| ----------L'organisation 
        de l'Assistance Médico-sociale (A.M.S.) aux populations des Territoires 
        du Sud continue à être réglée par le décret 
        du 15 février 1918. Le personnel qui assure ce service relève 
        d'un médecin militaire, officier supérieur, placé 
        auprès du Gouverneur Général de l'Algérie 
        et cumulant, pour ces territoires, les fonctions de directeur des Services 
        de Santé, civil et militaire.----------Jusqu'en 
        1949 l'assistance était faite exclusivement par les médecins 
        de l'armée. Depuis, en prévision du rattachement administratif 
        aux départements des régions situées au-dessus de 
        la ligne Colomb-Béchar - Ghardaïa - Touggourt, les médecins 
        militaires de la plupart des postes de ces régions ont été 
        progressivement remplacés par des praticiens civils conventionnés. 
        Ce retrait a permis, en contrepartie, la création au Sahara de 
        nouveaux secteurs médicaux ou la réouverture de postes antérieurement 
        mis en sommeil faute de personnel et rattachés à des postes 
        voisins (Aoulef, Djanet, Taghit, Metlfli les Chaamba, Fort-Polignac).
 L'effectif global des médecins en fonctions dans le Sud Algérien 
        est passé de 25 à 31 depuis 1946 : il se compose actuellement 
        de 14 médecins civils conventionnés et de 17 médecins 
        militaires.
 ----------L'assistance 
        médicale, dont le développement n'avait pas subi le contrecoup 
        des difficultés de la période 1940-1945, continue son uvre 
        et les chiffres attestent la grande faveur dont ne cesse de jouir le service 
        auprès des populations. Au cours de ces dernières années, 
        de nombreux établissements sanitaires ont été construits 
        ; la lutte contre les fléaux sociaux, les épidémies, 
        les maladies transmises par les insectes a été intensifiée 
        et menée avec tous les moyens de la technique moderne ; les grandes 
        épidémies de variole et de typhus exanthématique 
        ont disparu ; le paludisme, en déclin à peu près 
        général, s'éteint dans de nombreuses oasis.
 ----------Sur 
        le plan moral et psychologique l'oeuvre française continue à 
        s'affirmer et le médecin demeure dans le pays le principal auxiliaire 
        de l'Administration.
 ETABLISSEMENTS DE L'ASSISTANCE 
        MÉDICALE ----------Les 
        établissements de l'Assistance médicale sont les infirmeries 
        et les postes sanitaires ruraux.----------Les 
        infirmeries sont en réalité à la fois des dispensaires 
        et des hôpitaux auxiliaires avec des services pour
 la consultation externe et des locaux pour l'hospitalisation. ----------Actuellement 
        au nombre de 27, elles se répartissent
 comme suit :
 ----------Territoire 
        d'Aïn Sefra : 11 - Mécheria, Géryville, Aïn Sefra, 
        Beni Ounif, Colomb-Béchar, Kenadsa, Taghit, Beni Abbès, 
        Adrar, Timimoun, Tindouf.
 ----------Territoire 
        de Ghardaia : 5 - Djelfa, Laghouat, Ghardaïa, Metlfli les Chaamba, 
        El Goléa.
 ----------Territoire 
        de Touggourt : 5 - Biskra, Ouled Djellal, Djamaâ, Touggourt, El 
        Oued.
 ----------Territoire 
        des Oasis : 6 - Ouargla, In Salah, Aaoulef, Tamanrasset, Djanet, Fort-Polignac.
 ----------Si 
        un grand nombre de ces formations existait déjà avant 1939, 
        l'après-guerre a vu la reprise d'un important programme de constructions 
        tendant soit à doter des postes médicaux de création, 
        soit à remplacer d'anciens bâtiments devenus insuffisants. 
        C'est ainsi que la zone saharienne a été équipée 
        en établissements modernes, en dur , sans commune mesure avec les 
        infirmeries primitives en pisé.
 ----------Les 
        dernières infirmeries construites sont celles de Béni Abbès 
        (1948), Adrar et Ouargla (1950), Djamaâ, Timimoun et Tindouf (1951), 
        Aoulef et Taghit (1952). L'infirmerie de Metlfli les Chaamba, à 
        peu près achevée, sera inaugurée prochainement. D'autres 
        constructions sont en cours (In Salah) ou sur le point d'être entreprises 
        (Ghardaïa, Djanet).
 ----------D'autre 
        part d'importants travaux d'extension ont été exécutés 
        depuis 1946, notamment à Mécheria, à Laghouat (construction 
        d'un dispensaire annexe pour la consultation externe) et surtout à 
        Djelfa (pavillons de chirurgie, de contagieux, etc...) dont la capacité 
        hospitalière a été triplée.
 ----------L'équipement 
        général et technique de ces formations : électrification, 
        chauffage (Trois infirmeries: Mécheria, Géryville et Djelfa, 
        ont le chauffage central depuis 1950 ; deux antres l'auront en 1953.), 
        ameublement, literie, outillage, etc... a été poussé 
        au maximum. Toutes les infirmeries ont un poste de microscopie et dix 
        installations radiologiques nouvelles ont été mises en service 
        au cours de ces six dernières années portant à 14 
        le chiffre global de ces installations (Plus de 40.000 examens radiologiques 
        ont été effectués depuis 1916.).
 ----------La 
        capacité totale des infirmeries est de 700 lits organisés 
        : le nombre de lits varie de 14 (Taghit) à 120 (Djelfa).
 ----------Les 
        postes de secours ruraux sont des établissements plus modestes 
        et ne comportant que des locaux de consultation et de soins courants: 
        Certains de ces postes sont de véritables dispensaires et possèdent 
        même quelques lits pour l'hébergement momentané des 
        malades. Leur nombre a été considérablement accru 
        : de 25 en 1930, il est passé à 111 en 1945 et à 
        124 en 1952. Parmi les plus importants des postes récents il convient 
        de citer ceux d'Hassi Babah (Djelfa) et de Zgoum (El Oued) en 1947, de 
        Sidi Khaled (Ouled Djellal) en 1948, de Guerrara (Ghardaïa) en 1950, 
        de Mraier (Touggourt; en 1951 et de Messaad (Djelfa) en 1952.
 ----------La 
        répartition territoriale en est la suivante :
 
         
          | Territoire d'Aïn Sefra : 49 
              Territoire de Touggourt : 42
 Territoire de Ghardaïa : 19
 Territoire des Oasis : 14
 |  PERSONNEL INFIRMIER ----------Le 
        personnel infirmier voit ses effectifs s'accroître d'année 
        en année bien que I'augmentation soit insuffisante eu égard 
        aux nouveaux besoins notamment pour tout ce qui concerne l'assistance 
        aux femmes et aux enfants.----------Le 
        tableau de ce personnel est le suivant :
 
         
          | Infirmiers-chefs : 6 Assistantes médico-sociales et infirmières diplômées	
            : 5
 Sages-femmes et infirmières accoucheuses : 12
 Soeurs blanches infirmières : 35
 Maîtres-infirmiers musulmans : 13
 Infirmiers et infirmières musulmans: 28
 Personnel auxiliaire (hommes et femmes): 183
 Soit au total 262 agents
 |  FONCTIONNEMENT DE L'ASSISTANCE 
        MÉDICALE ----------1. 
        - La consultation gratuite----------Consultation 
        et soins gratuits sont donnés à une large fraction de la 
        population : 90 % de celle-ci peut du reste être considérée 
        comme " médicalement" indigente. Ce service est particulièrement 
        apprécié et les chiffres ci-après sont éloquents 
        ; si l'on tient compte du fait que la population globale n'excède 
        pas 1.000.000 d'habitants.
 
         
          | 1946 - 2.229.093 consultations 
              1947 - 2.373.872
 1948 - 2.452.907
 1949 - 2.403.516
 1950 - 2.610.499 consultations
 1951 - 2.675.635 -
 1952 - 2.779.040
 |  ----------Les 
        enfants prédominent largement, 49 % (soins oculaires systématiques 
        et prévention de conjonctivites aiguës). Le pourcentage des 
        hommes et des femmes, est respectivement de 23 et 28 %.----------Les 
        consultations et soins se répartissent approximativement comme. 
        suit : maladies des yeux et trachome; 35 à 40 % ; plaies, traumatismes, 
        affections chirurgicales, 25 % ; affections saisonnières des voies 
        respiratoires et digestives, 15 % ; dermatoses, maladies vénériennes, 
        syphilis, 15 % ; affections diverses (fièvres éruptives, 
        paludisme, tuberculose, etc...) 5 à 10 %.
 ----------Consultations 
        et soins ont lieu dans les infirmeries et les postes ruraux. Ces derniers 
        sont visités périodiquement par le médecin et à 
        horaire fixe habituellement. Sont également visitées, mais 
        à horaire variable, de nombreuses localités qui ne possèdent 
        pas de poste sanitaire et où les malades sont examinés dans 
        un local sommairement aménagé. Depuis 1951, 6 camions équipés 
        en dispensaires ont été affectés au Sud-Algérien 
        par la Direction de la Santé Publique : ces véhicules, véritables 
        infirmeries mobiles, sont utilisés dans les communes de Géryville, 
        Timimoun, Adrar, Laghouat, El Oued, Ouargla et Touggourt.
 ----------Chaque 
        médecin dispose depuis 1947 d'une voiture de liaison type " 
        Jeep : 27 de ces véhicules sont actuellement en service. On peut 
        dire, à ce propos, que la " Jeep " a transformé 
        la vie professionnelle du médecin du bled dont elle a, au demeurant, 
        accru sensiblement le rendement. Huit communes possèdent une voiture 
        ambulance. Le total des déplacements des médecins dépasse 
        200.00 kilomètres annuellement.
 ----------II. 
        - L'hospitalisation
 ----------Le 
        mouvement d'admissions dans les infirmeries constitue l'un des tests les 
        plus sûrs de l'activité de l'Assis-tance et de la faveur 
        de la population autochtone. Sans être aussi caractéristiques 
        que les statistiques de la consultation, celles des hospitalisations accusent 
        une nette progression générale. De quelques centaines annuellement 
        a l'origine les chiffres d'hospitalisation passent à 2.000 peu 
        avant les hostilités pour accuser un mouvement ascensionnel presque 
        continu à partir des années 1944 et 1945. Actuellement les 
        populations acceptent de plus en plus volontiers le séjour à 
        l'infirmerie et la capacité initiale des formations sanitaires 
        s'avère trop faible. Seules demeurent. encore réfractaires 
        à l'infirmerie, qui les change de leur milieu, les populations 
        féminines du Mzab et de certains "Ksour " arabo-berbères 
        ainsi que les nomades du Hoggar et du territoire de Tindouf.
 Si les hommes dominent encore, les femmes viennent de plus en plus aisément 
        surtout si elles trouvent, pour les soigner, du personnel féminin. 
        Les maternités elles-mêmes commencent à se développer.
 ----------Le 
        tableau ci-dessous fait ressortir le nombre d'admissions et de journées 
        de traitement réalisées depuis 1946.
 
         
          | ANNEES | ADMISSIONS  | JOURNEES de traitement |   
          | Hommes | Femmes  | Enfants | Total  |   
          | 1947  | 3.197  | 1.668  | 938  | 5.803  | 99.043 |   
          | 1946  | 2.802  | 1.960  |  994 | 5.756  | 105.376 |   
          | 1948  | 2.960  | 2.224  | 1.255  | 6.439  | 127.853 |   
          | 1949  | 2.532  | 2.106  | 1.075  | 5.713  | 104.978 |   
          | 1950  | 2.758  | 2.514  | 1.253  | 6.525  | 126.729 |   
          | 1951  | 3.124  | 2.852  | 1.283  | 7.259  | 133.142 |   
          | 1952  | 3.211  | 3.125  | 1.648  | 7.984  | 136.197 |  ----------Le 
        pourcentage par catégorie et pour cette période s'établit 
        comme suit : Hommes 46 % ; Femmes 36 % ; Enfants 18 %. III. - Lutte contre 
        les épidémies et les fléaux sociaux ----------1. 
        - Les affections épidémiques----------Les 
        principes de la lutte contre les affections épidémiques 
        sont encore, dans leurs grandes lignes, ceux qui ont été 
        fixés par la circulaire gouvernementale du 15 juillet 1921 : rôle 
        des médecins et des autorités locales, dépistage 
        des premiers cas, centralisation des renseignements et de l'action prophylactique 
        à la Direction du Service de Santé, etc...
 ----------L'arsenal 
        prophylactique comporte au premier chef, d'une part, les vaccins (variole, 
        typhus exanthématique, affections typhoïdiques) et, d'autre 
        part, les moyens de désinfection et surtout de désinsectisation. 
        Dans ce domaine, l'emploi depuis la dernière guerre, des insecticides 
        chlorés dits " de contact et à pouvoir rémanent 
        (types D.D.T. ou H.C.H.) a constitué une véritable révolution 
        dans la prophylaxie des maladies épidémiques transmises 
        par les insectes : ce sont précisément celles qui pèsent 
        le plus lourdement sur la pathologie des populations du Sud (mouches et 
        conjonctivites ou affections d'excrétion fécale ; moustiques 
        et paludisme , poux et typhus ou fièvre récurrente, etc...).
 ----------Avec 
        l'amélioration des techniques d'utilisation de ces produits, l'arme 
        préventive se perfectionne de jour en jour. Les communes et les 
        formations sanitaires sont approvisionnées en produits, sous forme 
        de poudres, d'émulsions ou de solutions ainsi qu'en appareils projecteurs 
        (pulvérisateurs et poudreuses).
 ----------Parmi 
        les maladies épidémiques une place à part a longtemps 
        été réservée au typhus exanthématique, 
        endémique dans toute l'Afrique du Nord et dont les manifestations 
        épidémiques avaient été exceptionnellement 
        accusées durant la période de 1941 à 1945 au cours 
        de laquelle plus de 10.000 cas avec 2.000 décès avaient 
        été enregistrés dans le Sud. Si l'endémie 
        persiste encore, les épidémies ont cessé et moins 
        d'une centaine de cas ont été signalés au cours de 
        ces trois dernières années. Il faut voir dans cette situation 
        favorable l'action d'une désinsectisation systématique continue. 
        Cette dernière, facile et au demeurant d'un prix de revient peu 
        élevé, a eu comme autre avantage de raréfier les 
        vaccinations coûteuses. Celles-ci, qui avaient connu en 1942 le 
        chiffre record de 196.676, sont tombées à une centaine de 
        mille pour la période de 1946 à 1949 et à quelques 
        centaines par an depuis.
 ----------2. 
        - La variole - Service de la vaccination antivariolique
 ----------La 
        prophylaxie antivariolique demeure dominée par la nécessité 
        de revacciner fréquemment compte tenu de la durée assez 
        courte de l'immunité vaccinale en pays chauds. D'où l'obligation, 
        pour le service médical, d'obtenir, de l'autorité administrative 
        locale, l'établissement rigoureux des listes d'assujettis permettant 
        d'atteindre la totalité de la population ( Circulaire 
        gouvernementale du li décembre 1924.).
 ----------Si 
        les grandes épidémies de variole ont disparu, l'affection 
        n'est pas éteinte et donne lieu, par intermittence à de 
        petites " bouffées " épidémiques ou à 
        des cas sporadiques. 514 cas de variole ont été constatés 
        depuis 1946. Aussi la vigilance doit-elle toujours être en éveil. 
        Les chiffres des vaccinations ont été les suivants depuis 
        1946
 
         
          | 1946 - 118.072 1947 - 96.804
 1948 - 72.793
 1949 - 59.625
 1950 - 115.760
 1951 - 92.805
 1952 - 69.509
 |  ----------Le 
        vaccin employé est le vaccin sec du " Centre Vaccinogène 
        " de Paris en raison de sa longue durée de conservation.-
 ---------3. 
        - Le paludisme - Lutte antipaludique----------Si 
        le paludisme, endémique dans la plupart des oasis sahariennes, 
        a longtemps pesé lourdement sur la morbidité générale, 
        il n'en est plus de même depuis ces dernières années 
        partout où la lutte a revêtu un caractère plus sérieux. 
        D'une manière générale, l'affection est en déclin 
        très net : à Ouargla, grâce à des efforts soutenus, 
        elle a même pratiquement disparu et l'on peut véritablement 
        employer le terme d'éradication en l'occurrence (" 
        Quatre années de lutte antipaludique à Ouargla ", " 
        Documents Algériens " N. 40, 25 janvier 1953.).
 ----------Depuis 
        quatre ans la lutte antipaludique est menée sur des bases nouvelles 
        combinant l'emploi des méthodes classiques éprouvées 
        avec l'utilisation des moyens les plus modernes, insecticides de contact 
        et médicaments antimalariques de synthèse. Elle est dirigée 
        à la fois contre le moustique vecteur (lutte antianophélienne) 
        sous sa double forme larvaire (lutte antilarvaire) et adulte (lutte imagocide), 
        et contre le germe causal (lutte antiplasmodiale). La première 
        comporte d'une part le destruction ou la neutralisation des gîtes, 
        d'autre part la démoustication des locaux d'habitation par les 
        insecticides en pulvérisation ; la deuxième est réalisée 
        par une action préventivo-curative de masse aux médicaments 
        de synthèse portant sur le réservoir de virus (enfants de 
        1 à 15 ans).
 ----------Parmi 
        les grands travaux d'assainissement exécutés au cours de 
        ces dernières années, il y a lieu de citer ceux d'Ouargla 
        (1949-1952), d'El Goléa (1951-1952), de Timimoun (1951), d'Adrar 
        (1952). Par ailleurs il convient de souligner l'activité importante 
        des équipes antipaludiques locales, pour la misé en oeuvre 
        des petites mesures antilarvaires, dans les postes précités 
        ainsi qu'à Béni Ounif, In Salah, Beni Abbés.
 ----------4. 
        - Les maladies des yeux - Lutte antiophtalmique
 ----------Les 
        affections oculaires et le trachome constituent encore l'un des plus grands 
        fléaux sociaux de l'Algérie. Dans les oasis sahariennes, 
        le pourcentage des sujets atteints de trachome est de 100 ou voisin de 
        ce taux.
 ----------Le 
        programme de la lutte vise à la multiplication des petits centres 
        de traitement, les " biout el aïnin " (chambres des yeux), 
        qui jouent au premier chef le rôle de dispensaires antiophtalmiques. 
        Chacun des 124 postes sanitaires ruraux est un petit centre de prévention 
        et de traitement. Dans l'intervalle des visites du médecin, les 
        soins sont faits par l'infirmier : ceux-ci sont toujours très simples 
        (trois collyres classiques usuels) et peuvent être continués 
        par les malades eux-mêmes. ----------Pour 
        faciliter ces traitements à domicile, la Direction fait fabriquer 
        depuis quatre ans un petit flacon-collyre en matière plastique 
        dit " flacon collyre saharien familial ". ----------Conditionné 
        à l'infirmerie-dispensaire, ce collyre est largement distribué 
        aux consultants auprès desquels il cannait un franc succès 
        : plus de 200.000 de ces collyres ont déjà été 
        distribués.
 ----------La 
        lutte par ailleurs trouve son complément dans l'emploi des antibiotiques 
        (collyres à l'Auréomycine, etc...) ainsi que dans l'utilisation 
        poussée des insecticides (offensive contre les mouches propagatrices 
        des conjonctivites aiguës).
 ----------Si 
        le trachome, apparemment lié de manière étroite au 
        " modus vivendi ' de l'indigène (contamination directe de 
        la mère à l'enfant dans les premiers mois de la vie), sévit 
        toujours intensément, les conjonctivites surajoutéesà 
        cette affection qu'elles compliquent si souvent, sont efficacement combattues.
 ----------Les 
        médecins doivent, dans ces conditions, être un peu oculistes 
        quand ils sont appelés à servir dans les Territoires du 
        Sud. Aussi, avant de rejoindre leur poste, viennent-ils, au cours d'un 
        stage, dans le service d'ophtalmologie de l'hôpital civil de Mustapha 
        à Alger, se familiariser avec la technique des interventions les 
        plus simples de chirurgie oculaire, indispensable à pratiquer en 
        milieu autochtone (trichiasis). Le nombre de ces interventions au cours 
        des dernières années a été le suivant.
 
         
          | 1946 - 1.247 1947 - 1.637
 1948 - 1.622
 1949 - 2.289
 1950 - 1.834
 1951 - 2.174
 1952 - 2.220
 |  ----------Enfin, 
        depuis 1946, une mission ophtalmologique permanente, dirigée par 
        une oculiste des hôpitaux d'Alger, assistée d'un médecin-adjoint 
        et de deux infirmières, effectue dans le Sud deux à trois 
        tournées annuelles de 15 à 20 jours chacune. Elle guide 
        les médecins de l'Assistance dans leur tâche et effectue 
        sur place les interventions les plus délicates. ----------En 
        1948, la Mission a été dotée de deux camions spécialement 
        aménagés, l'un en cellule opératoire et l'autre en 
        dispensaire. Le bilan de l'activité de cet organisme se traduit 
        actuellement par 22.763 consultations et 1.942 interventions chirurgicales.----------5. 
        - Les maladies vénériennes - Lutte antivénérienne
 ----------Les 
        maladies vénériennes et la syphilis sont encore très 
        répandues notamment dans les grandes communes pastorales des Hauts-Plateaux 
        (Djelfa, Géryville) et au Iloggar, où la liberté 
        des moeurs entraîne une prostitution intense. La morbidité 
        vénérienne représente environ 10 à 15 % de 
        la morbidité générale.
 ----------La 
        lutte antivénérienne est réglementée par une 
        circulaire gouvernementale du 17 juillet 1923. Le programme vise à 
        l'amélioration des dispensaires, à l'utilisation judicieuse 
        des moyens thérapeutiques les plus efficaces et les plus modernes, 
        à la surveillance des agents de propagation, à la tenue 
        régulière du livret sanitaire pour les filles publiques, 
        etc...
 ----------En 
        moyenne, 200.000 consultations annuelles et soins ont été 
        donnés clans les 27 dispensaires antivénériens pour 
        la période 1946-1952.
 ----------6. 
        - La tuberculose - Lutte antituberculeuse
 ----------La 
        tuberculose, surtout sous sa forme pulmonaire, continue à être 
        très fréquemment observée parmi les populations sédentaires 
        des communes des Hauts-Plateaux, de la zone présaharienne, dans 
        la totalité dû Territoire de Touggourt et à Ouargla. 
        Elle est beaucoup plus rare dans l'extrême-Sud.
 ----------Vaccination 
        par le B.C.G.
 Des opérations de vaccination " de masse " par le B.C.G., 
        entreprises dans le programme algérien et dans le vaste cadre de 
        l'O.M.S. (Fonds International de Secours à l'Enfance), ont été 
        effectuées chez les sujets de 1 à 30 ans dans toute la zone 
        septentrionale des Territoires du Sud ainsi que dans les communes d'Ouargla 
        et de Béni Abbès. Elles se sont traduites comme suit :
 
         
          | Nombre de sujets testés 
              205.311contrôlés 118.094
 vaccinés 53.776
 |  PROTECTION MATERNELLE 
        ET INFANTILE ----------L'assistance 
        maternelle et infantile est réalisée par " l'oeuvre 
        des mères et nourrissons ", réglementée par 
        l'arrêté gouvernemental du 7 janvier 1927. L'oeuvre touche 
        une centaine de centres et villages et l'effectif permanent moyen des 
        nourrissons est de i ù 7-000 pour ces dernières années. 
        Prospère dans certaines communes où les médecins 
        sont secondés, par du personnel féminin qualifié 
        (Laghouat, Ouargla, El Oued), l'assistance revêt ailleurs l'aspect 
        d'une oeuvre purement charitable.----------Du 
        point de vue de l'hygiène infantile et de la puériculture, 
        les résultats sont faibles et dans ce domaine rien de durable ne 
        sera fait sans l'éducation préalable de la femme, de la 
        jeune fille avant qu'elle crée un foyer.
 Par contre, en matière d'accouchements, on note une tendance de 
        plus en plus nette' de la femme musulmane à recourir à la 
        sage-femme européenne. C'est ainsi que, pour la période 
        de 1946 à 1952, 8.912 accouchements contrôlés ont 
        été effectués dans les maternités des infirmeries 
        ou à domicile (Pour la période 1941-1946, 3.036 accouchements 
        seulement avaient été faits.). Ainsi qu'il a été 
        souligné à maintes reprises, le problème obstétrical 
        en milieu musulman est avant tout lié à celui de l'effectif 
        des sages-femmes.
 HYGIENE SCOLAIRE ----------Bien qu'organisée 
        en service distinct relevant de l'Education Nationale, l'hygiène 
        scolaire fonctionne dans le cadre général de l'Assistance 
        Médico-sociale et le service est assuré par les médecins 
        conventionnés ou les médecins militaires. Ce service comporte 
        plus particulièrement une visite générale au cours 
        de laquelle sont établies les fiches médico-pédagogiques, 
        des examens de contrôle (radioscopies pulmonaires, cuti-réactions 
        à la tuberculose, vaccinations, pesées), la consultation 
        et les soins quotidiens,. ----------Les 
        communes à forte population scolarisée (Djelfa, Laghouat, 
        Ghardaïa, Géryville, Aïn Sefra, Colomb-Béchar, 
        Touggourt, El Oued, Ouargla) ont, dans les établissements scolaires, 
        des locaux spécialement affectés à ce service et 
        équipés en conséquence (centres d'hygiène 
        scolaire) avec une adjointe d'hygiène scolaire, infirmière 
        diplômée habituellement, chargée des soins et de la 
        tenue du secrétariat.----------Parmi 
        les agglomérations humaines où l'action médicale 
        peut s'exercer très efficacement, l'école constitue un endroit 
        de choix. En milieu musulman, la mise en uvre des moyens de prévention 
        et plus particulièrement des affections oculaires, des teignes, 
        du paludisme, y est plus aisée que partout ailleurs. Dans le Sud 
        les membres du corps enseignant ont toujours apporté et apportent 
        au médecin une collaboration compréhensive et dévouée.
 ----------L'effectif 
        des écoliers soumis au contrôle médical a considérablement 
        augmenté avec le développement du programme de scolarisation 
        de ces dernières années. Cet effectif a été 
        le suivant depuis 1946 :
 
         
          | 1946 - 9.864 écoliers1947 9.738
 1948 11.978
 1949 14.295
 1950 - 15.502 écoliers
 1951 - 15.933
 1952 - 15.973
 |  HYGIENE URBAINE ----------Les Commissions 
        Municipales d'Hygiène, réorganisées par arrêté 
        gouvernemental du 28 novembre, ont été mises sur pied dans 
        les communes et postes ci-après : Mécheria, Géryville, 
        Aïn Sefra,, Béni Ounif, Colomb-Béchar, Kenadsa, Adrar, 
        Djelfa, Laghouat, Ghardaïa, El Goléa, Biskra, Ouled Djellal, 
        Touggourt, El Oued, Ouargla.----------Ces 
        organismes, dont les médecins sont conseillers techniques, ont 
        pour mission de donner leur avis sur toutes les questions relatives à 
        l'hygiène et à la salubrité publiques. Ils se réunissent 
        régulièrement une fois par trimestre et dans l'intervalle 
        si la situation vient à l'exiger. Les procès verbaux de 
        séances sont adressés au Gouverneur Général 
        de l'Algérie.
 L'importance de ces commissions est grande et tout particulièrement 
        dans des centres comme Colomb-Béchar, Kenadsa, etc... dont le développement 
        rapide récent pose des problèmes d'hygiène sérieux.
 ----------Parmi 
        les améliorations réalisées depuis 1946 dans le domaine 
        de l'hygiène générale, il y a lieu de citer avec 
        les travaux exécutés au titre de la lutte antipaludique, 
        l'extension de réseaux d'égouts (Aïn Sefra, Kenadsa), 
        le goudronnage des rues (Colomb-Béchar, Kenadsa, Géryville, 
        Djelfa), l'amélioration du réseau d'adduction potable (Géryville, 
        Colomb-Béchar, Kenadsa, Taghit, Adrar, Tindouf, Djelfa, Laghouat, 
        Ghardaïa, Ouled Djellal, El Oued, Ouargla, In Salah, Aoulef, Tamanrasset), 
        la construction d'abattoirs (Kenadsa, Ouargla, etc...), etc... etc...
 ----------Les 
        eaux de boisson ont été l'objet, pendant cette période, 
        de 87 analyses bactériologiques et de 5 expertises chimiques, dans 
        les laboratoires de l'Armée le plus souvent.
 TRAVAUX SCIENTIFIQUES 
        DES MÉDECINS ----------Les Territoires 
        du Sud ont fait jusqu'à ce jour l'objet d'un travail important 
        d'exploration scientifique à laquelle les médecins de l'Armée 
        ont largement collaboré. Depuis plus de trente ans, sous l'impulsion 
        du Chef du Laboratoire saharien de l'Institut Pasteur d'Algérie, 
        les travaux de ces médecins se sont multipliés et ont donné 
        lieu à de nombreuses publications dont la majorité a été 
        faite dans " les Archives de l'Institut Pasteur d'Algérie 
        ". ----------Parmi 
        les publications de ces dernières années, il convient de 
        citer :----------- 
        des monographies sur Adrar et le Touat (1947), Tindouf et le Sahara Occidental 
        (1952) ;
 ----------- 
        des enquêtes sur le paludisme, la tuberculose, le bouton d'Orient, 
        les affections oculaires, le cancer ;
 ----------la 
        relation de la découverte d'un foyer de bilharzioze vésicale 
        dans la commune de Béni-Abbés (1952)
 -----------des 
        études et des observations médicales sur diverses affections;
 ----------- 
        des études de zoologie (scorpions, phlébotomes,...), de 
        botanique, etc...
 ----------Ainsi 
        l'oeuvre accomplie dans les territoires du sud en ce qui concerne la Santé 
        publique demeure-t-elle considérable. Cette oeuvre, à laquelle 
        apporte leur dévouement et leur enthousiasme un corps de médecins 
        remarquables, peut avantageusement être comparée à 
        celle réalisée dans bien des pays.
 ----------L'organisation, 
        telle qu'elle a été mise sur pied en 1918 par un ensemble 
        de mesures simples et s'appuyant sur une organisation administrative souple 
        et directe, subit l'épreuve du temps. Personne, certes, ne saurait 
        songer à nier qu'il reste encore beaucoup à faire et que 
        la tâche à poursuivre ne soit immense. Celle-ci est étroitement 
        liée à l'ensemble de l'oeuvre civilisatrice réalisée 
        par la France, car c'est un truisme que de répéter que l'action 
        médicale ne saurait se concevoir sans un vaste programme social 
        tendant à ouvrir les intelligences et améliorer le " 
        standing " de vie de ces populations.
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