstitue 
        lentement et on ne peut disposer de tous les animaux de trait, dont le 
        besoin se fait sentir intensément. La même remarque doit 
        être faite pour les tracteurs, en raison de la faiblesse des contingents 
        qui sont accordés à l'Algérie.
 
 Les secteurs d'améliorations 
        rurales.
 En tout état de cause, l'amélioration des conditions des 
        agriculteurs musulmans, recasés sur les terres domaniales ou les 
        communaux mis à la disposition des S.I.P. sera la meilleure propagande 
        en faveur de la formule nouvelle.
 
 Les S.A.R., véritables foyers d'évolution économique, 
        se développeront, peu à peu, et engloberont progressivement 
        toute l'agriculture algérienne. Leur extension aura ses répercussions 
        sur le plan social. Au sein de ces nouveaux groupements, les fellahs, 
        en exerçant une activité commune et en prenant conscience 
        de leur solidarité d'intérêts, se prépareront 
        à recevoir leur autonomie municipale, à administrer le territoire 
        auquel, grâce à leur travail, ils auront donné une 
        véritable individualité et une prospérité 
        naguère inconnue.
 
 L'année présente ne se solde d'ailleurs pas uniquement par 
        des simples espérances. Six secteurs d'amélioration rurale 
        sont en plein fonctionnement. A titre d'exemple : celui de la commune 
        mixte de M'Sila où pour le seul douar M'Rabtin Djorf, les plantations 
        d'oliviers qui affectaient 100 ha (soit 1.6D0 arbres) en 1945, ont été 
        portées, en 1946, à 1.500 ha (soit 24.000 arbres) et dont 
        l'extension, si les conditions le permettent, portera, en 1947, sur un 
        total de 10.00 ha, soit sur une plantation globale de 160.003 oliviers,
 
 Equipement social.
 Sept autres S.A.R. ont reçu une fraction d'équipement et 
        sont en voie de démarrage. Grâce à l'application prochaine 
        du plan quinquennal, de nouvelles unités administratives seront 
        en outre, dans un temps réduit, fondées et dotées 
        d'un équipement social suffisant, et en tout premier lieu, d'une 
        installation sanitaire, répondant ainsi au voeu constant des populations 
        qui, en Kabylie notamment, demandent la multiplication des disp-nsaires 
        et salles de consultation et des hôpitaux.
 
 Dans tous les cas, dans chaque agglomération, si petite soit-elle, 
        sera organisée une salle de consultations convenablement aménagées, 
        où les médecins de la Santé pourront travailler dans 
        des conditions normales.
 
 Ainsi l'avenir se dessine : arrêter les plans, établir ou 
        faire établir les projets définitifs, les vérifier, 
        les doter, passer à la réalisation et contrôler l'exécution.
 
 LE CULTE MUSULMAN.
 
 Dans un souci de solidarité humaine et avec le soin d'apporter 
        à tous ceux à qui le régime des temps ote la possibilité 
        d'accomplir les actes les plus respectueux de la foi et de la conscience, 
        l'Administration algérienne a estimé de son devoir d'intervenir 
        pour faciliter aux citoyens musulmans l'accomplissement des devoirs religieux 
        auxquels ils sont attachés.
 
 Elle a pris l'initiative de demander au Pouvoir central, et elle a obtenu 
        l'affectation d'un bateau spécial pour le transport des pèlerins 
        aux lieux sains de l'Islam. En dépit des difficultés de 
        l'heure, ceux-ci ont pu prendre place sur l' " Athos-II ", une 
        des plus belles unités de la marine marchande française.
 
 Aussi ont-ils pu se rendre au Hedjaz dans les meilleures conditions de 
        confort.
 
 LA JUSTICE MUSULMANE.
 
 L'année 1946 a été aussi marquée, pour la 
        justice musulmane, par l'adoption de mesures et l'étude de projets 
        tendant à revaloriser la situation des membres des mahakmas, tant 
        sur le plan matériel que sur le plan moral. Les tarifs appliqués 
        par les magistrats musulmans, lesquels ne correspondaient plus aux prix 
        actuels, ont été rajustés. Les conditions de vie 
        des membres de la justice musulmane se sont donc trouvées relevées, 
        sans pour cela qu'aient été perdus de vue les intérêts 
        des justiciables.
 
 Différents projets tendant à accroître le prestige 
        et l'autorité du magistrat musulman ont été, par 
        ailleurs, adoptés. Enfin, en même temps que la création 
        d'une caisse autonome de retraite des mahakmas était envisagée, 
        d'autres projets ont été mis à l'étude, au 
        premier rang desquels figure la séparation des fonctions juridictionnelle 
        et notariale du cadi, qui, promouvant ce magistrat à la qualité 
        de véritable fonctionnaire, le fera se consacrer exclusivement 
        à son rôle éminent de juge.
 
 Il y a tout lieu d'escompter que cette réforme pourra être 
        amorcée dès le début de 1947. Des crédits 
        sont d'ailleurs demandés, à cet effet, au titre du prochain 
        budget.
 
 A signaler également qu'un projet de décret tendant à 
        accorder aux magistrats musulmans des pouvoirs de police analogues à 
        ceux dont disposent leurs collègues des autres juridictions publiques, 
        a été soumis à l'agrément du Pouvoir central.
 
 L'ENSEIGNEMENT PRIVE.
 
 Par ailleurs, les efforts de l'Administration ont tendu à donner 
        aux écoles privées musulmanes le maximum de liberté 
        compatible avec les exigences de l'ordre public et de la réglementation 
        en vigueur. Le décret du 27 novembre 1944 a fait rentrer, dans 
        le droit commun de l'enseignement Drivé, toutes les
 écoles libres qui comprennent dans leur programme des matières 
        d'instruction primaire ; seuls demeurent assujettis au décret de 
        1892 les établissements qui ne dispensent qu'un enseignement religieux 
        de lecture et d'écriture. L'annonce de la mise en vigueur de cette 
        réglementation avait soulevé quelque émotion dans 
        les milieux de l'enseignement privé musulman ; certains professeurs 
        d'écoles libres musulmans avaient cru, de bonne foi, qu'ils ne 
        pourraient plus exercer, faute de connaissance de la langue française.
 
 L'Administration a donné toutes assurances aux intéressés, 
        en les avisant que l'obligation de connaître le Français 
        ne s'appliquait qu'aux maîtres chargés d'enseigner la langue 
        française, le calcul, l'histoire et la géographie et qu'aucun 
        titre particulier n'était requis des maîtres chargés 
        de diffuser en arabe l'enseignement religieux.
 
 Il importe de noter que, sur tous ces points, le contact est établi 
        entre l'Administration et les représentants des différents 
        milieux musulmans. C'est dans une atmosphère de confiance réciproque 
        que les problèmes soulevés par l'organisation rationnelle 
        de l'enseignement proprement musulman doivent être examinés 
        et résolus. Toutes les suggestions des intéressés 
        seront examinées et acceptées, chaque fois qu'elles pourront, 
        sans inconvénient majeur, être intégrés dans 
        la réglementation générale.
 
 L'ENSEIGNEMENT PUBLIC.
 
 Les problèmes que pose l'existence, en Algérie, de l'enseignement 
        privé, ne sont point obstacle à l'aménagement et 
        au développement de l'enseignement public.
 
 La direction générale de l'Education nationale, prévue 
        par le décret du 27 novembre 1944 et créée en 1945, 
        a désormais franchi le stade de l'organisation intérieure.
 
 Ses services sont en place, spécialement les services de l'enseignement 
        technique, des mouvements de jeunesse, de l'éducation populaire, 
        de l'hygiène scolaire, de l'éducation physique et des sports. 
        Sauf en ce qui concerne l'éducation physique, des inspecteurs régionaux 
        ont été désignés par le Ministre de l'Education 
        nationale et consacrés comme chefs de service.
 
 L'activité de ces organismes est définie et orientée 
        et une collaboration étroite commence à s'établir 
        entre eux.
 
 Le service de l'hygiène scolaire est orienté à son 
        tour depuis le premier trimestre de la présente année scolaire. 
        Dans l'enseignement du second degré et technique, des médecins, 
        chargés du contrôle médical des élèves, 
        ont été désignés ; les assistantes médico-sociales 
        seront affectées incessamment. Dès maintenant, le service 
        médical fonctionne dans tous les lycées, collèges 
        et autres établissements du même degré.
 
 En ce qui concerne l'enseignement du premier degré, l'insuffisance 
        des disponibilités budgétaires n'a pas permis des mesures 
        aussi larges. Néanmoins, le Service de l'Inspection médicale 
        des écoles primaires, préalablement institué dans 
        certaines villes, continue d'assurer effectivement le contrôle de 
        l'état médical des enfants. D'autre part, trois communes 
        mixtes dans le département d'Alger, vingt dans le département 
        de Constantine ont réservé sur leur budget un crédit 
        de 15.000 frs au service de l'hygiène scolaire. On peut croire 
        qu'il sera possible, dès le 1" trimestre de cette année, 
        de faire bénéficier tous les élèves de ces 
        communes des mêmes mesures qui jouent dans les villes les plus favorisées.
 
 Le service des Mouvements de Jeunesse et de l'Education Populaire a arrêté 
        un vaste programme d'action sociale et culturelle à l'effet de 
        coordonner l'activité des oeuvres qui s'intéressent aux 
        jeunes. Aussi donne-t-il tout son appui, en particulier au scoutisme français, 
        notamment au scoutisme musulman, masculin et féminin. Il suit avec 
        attention le développement des colonies de vacances où se 
        trouvent réunis les enfants européens et musulmans. Son 
        activité est marquée par l'organisation de stages nombreux, 
        la création de maisons de culture et l'installation d'une école 
        de montagne et de skis à Tikdja.
 
 Il opère un recensement des oeuvres qui cherchent à venir 
        en aide à l'enfance malheureuse et une commission des oeuvres sera 
        bientôt constituée pour coordonner les efforts, étudier 
        les méthodes répartir plus justement les crédits.
 
 Une transformation complète du personnel de l'Inspection régionale 
        et départementale est en cours. Les associations sportives scolaires 
        sont en plein développement et leur activité est dirigée 
        en vue d'un équipements sportif suffisant, de l'organisation de 
        stades et terrains de sports.
 
 Enseignement supérieur 
        et scondaire.
 Le nombre des étudiants des quatre Facultés de l'Université 
        d'Alger a dépassé, l'année dernière, le chiffre 
        de 4.000. Un important programme d'extension a donc été 
        prévu pour permettre à notre Université nord-africaine 
        de jouer le rôle considérable qui lui est réservé 
        dans la Méditerranée et dans l'Union Française. Ce 
        plan s'étend sur cinq ans. Une première tranche sera réalisée 
        dès 1946-1947. Quant à l'enseignement secondaire classique 
        et moderne sa vitalité se manifeste par l'existence de 17 établissements 
        classiques, 25 établissements modernes, au total 42 lycées 
        et collèges recevant plus de 25.000 élèves. Un collège 
        moderne de filles a été créé à Oran 
        ; un collège moderne de garçons sera créé 
        à Tiaret en 1947.
 
 Les médersas.
 La réorganisation des médersas a été poursuivie. 
        La seconde année du nouveau régime a été créée, 
        et, au mois d'octobre 1948, les médersas entièrement transformées 
        et rénovées, dispenseront aux jeunes Musulmans, après 
        le certificat d'études, le même enseignement que les collèges 
        modernes, en même temps qu'un enseignement purement arabe.
 
 Pour doter les anciens élèves des médersas d'un véritable 
        enseignement supérieur, un Institut d'Etudes Supérieures 
        Islamiques a été créé, par décret du 
        5 juillet 1946 à l'Université d'Alger. Les cours y sont 
        donnés par des professeurs des Facultés des Lettres et du 
        Droit, et, pour les matières spécifiquement arabes, par 
        des professeurs de Médersa ; afin de compléter ces cours, 
        il est fait appel à ces conférenciers choisis parmi les 
        personnalités éminentes du monde islamique. Si Mahmoud Azmi 
        Bey, ancien Ministre du Royaume d'Egypte, vient d'inaugurer brillamment 
        le cycle de ces conférences. Pour le premier concours d'entrée 
        31 candidats se sont présentés, dont 15 ont été 
        admis dans les sections traditionnelle et pédagogique ; ce début 
        permet d'augurer favorablement du recrutement futur de l'Institut et du 
        succès de l'innovation tentée pour donner un couronnement 
        à l'édifice de l'éducation musulmane.
 
 Mais les établissements d'enseignement devenant insuffisants pour 
        recevoir toute la population scolaire et estudiantine qui s'accroît, 
        il faudra encore prévoir, pour les années à venir, 
        de nombreuses créations de chaires et d'emplois de professeurs 
        et aussi des agrandissements matériels ainsi que des constructions 
        nouvelles.
 
 Plan de scolarisation.
 L'exécution du plan de scolarisation pour l'enseignement primaire, 
        dont quelques aspects ont été évoqués au sujet 
        du plan d'action communal, ne s'est pas non plus ralentie en 1946. Au 
        mois d'octobre dernier, en effet, 482 classes ont été ouvertes 
        dans l'ensemble des 3 départements. peut-on constater avec satisfaction 
        qu'au cours des deux premières années d'application du décret 
        du 27 novembre 1944 - alors que ce décret n'avait prévu 
        que la la création de 800 classes - 931 ont été effectivement 
        instituées, et ce rythme aurait été certes plus rapide 
        encore s'il avait été possible de disposer de constructions 
        nouvelles.
 
 C'est désormais de la célérité avec laquelle 
        sont effectués les travaux neufs indispensables que dépendront 
        les progrès de la scolarisation. Il n'en reste pas moins qu'après 
        deux ans d'institution du nouveau régime, 50.000 enfants musulmans 
        de plus ont pu être admis dans les écoles ::Timaires, ce 
        qui représente une augmentation de 40 % de l'effectif global antérieur.
 
 Pour instruire ces nouveaux élèves, le recrutement d'instituteurs 
        a pu être assuré dans des conditions satisfaisantes. La Direction 
        Générale de l'Education Nationale a été, en 
        effet, saisie de près de 6.000 candidatures dont 1.500 émanant 
        de brevetés supérieurs et de bacheliers, et elle a pu choisir 
        sans difficulté des maîtres excellents pourvus des titres 
        de capacité normaux et des garanties adéquates.
 
 SITUATION FINANCIERE.
 
 La situation financière de l'Algérie aussi claire et exemplaire 
        qu'elle soit, n'en dépend pas moins d'une situation économique 
        dont les éléments dépassent son cadre.
 
 La circulation fiduciaire, demeurée constante à 25 milliards 
        jusqu'en juillet 1946, atteint maintenant 28 milliards et s'accompagne 
        d'un accroissement des dépôts dans les établissements 
        bancaires qui s'élèvent à 29 milliards. Elle résulte 
        de la hausse des prix, de l'arrêt, après les mesures monétaires 
        de juin 1945, du rapatriement des capitaux métropolitains ainsi 
        que de la réduction des achats à l'étranger.
 
 Son accroissement comporte, certes, des dangers et risquerait, s'il s'accentuait 
        sans mesure, d'influer fâcheusement sur le pouvoir d'achat des classes 
        laborieuses. Il ne doit pas voiler cependant les éléments 
        favorables de la situation financière.
 
 Le public maintient toujours, en effet, sa confiance à l'épargne 
        traditionnelle et l'emprunt 1946, placé au pair et au taux de 3 
        1/2 en Algérie exclusivement, a connu un vif succès. Les 
        disponibilités du Trésor Algérien n'ont cessé 
        de s'accroître. Elles étaient de 15 milliards au 30 septembre 
        1946, au lieu de 12 millards 600 millions en 1945. Elles permettent de 
        consentir des avances à des organismes ou à des entités 
        officielles pour en faciliter le fonctionnement.
 Le concours financier apporté par l'Algérie au développement 
        de l'activité industrielle a été, en outre, largement 
        étendu pendant l'année écoulée. A côté 
        des lettres d'agrément destinées au financement de productions 
        nécessaires à la vie économique du pays et pour lesquelles 
        le montant total des engagements atteint aujourd'hui 368 millions, l'Algérie 
        apporte son concours sous forme d'une garantie, aux capitaux investis 
        dans les entreprises classées du plan d'industrialisation.
 
 Le montant total des engagements de l'Algérie, à ce titre, 
        s'élève à 885 millions de francs. Des contrats nouveaux, 
        à cet effet, sont en cours d'élaboration.
 Enfin, le financement de la réparation des dommages de guerre a 
        été activement poursuivi dans le cadre encore provisoire 
        des ordonnances dec 3, 4, et 5 octobre 1943 et dans l'attente de la mise 
        en pratique des dispositions des décrets récents des 24 
        septembre et 2 octobre 1946 qui ont étendu à l'Algérie 
        les principes de la législation en vigueur dans la Métropole, 
        sur la matière. Une loi nouvelle, celle du 28 octobre 1946, est 
        venue en outre, fixer de façon définitive les normes générales 
        du droit à répartition et du règlement des indemnités 
        ; une étude des modalités d'application à l'Algérie 
        de ce texte a été immédiatement entreprise dans les 
        services qualifiés de l'administration centrale, qui s'emploiera 
        de son mieux pour que les décisions attendues interviennent au 
        plus tôt, de façon à apporter aux habitants de ce 
        pays frappés par la guerre dans leurs biens, les soulagements qu'ils 
        sont fondés à prétendre. 1.593 avances provisoires 
        ont été, entre temps, accordées pour un montant global 
        de 51 millions de francs.
 
 SITUATION BUDGETAIRE.
 
 La préparation du projet de budget de 1947 s'est heurtée 
        aux difficultés résultant de la nécessité 
        de faire face à des dépenses croissantes et supérieures 
        aux ressources mobilisables.
 
 De ce fait, il a fallu limiter l'effort de reconstruction et de modernisation 
        de l'outillage du pays, pour ne pas dépasser les limites de ses 
        possibilités financières actuelles ; d'autant plus qu'il 
        n'est pas permis d'envisager - au moment où la reprise économique 
        reste le principal facteur de l'amélioration des conditions de 
        vie des populations - une aggravation sérieuse des charges fiscales.
 
 Les charges du budget de 1947 restent donc lourdes et entraîneront 
        des dépenses dont il n'est pas possible de déterminer dès 
        maintenant, d'une façon précise, toute l'ampleur. Il faudra, 
        en effet : consolider et poursuivre la revalorisation des traitements 
        des fonctionnaires, des salaires et aussi des retraites ; mettre en oeuvre 
        le plan de sécurité sociale décidé par le 
        Gouvernement ; assurer les créations d'emplois ou de services nouveaux 
        qui en résultent faire face aux dépenses de matériel 
        et de travaux indispensables à la renaissance économique. 
        Déjà l'année dernière, il était apparu 
        que l'Ale rie ne pourrait satisfaire convenablement à toutes ses 
        charges, si un allégement n'était apporté à 
        son budget ; un appel a donc été adressé, à 
        cet effet, au Pouvoir central.
 Cet appel vient d'être entendu et l'Algérie sera libérée, 
        à partir du ter janvier 1947, des dépenses de la Gendarmerie 
        que la loi du 19 décembre 1900 avait expressément laissées 
        à sa charge. D'autre part, la Métropole a accepté, 
        dans un souci de solidarité généreuse, d'apporter 
        une aide importante à la réalisation des travaux du plan 
        de progrès social en Algérie, en consentant une avance importante 
        de fonds à prélever sur les ressources de sa trésorerie 
        et en versant une contribution directe de son budget au fonds de progrès 
        social dont la création est envisagée.
 
 Le budget ordinaire.
 Compte tenu de toutes ces charges nouvelles, le total des dépenses 
        ordinaires retenues pour 1947, et dont le détail est donné 
        dans les états de développement du projet de budget soumis 
        aux délibérations de l'Assemblée Financière 
        s'élève à 12.992 millions. Il est donc supérieur 
        de 2.100 millions à celui du budget définitif de 1946.
 
 L'accroissement de 20 % environ des dotations budgétaires est un 
        accroissement net, et il n'est réduit à ce pourcentage qu'in 
        raison de la disparition de dépenses exceptionnelles ou occasionnelles 
        que le budget de 1946 a eu à supporter et dont la nécessité 
        de reconduction, en 1947, ne s'est pas fait sentir.
 Quoi qu'il en soit, et tenant compte du souci de la plus stricte économie 
        qui a présidé à l'examen des propositions des différents 
        services, l'Administration estime que les dotations dont l'adoption vous 
        est demandée, et qui ont été approuvées par 
        les Ministres de l'Intérieur et des Finances, sont de nature à 
        donner satisfaction aux besoins actuellement prévisibles des services.
 
 En matière de dépenses de personnel, en particulier, l'Administration 
        s'en est tenue à la seule application des mesures générales 
        de réforme des traitements, rejetant toutes propositions tendant 
        à des révisions particulières de statuts. Sauf celles 
        réalisées par assimilation avec les cadres métropolitains, 
        elle n'a retenu, au titre des créations ou des transformations 
        d'emplois, que celles correspondant aux nécessités impérieuses 
        de la bonne marche des services ou à l'application du programme 
        des réformes algériennes, admises d'ailleurs par la Commission 
        des Réformes administratives.
 L'accroissement des dépenses de personnel, de beaucoup plus important 
        puisqu'il absorbe plus de la moitié du total des augmentations, 
        est dû principalement aux mesures de revalorisation des rémunérations 
        des fonctionnaires et agents publics, avec leurs répercussions 
        sur de nombreux chapitres budgétaires ; elle entraîne également 
        l'aggravation des déficits des budgets industriels : budget des 
        Chemins de fer et budget des Postes et Télégraphes.
 En dehors des dépenses de personnel, les autres augmentations portent 
        : sur la Dette (286 millions), sur la contribution militaire (350 millions) 
        dont le total est d'ailleurs repris aux recettes du budget extraordinaire, 
        ainsi que sur le versement de la dotation au fonds de progrès social 
        (250 millions), sur les dépenses de matériel et de travaux 
        (305 millions) sur les travaux d'entretien et de grosses réparations 
        (347 millions), et enfin sur quelques dépenses d'ordre ou diverses.
 
 La couverture de ces crédits nouveaux s'avérait particulièrement 
        malaisée à obtenir, alors qu'il ne fallait pas songer â 
        une aggravation du fardeau fiscal. Les propositions qui sont soumises 
        à vos délibérations sont cependant de nature à 
        résoudre le problème. Elles comportent reconduction des 
        ressources de 1946, compte tenu du rajustement d'évaluations intéressant 
        les produits divers du budget et les recettes d'ordre, ainsi que du transfert 
        au budget extraordinaire du produit de la Loterie Algérienne, ce 
        qui assure 10.300 millions de recettes.
 
 Le supplément de 1.800 millions restant à imputer aux ressources 
        fiscales est obtenu par des mesures insérées en projets 
        de décisions au programme de la session :
 
 - au titre des Contributions directes, par majoration du résultat 
        de la pénultième année, en raison de l'accroissement 
        des revenus imposables des diverses cédules, complété 
        par une majoration des valeurs locatives sur les propriétés 
        bâties ;
 - au titre de l'Enregistrement et du Timbre, par majoration de l'évaluation 
        du fait de la hausse de valeur des immeubles dans les tractations immobilières, 
        par relèvement de certains tarifs en ce qui concerne l'impôt 
        du timbre.
 
 Il a été possible, d'autre part, d'envisager une majoration 
        du produit à attendre de la taxe sur le chiffre d'affaires, en 
        raison de la hausse du prix des denrées et des marchandises, et 
        une évaluation plus importante des revenus de rendements de l'impôt 
        sur les tabacs, en relation avec le rendement du droit ad valorem proportionnel 
        au prix des tabacs qui a été relevé.
 
 En dernier lieu, l'équilibre a été parfait par une 
        majoration du produit estimé des droits de douane à l'importation 
        et par l'application, à compter du 1" septembre 1946, de la 
        majoration des droits sur les produits pétroliers.
 
 Le budget extraordinaire.
 Le budget extraordinaire prend, cette année, une place importante 
        dans les travaux de l'Assemblée Financière. Il supporte, 
        en effet, l'effort de constitution de tout l'outillage économique 
        de l'Algérie, condition nécessaire du développement 
        du pays et de l'amélioration des moyens de vie de ses populations. 
        Cette oeuvre, dans laquelle s'intègre maintenant d'importants travaux 
        sociaux par la création d'un " Fonds de dotation de progrès 
        social ", a été entreprise sur le budget de l'année 
        en cours, mais les conditions économiques d'une période 
        encore troublée n'avaient pas permis d'y donner l'ampleur désirable.
 Le projet de 1947, outre des crédits d'engagements importants que 
        l'Assemblée Financière est appelée à autoriser, 
        comporte des propositions d'inscriptions de crédits de paiement 
        qui sont doubles de celles de l'exercice précédent. Il est 
        certain que le renchérissement des matériaux et la hausse 
        du prix de la main-d'oeuvre absorbent une bonne partie de ces augmentations 
        et qu'en réalité l'accroissement des crédits correspondant 
        effectivement à des réalisations nouvelles, est moins important 
        que les chiffres le laisseraient croire.
 
 Le développement du programme, selon le rythme accéléré 
        que l'on escomptait primitivement, aurait donc peut-être requis 
        des dotations plus importantes. Malheureusement, ce développement 
        reste lié aux possibilités de son financement, et, par con 
        séquent, aux possibilités d'emprunts de l'Algérie, 
        puisque l'emprunt sera désormais la ressource presque unique à 
        mettre en regard des dépenses du programme des grands travaux.
 
 C'est donc sur cette base que les propositions du budget extraordinaire 
        ont été établies, après examen, minutieux 
        des propositions des Services. Ce budget est, cette année, divisé 
        en deux sections :
 
 - Le programme des grands travaux d'investissements économiques 
        et immobiliers, fait l'objet d'une section A. Il comporte un total de 
        dotations de 6.700 millions, représentant un pourcentage d'augmentation, 
        sur les crédits de 1946, de 90 % environ. Le détail des 
        travaux qui en font l'objet est inséré
 au programme de la session et complète à cet égard 
        les indications du projet de budget lui-même. La couverture de ces 
        crédits est assurée principalement par un prélèvement 
        sur les fonds d'emprunts de 5.552 millions, le surplus provenant, d'une 
        part d'un prélèvement de 700 millions sur la Caisse de réserve, 
        d'autre part - en dehors du quart de la contribution militaire ristourné 
        au titre des travaux d'équipement national - de taxes dont le produit 
        reste spécialisé à la couverture des dépenses 
        de grands travaux, notamment la surtaxe sur la vente de l'énergie 
        électrique ainsi que celle du prélèvement sur le 
        capital des sociétés. L'ensemble des ressources autres que 
        l'emprunt fournit ainsi l'appoint nécessaire (soit 1.148 millions 
        à l'équilibre de la Section A).
 
 - Les travaux tendant à l'exécution du plan de progrès 
        social se trouvent groupés, cette année, en une section 
        unique, la section B. Ils sont dotés d'un total de crédits 
        de paiement de 3.120 millions comportant par rapport à ceux de 
        1946 (1.067 millions) une majoration de près de 200 %. La dotation 
        de ce programme a pu être arrêtée à un chiffre 
        aussi important par suite de la décision, prise par le Gouvernement, 
        le budget métropolitain. La création d'un " Fonds de 
        dotation " admise par M. le Ministre des Finances, et dont l'institution 
        fera prochainement l'objet d'un texte législatif spécial, 
        groupera les participations de la Métropole et de l'Algérie, 
        pour la réalisation des tranches de travaux chaque année 
        inscrites au budget. Pour 1947, la couverture des dotations prévues 
        est assurée :
 --------------1° par une avance du Trésor métropolitain 
        de 2.500 millions ;
 --------------2° par les versements qui seront faits au fonds de dotation 
        et qui proviendront : d'un versement direct de la Métropole de 
        100 millions, et de la ristourne au profit de l'Algérie des trois-quarts 
        de la contribution militaire, fixée à 3 % des évaluations 
        des recettes fiscales, soit 270 millions, et d'une contribution du budget 
        ordinaire de 250 millions.
 
 LES FINANCES LOCALES.
 
 Leur réforme telle qu'elle découlait des ordonnances du 
        27 décembre 1943 et des textes subséquents, avait pour but 
        essentiel de donner plus d'élasticité aux budgets communaux, 
        par l'attribution de ressources nouvelles et l'aménagement de certaines 
        dépenses d'intérêt non exclusivement communal ; de 
        simplifier les rapports financiers entre l'Algérie, les départements 
        et les communes, et enfin de rendre plus efficaces les règles de 
        la tutelle administrative.
 
 Les résultats attendus ont été satisfaisants, bien 
        que la stabilisation ou même la réduction du nom bre de centimes 
        additionnels n'ait pu être obtenue dans chaque groupe de communes.
 
 Il demeurait bien entendu que cette réforme devait évoluer 
        dans le sens des décisions prises en France dans le domaine des 
        finances départementales et communales. Ces décisions ne 
        sont pas encore intervenues, mais l'Administration algérienne a 
        pu s'inspirer des dispositions envisagées dans la Métropole 
        pour établir les projets de textes qui ont été soumis 
        à l'Assemblée Financière et ont pour objet :
 --------1° d'alléger la situation des finances départementales 
        et communales par l'attribution de ressources nouvelles, la prise en charge 
        par l'Algérie de dépenses précédemment supportées 
        par ces collectivités, et une plus juste répartition des 
        dépenses d'assistance entre l'Algérie, les départements 
        et les communes ;
 ------- 2° de modifier, en matière communale, les règles 
        de la tutelle administrative, afin d'obtenir dans les délais normaux 
        l'approbation des budgets ;
 --------3° de venir en aide aux départements et aux communes, 
        par la création d'une caisse de solidarité ayant pour but 
        essentiel l'octroi de subventions pour les dépenses d'intérêt 
        général et de voirie départementale.
 
 LA SITUATION ECONOMIQUE.
 
 Agriculture.
 Les cinq années qui viennent de s'écouler ont constitué 
        pour la branche principale de l'économie algérienne, l'agriculture, 
        une période difficile et mouvementée, dont les causes incombent 
        à la guerre et à ses séquelles.
 
 C'est ainsi qu'en 1945 la récolte des céréales fut 
        d'environ 4.500.000 quitaux, soit un peu plus d'un quart d'une récolte 
        normale, que la production fourragère ne permit guère l'entretien 
        normal du bétail, d'où la mortalité importante, réduction 
        des moyens de traction et une diminution des surfaces ensemencées 
        pour la campagnes suivante.
 
 La situation des cultures maraîchères et des cultures industrielles 
        ne fut guère meilleure. Faute de semences, les plantations de pommes 
        de terre furent en régression notable et la production de l'armée 
        1945 n'atteignit que 650.000 quintaux soit, environ la moitié des 
        récoltes moyennes d'avant la guerre.
 
 La production de tabac, constitue la principale de nos cultures industrielles, 
        ne donna, de son côté, que 4.200 tonnes, soit le quart d'une 
        récolte normale.
 La récolte des légumes secs tomba à 78.000 quintaux, 
        soit le cinquième de la moyenne des années qui précédèrent 
        la guerre.
 
 La capacité de production de la vigne et des plantations z. rbustives 
        se trouva à son tour amoindrie. La viticulture ne produisit que 
        9 millions et demi d'hectolitres, soit approximativement un3 demi récolte 
        d'avant-guerre, et les rendements moyens des agrumes furent également 
        réduits de
 Il y a un an, lorsque s'ouvrit la compagne agricole 1945-1946, la pénurie 
        des moyens de production, le manque de rations pour les animaux, la sécheresse 
        persistante de l'automne qui retardait le travail des terres et les ensemencements, 
        le manque de semences, paraissaient devoir constituer des obstacles insurmontables 
        à une amélioration de la situation économique.
 
 Cette campagne se traduit cependant par un redressement du fait d'une 
        pluviométrie meilleure et répartie, et d'un accroissement 
        des ressources en carburants ; le gas-oil fut en vente libre à 
        partir du 1" janvier et le pétrole à compter de septembre 
        dernier ; si l'essence reste contingenté3 ses attributions, dans 
        l'ensemble, suffisent à couvrir une bonne partie des besoins.
 
 Les ressources en engrais sont plus grandes. Les cultures maraîchères 
        disposent d'engrais terciaires ; des contingents importants d'engrais 
        azotés et phospho-potassiques ont été mis à 
        la disposition de la céréaliculture, de la viticulture et 
        de l'arboriculture fruitière. Les produits anticryptogaminues, 
        notamment soufre et sulfate de cuivre, ont été fournis. 
        Les demandes de semences autres que des céréales ont été 
        honorées en grande partie.
 
 Pour l'année 1946, il est permis d'escompter que 
        les acquisitions de tracteurs pourront porter sur 470 appareils, contre 
        350 en année normale, Si les importations sont encore insuffisantes 
        pour compenser l'usure du parc algérien, elles n'en ont pas moins 
        constitué un facteur important de sa remise en état.
 Les résultats de la dernière campagne agricole s'établissent 
        comme suit :
 
 Pour les céréales, malgré l'insuffisance des ensemencements 
        qui est de l'ordre de 25 à 30 %, selon les régions, la récolte 
        est estimée à 15 millions de quintaux, production légèrement 
        inférieure à celle d'avant la guerre. La commercialisaticn, 
        à la date du 1" novembre, a atteint 6 millions de quintaux.
 
 La production de légumes secs est en progression ; elle est estimée 
        à plus de 150.000 quintaux dont la moitié seulement est 
        mise dans le commerce.
 
 La production maraîchère de la dernière campagne a 
        permis de couvrir les besoins des marchés des grandes agglomérations 
        urbaines et d'exporter vers les marchés métropolitains 50 
        % du tonnages de 1939, c'est-à-dire un total de plus 530.000 quintaux 
        de primeurs, bien qu'il s'agisse là d'exportations contingentées 
        autorisées seulement sur les excédents des besoins locaux 
        et effectuées en pénurie des transports maritimes.
 
 La production du tabac a été intensifiée et la récolte 
        atteint 16.500 tonnes, se rapprochant ainsi de celle d'avant-guerre.
 
 Le progrès des cultures pérennes (vignes et arbres fruitiers) 
        est moins sensible que c.elui des cultures annuelles. La récolte 
        vinicole de cette année est estimée à 8.400.000 hectos 
        seulement ; du fait des fortes attaques du mildiou subies par le vignoble 
        au printemps dernier en Mitidja, et des périodes de siroco dans 
        d'autres régions.
 
 Les envois traditionnels de fruits oont pu reprendre vers la France métropolitaine 
        et, au cours de la campagne 1945-1946, les exportations se sont élevées 
        à 136.000 quintaux pour les dattes, 17.000 quintaux pour les figues 
        sèches, 248.000 quintaux pour les agrumes, 44.000 quintaux pour 
        les raisins de table et 10.300 quintaux pour les fruits frais divers.
 
 Les pertes importantes de cheptel de l'hiver dernier ne sont malheureusement 
        pas encore réparées; mais l'état sanitaire du cheptel 
        est cctuellement satisfaisant.
 
 Alors que, par suite d'une sécheresse exceptionnelle, l'année 
        agricole 1944-1945 avait été caractérisée 
        par une production anormalement faible (5 millions de quintaux de céréales) 
        et par une mortalité du troupeau ovin atteignant 50 % de 1 effectif, 
        la campagne qui vient de s'écouler a été sur la plus 
        grande partie de notre territoire favorisée par une pluviométrie 
        supérieure à la moyenne propice auo développement 
        des cultures fourragères mais favorable aux maladies cryptogamiques 
        et à la verse des céréales, de sorte que les rendements 
        n'ont pas partout répondu aux espoirs que les débuts de 
        la saison avaient permis de former.
 
 La dernière récolte céréalifère peut 
        néanmoins être considérée comme presque bonne, 
        eut égard à l'insuffisance des moyens matériels dcnt 
        ont disposé les agriculteurs. Les débuts de la campagne 
        194647 sont, jusqu'à présent, moins prometteurs. Une pluviométrie 
        inférieure à la normale retarde les labours et compromet 
        les pâturages.
 
 Les agriculteurs s'orientent de plus en plus vers la motoculture ; ils 
        développent lem parc de matériel et reconstituent celui 
        dont ils disposaient en 1939 et qui, par suite du manque ou de l'insuffisance 
        du stock de pièces de rechange et d'un service intensif, est parvenu 
        à un degré limite d'usure. Aussi le rythme encore insuffisant 
        de nos importations de tracteurs à chenilles et des véhicules 
        utilitaires a-t-il été accéléré.
 
 La reconstitution nécessaire du vignoble pose des questions matérielles 
        : défoncement, acquisition de plants de vignes, de piquets et de 
        fils de fer et des questions de financement : la replantation d'un hectare 
        est évaluée à 100.000 frs et il y a lieu de reconstituer 
        250.000 hectares sur 350.000.
 La direction de l'agriculture s'est p: éoccupée, en lre 
        étape" de résoudre la question des plants et d'assurer 
        leur contrôle sanitaire en vue d'éviter spécialement 
        la propagation du court-noué qui sévit dans la Métropole. 
        Mais l'Algérie n'est pas encore assurée de disposer en temps 
        voulu de la quantité de sujets dont elle aura besoin. Le financement 
        est à assurer par les vignerons eux-mêmes. Il est permis 
        d'escompter que la décision gouvernementale qui a fixé à 
        120 frs le prix du degré d'hectolitre, contre 80 fr l'an 
        dernier, leur permettra de consentir l'effort financier auquel ils seront 
        astreints pour assurer la remise en état de leur vignoble.
 
 Les produits agricoles participent au mouvement général 
        de hausse des prix, enrayé plus ou moins par la réglementation.
 
 C'est donc sur l'accroissement de la production que doivent tendre tous 
        les efforts.
 
 Tout d'abord la production terrienne. par la mise en train d'un programme 
        d'expérimentation agricole. Aussi, a-t-il été inscrit 
        dans le budget ordinaire un crédit de 12 millions environ réservé 
        sur le programme des grands travaux ,80 millions pour l'acquisition de 
        nouveaux domaines, l'aménagement matériel et scientifique 
        des stations, leur équipement en vue des recherches agronomiques 
        et de la mise en valeur des périmètres irrigables.
 
 Les spécialistes ont établi, pour chaque région céréalifère, 
        une gamme de variétés peopres aux terrains, de plus le contrôle 
        officiel de la production des semences sélectionnées de 
        céréales a, cette année, mis à la disposition 
        de céréaliculteurs algériens 150.000 quintaux de 
        semences saines et pures de variétés améliorées 
        et adaptées.
 
 Le service de la protection des végétaux a conduit la campagne 
        anti-acridienne, dirigé le contrôle des pépinières, 
        l'exportation et l'importation de produits végétaux et la 
        désinsectisation des denrées alimentaires.
 
 Les services rendus par l'Institut Agricole d'Algérie ont été 
        reconnus par le Pouvoir Central qui l'a érigé en Ecole Nationale 
        d'Agriculture.
 
 Crédit 
        agricole.
 Le financement à court terme des récoltes de céréales, 
        de vins et de tabacs, contribue au redressement général. 
        Les effets escomptés par les caisses de crédit agricole 
        mutuel sont passés de 796 millions au 30 septembre 1945, à 
        2.219 millions au 3n septembre 1946.
 
 Le volume des prêts consentis, à -.noyen et long termes s'est 
        accru d'une cinquantaine de millions. La confiance des agriculteurs dans 
        leurs organismes mutualistes est telle que les fonds déposés 
        par des particuliers se sont élevés en un an de 2.716 millions 
        à 3.703 millions.
 
 Avec le concours du Crédit Foncier de France et de la Banque de 
        l'Algérie, une fo-2mule souple et peu onéreuse de crédits 
        à cinq ans, dits crédits d'équipement, a été 
        mise au point à Vele_ de permettre aux cultivateurs ne possédant 
        pas de disponibilités suffisantes, de rénover leur outillage 
        vétuste et d'adapter leurs méthodes d'exploitation.
 
 La Caisse des Prêts Agricoles - s'adressant aux petits colons et 
        fellahs en situation di1iicile, qui ne pouvaient trouver, ni auprès 
        des Cais,es de Crédit Agricole Mutuel, ni auprès des Sociét)..s 
        Indigènes de Prévoyance, les crédits nécessaires 
        à l'ensemensement de leurs terres et au maintien de leur exploitation 
        - a accordé, au cours de la campagne 1945-1946, 9.075 prêts, 
        dont 9.042 à des fellahs, oour un montant total de 119.40.000 francs. 
        Le bldget de l'Algérie a pris en outre en charge le règlement 
        de l'intérêt différentiel, de manière à 
        ramener à 1 % le montant de l'intérêt à régler 
        par les emprunteurs.
 
 Pour sa part, le Fonds Commun des Société, Indigènes 
        de Prévoyance a, au cours de l'année 1946, apporté 
        aux sociétés adhérentes un concours financier s'élevant 
        à 629.689.403 francs, notamment par les prêts de semences, 
        la construction de docks-silos, et surtout la reconstitution du cheptel 
        ovin.
 Afin de lui permettre de mener à bien les opérations de 
        cette envergure, la loi de finances du 16 septembre 1946, dans son article 
        5 a porté de 300 à 600 millions de francs, le montant maximum 
        des emprunts que le Fonds Commun des S.I.P. pouvait contracter avec la 
        garantie de l'Algérie.
 
 En amorce de l'application des luis sociales à l'Agriculture, une 
        Caisse mutuelle agricole d'action sociale de l'Afrique du Nord a été 
        créée le 15 mai 1946. Elle groupe plus de 140 associations 
        agricoles ; elle a, d'ores et déjà, recueilli, au bout de 
        six mois d'existence, un volume de cotisations spontanées, évalué 
        à cinq millions pour les allocations familiales et à cinq 
        millions pour les organisations de prévoyance d'entreprise.
 
 Les forêts 
        et l'alfa.
 Le Service forestier a poursuivi, en 1946, son exploitation en régie 
        des bois et charbons de bois. Par ses ventes directes, à la fois 
        aux négociants et aux consommateurs, la régie forestière 
        a joué un rôle de premier plan dans la régularisation 
        des prix.
 
 L'année 1946 a marqué une reprise de l'exploitation alfatière, 
        réduite depuis 1940 à moins de 20.000 tonnes par an, en 
        raison de l'arrêté des exportations sur l'Angleterre. Les 
        transactions avec la Grande- Bretagne se poursuivent depuis le dernier 
        alignement monétaire. L'utilisation de l'alfa pour la fabrication 
        du papier en France dénote, d'autre part, un net progrès 
        ; l'installation de fabriques de papier d'alfa en Algérie est également 
        en bonne voie, à Alger, à Bougie, à Marnia et dans 
        le Sersou.
 
 L'Administration ayant décidé d'allouer gratuitement aux 
        cueilleurs d'alfa une ration supplénntaire de céréales, 
        prévoit que, grâce à ce stimulant la récolte 
        dépassera cette année 100.000 tonnés qui, au prix 
        de 3.600 frs la tonne Fob, représentent une valeur de 360 millions 
        de francs.
 
 Le même encouragement, donné à l'exploitation des 
        souches de bruyère, laisse escompter pour 1947 une exploitation 
        de 2.000 tonnes, représentant, à raison de 40.000 francs 
        la tonne, une valeur de 80vcmillions de francs
 
 Hydraulique.
 Une impulsion nouvelle a été donnée au service de 
        l'Hydraulique et de la Colonisation qui a mis en chantier trois grands 
        ouvrages dont l'exécution se poursuivra en 1947 ; ce sont les barrages 
        de l'oued El-That, de l'oued Sarno et de Foum El Gherza. Le premier permettra 
        une meilleure irrigation du périmètre de Relizane actuellement 
        desservi par le barrage de Bakhadda. Le 2' est destiné à 
        assurer avec plus de sécurité le service de l'eau dans le 
        périmètre de St-Denis-du-Sig. Le 3' facilitera l'Établissement 
        de nouvelles plantations et le sauvetage des palmeraies du Ziban.
 
 Les travaux du barrage d'Igli, actuellement en voie de réalisation 
        sur l'oued Zousfana, à 40 kms au nord de Béni-Abbés, 
        sont destinés à étaler les eaux des crues saisonnières 
        et à maintenir en place des habitants découragés.
 
 Les études et travaux entamés en vue de la réalisation 
        d'importants ouvrages d'hydraulique dans les régions de Tatdjemount 
        et de Taouiala, se poursuivent pour le développement du paysanat 
        moutonnier.
 
 Rappelons les gros travaux entrepris pour assurer l'alimentation en eau 
        potable de la région oranaise et de la région algéroise, 
        ainsi que les études poursuivies systématiquement pour la 
        desserte en eau des villages kabyles.
 
 L'année 1947 verra la pose du réseau de distribution du 
        périmètre du haut Chéliff qui permettra d'exploiter 
        la réserve d'eau.
 
 De nouvelles formules tenant compte à la fois des dispositions 
        de l'ordonnance du 7 mars 1944 et des nécessités de poursuivre 
        la mise en valeur de l'Algérie et d'améliorer son potentiel 
        agricole, ont fait l'objet d'un projet de décret actuellement soumis 
        au Pouvoir. Central, à l'intention des centres en voie de dépérissements.
 
 Les mines.
 La production en minerai de fer est en recrudescence. Elle atteindra en 
        fin d'année un million 460.000 tonnes environ contre 1.202.000 
        en 1945. Les exportations, principalement vers la Grande-Bretagne et la 
        Belgique, suivent la même progression : 1.500.000 tonnes environ 
        en fin d'année, contre 1.402.300 tonnes en 1945.
 
 L'exploitation des phosphates, à l'exception du gisement de M'Zaita 
        est également meilleure. En fin d'année, 500.000 tonnes 
        auront été extraites contre 400.000 l'année passée. 
        La mise à voie large du tronçon de voie ferrée Oued 
        Kébérit-Tébessa-Kouif a déja permis de porter 
        la cadence des transports à plus de 50.000 tonnes par mois. L'exportation 
        globale des phosphates en 1946, ressortira à 400.000 tonnes contre 
        326.000 en 1945.
 
 Le centre de Miliana pour l'éducation professionnelle des jeunes 
        mineurs a été réorganisé sur de nouvelles 
        bases.
 
 Le Service des Mines et le Service des Domaines se sont, en ce qui les 
        concerne, préoccupés de procéder à un recensement 
        général des sources thermo-minérales d'Algérie, 
        les évaluations de dépenses concernant leur mise en valeur 
        figurent au plan quinquennal réclamé par l'Assemblée 
        Financiùre.
 
 Charbons et combustibles.
 En contre-partie des exportations de minerais, l'Algérie importe 
        toujours du charbon o en dépit de la crise mondiale 50 à 
        55.000 tonnes par mois jusqu'au 1" mai 1946 ; puis du fait du ralentissement 
        de la production aux Etats-Unis et en Angleterre, 45.000tonnes en mai 
        et juin. L apport de charbon turc et rhénan permet actuellement 
        de maintenir un strict équilibre.
 
 Les houillères du sud oranais améliorent leur production 
        en qualité et quantité : la production marchande mensuelle 
        qui était de 10.000 tonnes en 1944, atteint en moyenne 17.500 tonnes 
        depuis le début de la présente année.
 
 Le prix de cession moyen des charbons importés est passé 
        de 1.000 à 1.600 frs la tonne FOB au 1" avril, et à 
        2.100 frs à partir du 1" novembre. Quant au prix des charbons 
        locaux, ils sont alignés sur les précédents et le 
        déficit qui en résulte est provisoirement absorbé 
        par des indemnités compensatrices de la Métropole.
 
 Nos besoins en combustibles solides doivent naturellement se compléter 
        par des importations de produits pétroliers. Le programme établi 
        à ce sujet pour 1947 comporte, par rapport à 1932, les coefficients 
        de majoration :
 - de 25 % pour l'essence,
 - de 114 % pour le gas-oil,
 - de 36 % pour le pétrole,
 - de 170 % pour le fuel-oil.
 
 Ce programme est largement justifié par la mécanisation 
        généralisée de l'agriculture, le développement 
        des transports automobiles et l'emploi massif du fuel-oil dans les centrales 
        électriques principales.
 
 La création de la " Société Nationale des Recherches 
        et d'Exploitation des Pétroles d'Algérie " qui a abouti, 
        vient compléter ce programme. Le plan quinquennal algérien 
        contient les imputations budgétaires correspondant à l'effort 
        de recherches que devra, dans ce domaine, fournir l'Algérie de 
        1947 à 1951.
 
 Electrification.
 Le plan général d'équipement électrique de 
        l'Algérie pour les 20 prochaines années est fractionné 
        lui aussi en " plans quinquennaux D.
 
 On doit pouvoir compter en 1951 sur un accroissement global annuel de 
        la production hydroélectrique de l'ordre de 350 millions de Kwh, 
        grâce à la mise en service, à cette époque, 
        de la totalité des usines du programme de 1940 et des usines de 
        l'oued Agrioun et du Djendjen supérieur dent la régularisation 
        des eaux produira une énergie de haute qualité.
 
 Le premier programme quinquennal de production thermique comprend : la 
        création d une nouvelle centrale thermique sur le port d'Oran, 
        le renforcement de la Centrale de Bône par l'installation d'un nouveau 
        groupe de 25.000 Kwh et d'améliorations aux chaufferies des deux 
        centrales d'A:ger considérées pour l'avenir comme usines 
        de régularisation,d'appoint et de secours.
 
 Les prévisions de mise en place des interconnexions comportent 
        en sus, établissement d'ici la fin 1948, d'une artère de 
        150 kilovolts allant de la région oranaise à l'est constantinois, 
        afin d'écarter le risque de restrictions et de coupures.
 
 Un programme détaillé d'électrification rurale a 
        été établi avec le souci exclusif de diffuser largement 
        l'énergie électrique au sein des populations européennes 
        et musulmanes, cependant que l'application à l'Algérie des 
        mesures de nationalisation de l'électricité et du gaz, promulguées 
        dans la Métropole par la loi du 8 avril 1946, fait actuellement 
        l'objet d'une mise au point définitive.
 
 Sur la base des engagements conclus antérieurement entre l'Algérie 
        et les sociétés locales d'électricité, qui 
        vont être accordées par le. futur " service nationalisé 
        ", l'Algérie sera appelée à contribuer à 
        la réalisation de la première tranche quinquennale (production 
        et transport) pour une somme de 6 milliards 271.450.000 francs, le solde, 
        soit 9 milliards 734.500.000 francs, devant être pris en charge 
        par le dit service,
 
 Industrialisation.
 La mise en train de ces importants programmes favorisera l'industrialisation 
        de l'Algérie, dont la commission consultative créée 
        par l'arrêté du 8 juin 1946 étudie les projets récemment 
        mis au point ; au nombre de 74 à ce jour.
 
 L'empressement des entreprises à bénéficier des facilités 
        de crédit et des avantages fisoaux qui leur sont offerts laisse 
        espérer qu'à brève échéance, l'initiative 
        privée comblera, dans le cadre du plan d'équipement algérien, 
        les insuffisances et les déficiences si regrettables à tous 
        points de vue de notre production industrielle d'avant-guerre.
 
 L'exécution de la première tranche décennale de ce 
        plan appellera un investissement global de 8.800.030.000 de francs.
 Afin d'encourager parallèlement les " industries clefs " 
        qui tardent à se manifester spontanément dans la conjoncture 
        économique actuelle, l'Algérie est entrée en participations 
        avec une s'ciété d'études pour l'implantation dans 
        l'est constantinois d'une usine moderne de ciment comparable à 
        l'usine oranaise de Saint-Lucien.
 
 Cependant, toutes initiatives se heurtent dans ce secteur à une 
        difficulté sérieuse : celle de l'habitat ouvrier, condition 
        de la venue en Algérie des cadres de maîtrise et du maintien 
        auprès des usines en formation de la main-d'oeuvre locale,
 
 LE RAVITAILLEMENT.
 
 Les problèmes de ravitaillement continuent à se poser d'une 
        façon impérieuse.
 
 En dépit d'une récolte de céréales rr.oyenne 
        et d'une commercialisation régulière, l'Ale ie sera dans 
        l'obligation, pour parfaire la soudure en fin de campagne, d'importer 
        environ 3 millions de quintaux de blés exotiques.
 
 Cette éventualité interdit, jusqu'à nouvel ordre, 
        d'envisager une augmentation des rations de pain et de grain, si l'on 
        veut éviter une rupture irrémédiable de subsistance 
        de ses populations.
 
 Des retards de distribution de café ont été enregistrés 
        depuis quelques mois ,par suite de l'irrégularité des arrivages 
        en provenance des territoires français de l'Afrique Occidentale 
        ou de Madagascar et des besoins de la Métropole, nettement désavantagée 
        jusqu'à maintenant, par rapport à l'Algérie.
 L'état du marché des corps gras alimentaires ne permet pas 
        en revanche d'attendre une amélioration prochaine des approvisionnements 
        ; aussi bien, les efforts de l'Administration algérienne tendent-ils 
        à commercialiser le maximum de la pr )duction locale.
 
 Pour ce qui est du savon, la situation est également critique et 
        les savonneries algér'ennes ont dû cesser leur activité, 
        faute de matières premières.
 L'approvisionnment en lait, denrée essentielle pour les enfants. 
        les malades et les vieillards, soulève de multiples difficultés, 
        palliées dans une certaine mesure par une abondance relative de 
        produits diététiques.
 
 La situation du marché de la viande demeure irritante. Elle n'est 
        pas, sans doute, spéciale à l'Algérie, et Paris connaît 
        la suspension des arrivages de bétail à La Villette. Jusqu'à 
        ces derniers temps, grâce aux efforts de l'Administration, secondée 
        par les représentants des consommateurs, la viande n'avait pas 
        manqué. Toutefois, la hausse spécifique de fin d'année 
        vient cette fois d'atteindre des proportions inusitées, mais les 
        pouvoirs publics sauront prendre les mesures nécessaires pour arrêter 
        toute tentative de manoeuvres spéculatives.
 
 La campagne locale de congélation entreprise au printemps dernier, 
        a abouti à la con: titution d'un stock de 800 tonnes d'excellente 
        viande de boeuf auquel s'ajouteront vraisemblablement des importations.
 
 LE COMMERCE EXTERIEUR.
 
 Le ravitaillement tendra vers la normale au fur et à mesure que 
        les relations commerciales avec l'extérieur se développeront.
 
 Dès maintenant, l'Algérie a renoue avec la Métropole 
        ses échanges traditionnels. Malgré les difficultés 
        de sa propre subsistance, la Frar ce lui envoie des denrées alimentaires 
        ; au cours de la campagne 1945-1946, les exportations de produits d'alimentation 
        se sont élevées à 840.000 quintaux, soit environ 
        50 %du chiffre de 1938.
 
 Or, les autorisations d'exportation ont porté sur les excédents 
        des besoins locaux et la pénurie des transports maritimes a freiné 
        les envois.
 
 Les exportations de minerai, d'alfa, de liège, augmentent aussi 
        dans les limites des possibilités de frêt.
 
 Le volume des exportations de vins s'est maintenu, de mai jusqu'à 
        juillet aux environs de 99.030 hectolitres par mois. En septembre les 
        exportations sont tombées à près de la moitié 
        de ce chiffre. Devant la chute des quantités exportées, 
        l'arrêté du 16 octobre 1946 a prononcé, sur les instructions 
        impératives du Pouvoir Central, la réquisition de tous les 
        stocks de l'année 1945 et des années antérieures 
        détenus par les, producteurs. Des commissions départementales, 
        'où sont représentés tous les intérêts 
        en cause, procèdent au recensement de ces stocks pour les répartir 
        entre la consommation locale et l'exportation vers la Métropole, 
        les pays de l'union française ou l'étranger. Elles ont provoqué 
        un reprise des envois sur la Métropole des vins de consommation 
        courante, de 188.610 hectos pour la Ire quinzaine d'octobre à 348.690 
        hectos pour la période du 15 au 31 octobre.
 
 Le Ministre du Ravitaillement a notifié qu'il entendait user du 
        droit de préemption des figues sèches que lui confère 
        la loi du 4 octobre 1946. La liberté a été rendue 
        aux exportateurs dans la limite d'un contingent de 90.000 quintaux augmenté 
        de 6.000 quintaux pour les exportations vers les pays de l'Union.
 Il a été ouvert un contingent d'exportation de dattes de 
        65.000 quintaux sous réserve que les prix seraient conformes au 
        prix taxé.
 
 Le Ministre du Ravitaillement a également décidé 
        que les exportations d'agrumes ccraient réalisées par l'intermédiaire 
        d'un acheteur unique. Un premier contingent de 1.600 tonnes est, d'ores 
        et déjà ouvert. Les prévisions d'exportations sur 
        la Métropole pour la campagne en cours sont de l'ordre de 40.000 
        tonnes.
 
 Tous les échanges commerciaux avec l'étranger peuvent en 
        principe être traités par la voie du commerce privé.
 
 Les restrictions qui subsistent tiennent, soit au caractère oarticulier 
        des accords en vigueur, soit à la nécessité d'utiliser 
        le plus judicieusement possible les crédits limités dont 
        l'Algérie dispose.
 
 La plupart des arrangements de cet ordre, conclus avec le.f, pays de l'Europe 
        continentale, sont du type bi-latéral limitant les échanges 
        à des listes de produits. Une partie des contingents de produits 
        figurant sur ces listes est réservée à l'Algérie, 
        et c'est dans cette mesure que les licences sont accordées aux 
        importateurs algériens.
 
 D'autre part, l'Algérie a pu disposer d'un crédit global 
        de 37 624.000 dollards, soit 4.414.800.000 frs, pour les achats de tour, 
        produits. Ce crédit est réparti par tranchcs trimestrielles 
        entre les di,:férents pays fournisseurs et, d'autre part ,de la 
        hiérarchie des besoins locaux à satisfaire. Les commandes 
        de matériel industriel et agricole, qui permettront de renouveler 
        notre outillage y figurent par priorité.
 
 Outre ce crédit de 37.624.030 dollars réservé aux 
        achats courants du commerce privé, l'Algérie a reçu 
        à la suite de la conclusion des accords négociés 
        à Washington par M. Léon Blum, des crédits dont la 
        première tranche a été fixée à 4.625.000 
        dollars, soit 560 millions de francs pour des achats de matériels 
        destinés à la réalisation de son plan d'équipement.
 
 Malgré la discipline rigoureuse et les multiples entraves qui limitent 
        les achats à l'étranger, le montant de ces achats est considérable. 
        Avant la guerre, les exportations et les importations directes de l'Algérie 
        avec l'étranger se compensaient à 10 % près. Aujourd'hui, 
        la moyenne mensuelle des exportations pour les sept premiers mois de 1946 
        est de 158 millions contre 750 millions pour les importations.
 
 Néanmoins, les exportations sur l'eiranger prospèrent, puisque 
        leur moyenne mensuelle, l'année dernière, ne dépassait 
        pas 60 millions de francs. Il est à espérer qu'au cours 
        des mois à venir, le chiffre des exportations se rapprochera de 
        celui des importations étrangères, sous réserve cependarr 
        que l'industrie métropolitaine soit en mesure de satisfaire les 
        besoins de l'Algérie et que l'amélioration de la production 
        agricole permette de réduire les achats de denrées de première 
        nécessité pour le ravitaillement des populations.
 
 En revanche, la balance commerciale avec la Métropole est largement 
        favorable, puisque la moyenne mensuelle des exportations (1 milliat-d 
        600 millions de francs) pour les 7 premiers mois de l'année est 
        à peu près le double de la moyenne des importations (850 
        millions de francs).
 
 Si l'avenir de l'Algérie dépend, avant tout, de l'accroissement 
        de sa production agricole et de son industrialisation progressive, le 
        pays ne retrouvera sa prospérité d'antan qu'en pratiquant 
        résolument une politique de qualité des produits de son 
        terroir et de ses richesses.
 
 Qualité et excellence de ces produits, présentation agréable, 
        mise en valeur, emballages solides et sûrs adaptés au goût 
        du pays destinati:ire, sont des éléments de succès 
        qui doivent faire l'objet constant des soucis quotidiens de nos agriculteurs 
        et de nos négociants.
 
 Cette politique seule permettra d reconquérir en France même 
        le terrain perdu par la pratique d'errements regrettables qui, au lendemain 
        de la libération trouvaient un prétexte dans la nécessité 
        de ravitailler la population métropolitaine, fût-ce au moyen 
        de produits de qualité secondaire.
 
 L'Algérie parviendra aussi à reprendre les débouchés 
        qu'elle a perdu par une propagande active. L'Administration est décidée 
        à favorise,- cette action féconde par tous les moyens.
 
 En conséquence, un retour aux normes de la standardisation s'impose 
        inexorablement quelles que puissent être les difficultés 
        de l'heure et, à cet égard,l'année 1947 devra être 
        une année d'efforts soutenus et ardents
 
 Ces efforts sont d'autant plus de rigueur qu'aujourd'hui le consommateur 
        métropolitain a tendance à délaisser les produits 
        algériens pour se porter vers d'autres mieux préparés, 
        mieux présentés et mieux conditionnés.
 
 L'heure est venue pour l'Algérie de prendre sa place sur tous les 
        marchés mondiaux et elle le peut d'autant plus aisément 
        qu'elle a commencé à relâcher les liens qui bridaient 
        la liberté de ses échanges avec l'extérieur et que 
        de nouveaux courants commerciaux se forment, dont elle se doit de profiter.
 
 LE CONTROLE ECONOMIQUE.
 
 Agriculteurs, commerçants, industriels et artisans auront à 
        coeur de seconder dans un autre domaine l'action de l'Administration pour 
        enrayer la hausse récente des prix.
 
 Cette hausse généralisée, étendue de proche 
        en proche à tous produits après la décision du Pouvoir 
        Central de relever les prix des céréales et du vin, le relèvement 
        du prix du charbon, a été encore accrue par les prélèvements 
        des intermédiaires. Elle compromet l'efficacité des mesures 
        destinées à améliorer le pouvoir d'achat des salariés,
 
 Il faut craindre d'autre part que la masse de monnaie introduite dans 
        le circuit des échanges, par suite de la revalorisation des produi;n 
        agricoles, ne correspondant pas aux disponibilités en marchandises 
        et produits, n'exerce une incidence fâcheuse sur les prix intérieurs.
 
 Aussi, le maintien de l'économie dirigée n'est-il pas une 
        survivance inextricable. Choque fois que, dans un secteur donné, 
        l'expérience a été faite d'un retour à la 
        liberté des transactions, les prix ont monté en flèche 
        si bien qu'en définitive pour la sauvegarde de l'intérêt 
        général, il vaut mieux une réglementation imparfaite 
        qu'un " laisser aller " anarchique et déréglé.
 
 Dans une interview accordée à un journal parisien du matin, 
        un ancien ministre des Finances a déclaré ces jours-ci : 
        " A l'heure actuelle la liberté économique c'est le 
        rationnement par le billet de banque : tout pour le riche, rien pour le 
        pauvre. La seule politique démocratique est donc le renforcement 
        du contrôle ".
 
 Une réorganisation interne des szrvices de caractère économique 
        est à l'étude pour ccrriger la tendance de chacun d'eux 
        à suivre des solutions fragmentaires et pour dégager une 
        unité d'action.
 
 Il est donc nécessaire de multiplier les contacts, de coordonner 
        les efforts entre les services algérien et métropolitain 
        du contrôle économique. de manière à éviter 
        les contradictions et les discordances.
 
 LES TRAVAUX PUBLICS.
 
 Les travaux publics, dont l'exécution est encore retardée 
        par le défaut de matériel mécanique et de matériaux 
        permettront au fur et à mesure qu'ils reprendront leur rythme antérieur, 
        de fournir sur place l'embauche désirable, à tout ou partie 
        des travailleurs algériens.
 
 Des améliorations se manifestent cependant par suite de la cadence 
        plus régulière des importations, grâce d'une part, 
        à la possibilité qui est offerte de procéder, sous 
        le régime des achats privés, à des commandes importantes 
        de matériel eLranger, d'autre part, à l'essor croissant 
        de la pnyluction industrielle dans la métropole.
 
 Malgré l'insuffisance des ressoui, es algériennes, la remise 
        en état de l'équipement moderne des voies terrestres, reprise 
        en 1945, a été poursuivie. Une participation aux dépenses 
        de réfection des itinéraires dégradés par 
        l'effet du trafic militaire intense après novembre 1942, a été 
        demandée au service central du prêt-bail, au titre des comptes 
        d'aide réciproque alliée. Un crédit global de 650 
        millions pourrait être accordé par la Métropole.
 
 C'est toutefois aux collectivités intéressées, à 
        l'Algérie, aux départements et aux communes, que devra principalement 
        incomber au cours des annéesprochaines, la lourde charge de la 
        remise en état de l'amélioration de leurs réseaux 
        routiers : oeuvre de longue haleine sur laquelle pèse le renchérissement 
        continu des dépenses d'acquisition des emprises, ainsi que celles 
        de transport et d'achat de matériaux,
 
 Une modification a été apportée an début de 
        l'année au programme des travaux des routes nationales, pour procurer 
        du travail à la main-d'oeuvre en chômage ; ainsi ont été 
        entrepris d'urgence, dans la région oranaise, des travaux de terrassement 
        de la future déviation de la route nationale d'Oran à Valmy. 
        A été réservée en outre sur les crédits 
        inscrits au budget des routes nationales, une somme de 40 millions à 
        titre de participation de l'Algérie aux dépenses de construction 
        par la Marine Nationale, d'une route joignant Mers-El-Kébir à 
        la plaine de Bou-Sfer, par un tunnel sous le Djebel-Santon.
 
 Dans la région algéroise, des travaux de diverses annexes 
        de la route nationale n° 1 ont été activés. Mais 
        il reste encore beaucoup à faire r our donner à l'ensemble 
        du réseau routier une physionomie moderne répondant aux 
        besoins de la circulation et du trafic commercial.
 
 Les événements de 1942-1944 ont démontré que, 
        si la plupart des ports d'Algérie ont une infrastructure suffisante 
        pour faire face aux besoins prévisibles de la navigation pendant 
        de longues années, la mission de certains de ces ports n'en exige 
        pas moins des extensions, notamment à Bône Philippeville, 
        Bougie, Oran, Mostaganem et Nemours-. Comme en d'autres domaines, les 
        travaux d'extension n'ont malheureusement pu être avancés 
        en 1946, faute de crédits suffisants. Le crédit de 85 millions 
        inscrit à la section XVIII, a seulement autorisé l'exécution 
        de la mise en train des travaux les plus urgents de réparation, 
        des dégâts causés par les tempêtes, notamment 
        à Oran et à Nemours, le renlorcement des ouvrages extérieurs 
        de défense à Alger Bougie et Djidjelli ; enfin, la remise 
        en état de divers ouvrages endommagés par faits de guerre 
        à Bône
 
 Le programme d'équipement matériel a reçu en outre, 
        un commencement d'exécution par des commandes fermes à l'étranger, 
        d'un matériel de dragage et d'un nombre important d'engins de levage. 
        Les ressources nécessaires au règlement de ces derniers 
        engins proviendront d'emprunts gagés sur les taxes d'usage et de 
        péage perçues par les Chambres de Commerce. Le Pouvoir Central 
        statuera prochainement sur les demandes d'autorisation d'emprunt de 31 
        millions et de 195 millions présentées respectivement par 
        la Chambre de Commerce d'Oran et par la Chambre de Commerce d'Alger. Si 
        besoin est, ces organismes recevront de la Caisse Nationalele des Marchés 
        de l'Etat les avances de trésorerie qui leur seront nécessaires.
 
 Enfin, l'outillage des ports sera complété, en tant que 
        de besoin par la construction de docks-silos et chais à vin.
 
 D'une manière générale le trafic des ports algériens 
        tend à s'accroître, tout en restant éloigné 
        encore des chiffres atteints en 1938, dernière année normale 
        qui a précédé la guerre.
 
 En 1945, et pendant les premiers mois de 1946, les importations massives 
        des céréales ainsi que les exportations importantes de vin 
        vers la Métropole ont fourni un élément substantiel 
        de cet accroissement : le trafic du port d'Alger, qui avait atteint en 
        1938 un tonnage de marchandises (entrées et sorties réunies) 
        de 3.565.615 tonnes a été, en 1945, de 1.793.831 tonnes 
        et pour les 7 premiers mois de la présente année de 1.588.000 
        tonnes.
 
 L'Algérie s'appliquera à améliorer en même 
        temps les aérodromes existant sur son territoire et à créer 
        de nouveaux terrains en vue de répondre aux besoins croissants 
        du trafic aérien.
 
 Au cours de la présente année, 25 millions environ ont été 
        ainsi consacrés à l'amélioration de terrains d'escale 
        ou de secours, en particulier dans les territoires du Sud.
 
 Le tourisme était déjà, avant la guerre, - et doit 
        devenir dans les années prochaines - un élément appréciable 
        de la prospérité économique de ce pays au même 
        titre que les autres activités.
 
 Aussi, un inventaire des besoins r'.latifs aux voies d'intérêt 
        touristique, sert-il de base à un programme rationnel d'équipement 
        qui sera exécuté au fur et à mesure de la reprise 
        des relations internationales : 18 millions ont été utilisés 
        en 1946 à l'ouverture et à l'aménagement des voles 
        de circuits touristiques et de besoins économiques immédiats.
 
 Mais les plans établis risquent de ne pas porter tous leurs effets 
        si les matériaux indispensables (liants hydrauliques, aciers, bois 
        de construction) ne sont pas importés de la Métropole ou 
        de l'étranger avec plus de régularité et en plus 
        grandes quantités.
 
 L'URBANISME.
 
 La pénurie de matériaux notamment retarde l'aménagement 
        rationnel de nos grandes agglométions et favorise le développement 
        anarchique et sans art de groupements d'habitations des banlieues.
 
 La législation de l'urbanisme avait pratiquement cessé de 
        jouer pendant la période des hostilités ; il importe qu'elle 
        soit à nouveau appliquée.
 L'extension des villes a conduit a décider l'assujettissement d'un 
        assez grand nomme de centres urbains ou de stations climatiques et balnéaires 
        à l'obligation de faire établir par des urbanistes, les 
        plans et programmes d'aménagement, d'embellissement, d'extension, 
        que les règlements imposent aux cités en voie d'évolution 
        rapide.
 
 Dans le dessein d'aider les collectivités ou entités locales 
        à se conformer à cet égard au voeu du législateur 
        avec moins de réticences que dans le passé, l'Administration 
        algérienne a donc prévu le relèvement des crédits 
        de subventions auxquels peuvent faire appel les communes en vue de l'établissement 
        de leurs fonds de plans et projets d'urbanisme. Aussi, propose-t-elle 
        l'extension à l'Algérie des dispositions en vigueur ou prévues 
        dans la Métropole envue d'exiger une discipline de la construction 
        immobilière.
 
 Les Algériens comprendront l'importance d'une telle réglementation 
        qui nécessitera un renforcement du personnel, particulièrement 
        à l'échelon départemental.
 
 
 HABITAT URBAIN.
 
 L'habitat urbain, dont la solution intéresse toutes les populations 
        de conditions /Incestes et de ressources insuffisantes est un problème 
        angoissant.
 Avant la guerre, les services pubucs en Algérie s'étaient 
        préoccupés de déterminer les besoins en logement 
        des agglomérations urbaines et d'y donnersatisfaction au moyen 
        de ressources locales et de crédits mis à la disposition 
        de l'Algérie par la Métropole.
 
 L'accroissement rapide et continu de la population des villes, la destruction 
        d'immeubles par faits de guerre, les démolitions de plus en ',lus 
        nombreuses pour cause de vétusté, ont donné à 
        ce problème une acuité toute particulière, aggravée 
        par l'arrêt total des constructions nouvelles.
 
 Pour remédier à une telle situation, il n'était pis 
        possible de faire appel à la législation sur les H.B.M. 
        qui s'adresse à une population disposant déjà de 
        certaines ressources et qui, au surplus, subit actuellement une refonte 
        générale en vue de son adaptation, aux circonstances économiques 
        de l'heure.
 Dans ces conditions, un projet de loi instituant l'habitat urbain et répondant 
        aux concertions exprimées par la Commission des réformes 
        a été préparé. Il a pour objet de doter d'une 
        habitation salubre ou convenable les populations sans logis ou mal logées, 
        ou qui sont installées dans des appartements insalubres et insuffisants 
        des quartier. surpeuplés. Il prévoit notamment une contribution 
        importante au budget de l'Algérie pouvant atteindre la moitié 
        de la dépense de construction, ce qui laisse espérer que 
        le loyer pourra être arrêté à un taux compatible 
        avec les ressources réduites des futurs occupants.
 L'Administration algérienne n'a d'ailleurs pas eu seulement à 
        se préoccuper de nouvelles constructions, mais encore de rechercher 
        une meilleure répartition des logements existant dans les villes. 
        C'est à ces fins que les dispositions de l'oraonnance du 11 octobre 
        1945 instituant des mesures exceptionnelles pour remédier à 
        la crise du logement, ont été adaptées à l'Algérie 
        par un décret du 29 juin 1946. Les services municipaux en voie 
        de création, par application de ce texte, auront pour tâche 
        de dresser un fichier des locaux vacants ou insuffisamment occupés 
        en vue de leur affectation à ceux que les événements 
        actuels privent de toit et de foyer.
 
 HABITAT RURAL.
 
 La distinction fondamentale entre l'habitat rural et l'habitat urbain 
        semble devoir être maintenue. Pour le second, la politique poursuivie 
        s'attache à favoriser l'édification de cités indigènes 
        par le groupement dés populations, rassemblées dans des 
        masures dépourvues de confort. L'applica,ion des plans établis 
        pour la construction de ces cités ne se heurtera pas toujours, 
        dans la pratique, à des obstacles financiers insurmontables, nombre 
        des futurs bénéficiaires offrant une certaine capacité 
        de paiement.
 
 L'habitat rural, en revanche, pose des problèmes plus complexes, 
        notamment dans les où les populations sont disséminées 
        car il implique des regroupements dans des villages rationnellement équipés 
        ; difficultés à affronter sans la mise en valeur préalable 
        ou concomitante des portions du territoire sur lesquelles ces rassemblements 
        sont envisagés ; ils doivent s'accompagner de remise aux fellahs 
        d'une maison qu'ils puissent amortir, tout au moins en partie, grâce 
        au surcroît de ressources dont il doit bénéficier.
 
 Qu'il s'agisse d'ailleurs d'habitat urbain ou d'habitat rural, des dispositions 
        spéciales doivent être prévues pour le financement 
        des projets. Devant l'impossibilité d'appliquer la législation 
        sur les habitations à bon marché, un projet de loi sur l'habitat 
        social, permettant de porter à 50 % la participation de l'Algérie 
        dans le financement des travaux, a été préparé 
        et adressé au Pouvoir Central. Dans l'attente de la promulgation 
        de ce texte, le Gouverneur Général a prescrit, par circulaire 
        récente, d'aligner sur ses dispositions les modalités de 
        financement de l'habitat rural. C'est sur ces bases que seront dotés 
        les projets actuellement en cours.
 
 La modicité de ressources des populations rurales oblige a serrer 
        les prix de revient. A cet effet, des prototypes ont été 
        édifiés sur les terrains de l'Institut Agricole de Maison-Carré' 
        et du Clos Salembier, près d'Alger ; des recherches ont été 
        orientées vers le système de la maison pré-fabriquée. 
        Ces expériences ont fourni de précieux renseignements.
 
 LA SECURITE SOCIALE.
 
 Le souci de la sauvegarde des masses laborieuses qui trouvent avec peine 
        dans le trouble actuel des moyens de subsistance, fait un de\,oir à 
        l'Administration algérienne de veiller au droit social et de provoquer 
        l'extension progressive à l'Algérie de la législation 
        ouvrière de la Métropole.
 
 A cet égard, les mois passés ont été marqués 
        par l'intervention de l'application dans ce pays de très nombreux 
        textes.
 
 Les uns visent les conditions même du travail ; ils concernent la 
        durée du travail et le régime de rémunération 
        des heures supplémentaires (loi du 13 mai 1946), le travail de 
        nuit (décret du 20 mai 1946), la réparation des accidents 
        du travail (décret du 6 juin 1946), dont les mesures d'application 
        doivent être très prochainement examinées par la Commission 
        consultative du Travail.
 
 Tous ces textes constituent un ensemble réglementaire considérable 
        dont l'application, en quelques mois, implique un effort soutenu de la 
        part des services de contrôle dont l'augmentation des moyens d'action 
        a été demandée à l'Assemblée Financière.
 
 Le problème des salaires, qui touche si directement la vie ouvrière, 
        a continué à faire l'objet d'une étude attentive, 
        et une mesure d'ens,mble faisant suite aux augmentations décidées 
        dans la Métropole, a majoré de 30 %, au mois d'août 
        dernier, les salaires de tous les travailleurs algériens de l'industrie, 
        du commerce et de l'agriculture. La Commission centrale des salaires agricoles, 
        réunie il y a quelques jours, a proposé, par ailleurs, la 
        fixation des salaires de plusieurs catégories de travailleurs agricoles 
        non encore réglementées. La situation sociale des travailleurs 
        agricoles tend ainsi, de plus en plus, à s'harmoniser avec celle 
        des autres salariés.
 
 La participation des travailleurs au fonctionnement et à la gestion 
        des entreprises industrielles et commerciales a fait l'objet des lois 
        des 16 avril 1946 sur les délégués du personnel, 
        du décret du 16 avril 1946 et de la loi du 16 mai 1946 sur les 
        comités d'entreprises. Une Commission supérieure des Comités 
        d'entreprises, au sein de laquelle l'Assemblée Financière 
        est représentée, a été créée 
        et se réunira très prochainement.
 
 Cet esprit d'association des milieux professionnels doit imprégner 
        aussi les efforts nécessaires en vue de parer au chômage 
        qui se manifeste en Algérie. A cet égard, il n'existe pas 
        de mer; en, à la fois plus efficace et plus digne, que de perfectionner 
        les connaissances techniques de la main-d'oeuvre. Les essais prometteurs 
        de formation professionnelle accélérée entrepris 
        durant l'été à Oran, Constantine et Bône par 
        les Services du Travail et de l'Enseignement technique, en collaboration 
        avec les syndicats patronaux et ouvriers, ont nécessité 
        la demande de crédits susceptibles de réaliser une formation 
        professionnelle de la main-d'oeuvre, destinée à faciliter 
        son placement, et indispensable, par ailleurs, à l'industrialisation 
        de ce pays.
 Cette formation bénéficierait en outre à la partie 
        de la main-d'oeuvre algérienne qui cherche à s'employer 
        dans la Métropole et les efforts nécessaires ont été 
        faits pour que les accords indispensables interviennent en vue d'éviter 
        en France tout afflux désordonné de main-d'oeuvre, dont 
        sont victi?
 mes les travailleurs eux-mêmes et leur famille.
 
 L'esprit d'association des milieux professionnels et l'importance du concours 
        demandé aux organisations ouvrières, dans l'oeuvre à 
        la fois économique et sociale de l'industrialisation de l'Algérie, 
        impliquent un programme de construction de " Maisons du Travail ". 
        Celles-ci doivent être le cadre matériel des efforts d'organisation 
        à accomplir dans ce pays sur le plan technique et professionnel, 
        en liaison avec tous les autres éléments qui concourent 
        à la production.
 
 Le problème de la sécurité sociale, dont les données 
        ont été profondément modifiées en France par 
        le Gouvernement issu de la libération a fait l'objet, dès 
        la fin de l'année 1945, de propositions de la part de l'Administration. 
        Une étude attentive en a été faite au sein de Commissions 
        interministérielles : leurs travaux ont aboutit au dépôt 
        pac le Gouvernement, le 24 septembre dernier, d'un projet de loi dont 
        il y a lieu d'espérer le vote très prochain par l'Assemblée 
        Nationale, vota qui marquera ainsi la voicnté de la Métropole 
        d'apporter à ce pays les aménagements sociaux indispensables.
 
 L'ASSISTANCE.
 
 La guerre qui vient de bouleverser le monde, a malheureusement provoqué 
        des miseres physiologiques et une augmentation considérable du 
        nombre des hospitalisations dans ce pays. Pour faire face à cette 
        situation, la santé publique ne possède que des moyens insuffisants 
        d'autant plus été ralenve la cadence des constructions hosp.calières. 
        Le manque de main-d'oeuvre qualifiée, la pénurie de matériaux 
        ont empêché de poursuivre la réorganisation sanitaire 
        envisagée dès avant la guerre. D'autre part, plusieurs établissements 
        ont subi des dégâts importants du fait des bombardements 
        ou des occupations ; leur capacité hospitalière a été 
        réduite d'autant.
      Les 
        hopitaux.
 Il était urgent de porter remède a ces déficiences, 
        sans attendre de disposer de matériaux indispensables pour entreprendre 
        les nouvJles constructions. C'est pourquoi il a été demandé 
        à l'autorité militaire de céder à l'Algérie 
        des hôpitaux qui n étaient pas déjà compris 
        dans la conventon du 10 janvier 1935, de façon à mettre 
        le service ce la Santé Publique en mesure de disposer d'établissements 
        supplémentaires et d'augmenter son équipement. D'ores et 
        déjà, M. le Ministre des Almées a bien voulu consentir 
        la cession de l'infirme" ie-hôpital de Coléa, d'une 
        capacité de 120 lits. La remise de l'hôpital de Ténès, 
        d'une capacité de 73 lits, a déjà été 
        effectuée, et celle de l'hôpital de Batna d'une capacité 
        de 130 lits environ également. Ce3 deux établissements étaient 
        compris d'ailleurs dans la convention susvisée. A signaler à 
        ce sujet la transformation récente en hôpital civil de l'ancien 
        hôt,ital militaire d'Aïn-Béïda dont la capacité 
        était de 30 lits. Cette formation portera le nom du regretté 
        docteur Boumali en hommage à la mémoire du grand citoyen 
        et du maire eminent.
 Enfin, les opérations de remise à l'Algérie des hôpitaux 
        de Mascara, de 230 lits et de Tiaret, de 95 lits, sont en cours. L'Algérie 
        a pu obtenir par ailleurs l'hôpital naval américain de P 
        itit-Albin près d'Oran ainsi que l'infirmerie installée 
        au dépôt de St.-Eugène à Oran.
 
 Toutes ces nouvelles aéquisitions permettront de parer aux difficultés 
        rencontrées pour 1 équipement des nouveaux services sanitaires.
 
 Lutte contre la tuberculose.
 
 La guerre a ravivé la progression de la tuberculose. Jusqu'en 1940 
        les tuberculeux, originaires d'Algérie, dont l'état nécessitait 
        une cure sanatoriale, et les tuberculeux chroniques étaient envoyés 
        dans les sanatoria de la Métropole, où des lits leur étaient 
        réservés en vertu de contrats passés entre ces établissements 
        et les départements algériens. Quant aux tuberculeux relevant 
        d'un traitement actif, ils étaient admis sur place dans les hôp;!-,:tux 
        pourvus d'un service de phtisiologie. Depuis la guerre la question de 
        leur hospitalisation a changé d'aspect. D'une part, il n'est plus 
        possible de continuer à les placer comme auparavant dans les sanatoria 
        de la Métropole ; d'autre part, le nombre de ces malades s'est 
        accru dans de fortes proportions, par suife notamment du rapatriement 
        des tuberculeux de guerre, prisonniers et déportés.
 Pour faire face à cette nouvelle situation des plus angoissantes, 
        un programme de mesures a été mis au point, dont l'ouverture 
        recente dans le minimum de temps, grâce à l'aide de l'Algérie, 
        du sanatorium de Rivet, d'une capacité de 100 lits, et l'ouverture 
        du préventorium de La Calle. Enfin, il est actuellement procédé 
        à la détermination des hôpitaux auxiliaires dans lesquels 
        pourront être installés des services de tuberculeux chroniques 
        pour décongestionner les services hospitaliers
 
 Assistance aux aveugles.
 
 L'Algérie comporte un nombre pari iculièrement élevé 
        d'aveugles et dont le sort fait l'objet de toute la sollicitude de l'Administration, 
        C'est pourquoi a été mis à l'étude l'adaptation 
        à l'Algérie de la législation métropolitaine 
        sur la protection de ces déshérités. Une commission 
        s'est réunie au Gouvernement Général pour mettre 
        au point un projet de décret qui doit déterminer les conditions 
        de l'extension des textes nécessaires. Ce projet a même introduit 
        des innovations quant au mode de calcul de la location qui est rendu plus 
        souple ; mais u ne faut pas négliger que les charges entraînées 
        par l'application de cette nouvelle législation seront de l'ordre 
        de 100 millions de francs, dont la répartition devra s'effectuer 
        par tiers entre l'Algérie, les départements et les communes. 
        D'autre part, l'accroissement de l'assistance médicale aux populations 
        des centres ruraux a été envisagé par la mise en 
        oeuvre de mesures prophylactiques visant les maladies transmis.sibles 
        et l'application de moyens curatifs.
 
 Lutte contre les épidémies.
 
 La médecine préventive est égales:frit organisée 
        par l'extension de procédés tendant à rendre inoffensifs 
        les porteurs de germse, par l'ielement des contagieux et stérilisation 
        des réservoirs de virus.
 
 Des tournees de dépistage et de pr,phylaxie ont été 
        régulièrement effectuées sur l'ensemble du territoire. 
        Elles ont été multipliées dans les régions 
        où sévissaient les maladies transmiss.bies : typhus exanthématique, 
        fièvre typhoïde, variole et fièvre récurrente. 
        Dans un autre domaine -- malgré les difficultés du ravitaillement 
        et des transports - le nombre de consultations aux mères et aux 
        nourrissons a été augmenté.
 
 Il a paru opportun de renforcer certaines dispositions de législation 
        en vigueur sur ; hygiène des populations en mettant à l'étude 
        l'extension à l'Algérie du décret-loi du 30 octobre 
        1945, relatif à la protection des eaux potables, et du decret-loi 
        du 24 mai 1938 relatif à la destruction des ::remeubles et îlots 
        insalubres ainsi que la loi du 25 juin 1938 concernant la vaccination 
        antidiphtérique obligatoire.
 
 En outre, les services du Gouvernement Général en liaison 
        étroite avec la direction de l'hygiène du Ministère 
        de la Santé Publique, ont entrepris l'organisation d'un contrôle 
        sanitaire aux frontières de mer, de terre, et de l'air en vue d'empêcher 
        l'introduction dans la Métropole par la voie maritime des affections 
        contagieuses en provenance des 3 départements algériens, 
        à l'effet en meme temps d'assurer l'adaptation à l'Algérie 
        de la réglementation internationale concernant le contrôle 
        sanitaire aérien, ainsi que la surveillance médicale des 
        frontières terrestres.
 
 Par des moyens de fortune, les services compétents ont pu organiser 
        la protection sanitaire de la Métropole par voie de mer. Mais une 
        question importante reste à résoudre, celle du contrôle 
        médical de la main-d'oeuvre se rendant dans la 11(4ropole dont 
        le but est non seulement d'éviter la transmission de maladie pestilentielles 
        mais aussi de dépister les sujets tuberculeux, physiquement inaptes 
        ou atteints d'affections vénériennes, pour éviter 
        ne deviennent des candidats à l'hospitalisation loin de leur famille 
        et de leur foyer.
 
 Le plan d'action de préservation humaine sera de toutes façons 
        complété par une lutta intense contre les maladies sociales 
        et notamment par l'adaptation à l'Algérie des textes métropolitains 
        concernant la tuberculose, les maladies vénériennes et la 
        protection maternelle et infantile.
 
 Lutte contre le paludisme.
 
 Mais il est un mal qui, cette année a revêtu une gravité 
        particulière et pris l'allure d'une pandémie, c'est le paludisme. 
        Cette maladie a toujours les mêmes causes immédiates, la 
        pluviométrie tardive du printemps qui a pour effet de multiplier 
        des mares et des flaques d'eau durables, dans toutes les dépressions 
        du sol et de provoquer un développement abondant de l'anophèle.
 
 Répondant aux appels des collectivités publiques, les médecins 
        paludologues départementaux, assistés des équipes 
        sanitaires mobiles départementales et de celle du service central, 
        se sont portés inlassablement sur les points menacés. Pratiquant 
        des dizaine de milliers d'injections de quinine dans les communes et les 
        douars, ainsi que de larges distributions de dragées de quinine 
        et de Succédanés synthétiques, ils sont arrivés 
        à obtenir une régression notable de la pandémie.
 
 Mais en prévision d'accidents semblables, avant le printemps prochain, 
        des contacts sont pris avec les organismes spécialisés, 
        en vue de l'application dès le mois de mars de l'épandage 
        de produits larvicides par avion. On trouvera précisément 
        au budget de 1947, au titre du service antiopaludique, une énumération 
        des travaux qui sont prévus en vue de servir de base à l'application 
        d'un plan complet d'assainissement et de défense contre cette redoutable 
        maladie.
 
 Assistance aux nécessiteux.
 
 L'Administration n'a pas manqué également de se pencher 
        sur le sort des nécessiteux dont le nombre a tendance à 
        s'accroître au cours des années présentes. La cause 
        doit en être recherchée dans la suite des mauvaises récoltes 
        qui frappèrent les agriculteurs et aussi dans les séquelles 
        qu'a léguées la dernière guerre.
 
 L'aide de l'Administration Française s'est manifestée à 
        l'égard de ces déshérités sous un double aspect 
        ; d'une part, par la lutte constante et opiniâtre contre le chômage, 
        sous la forme de l'organisation de chantiers de travail ; d'autre part, 
        par l'attribution de secours aux invalides, sous la forme de subsides 
        en nature et la création de soupes populaires. Toute cette organisation 
        a nécessité l'emploi de crédits importants, 120 millions 
        pour les chantiers, 70 millions environ pour les distributions de secours. 
        Elle a donné à l'ensemble de la population la moins fortunée 
        de ce pays, les secours qui l'ont mise à même de subsister 
        au cours d'une des pério des les plus critiques qu'ait eu à 
        subir l'économie algérienne.
 Cette oeuvre n'est point terminée. Si l'économie 
        générale du pays s'est sensiblement améliorée, 
        il n'en reste pas moins des zones où risquent de sévir, 
        cette année encore, la misère et le chômage, notamment 
        sur les Hauts-Plateaux à économie pastorale, où le 
        cheptel décimé par des années de sécheresse 
        persistante n'a pu se reconstituer. Dans ce secteur, l'oeuvre d'assistance 
        de l'Administration française se poursuivra sans répit durant 
        la saison prochaine en fonction des moyens financiers disponibles.
 Un effort particulier en vue de pallier le plus possible la pénurie 
        qui règne en manière de tissus et de vêtements sera 
        accompli. Un plan d'habillement dont les modalités viennent d'être 
        arrêtées, recevra prochainemnt un commencement d'exécution 
        avec le concours des services de l'Entr'aide Française.
 Malheureusement, le manque de matières premières, les difficultés 
        d'approvisionnement à l'étranger ne permettront pas de donner 
        à ce plan toute l'ampleur qu'exige l'étendue des misères 
        à secourir.
 
 LES BEAUX-ARTS ET LES ANTIQUITES.
 
 Le budget de 1946 comportait au titre du Service des Beaux-Arts des crédits 
        importants.
 
 Une augmentation de crédit pour le Musée national des Beaux-Arts 
        d'Alger, augmentation corrélative à la hausse des prix, 
        a été envisagée au titre des budgets ordinaire et 
        extraordinaire pour l'exercice 1947.
 
 Il s'agit en l'occurrence d'enrichir le patrimoine artistique de l'Algérie 
        et d'accroître son rayonnement intellectuel.
 
 L'Ecole nationale des Beaux-Arts est à réinstaller dans 
        des locaux neufs et appropriés. En 1946, un crédit de 10 
        millions a été inscrit pour l'acquisition d'un terrain ; 
        des pourparlers sont en cours. Mais un nouveau crédit s'avère 
        indispensable pour entreprendre, en 1947, les premières de ces 
        constructions. C'est à cette fin qu'une somme de 10 millions de 
        francs a été prévue au budget extraordinaire.
 
 En attendant, il a été jugé opportun de porter au 
        budget ordinaire des sommes suffisantes pour améliorer immédiatement 
        les conditions de travail et d'enseignement de cet établissement.
 
 Dans le dessein de favoriser également, dans la plus large mesure 
        possible, l'épanouissement des arts, a été proposé 
        le relèvement des crédits à inscrire au titre des 
        bourses et subventions aux artistes et aux sociétés artistiques 
        et au titre des expositions et représentations, concerts et conférences.
 Fondé d'autre part, sur un voeu de la Commission des Monuments 
        et des Sites d'Algérie, un programme de mise en valeur des richesses 
        archéologiques de nos trois départements a été 
        préparé. Ce plan doté de 100 millions de francs et 
        qui devait être réalisable en cinq années, par tranche 
        de 30 millions chacune pour les premières années, a déjà 
        été approuvé par l'Assemblée Financière 
        ; un crédit de 30 millions de francs a été voté 
        pour l'exercice 1946. Cette année, la deuxième tranche a 
        été réduite à 27 millions, avec un crédit 
        d'engagement de 3 millions pour 1948 ; cette deuxième somme, si 
        elle est consentie par l'Assemblée Financière, donnera les 
        moyens de poursuivre activement les réalisations envisagées.
 
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