| - Qu'est-ce que la scille 
        ? ----------La scille 
        maritime ou charpentaire ( 
        L. XXè à scille - charpentaire est le nom vulgaire en français. 
        -) fait partie de la famille des Liliagées (Jussieu). 
        Son nom botanique : Urginea Maritima (Baker) provient d'une part de ce 
        qu'elle croît spontanément sur les rivages de la mer Méditerranée 
        et, d'autre part, du nom d'une population algérienne, les Beni-Urgine, 
        commune de Morris près de Bône (Dr 
        Trabut - Répertoire-- Alger 1935 - p. 263). Elle est 
        connue localement sous les noms principaux de "feraoun " (Le 
        nom de ferraoun que l'on peut aussi prononcer faraoun a été 
        rapproché gratuitement de "pharaon". On a aussi voulu 
        y voir une relation avec le mot "fare" qui, en arabe, signifie 
        rat ou souris au sens de "mus" latin. Trabut pense que ce nom 
        de feraoun aurait été donné à la scille en 
        souvenir d'une invasion d'un peuple d'Orient qui se nourrissait de très 
        gros oignons.)) pour les arabophones et de "ichkil" 
        pour les berbérophones.----------C'est 
        une plante puissante à feuilles larges d'un beau vert (Vert 
        tamaris No 421 (Code Universel Seguy) Les feuilles poussent 
        sur un bulbe dont la grosseur peut atteindre celle d'une petite tête 
        d'enfant. Les fleurs, blanches, poussent au bout d'une hampe de la grosseur 
        du pouce à la base et d'une hauteur qui atteint deux mètres 
        dont les 2/5. supérieurs sont fleuris. Elles apparaissent selon 
        les régions et les années entre fin juillet et fin août 
        et disparaissent quand poussent les feuilles,soit entre mi-septembre et 
        début novembre.
 ----------Dans 
        quelques cas la hampe munie de ses fleurs séchées persiste 
        après l'apparition des feuilles jusqu'en avril. D'avril ou mai 
        à août. la plante sans feuille est invisible pour le profane.
 ----------On 
        trouve la scille dans toutes les régions littorales de la Méditerranée 
        en Afrique du Nord Ouest (et en plus grande. abondance à l'Est. 
        d'Alger), à partir du Sahel côtier jusque dans les montagnes 
        du Tell où il n'est pas rare d'en trouver il une altitude de R 
        à 700 mètres.
 ----------Elle 
        est plus abondante aux altitudes variant entre le niveau de la mer et 
        3 ou 400 mètres. Elle forme alors de véritables champs dans 
        les régions abritées (bord des oueds, flancs de coteaux) 
        et particulièrement dans celles exposées vers l'Est. Elle 
        semble affectionner les terres remuées, les remblais de routes, 
        de chemins de fer, etc...
 Comment utilise-t-on 
        la scille ? ----------Les autochtones 
        utilisent la feuille séchée, appelée " aired" 
        pour la nourriture du bétail.----------Lorsque 
        des acheteurs de bulbes se présentent, les cultivateurs déterrent 
        des bulbes. Cette opération devrait n'être pratiquée 
        qu'à une saison donnée. EIle se fait, en réalité, 
        selon la demande qui est très variable.
 ----------Quelques 
        intermédiaires groupent les bulbes et les expédient à 
        des grossistes. Ceux-ci les font sécher au soleil puis les coupent 
        en lanières ou les écaillent. Quelques fournisseurs livrent 
        la scille en squames. Mais généralement. les lanières 
        sont broyées au moulin est livrées au commerce sous forme 
        de poudre de scille.
 ----------La 
        scille est utilisée soit en pharmacie (extrait et teinture de scille, 
        vin de digitale ou de scille composé, etc...) soit comme raticide. 
        Quelques auteurs établissent une différence entre deux variétés 
        de scille maritime l'une dite rouge, l'autre blanche, d'après la 
        couleur du bulbe. Les bulbes rouges seraient plus gros et réservés 
        à l'usage raticide. Les bulbes rouges ou blancs sont utilisés 
        indifféremment pour l'usage pharmaceutique.
 ----------Du 
        point de vue raticide, nous avons pu observer que, dans la pratique, les 
        acheteurs ne rejettent pas les bulbes blancs, que de nombreux exemplaires 
        sont intermédiaires entre le blanc, le rose et le rouge, mais que 
        les bulbes rouges sont les plus nombreux.
 Action ratoxique de 
        la scille ----------La scille 
        maritime contient différents principes actifs. Elle a une action 
        "ratoxique" spécifique remarquable. Parmi les très 
        nombreux produits naturels ou synthétiques capables de tuer les 
        rongeurs la scille est le seul qui ne présente pas de danger pour 
        l'homme et les animaux domestiques.----------Cette 
        action sur les rongeurs est particulièrement toxique. Nous avons 
        pu démontrer que plus de 95% des rats meurent après absorption 
        de scille (Action 
        Ratoxlque de la scille (Drs Meunier et Rouffia - Annales Hygiène 
        Publique, nov.-déc. 1947).
 ----------Nous 
        sommes mal renseignés sur l'ancienneté de la connaissance 
        de cette action ratoxique alors que la scille médicamenteuse est 
        mentionnée dès le XVIè siècle avant notre 
        ère. Au moyen âge, des auteurs chrétiens et arabes 
        mentionnent ses qualités pour l'empoisonnement des rats.
 ----------La 
        première mention certaine de la commercialisation de la scille 
        raticide date de 1868 et nous est connue par un prospectus vantant les 
        effets du "Tord-Boyaux ", raticide infaillible à base 
        de scille maritime d'Algérie (Gayot.- 
        Les petits quadrupèdes - 1ère partie - page 107.).?
 ----------Le 
        rat de 200 grammes qui a absorbé une faible dose de scribe (deux 
        à trois centigrammes, par exemple) (On 
        exprime de préférencela dose mortelle de scille par kilo 
        de poids de rat vif . On dira par exemple , dans ce cas : "vingt 
        à trente centigrammes par kilo de rat ") présente 
        au bout de deux heures ou quelquefois plus, un état d'abattement 
        (état tuphos ) suivi de tremblements. Cinq heures après 
        l'absorption (ou quelquefois plus) les membres postérieurs sont 
        paralysés. Cette paralysie, se généralise, des sueurs 
        abondantes apparaissent, puis des convulsions et la mort survient.
 ----------Selon 
        la dose absorbée et la résistance individuelle, la scille 
        tue en un temps variable de six heures à quatre jours mais généralement 
        en 24 heures.
 ----------A 
        l'autopsie, on observe. une gelée hémorragique de l'intestin 
        grêle. Contrairement à ce qui a été avancé, 
        la scille ne momifie pas les cadavres:
 
        
          |  Pied de scille en feuilles déterré. 
              On peut voir le bulbe et les radicelles |  Conservation de l'action 
        ratoxique ----------La scille 
        non traitée perd progressivement son pouvoir ratoxique. Les échantillons 
        conservés au Laboratoire de la Peste d'Alger ont donné (approximativement) 
        les résultats moyens suivants----------après 
        1 an : les doses efficaces doivent être 1/2 fois plus fortes ;
 ----------après 
        2 ans : 3 fois plus fortes; après 3 ans 1/2 : 5 fois plus fortes.
 ----------Aussi 
        a-t-on cherché à " stabiliser " ce pouvoir ratoxique 
        : deux méthodes sont utilisées, l'une par l'action de l'air 
        chaud (méthode américaine), l'autre par celle dé 
        l'alcool méthylique acétique (statblactivation de Dansel).
 ----------Des 
        échantillons de scille stabilisée par cette dernière 
        méthode par Danzel à Cherchell et conservés, en plein 
        air, sans précaution contre les intempéries pendant six 
        ans, se sont révélés aussi actifs que la scille fraîche.
 | ------- |   L'exportation de la 
        scille algérienne. ----------Sauf quelques 
        tentatives abandonnées, la scille n'est pas préparée 
        en Algérie. Elle est exportée soit sous forme de bulbes, 
        soit d'écailles, de lanières ou de poudre.----------C'est 
        en France ou à l'étranger que sont préparés 
        les extraits de scille, ou les appâts susceptibles d'être 
        conservés.
 ----------Pour 
        protéger le commerce loyal de la scille, éviter les opérations 
        douteuses pratiquées jadis dans tous les petits ports algériens, 
        et donner des garanties aux acheteurs étrangers, le Gouvernement 
        général de I'Algérie a fait adopter une réglementation 
        ( Arrêté 
        gubernatorlal du 2 août 1944.) fixant les conditions 
        de vente de la scille à I'exportation sous le contrôle de 
        l'OFALAC.
 ----------Sauf 
        dérogation, l'exportation des bulbes entiers est interdite.
 ----------Les 
        squames desséchées doivent être exemptes de moisissures, 
        être propres, d'odeur presque nulle, de saveur amère désagréable 
        et ne pas contenir plus de 5 % de corps étrangers.
 ----------La 
        poudre de scille doit provenir des squames broyées, pulvérisées 
        et tamisées. Elle doit être homogène, parfaitement 
        sèche et exempte d'altération et de corps étrangers, 
        de couleur brun-rougeâtre et de saveur amère et âcre. 
        -
 ----------Le 
        produit doit enfin satisfaire à un essai physiologique.
 Essai physiologique 
        du pouvoir toxique ----------Danzel 
        a donné le nom de ratoxie à l'unité de toxicité 
        sur les rongeurs d'une substance ou d'une préparation raticide 
        .----------En 
        application du règlement algérien, le poids de scille pure 
        susceptible de tuer un rat doit être égal au maximum au millième 
        du poids de ce rat. Il est donné par la formule p =P x n/100, " 
        p " représentant la dose mortelle de scille, "P" 
        le poids du rat et "n" un indice dont la valeur est actuellement 
        fixée par l' Administration algérienne à 1:
 ----------Pour 
        savoir si la scille tue le rat à une dose égale (ou inférieure) 
        au 1/1.000 è du poids de ce rat, le laboratoire de la peste procède 
        de la manière suivante :
 ----------Un 
        rat capturé dans la ville d'Alger ou dans sa banlieue est placé 
        en cage aussitôt après sa capture et ne reçoit ni 
        boisson ni nourriture;
 ----------Une 
        boulette composée de farine, d'eau et d'un poids connu de scille 
        lui est offerte. Il ne la mange généralement pas avant la 
        nuit. Le lendemain matin on observe si la boulette a été 
        attaquée par le rat. La pesée de l'appât avant et 
        après que le rat ait mangé permet de connaître la 
        quantité de scille absorbée.
 ----------Il 
        arrive très fréquemment que le rat ne donne qu'un coup de 
        dent à l'appât: nous constatons par ce fait que la scille 
        ne présente aucun effet attractif sur le rat. Cet effet n'existe 
        d'ailleurs avec aucun des anciens raticides (Les 
        raticides modernes (anticoagulants de synthèse) ont des avantages 
        considérables
 1- pouvoir attractif des appâts;
 2- possibilité d'intoxication cutanée par les pattes. Ils 
        peuvent donc être utilisés soit en appât soit en poudrage 
        sur le passage des rats. Ces produits sont toxiques et nécessitent 
        des précautions.). (L'adjonction 
        d'anis ou autre produit gustatif est illusoire.).
 ----------Il 
        convient, donc que la concentration de I'appât en scille soit telle 
        que la dose ingurgitée soit suffisante pour tuer le rat.
 Avantages de cet essai 
        physiologique: . ----------La méthode 
        ci-dessus exposée présente des avantages de trois ordres----------1) 
        Modicité de son prixde revient : elle utilise des rats capturés 
        dans un but de protection contre la peste et ne nécessite ni élevages 
        de rats blancs, ni personnel, ni matériel et locaux spéciaux.
 ----------2) 
        Elle s'applique aux rats du même type que ceux auxquels la scille 
        commerciale est destinée.
 ----------3) 
        Elle est rapide : les résultats sont fournis en un ou deux jours.
 ----------Les 
        méthodes appliquées dans d'autres pays, où l'on ne 
        dispose pas de rats sauvages capturés tous les jours entraînent 
        des prix de revient beaucoup plus élevés. Elles nécessitent 
        des élevages spéciaux. utilisent uniquement des rats blancs 
        nés au laboratoire, de pedigree connu, mais présentent l'avantage 
        d'une possibilité de normalisation. Cet avantage ne nous a pas 
        paru suffisant pour modifier la technique employée au laboratoire 
        d'essai de la Santé Maritime d'Alger.
 
 Conditions générales ----------En ce 
        qui concerne l'action du raticide, nous disposons avec la scille d'un 
        produit parfait : économique, facile à se procurer, d'action 
        sûre et, avantage particulièrement appréciable, sans 
        danger pour l'homme ni pour les animaux domestiques.----------Cependant, 
        en ce qui concerne son utilisation pratique, la scille a l'inconvénient 
        de tous les appâts raticides -: il ne faut pas s'imaginer que le 
        fait de distribuer des appâts qui tuent avec 95% de chances de réussite 
        suffira à détruire 95 % des rongeurs. En effet, l'appât 
        atteint rarement son but, soit qu'il soit mal placé; hors des trajets 
        habituels des rongeurs, soit que le rat, déjà bien nourri 
        par les trop nombreux aliments que l'homme laisse à sa disposition 
        ( 
        Aliments abandonnés, graines, réserves mal fermées. 
        déchets et ordures, etc..:), les dédaigne. Aussi 
        est-il souvent nécessaire que la lutte contre les rongeurs soit 
        menée par des spécialistes qui utilisent concurremment plusieurs 
        procédés.-
 CONCLUSIONS. ----------La scille 
        maritime, Urginea Maritita, est un produit raticide excellant qui tue 
        en moins de 4 jours 95 % des rats qui en ont ingurgité des doses 
        infimes. Le produit n'est malheureusement pas "attractif " pour, 
        le rat.----------Cette 
        plante pousse spontanément en Algérie sur une large bande 
        parallèle au littoral, dans divers terrains et à diverses 
        altitudes.
 ----------L'exportation 
        de la scille est soumise au contrôle de l'Office Algérien 
        dit OFALAC et à des essais physiologiques qui garantissent que 
        la scille, au moment de son exportation, tue le rat.
 ----------Le 
        commerce algérien se contente de. la vente du produit presque brut, 
        au maximum pulvérisé. Il est regrettable que la "stabilisation" 
        de la scille et la préparation des extraits ou appâts conditionnés 
        ne soient pas entreprises sur place afin de livrer aux consommateurs un 
        raticide prêtà l'emploi et extrêmement bon marché.
 SERVICE DU. CONTRÔLE SANITAIRE AU 
        FRONTIÈRES DE L'ALGÉRIE. .
 
    
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