| --------" 
        Hic sunt leones", telle était, la devise que 
        la " Saharienne " italienne de Ghat arborait sur ses insignes 
        et sur ses étendards... Et l'aspect que les conquérants 
        avaient donné aux forteresses édifiées par eux, en 
        pays Targui, correspondait à cette orgueilleuse affirmation. ,--------Ce 
        n'était qu'une illusion, qu'a dissipée en peu de jours la 
        légendaire " furia francese ". Le 21 janvier 1943, Ghat 
        était investi. Le 24, l'Italie rendait la place aux Méharistes 
        du Hoggar après une tentative de résistance dans la vieille 
        citadelle turque le Koukoumène, devenue depuis le Fort Mercier, 
        du nom du jeune lieutenant de Méharistes qui lui donna l'assaut.
 --------Presque 
        simultanément, " les Français Libres " du capitaine 
        d'Abzac, venus du Fezzan libéré, enlevaient presque sans 
        coup férir cette autre citadelle réputée inexpugnable 
        Ghadamès. Et le 29 janvier, dans cette dernière ville, où 
        flottait le drapeau français, les Méharistes de Delay et 
        les hommes de Leclerc opéraient cette liaison symbolique de l'Empire 
        qui n'avait jamaisabandonné la lutte avec l'Afriquue du Nord, qui 
        venait d'y rentrer.
 --------Conformément 
        aux voies que la France entend suivre vis-à-vis des pays qu'elle 
        s'est associé, l'un des premiers soucis du Commandant des Forces 
        Françaises Libres fut d'organiser au FEZZAN l'assistance aux populations, 
        et particulièrement l'assistance médicale.
 CE QUI EXISTAIT... --------Au 
        temps de l'occupation italienne,, cette assistance existait déjà, 
        mais le fonctionnement en était plus théorique que réel 
        Les médecins militaires s'occupaient surtout des garnisons et leurs 
        tournées dans le bled étaient exceptionnelles. Le service 
        était confié à des infirmiers indigènes, qui 
        étaient affectes aux formations sanitaires après un stage 
        professionnel de trois mois à l'école d'infirmiers de HON. 
        Il existait quatre infitméries, a SEBHA-DJEDID, BRAAK,' MOURZOUK 
        et GHADAMES, ainsi qu'une douzaine de modestes formations secondaires, 
        reduites en general a une simple case, dans les agglomérations 
        les plus importantes. ---------La 
        pénétration médicale des Italiens fut nulle ou à 
        peu près et le pillage qui suivit le départ, de leurs-troupes 
        ne respecta aucune infirmerie. Les Troupes françaises, à 
        leur arrivée, trouvèrent des formations sanitaires complètement 
        vides dont elles durent assurer intégralement l'équipement 
        en matériel sanitaire et médicaments.
 -L'ORGANISATION FRANÇAISE --------Dirigée, 
        par un Médecin Capitaine du Service de. Santé des Troupes 
        Coloniales, l'assistance médicale fut rapidement organisée 
        : ouverture de _consultations aux indigènes, remise en place des 
        i.nfirmiers ayant servi sous les- Italiens, tournées de dépistage 
        dans le bled, etc... C'est à l'inlassable dévouement de 
        ce médecin que la France doit d'avoir immédiatement montré 
        au FEZZAN son vrai visage de nation protectrice et l'intérêt 
        qu'elle a toujours marqué aux populations indigènes.--------D'abord 
        méfiants, les Fezzanais accueillirent, dès le mois d'avril 
        1943, avec satisfaction l'aide médicale qui leur fut apportée 
        lorsque la grande épidémie de fièvre récurente 
        venue d'EGYPTE commença ses ravages au FEZZAN. Il n'est pas douteux 
        que l'effet' psychologique produit à cette occasion ait été 
        ,considérable et que es médecins militaires français 
        aient 'bénéficié d'un climat' favorable auprès 
        des populations fortement impressionnées par la guérison 
        rapide, parfois avec une seule piqûre, d'une affection dont ils 
        souffraient et à-- laquelle ils succombaient fréquemment, 
        en raison de leur état de misère physiologique.
 
 --------Après 
        'le rattachement du FEZZAN à l'ALGERIE, le 1er septembre 1943, 
        l'assistance médicale fut organisée sur le modèle 
        des Territoires du Sud-Algérien, et le Territoire fut divisé 
        en cinq circonscriptions médicales, ayant chacune un médecin 
        à leur tête et possédant une infirmerie avec deux 
        ou trois postes de secours satellites, Les chefs-lieux de ces circonscriptions 
        étaient à SEBHA, BRAAK, MOURZOUK, OUBARI et. GHADAMES. Le 
        médecin de SEBHA avait autorité sur les autres médecins 
        et prenait le titre et les fonctions de médecin chefdti Territoire.
 --------Cette 
        organisation -fut maintenue jusqu'au milieu de l'année 1945. A 
        cette époque;; par suite de la démobilisation du personnel_ 
        de réserve et en raison de l'impossibilité de remplacer 
        nuniiggement celuici par, des médecins de l'active, le nombre 'des 
        circonscriptions médicales dut être réduit.
 --------A 
        l'heure actuelle, il existe trois circonscriptions : celles de SEBHA, 
        BRAAK et GHADAMES ( La circonscription de GHADAMES sera rattachée 
        à la TUnisie au début de 1948).. Chacune a son médecin; 
        son infirmerie et un certain nombre de formations sanitaires secondaires 
        dont le nombre global a été porté de 12 à 
        20...
 
 |  | LES RESULTATS --------L'Activité 
        du service médical depuis le ler janvier 1944 est donnée 
        par les tableaux ci-après--------1° 
        Consultations et soins gratuits
 
        
          | Année 1944 | 30.276 |  
          | 1945 | 57.523 |  
          | 1946 | 72.047 |  
          | 1947 | 75.223 |  --------2° 
        Hospitalisations dans les Infirmeries
 
        
          |  | Nombred'Admisssions | Nombre de journéesde traitement |  
          | 1944 | 128 | 1.560 |  
          | 1945 | 136 | 1.709 |  
          | 1946 | 168 | 3.109 |  
          | 1947. | 321 | 6.6o5 |  --------3° 
        Vaccinations antivarioliques 
         
          | 1945 | 15.210 |   
          | 1946 | 13.192 |   
          | 1947 | 9:891 |  --------4° 
        Ophtalmologie. - Nombre 
        d'interventions chirurgicales 
         
          | 1944 | 145 |   
          | 1945 | 163 |   
          | 1946 | 134 |   
          | 1947 | 140 |  ACTION PSYCHOLOGIQUE
 --------Les 
        populations du Territoire du FEZZAN-GHADAMES offrent un excellent " 
        terrain de travail " pour le médecin. Ces populations sont 
        sensibles à l'action de celui-ci et se laissent facilement gagner 
        par quelques cures heureùses, notamment dans le domaine de la chirurgie 
        oculaire que les médecins militaires pratiquent toujours largement 
        dans le Sud. Les femmes elles-mêmes, dans leur ensemble, viennent 
        sans répugnance consulter et les chiffres ci-dessus prouvent la 
        faveur dont jouit l assistance médicale auprès de ces populations. PATHOLOGIE --------La 
        pathologie est à peu pres la meme qu'au Sahara français. 
        Les affections oculaires et le trachome constituent les affections prédominantes 
        et motivent près de la moitié des consultations et des soins. 
        Le paludisme est répandu dans toutes les oasis, mais l'endémo-épidémie 
        est faible ou moyenne et les cas graves sont assez rares. Parmi les maladies 
        vénériennes, les gonoccocies sont très répandues. 
        Enfin, la bilharziose vésicale, que l'on ne rencontre qu'au Sahara 
        français ainsi que dans les oasis sud-orientales de DJANET et de 
        GHAT, existe dans _tout le territoire, suri out dans la subdivision de 
        SEBHA-OUBARI --------La morbidité est, 
        en outre, assez fortement influencée par la nourriture, irrégulièrement 
        équilibrée et variable suivant les saisons (phénomènes 
        de carence, sous-alimentation), par le manque de vètements, qui 
        est à l'origine, en hiver, de nombreuses affections des voies respiratoires, 
        par le parasitisme intestinal qui touche la majeure partie des individus, 
        comme partout au SAHARA.
 --------Il est indéniable 
        que placés devant la nécessité de faire de l'assistance 
        médico-sociale dans une immense région privée de 
        tous: moyens, à leur arrivée, les Français ont rapidement 
        organisé un service cohérent ana:ogueeà celui des 
        autres postes des Territoires du Sud Algérien. --------Malheureusement, 
        l'insuffisance des effectifs en médecins au cours de ces deux dernières 
        années a entravé le développement d'un service qui 
        ne demandait qu'à aller de l'avant. Au seuil de l'année 
        1948, une' amélioration dans ce domaine a déjà été 
        réalisée avec l'affectation d'un médecin supplémentaire. 
        Dans un proche avenir, il est permis d'espérer l'affectation d'un 
        médecin à la tête de la circonscription MOURZOUK-OUBARI. 
        Avec trois praticiens pour le FEZZAN et celui de la zone de GHADAMES, 
        le territoire aura dorénavant son équipement normal et l'on 
        pourra, au surplus, envisager l'envoi intermittent de l'équipe 
        mobile d'ophtalmologie des Territoires du Sud, pour le plus grand bien 
        des populations. --------Du point 
        de vue médical, la FRANCE aura alors rempli sa mission.
 
 
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