| Organisation générale. ---------L'organisation 
        de l'Enseignement Technique a fait, depuis son institution en Algérie, 
        l'objet de différentes études et plans : Commission Painlevé 
        en 1911 - Plan Joly en 1915 - Plan de 1920 - Mission Labbé 1935 
        - Rapport de M. Brunold en 1946 - Voyage de M. le Ministre André 
        Morice en 1948 - Mission de M. l'Inspecteur général Vercier 
        en 1948-1950. Mais, administrativement et bien que l'arrêté 
        gubernatorial du 10 octobre 1935 pris à la suite de la mission 
        Labbé, ait placé la Formation professionnelle alors dispensée 
        en Algérie sous l'autorité du Recteur de l'Académie, 
        l'Enseignement Technique et Professionnel encore budgétairement 
        rattaché aux Directions de l'Administration Centrale (Commerce, 
        Affaires Musulmanes, Intérieur), n'a disposé d'un budget 
        propre dans le cadre de la Direction de l'Éducation Nationale, 
        que par effet du décret du 27 novembre 1944 et une première 
        dotation de quelques importance au Budget extraordinaire - 130 millions 
        - est notée en 1947. ---------En dehors 
        de l'Éducation Nationale la Direction du Travail au Gouvernement 
        Général de l'Algérie organise ou contrôle dans 
        le cadre du décret du 9 novembre 1946 un certain nombre de centres 
        de formation professionnelle des adultes ou de centres d'entreprises. ---------De même, 
        la Direction de l'Agriculture a sous sa dépendance  
         l'Institut Agricole de Maison-Carrée, 
        l'École Ménagère Agricole, les écoles d'agriculture, 
        centres d'apprentissage agricole et centres professionnels ruraux. La 
        réorganisation de l'enseignement agricole a été fixée 
        par arrêté gubernatorial en 1947. ---------Enfin, 
        l'Ecole Professionnelle de l'Air à Cap-Matifou près 
        d'Alger prévue à l'origine pour les besoins des ateliers 
        industriels de l'Air, relève de la direction technique des travaux 
        aéronautiques du Ministère de l'Air, tandis que la Direction 
        des Travaux maritimes organise à Oran, un Centre d'apprentissage 
        pour les besoins de la Marine nationale. SITUATION DE L'ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET PROFESSIONNEL 
        AU 1er JANVIER 1953
 ---------Etablissements 
        dépendant de l'Education nationale.---------En 
        son état présent, la situation de l'Enseignement Technique 
        et Professionnel s'établit comme suit :
 ---------- L'Enseignement 
        Professionnel est donné dans des centres d'apprentissage 
        et des cours complémentaires d'enseignement professionnel. Ces 
        derniers fonctionnent suivant le régime d'études des centres 
        d'apprentissage et leur transformation en centres d'apprentissage est 
        envisagée dès que les conditions de fonctionnement le justifieront. ---------Ces divers 
        établissements au nombre de 113 au 1" janvier 1953 avaient 
        un effectif de 7.511 élèves, garçons et filles.---------Pour 
        les garçons ils préparent une main-d'oeuvre qualifiée 
        pour les diverses activités de l'industrie, du commerce, des ateliers 
        et des chantiers dans les villes et plus spécialement de la mécanique 
        agricole et du bâtiment
 en milieu rural. Un placement très profitable est assuré 
        sans difficultés. C'est ainsi par exemple qu'en 1951-1952, 9 % 
        seulement des élèves sortis n'ont pas trouvé d'emploi 
        et 17 % ont eu une activité sans relation directe avec la formation 
        reçue, soit 74 % d'élèves efficacement placés.
 ---------Pour 
        l'enseignement professionnel féminin, les possibilités de 
        placement dans des ateliers de couture et lingerie sont limitées 
        par la faible importance et le niveau restreint des ateliers existants, 
        comme par la réticence des fillettes musulmanes et de leurs familles 
        à s'employer en ateliers collectifs.
 ---------L'évolution 
        de la femme musulmane, facteur essentiel de l'évolution du milieu 
        social nécessite donc un apprentissage éducatif des arts 
        ménagers et des techniques de la couture familiale. L'étude 
        des techniques ancestrales de la broderie de la dentelle et du tissage 
        y conserve cependant sa place dans le cadre de la décoration des 
        travaux et des arts mineurs d'agrément.
 ---------Dans 
        le cadre de l'Enseignement professionnel, 16 cours professionnels ont 
        été organisés qui reçoivent le soir dans les 
        établissements publics, 2.242 apprentis et jeunes ouvriers, désireux 
        de compléter leur culture générale et leur formation 
        technique et pratique et trouvent ainsi la possibilité de préparer 
        le Certificat d'aptitude professionnelle tout en assurant leur existence 
        dans les ateliers qui les emploient.
 ---------A 
        ce même niveau, l'Enseignement technique privé compte sous 
        forme d'écoles et cours professionnels : 120 établissements 
        déclarés, groupant 5.460 élèves répartis 
        pour la plus grande partie dans les activités du Commerce et de 
        la Couture. Du fait de l'inscription au Budget de l' Education Nationale 
        pour l'exercice en cours des crédits de subvention réservés 
        par le Budget de l'Algérie aux établissements privés 
        de caractère non lucratif, une action de coordination et l'alignement 
        des niveaux d'enseignement de ces établissements a pu être 
        entreprise.
 ---------C'est 
        ainsi que la session des Certificats d'aptitude professionnelle de 1952 
        a enregistré dans l'ensemble de ('Algérie 3.440 candidats 
        pour 34 spécialités.
 ************ ---------L'Enseignement 
        Technique est dispensé à 2.466 élèves 
        des Collèges techniques industriels et commerciaux d'Alger, Constantine 
        et Bône, et des sections techniques de Lycées et Collèges 
        : section technique industrielle et commerciale du Collège d'Oran 
        (528 élèves), section de préparation au Baccalauréat 
        technique et à l'examen préliminaire de géomètre-expert 
        du Lycée de Maison-Carrée, sections économiques commerciales 
        mixtes des Lycées ou Collèges de filles d'Alger, Oran, Sidi-Bel-Abbès, 
        Tlemcen, Mascara de garçons de Philippeville.---------En 
        1952, les Brevets d'Enseignement Industriel et Commercial ont enregistré 
        604 candidats pour 19 spécialités. 89 % des élèves 
        ont trouvé un placement normal.
 ---------Dans 
        les sections industrielles, outre les activités essentielles de 
        base, ajustage et machines-outils, forge, serrurerie, chaudronnerie, soudure, 
        menuiserie, ébénisterie, modèlerie, électricité, 
        mécanique automobile, a été organisée suivant 
        les besoins et les possibilités des établissements, l'étude 
        des travaux de cuir, de la peinture décorative et du bâtiment, 
        de la fonderie, du bâtiment et des travaux publics, du froid...
 ---------De 
        plus, 
        l'Ecole d'Industrie de Dellys, fondée en 1877, assimilée 
        à une Ecole Nationale Professionnelle par arrêté du 
        9 décembre 1950, est orientée essentiellement vers la formation 
        de techniciens pour la mécanique de précision, l'électricité 
        et le froid, les travaux publics et le bâtiment.
 ---------Enfin, 
        la préparation au baccalauréat technique est assurée 
        à Alger, Maison-Carrée, Bône et Dellys. Alger et Oran 
        ont également organisé une préparation aux Ecoles 
        Nationales d'Ingénieurs d'Arts et Métiers.
 ---------Ici 
        encore, des cours de perfectionnement et de promotion du travail créés 
        et assurés par des associations privées, Chambres de Commerce, 
        Municipalités avec la participation de l'Enseignement Technique, 
        et intéressant essentiellement les domaines du Commerce, de la 
        Banque, et de la Couture, enregistrent des succès croissants aux 
        Brevets professionnels.
 ********** ---------Un 
        enseignement technique supérieur est assuré 
        par l'Institut Industriel d'Algérie de Maison-Carrée récemment 
        institué en Ecole Nationale d'Ingénieurs des Travaux Publics 
        et du Bâtiment, et à l'Ecole Supérieure de Commerce 
        d'Alger, gérée par la Région Economique avec participation 
        de l'Algérie.---------Sous 
        l'égide de la Chambre de Commerce, fonctionne aussi le Centre Algérien 
        d'Etude de la Gestion des Entreprises qui, fondé en 1948 et reconnu 
        par l'Etat par décret du 20 août 1949, connaît un plein 
        succès dans la formation et le perfectionnement des directeurs 
        et chefs d'entreprises.
 ************* ---------C'est donc 
        au cours de l'année 1953 un total de 17.500 adolescents qui ont 
        reçu une formation professionnelle dans les établissements 
        d'Enseignement Technique et Professionnel, publics ou privés, relevant 
        de l'Education Nationale. ---------La nécessité 
        d'assurer une orientation effective des nombreux candidats à une 
        formation professionnelle a justifié par ailleurs depuis 1947 la 
        création de trois Centres départementaux d'orientation professionnelle, 
        administrés par un Secrétariat régional rattaché 
        au Service del'Enseignement Technique. Le nombre des examens effectués 
        et des conseils d'orientation donnés en 1951-1952 s'élève 
        à 10.783. ---------Etablissernents 
        dépendant de la Direction de l'Agriculture.---------La 
        formation de techniciens agricoles avertis est le corollaire de la modernisation 
        des cultures entreprises en Algérie depuis quelques années.
 |  | ----------L'enseignement 
        agricole comprenait en Algérie du 1er janvier 1953 :--------Un 
        enseignement supérieur dispensé par 
        l'Ecole Nationale d'Agriculture de Maison-Carrée, son effectif 
        au cours de l'année scolaire 1952-1953 a été de 152 
        élèves répartis en trois années.
 -------Un 
        enseignement de moyen degré représenté 
        par 4 écoles d'agriculture (Sidi-Bel-Abbès, Philippeville, 
        Aïn-Témouchent, Guelma) groupant 213 élèves, 
        et une école ménagère agricole dont l'effectif pour 
        l'année scolaire 1952-1953 a été de 129 élèves.
 --------Un 
        apprentissage à la fois dispensé dans 
        2 centres (arboricole et horticole) et 9 centres professionnels ruraux.
 --------Centres 
        dépendant de la Direction du Travail - Formation professionnelle 
        des adultes.---------Dans 
        15 centres de formation professionnelle, les je unes gens sont admis à 
        partir de 17 ans. Ils reçoivent en un temps minimum, grâce 
        à des méthodes appropriées, une formation qui leur 
        donne les connaissances techniques et la célérité 
        d'exécution nécessaires à la pratique d'un métier. 
        Ainsi est-il possible de faire face à la demande grandissante d'ouvriers 
        qualifiés et de faciliter le placement des nombreux Algériens 
        qui sont attirés vers la Métropole.
 ---------1.654 
        stagiaires fréquentaient les centres au 1" janvier 1953. Leur 
        nombre est en voie d'augmentation, grâce à la création 
        prochaine de 18 sections nouvelles et de trois nouveaux centres.---------Largement 
        abordé dans tous les domaines, de l'activité économique 
        du pays, il semble bien que le problème de l'Enseignement Technique 
        et Professionnel ait trouvé en Algérie des solutions, dont 
        le rendement permet d'augurer pour l'avenir la satisfaction de besoins 
        qu'il est rationnel de prévoir et doit justifier l'extension des 
        moyens à lui consacrer.
 * * LES CONDITIONS DE DEVELOPPEMENT 
        DE L'ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET PROFESSIONNEL EN ALGERIE EN RELATION AVEC 
        LES BESOINS ---------Industrie 
        en voie d'organisation, rationalisation et mécanisation de l'agriculture, 
        développement de l'habitat et des travaux publics, telles sont 
        les causes principales qui ont engendré en Algérie les besoins 
        nouveaux en main-d'oeuvre qualifiée, personnel de maîtrise 
        et cadres techniques.---------Ce 
        développement économique répond en outre au souci 
        intérieur de procurer du travail et des moyens d'existence aux 
        populations autochtones et de promouvoir leur qualification professionnelle.
 ---------Eu 
        l'état actuel, la répartition des populations par nature 
        d'activités données à l'annuaire statistique de 1950 
        fait ressortir une population active globale de 3 millions 488.071 personnes 
        sur laquelle 2.711.518 Musulmans sont comptés dans les activités 
        rurales: agriculture, forêts, etc...
 ---------Soit 
        environ : 658.494 travailleurs hommes et femmes (près de 19 %) 
        pour le secteur non agricole, industrie, artisanat, commerce. La proportion 
        des employés féminins pour le môme secteur est de 
        23 % pour les non Musulmans et de 12 % pour les Musulmans.
 ---------Pour 
        une estimation de l'importance numérique des débouchés, 
        adoptons le chiffre de 700.000 travailleurs salariés.
 ---------Si 
        l'on tient compte de ce que les Caisses d'Allocations Familiales du secteur 
        non agricole ont enregistré en 1951 un total de 57 milliards de 
        salaires pour 373.000 travailleurs salariés, soit une moyenne de 
        153.000 francs de salaire annuel par personne, ont peut estimer largement 
        à 50 % la proportion de main-d'oeuvre qualifiée, soit 350.000.
 ---------En 
        prévoyant le renouvellement de cette main-d'oeuvre sur 30 ans, 
        on arrive à un besoin de 12.000 travailleurs des deux sexes par 
        an.
 ---------Si 
        on ajoute, calculé dans les mêmes conditions, le renouvellement 
        des travailleurs intégrés effectivement à divers 
        titres dans l'activité métropolitaine dont le nombre aurait 
        été estimé à 200.000, on peut déjà 
        avancer un chiffre de l'ordre de 15.000 travailleurs des deux sexes à 
        former par an.
 ---------Toutefois, 
        à ces chiffres actuels, et pour approcher de plus près les 
        besoins dans les années à venir, il convient d'ajouter les 
        chiffres provenant
 ---------- 
        du développement de l'industrialisation,
 ---------- 
        de la mécanisation de l'agriculture,
 ---------- 
        de besoins nés de l'accroissement des moyens de transports, de 
        l'électrification et de l'élévation du niveau de 
        la vie nécessitent des ouvriers des diverses spécialités 
        du bâtiment, de la mécanique agricole et automobile, de l'électricité.
 ---------Après 
        étude des accroissement des possibilités dans les différents 
        secteurs, on admet que 23.000 possibilités annuelles d'embauchage 
        régulier seraient un chiffre acceptable.
 ---------On 
        ne peut actuellement tenter une sous-répartition de ces besoins 
        entre les activités industrielles et commerciales que très 
        approximativement sur la base de l'estimation qui aurait été 
        faite des salariés de l'industrie à 330.000 personnes pour 
        300.000 dans les activités administratives et commerciales.
 ---------Il 
        existerait dans ces conditions des possibilités d'utilisation effective 
        dans l'industrie pour environ 12.400 cadres et ouvriers qualifiés 
        et dans le commerce et les administrations publiques et privées 
        pour 10.600 employés des divers grades par an.
 ---------Toutefois, 
        des études seraient actuellement poursuivies, notamment par la 
        Confédération Générale du Patronat en Algérie, 
        pour définir, exactement en nature et importance les diverses spécialités 
        nécessaires à l'activité de l'Algérie, et, 
        sans doute sera-t-il possible dans l'avenir, de fonder une action de formation 
        professionnelle plus précise sur les indications obtenues.
 ---------Dans 
        ces conditions, en l'état actuel, en reprenant à 23.000 
        les possibilités effectives de placement annuel pour une formation 
        envisagée de 3 ans en moyenne, on est amené à prévoir 
        au minimum 69.000 enfants effectivement en formation. Si l'on admet une 
        majoration de l'ordre de 11.000 enfants, soit 15 % environ, pour compenser 
        les défections en cours de scolarité ou satisfaire aux besoins 
        supplémentaires, on obtient un total d'élèves en 
        enseignement technique de l'ordre de 80.000. En déduisant les 15.000 
        enfants actuellement scolarisés dans l'Enseignement Technique public 
        et privé, il en reste un effectif à scolariser de 65.000 
        élèves.
 ---------La 
        répartition de cet effectif dans les diverses branches de l'Enseignement 
        Technique pourrait se faire par référence aux proportions 
        enregistrées dans les statistiques des activités économiques.
 ---------C'est 
        ainsi que la proportion des femmes pourrait être fixée à 
        23 % en moyenne pour les Européennes et Musulmanes bien que la 
        proportion des femmes musulmanes occupant un emploi ne soit actuellement 
        que de 12 %.
 En sorte que l'on aboutirait en première approximation à 
        la répartition suivante quant à la nature des établissements 
        :
 ---------- 
        Pour les cadres supérieurs et cadres de maîtrise : 17.600 
        élèves pour l'Enseignement Technique dont 13.600 garçons 
        et 4.000 filles.
 ---------- 
        Pour la main-d'oeuvre qualifiée : 47.400 élèves pour 
        l'Enseignement Professionnel dont 36.400 garçons et 11.000 filles.
 ---------La 
        Commission d'équipement scolaire instituée en Algérie 
        aura normalement à connaître les conditions d'établissement 
        du pion d'équipement de l'Enseignement Technique comme de celui 
        des autres ordres d'enseignement.
 ---------Il 
        semble que les éléments de propositions pourraient être 
        présentés dans les conditions ci-dessus, compte tenu des 
        moyens de financement envisagés.
 ---------D'ores 
        et déjà, il apparaîtrait que sur la base d'un prix 
        de revient moyen par élèves, de l'ordre de 600.000 francs 
        pour la construction et l'équipement des établissements, 
        la dépense à prévoir serait de l'ordre de 39 milliards.
 ---------La 
        détermination des implantations des divers établissements 
        tiendra nécessairement compte du caractère des groupements 
        de population et de la nature des activités locales.
 ---------A 
        cet égard, le Plan décennal a déjà envisagé 
        l'implantation de 8 collèges techniques et de 60 Centres d'apprentissage 
        ou d'enseignement professionnel nouveaux, masculins et féminins, 
        ainsi que l'extension de 6 établissements d'Enseignement Technique 
        et de 30 Centres existants.
 ---------En 
        définitive, il apparaît qu'une action importante doit être 
        entreriez, mais que le développement doit être conduit avec 
        le souci objectif de proportionner la nature de la formation et le nombre 
        des adolescents formés, aux besoins réels, permettant une 
        utilisation rationnelle et complète de la main-d'oeuvre ainsi préparée.
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