| ----------Une 
        décision en date du 18 octobre 1948 a rattaché le Service 
        des S.I.P. et du Paysannat à la Direction de l'Agriculture.----------Cette 
        mesure s'inspire de la double préoccupation d'accroître l'efficacité 
        des services ayant à connaître de l'économie musulmane 
        en les groupant dans une même Direction de l'Administration Centrale 
        et de faciliter dans toute la mesure du possible la fusion des intérêts 
        agricoles des fellahs, membres des S.I.P., et les agriculteurs (européens 
        et musulmans), membres des organismes mutualistes et coopératifs.
 ----------Cette 
        réforme doit être interprétée comme le gage 
        d'une collaboration toujours plus étroite des hommes, des capitaux 
        et de l'ensemble des ressources de la paysannerie algérienne en 
        vue de l'amélioration des conditions d'existence des populations 
        rurales.
 ----------Les 
        ressources de l'Agriculture sont encore les seules sur lesquelles l'Algérie 
        puisse actuellement s'appuyer pour nourrir une population en accroissement 
        constant et rapide, équilibrer sa balance commerciale et trouver 
        dans les éléments de sa prospérité agricole 
        les moyens de réaliser l'oeuvre de progrès social qui s'impose 
        en attendant de pouvoir stabiliser et assurer son économie en puisant 
        à d'autres sources, en particulier dans une industrialisation en 
        voie d'élaboration mais qui ne peut se réaliser que progressivement.
 ----------Le 
        développement de l'agriculture algérienne, son adaptation 
        au système économique moderne, complexe et mouvant, ne peuvent 
        se faire sans une étroite coopération de tous les éléments 
        du monde agricole.
 ----------Ce 
        n'est pas dire cependant qu'on puisse dès à présent 
        envisager d'intégrer l'ensemble des activités agricoles 
        musulmanes dans l'édifice du crédit normal et de la coopération. 
        Car il faut bien se rendre à l'évidence, si les cellules 
        qui le composent (coopératives et caisses de crédit agricole 
        mutuel) sont accessibles à tous et si l'on y compte d'ores et déjà 
        deux fois plus de fellahs que d'agriculteurs européens, la grande 
        masse des agriculteurs musulmans n'y peut encore accéder faute 
        par elle de présenter les garanties personnelles ou réelles 
        généralement exigées.
 ----------Terres 
        arables en superficie limitée et qui ne peuvent être étendues, 
        enchevêtrement des. tenures indivises, climat capricieux, pluviométrie 
        souvent insuffisante, modes de culture encore rudimentaires, pénurie 
        de produits indispensables, cheptel vif déficient, affectent gravement 
        une capacité de crédit qui ne trouve aucune assise solide.
 ----------Il 
        est donc encore indispensable d'envisager en faveur (le l'économie 
        agricole musulmane déshéritée une organisation particulière.
 ----------Mais 
        il ne saurait être question (le pratiquer à l'égard 
        des agriculteurs musulmans une politique entièrement différente 
        de celle suivie à l'égard des mutualistes et des coopérateurs 
        ordinaires. Bien au contraire, il convient de leur appliquer, dans le 
        cadre général de l'économie algérienne, les 
        mesures prises pour l'ensemble des producteurs et de les en faire bénéficier 
        dans des formes appropriées, évidemment essentiellement 
        transitoires, qui permettront aussi rapidement que possible de les intégrer 
        finalement dans l'organisation normale et générale du crédit 
        et de la coopération.
 ----------Il 
        est ainsi apparu nécessaire de grouper et coordonner l'ensemble 
        des moyens mis en uvre pour aider, soutenir et développer 
        l'agriculture musulmane afin de promouvoir un vaste programme d'action 
        économique et qui doit permettre (le former le fellah aux méthodes 
        agricoles et l'amener à obtenir (le meilleurs rendements.
 ----------C'est 
        ce programme (le rénovation de l'agriculture musulmane que poursuit 
        le Paysannat avec les Sociétés Indigènes de Prévoyance, 
        maintenant dotées d'un puissant propulseur de vie agricole : le 
        Secteur d'Améliorations Rurales.
 ----------Les 
        promoteurs du Paysannat, recherchant un cadre pour grouper les intérêts 
        de la paysannerie musulmane et développer la production, ont fait 
        appelà l'association agricole dont la S.I.P. est une manifestation.
 ----------Le 
        principe du groupement est admis sans difficulté au Maghreb dans 
        tous les cas où la fatalité économique pèse 
        sur l'individu ou la famille. On se groupe volontiers pour cultiver en 
        commun et l'on accepte aisément la participation des Pouvoirs publics 
        qui ne demandent rien en retour.
 ----------On 
        s'est ainsi assigné comme but de développer l'agriculture 
        musulmane dans le cadre traditionnel (le l'association agricole. En d'autres 
        termes on demande aux fellahs groupés au sein d'un organisme de 
        se soumettre à des méthodes culturales qui conditionnent 
        un meilleur rendement des terres.
 ----------Discipline 
        économique, meilleur rendement des terres, forment les données 
        essentielles du programme.
 ----------Ainsi 
        se dégage une double action sur le plan social et sur le plan économique 
        qui trouve son expression dans des méthodes différentes 
        selon qu'elles s'adressent à l'agriculteur pris individuellement 
        ou au groupement rural.
 ----------Méthodes 
        d'éducation rurale dans le premier cas. ----------Méthodes 
        d'organisation rurale dans le second.
 ----------Ces 
        méthodes, loin de s'exclure se complètent au contraire et 
        leur action conjuguée doit permettre de hâter l'évolution 
        de l'économie musulmane.
 
 METHODES D'ÉDUCATION RURALE.
 ----------Suivre 
        le fellah dans toutes les phases de sa vie agricole, l'épauler 
        économiquement, lui éviter les aléas d'une technique 
        primitive, le défendre contre l'usure et la spéculation, 
        tels sont les objectifs des méthodes d'éducation rurale 
        que poursuivent les S.I.P. depuis leur création.
 ----------Ces 
        sociétés sont ainsi devenues de véritables "écoles 
        de la mutualité et de la coopération" dont l'enseignement, 
        pour être aussi complet que possible, a dû se plier à 
        l'infinie variété des activités agricoles.
 ----------Deux 
        éléments essentiels se distinguent dans cette action économique 
        : le Crédit, la Coopération.
 ----------a) 
        LE CRÉDIT. - Sous ses formes diverses (prêts 
        à court, à moyen et à long terme). La Section Crédit 
        de la S.I.P. Fonctionnant comme- une Caisse de Crédit Agricole.
 ----------b) 
        LA COOPERATION. -- Sous ses aspects variés 
        : La S.I.P. intervenant dans l'achat, la vente, le stockage, la transformation 
        de produits et l'utilisation (lu matériel agricole, avec
 ----------- 
        sa section " Céréales" pour les opérations 
        portant sur les céréales :
 ----------- 
        sa section " Autres Produits " qui joue le rôle de syndicat 
        pour l'achat ou la vente de produits nécessaires à l'agriculture 
        ou l'écoulement des fruits (le la terre
 ----------- 
        sa section " Matériel " pour l'utilisation du matériel 
        commun et qui réalise une sorte (le coopérative de travaux 
        agricoles ;
 ----------- 
        sa section " Exploitation " qui, dans certains S.A.R. de recasement, 
        terme une sorte (le coopérative (le cultures en commun.
 ----------Grâce 
        à cette double action (le la S.I.P. dans les domaines (lu crédit 
        et de la coopération, les adhérems des S.I.P. peuvent trouver 
        aisément l'appui financier qui leur est nécessaire ou les 
        diverses facilités mises à la portée de tous les 
        agriculteurs par la coopération agricole normale.
 
 LES METHODES D'ORGANISATION RURALE - LE S.A.R.
 ----------Elles 
        répondent à un souci (le normalisation des procédés 
        (le culture en vue (le l'augmentation des rendements.----------L'idée 
        directrice a été (le mobiliser les diverses activités 
        agricoles (le la S.I.P. dans le domaine du crédit et de la coopération 
        au service d'une organisation rationnelle d'un secteur agricole.
 ----------Tous 
        les moyens dont peuvent disposer les sociétés sont ainsi 
        concentrés sur des secteurs territoriaux qui forment autant que 
        possible un tout ethnique, économique et social, matérialisant 
        ainsi sur un terrain choisi les procédés d'éducation 
        rurale mis en uvre par la S.I.P.
 ----------C'est 
        cette organisation rurale qui caractérise essentiellement le S.A.R.
 ----------L'adhérent 
        du S.A.R. est un sociétaire ordinaire de la S.I.P. qui reçoit 
        l'aide habituelle du crédit et de la coopération au même 
        titre que tous les autres adhérents de la S.I.P., à ceci 
        près cependant qu'elle ne lui est accordée que dans la mesure 
        où elle concoure à la réalisation du programme d'organisation 
        du Secteur.
 ----------A-t-il 
        besoin d'un prêt ? C'est la section " Crédit " 
        qui intervient ; de produits nécessaires à la culture ? 
        C'est à la section " Autres Produits " qu'il s'adresse 
        ; de labours profonds ? C'est la section " Matériel " 
        qui les effectuera.
 ----------Veut-il 
        écouler les produits de son champ ? Il ira à la section 
        " Céréales " ou à la section " Autres 
        Produits ", selon qu'il s'agit de céréales ou de produits 
        divers.
 ----------Toutefois. 
        à la différence du sociétaire ordinaire de la S.I.P., 
        il devra respecter, pour chacune de ces opérations, l'ordonnance 
        du plan de culture ou le rythme du programme de travaux du S.A.R. -établis 
        par le Conseil de gestion du Secteur et le Chef de culture.
 ----------Le 
        Secteur d'Amélioration rurales n'est donc pas le cadre de la vie 
        professionnelle et économique des fellahs. Ce cadre c'est la S.I.P. 
        ; il constitue simplement un nouveau moyen d'action mis en oeuvre clans 
        un secteur territorial pour lutter contre les aléas de la terre 
        et capable de forcer son rendement. Quelle que soit l'activité 
        que peut faire naître un S.A.R. elle trouvera sa place dans les 
        différentes " sections " créées ou à 
        créer au sein de la S.I.P. dont la vocation agricole générale 
        a été consacrée par le décret du 15 Novembre 
        1938.
 ----------En 
        bref, ce n'est pas un organisme rural, qui se substitue à 
        la S.I.P., mais une organisation rurale qui complète l'action de 
        la S.I.P. en rationalisant les méthodes de production.
 ----------Les 
        possibilités du S.A.R. sont infinies car la combinaison des moyens 
        dont dispose la S.I.P. permet (le réaliser autant d'organisations 
        différentes qu'exigent la diversité des activités 
        agricoles qui y trouvent place ou la variété des modes de 
        tenures foncières des adhérents.
 ----------Cette 
        gamme de modalités d'application confère au Paysannat une 
        remarquable souplesse d'autant plus précieuse que cette organisation. 
        pour rester, dans sa ligne de doctrine évolutive, doit demeurer 
        un ensemble très maniable.
 ----------Quelques 
        chiffres d'un rapide bilan permettront de faire le point de l'effort accompli. 
        Les activités agricoles des S.I.P. d'Algérie sont réparties 
        dans les sections suivantes :
 104 Sections "CRÉDIT"
 66 Sections " C.EREALES "
 10 Unions " CÉRÉALES"
 70 Sections " AUTRES PRODUITS "
 1 Union "AUTRES PRODUITS"
 13 Sections "RAVITAILLEMENT" (en liquidation)
 4 Ateliers de " SÉCHAGE DE FRUITS "
 63 Centres " LAINIERS "
 1 Union " TABAC "
 1Section "TABAC"
 1 Union "VITICOLE"
 1Section "HENNE ".
 soit au total : 335 sections.
 ----------Ces 
        diverses sections qui forment autant de groupements de forme mutualiste 
        ou coopérative permettent aux fellahs de s'adapter sans heurt aux 
        principes modernes de la mutualité et de la coopération.
 
 CREDIT. ----------La loi 
        du 19 juillet 1933 qui a doté les S.I.P. d'un Fonds Commun a marqué 
        une étape nouvelle dans leur évolution, étape que 
        l'on peut placer sous le signe du crédit.----------A 
        la fois Banque et organisme d'action administrative dans les domaines 
        du crédit et de la coopération agricoles ce Fonds Commun 
        réalise la coordination et la répartition des ressources 
        financières des S.I.P.
 ----------Banque, 
        il l'est par son autonomie financière, sa personnalité 
        civile, par ses ressources qui lui proviennent pour la majeure partie 
        de l'emprunt. Il l'est encore par le système d'avances et de prêts 
        qu'il consent aux Sociétés pour faciliter leurs opérations 
        de crédit.
 ----------Organisme 
        d'action administrative, il l'est en tant qu'établissement 
        public, justiciable de la Cour des Comptes dont les ressources proviennent 
        en partie de fonds publics et dont le Conseil d'Administration comprend 
        de hauts fonctionnaires. Il l'est encore par le concours qu'il apporte 
        à l'oeuvre de consolidation (le l'agriculture musulmane et par 
        les possibilités de financement que lui laisse sa masse de manuvre.
 ----------Cette 
        organisation souple, dont la complexité n'est qu'apparente, a permis 
        aux S.I.P. de prendre rang parmi les établissements de crédit. 
        Elle a pu trouver place sans heurt dans le système du crédit 
        agricole, étant inspiré de l'esprit même qui présida 
        à la création des S.I.P. : faire évoluer le paysan 
        musulman sans troubler ses habitudes traditionnelles.
 ----------Cette 
        alliance dans l'effort et les buts poursuivis, cet afflux vivant de capitaux 
        ont permis aux S.I.P. d'entreprendre sous l'égide du Fonds Commun 
        une action nouvelle dans le domaine du Paysannat.
 ----------Importante 
        en son quantum cette aide est également nuancée par les 
        objets multiples auxquels elle s'est attachée. Il n'est guère 
        de domaine intéressant l'économie musulmane où ne 
        se soit manifestée l'intervention du Fonds Commun.
 
         
          | -Nature 
              des concours financiers consentis aux S.I.P pour leurs Opérations 
              de crédits  | Sommes mandatées en 1948 
               |   
          | Avances pour prêts de semences | 743.611.869 |   
          | Avances pour cheptel ovin (y compris 
              S.A.R. d'élevage;  | 66.ooo.ooo  |   
          | Avances pour objets divers (y compris 
              S.A.R., petit équipement et artisanat). |  80.401.334 |   
          | Avances pour prêts (le moissons 
               | 129.788.000 |   
          | Avances pour cheptels d'exploitation 
               | 36.570.000 |   
          | Subventions  | 378.082 |   
          | Total des sommes mandatées 
              en 1948 | 1.056.749.825 |  CEREALES.
 ----------Les Sections 
        et les Unions Céréales qui groupent les céréaliculteurs 
        des différentes régions intéressées par les 
        S.I.P. ont permis à l'agriculture musulmane de trouver place dans 
        le système de l'Office interprofessionnel des Céréales 
        qui, sans leur intervention aurait pu difficilement jouer en faveur (le., 
        fellahs déshérités.----------C'est 
        ainsi qu'elles ont commercialisé au cours de 1a dernière 
        campagne
 
         
          | --B1é 
              dur - | 516.995 q |   
          | ---Blé 
              tendre | 206.092 q |   
          | Orge | 751.273 q  |   
          | Avoine | 24.410 q  |   
          | Total  | 1.498.170 q |  ----------D'autre 
        part, rappelons que, depuis la guerre c'est aux S.I.P. qu'incombe le ravitaillement 
        en céréales des populations musulmanes elles ont distribué, 
        de juin 1947 à Juin 1948 
         
          | Blé dur et tendre | 687 163 |   
          | Semoule | 1 007 778 |   
          | Orge | 663 057 |   
          | Total | 2.348.000 q |  ----------Enfin, 
        elles ont distribué à leurs adhérents, à titre 
        onéreux ou par prêts, les quantités suivantes de semences 
        de céréales : 
         
          | Blé dur  | 143 874 q |   
          | Blé tendre | 51 123 |   
          | Orge | 111 973 |   
          | Avoine  | 14 874 |   
          | Total | 321 844 |  SECTION " RAVITAILLEMENT ".
 ----------Les 
        difficultés nées de la guerre ont conduit l'Administration 
        à utiliser les S.I.P. pour effectuer toutes opérations utiles 
        au ravitaillement en denrées contingentées des populations 
        rurales.
 ----------Du 
        fait (le la cessation des hostilités ces transactions ont été 
        rendues au commerce. - Il est actuellement procédé à 
        la liquidation (les dernières "Sections Ravitaillement".
 
 VITICULTURE.
 ----------Des 
        S.I.P. des régions viticoles ont été appelées 
        à intervenir clans l'achat des récoltes et le traitement 
        (lu raisin. ----------Les 
        Sociétés groupées en Unions Viticoles de la région 
        de Mostaganem ont traité au cours de la campagne 1948 :
 9.460 hectolitres de vin à 12 degrés de moyenne ;
 1.100 quintaux (le marc.
 
 CENTRES LAINIERS.
 ----------Les 
        Centres lainiers étaient chargés de collecter les toisons 
        de mouton apportées par les éleveurs musulmans. Il s'agissait 
        là d'une activité imposée par les nécessités 
        du moment. Ces sections sont actuellement en voie de liquidation. ----------Cependant 
        la formule est au point et demeure. Elle pourrait être reprise dans 
        le cas où l'extension de l'élevage ovin rendant possible 
        les exportations clé laine, une nouvelle organisation du marché 
        serait envisagée.
 
 SECTION " AUTRES PRODUITS ".
 ----------De 
        nombreux produits agricoles nécessaires à l'agriculture 
        on provenant (les exploitations des adhérents des S.I.P. relèvent 
        de l'activité des Sections spécialisées, les Sections 
        " Autres Produits par ailleurs, servent de cadres de gestion aux 
        bâtiments et au matériel lourd (les S.A.R.
 | ------- | TABAC.----------Les 
        S.I.P. (le la région de Kerrata où les agriculteurs musulmans 
        s'adonnent à la culture du tabac à priser se sont constituées 
        en Union
 ----------Cet 
        organisme, appliquant les principes coopératifs, fait participer 
        ses adhérents aux profits de l'entreprise. Il a permis de réaliser 
        une amélioration très sensible de la qualité des 
        tabacs dont les livraisons se., sont élevées à 141.462 
        kg ait cours de la dernière campagne.
 ----------Enfin, 
        la coopérative (les tabacs du Souf à Guémar, qui 
        dépend de la S.I.P. d'El-Oued, a acheté 64.391 kg en 1948.
 
 SECTEURS D'AMÉLIORATION RURALES.
 ----------Au 31 
        Décembre 1948. 103 S.A.R. étaient organisés sur l'ensemble 
        du territoire algérien. Ces 103 S.A.R. se répartissent en 
        : 40 S.A.R. de céréaliculteurs 12 S.A.R. d'arboriculteurs
 4,7 S.A.R. d'élevage ;
 1 S.A.R. de maraîchers :
 3 S.A.R. d'oasiens.
 ----------Dans 
        l'ensemble, ils couvrent tin territoire de 6.000.000 hectares et intéressent 
        6o.ooo fellahs et pasteurs.
 ----------L'aide 
        accordée aux S.I.P. sur les crédits publics pour l'équipement 
        de ces S.A.R. a été la suivante
 ----------en 
        1945 , 100 millions de francs
 ----------1946 
        21o millions de francs
 ----------1947 
        400 millions de francs
 ----------1948 
        5oo millions (le francs.
 ----------De 
        son côté, le Fonds Commun des S.I.P. a affecté 500.000.000 
        de crédits d'avance à l'ensemble des S.A.R. depuis le lancement 
        de ce programme des réalisations.
 ----------En 
        1949, le budget de l'Algérie prévoit un crédit de 
        250 millions. A ce chiffre il convient d'ajouter les crédits prévus 
        au titre des travaux de paysannat effectués par les Services de 
        l'Hydraulique (100 millions) et de la Défense et Restauration des 
        sols (120 millions).
 ----------Le 
        bilan pour 1948, de l'activité des S.A.R déjà organisés 
        et en fonctionnement peut se résumer de la façon suivante
 
 S.A.R. DE CEREALICULTEURS.
 ----------Exécution 
        (le plus de 15.ooo ha de gros labours à l'aide du matériel 
        commun des S.A.R. ----------Equipement 
        individuel et par groupe de 1.750 fellahs
 ----------Recasement 
        effectif de 535 Musulmans dépourvus (le terres
 ----------- 
        Construction ou aménagement de 7 logements de chef de culture, 
        avec bâtiments annexes (magasins, ateliers, hangars) ;
 ------------ 
        Recrutement de 5 chefs de culture
 ----------Obtention 
        d'un rendement moyen (moyenne de tous les S.A.R.) de 12 qx à l'hectare 
        pour les blés et de 15 qx à l'hectare pour les orges.
 
 S.A.R. D'ARBORICULTEURS.
 ----------Aménagement 
        en collaboration avec le Service de la D.RS. de plus de 2.000 hectares 
        de vergers sur banquettes ;
 ----------Plantation 
        de 1.000 hectares d'oliviers (M'Sila, Barika) ;
 ----------Entretien 
        des plantations 46 et 47 du Hodna (1.600 ha d'oliviers)
 ----------Aménagement 
        de deux stations de pompage (Clinchant, Marnia) ;
 ----------Création 
        d'une pépinière de pieds-mères (Chelafa) :
 ----------Construction 
        de deux logements de chefs de culture avec bâtiments annexes (magasins, 
        ateliers, hangars) ;
 ------------- 
        Recrutement de 4 moniteurs d'arboriculture.
 
 S.A.R. D'ÉLEVAGE.
 ----------- 
        Acquisition de plus de 29.000 ovins répartis entre 1.400 petits 
        et moyens éleveurs -
 -----------Soins 
        vétérinaires : l'ensemble (lu cheptel ovin entretenu dans 
        les S.A.R. ;
 ----------- 
        Construction et mise en service de 6 Centres de traitement avec logement 
        (le moniteurs d'élevage
 -----------Mise 
        en chantier de 22 centres et logements (lu même type ;
 -----------Recrutement 
        de 9 moniteurs d'élevage après exécution par chacun 
        d'eux d'un stage de formation à la station de Tadmit ;
 ----------- 
        Aménagement de 42 points d'eau d'abreuvement ; --------------Démarrage 
        du programme de production fourragère.
 
 S.A.R. D'OASIENS.
 ----------- 
        Lancement clés S.A.R. (le Zelfana, El-Arfiane, Oum-el-Thiour, créés 
        par décision du 28 Octobre 1948.
 ******************* ----------Tels sont 
        rapidement esquissés les grands traits (le l'organisation générale 
        du Paysannat.----------Il 
        faut bien convenir qu'un tel édifice monté pierre par pierre 
        au rythme du lent écoulement (les faits ruraux, ne se présente 
        pas comme une construction aux lignes pures et harmonieuses. La diversité 
        des matériaux et la variété (les apports y apparaissent 
        comme autant de retouches successives manquant parfois d'originalité 
        et d'élégance architecturales. Cependant cet ensemble forme 
        un bloc fruste mais robuste d'une solidité qui a fait ses preuves 
        et qui seul est actuellement capable de servir de fondement à une 
        nouvelle action d'évolution économique.
 
 LES PERSPECTIVES D'AVENIR.
 ----------L'Administration 
        qui assume la responsabilité de l'orientation économique 
        du paysannat doit se préoccuper (les Moyens à mettre en 
        uvre pour atteindre le but proposé : l'intégration 
        de l'économie musulmane dans l'économie générale 
        algérienne.
 ----------Les 
        Sociétés de Prévoyance instituées par la loi 
        du 14 Avril 1893, bien que constituant des organismes " sui generis 
        ", sont dans leur essence même des associations, c'est-à-dire 
        (les groupement:: constitués clans un but autre que celui de réaliser 
        des bénéfices, critère essentiel et déterminant 
        qui le, sépare nettement (les sociétés ordinaires 
        et les rapproche (les coopératives agricoles.
 ----------Mais 
        la loi a fait beaucoup plus que consacrer ces fins désintéressées, 
        elle a explicitement tracé leur rôle social par une reconnaissance 
        d'utilité publique qui les a fait accéder au rang d'auxiliaires 
        (les Services publics.
 ----------Cette 
        situation privilégiée comporte de sérieux avantages. 
        L'Administration les fait bénéficier bénévolement 
        (le la compétence de ses fonctionnaires et ne cesse clé 
        leur prodiguer une aide morale et matérielle dispensée largement 
        : l'Algérie affecte sur son budget (le gros crédits destinés 
        à l'équipement (les S.A.R. et consent à faire jouer 
        sa garantie à concurrence (le deux milliards pour cautionner les 
        emprunts du Fonds Commun des S.I.P.
 ----------En 
        contrepartie (le ces avantages substantiels, un seul devoir leur est assigné 
        : celui d'utiliser les ressources généreusement mises à 
        leur disposition dans un but d'intérêt commun. C'est là 
        leur mission sociale et c'est aux Pouvoirs publics qu'il appartient de 
        s'assurer que cet intérêt général n'est jamais 
        méconnu.
 ----------C'est 
        de la coopération étroite de l'Administration et des S.I.P. 
        qu'est né le paysannat et cet esprit d'association, cette volonté 
        d'oeuvrer ensemble que le droit Romain nommait très justement " 
        affectio societatis", doit animer l'organisation tout entière.
 
 ----------Cette 
        participation de la puissance financière de l'Etat à l'activité 
        et à l'initiative de groupements privés réalise une 
        formule d'association, particulière certes, mais qu'on ne peut 
        dénoncer comme rétrograde, les mêmes principes inspirant 
        de nos jours les sociétés modernes d'économie mixte.
 Ainsi faut-il écarter délibérément la thèse 
        qui consiste à présenter les S.I.P. comme de simples groupements 
        privés sur lesquels l'Administration exerce un droit de tutelle 
        dont l'affranchissement marquerait une nouvelle étape vers le progrès 
        économique et social.
 ----------La 
        participation de l'Administration à la gestion des sociétés 
        doit être posée comme principe de base de l'organisation 
        du Paysannat, comme un impératif catégorique dont on ne 
        saurait s'affranchir sans fausser le jeu normal de l'institution.
 ----------Comme 
        corollaire du principe ainsi posé, l'Administration devra rechercher 
        les voies les plus efficaces pour acheminer aussi rapidement que possible 
        le Paysannat vers l'organisation normale du crédit et de la coopération.
 Tout en laissant aux S.I.P. une large autonomie (le gestion, les Pouvoirs 
        publics doivent donc conserver les moyens d'action indispensables pour 
        orienter et guider l'évolution de l'économie musulmane qui, 
        répétons-le. doit trouver dans les S.I.P. non pas un moule 
        définitif, mais simplement une forme malléable et essentiellement 
        transitoire.
 ----------L'Administration 
        algérienne respectueuse des coutumes et des moeurs n'a pas voulu 
        réaliser un bouleversement agraire pas plus qu'elle n'a tenté 
        d'imposer des gestions collectives de propriétés regroupées. 
        Son ambition vise simplement à une. meilleure utilisation du sol 
        par l'application d'un programme commun de travaux, librement accepté 
        et mis en oeuvre. Sans rien de contraint ou d'imposé le S.A.R. 
        apporte ainsi des possibilités neuves à ceux qui acceptent 
        sa méthode et ses disciplines techniques : Convaincre sans contraindre, 
        principe de base du S.A.R., formule dont l'application a largement contribué 
        à son expansion.
 ----------Il 
        faut également tenir compte que le paysannat n'est pas plus, sur 
        le plan local, l'oeuvre d'un homme, qu'il ne constitue sur le plan algérien 
        la tâche d'un seul service.
 ----------C'est 
        un ensemble, une uvre commune qui, pour être féconde, 
        doit permettre de révéler les énergies et de grouper 
        les forces vives du monde rural.
 ----------Au 
        contact des réalités locales le président de la S.I.P., 
        qui est fréquemment un chef de commune. a pour mission essentielle 
        de créer l'ambiance favorable à la naissance des réalisations 
        de paysannat en suscitant les initiatives individuelles et en facilitant-le 
        concours des collectivités locales.
 ----------Dans 
        cette tâche, il peut compter sur l'aide efficace des services techniques 
        agricoles spécialement chargés d'élaborer les programmes 
        de mise en valeur et de définir les impératifs techniques, 
        facteurs de réussite et de rentabilité.
 ----------Des 
        services spécialisés, Hydraulique, Défense et Restauration 
        (les Sols, apportent également au programme (le paysannat le concours 
        d'une technique moderne.
 L'inspection technique (les S.I.P. participe également à 
        cette tâche en contribuant à l'amélioration de la 
        production céréalière.
 ----------Les 
        différents services (le l'Administration Centrale se penchent sur 
        les problèmes que posent sur les plans juridique, économique 
        et social l'évolution des populations rurales et la gestion des 
        sociétés.
 ----------Le 
        corps des Inspecteurs des S.I.P. veille à la bonne gestion des 
        sociétés sur les plans administratif, financier et comptable.
 ----------L'Inspecteur 
        du paysannat, à la fois ensemblier et animateur de l'oeuvre, coordonne 
        les initiatives et contrôle les réalisations.
 ----------Enfin, 
        les associations agricoles locales ou régionales, les coopératives 
        et les colons participent déjà et doivent participer dans 
        l'avenir plus encore aux réalisations de paysannat en leur apportant 
        un appui moral, l'aide de leur matériel moderne et l'expérience 
        de leurs méthodes de culture.
 LES POINTS DE CONTACT POSSIBLES.
 ----------A 
        la lumière des considérations qui précèdent 
        nous tenterons de déterminer les points de contact possibles entre 
        les S.I.P. et l'organisation normale du crédit et de la coopération. 
        Ils permettront de jalonner de repères les voies d'évolution 
        souhaitables du Paysannat.
 
 ----------Dans 
        le domaine (lu crédit, il parait difficile d'apporter des modifications 
        profondes au particularisme des méthodes appliquées dans 
        les S.L.P.: La terre musulmane n'est qu'un gage fugace, inapte à 
        fonder une créance. Veut-on le réaliser-? ----------On 
        se heurte à l'enchevêtrement des tenures indivises. Aussi 
        a-t-on remplacé l'hypothèque qui n'est d'aucune efficacité 
        en la matière par une sûreté personnelle : la caution.
 Ce système nous éloigne sensiblement (lu crédit agricole 
        normal fondé sur la garantie réelle, mais pour espérer 
        un rapprochement souhaitable, il faudrait s'attaquer au problème 
        de la refonte (lu statut foncier, réforme difficile parce que liée 
        à des modifications profondes de la loi successorale qu'il serait 
        prématuré d'entreprendre dans l'état actuel de la 
        société musulmane.
 ----------Le 
        crédit en matière musulmane, demeurera donc longtemps encore 
        un champ d'action réservé aux S.I.P. Les seuls points (le 
        contact avec le crédit normal seront marqués par les adhésions 
        (le plus en plus nombreuses (le fellahs formés dans les S.A.R aux 
        Caisses (le crédit agricole mutuel. Ces adhésions seront 
        facilitées par une étroite liaison entre les Caisses (le 
        Crédit et les S.I.P.
 ----------Sur 
        le plan (le la coopération, il semblerait possible d'intégrer 
        certaines activités agricoles (lui trouvent place dans les S.I.P. 
        au sein (les diverses " sections " spécialisées, 
        dans de véritables organismes coopératifs ou les intérêts 
        communs de la paysannerie algérienne pourraient se fondre.
 ----------Mais 
        afin que la fusion des économies européenne et musulmane 
        n'entraîne pas la sujétion de l'une ou (le l'autre - l'une 
        et l'autre au contraire avant intérêt à s'épauler 
        pour conduire une action d'ensemble profitable à tous -- on doit 
        rechercher -des formules permettant d'obtenir un juste équilibre 
        des forces et une égale représentation des intérêts 
        en présence.
 ----------Une 
        solution pourrait être trouvée dans la création d'organismes 
        coopératifs réalisés sous forme (l'Unions entre les 
        S.1.P. et les coopératives pour certaines activités déterminées.
 ----------Dans 
        le domaine (les céréales par exemple où les S.I.P. 
        jouent le rôle (le coopératives on pourrait étudier 
        sur quelques points du territoire algérien la possibilité 
        (le constituer (les Unions (le ce genre.
 ----------La 
        première conséquence de ces créations serait (le 
        faire cesser les conflits qui s'élèvent parfois entre S.i.P. 
        et coopératives à l'occasion des campagnes d'achat, la seconde 
        (le permettre à certains organismes qui végètent 
        sur un même champ d'action limité de retrouver une activité 
        normale en s'associant.
 ----------Une 
        formule analogue pourrait également se concevoir dans le domaine 
        (le l'utilisation (lu matériel agricole où la formation 
        d'unions de coopératives de labours permettraient le plein emploi 
        (lu matériel lourd dont sont dotés les S.A.R.
 ----------Une 
        telle réforme suppose évidemment (les modifications au statut 
        algérien (le la coopération, retouches toujours délicates 
        ; la charte (le la coopération algérienne s'alignant étroitement 
        sur la législation métropolitaine.
 ----------Aussi, 
        avant de les envisager, serait-il souhaitable, sur le plan de l'expérience, 
        de réaliser deux ou trois de ces unions par simples accords contractuels 
        entre coopératives et S.I.P. ; à l'exemple (les conventions 
        passées entre certaines S.I.P. et des colons ou (les Sociétés 
        Agricoles pour l'utilisation (lu matériel des S.A.R.
 ----------Les 
        résultats de ces expériences permettraient, s'ils sont concluants, 
        d'étudier une généralisation du système.
 Eu conclusion, et le mot pèse, car il n'est pas (le conclusion 
        à ce qui commence, nous ne pouvons nous empêcher (l'évoquer 
        ce que devra représenter le S.A.R. dans un avenir qu'il est permis 
        d'espérer prochain.
 ----------Si 
        la première mission du S.A.R. est d'instruire et (le vulgariser 
        les méthodes agricoles les plus modernes, le but à atteindre 
        est d'équiper économiquement et socialement (les communautés 
        rurales afin de leur permettre en gérant leur patrimoine d'accéder 
        à la vie publique.
 ----------Mais 
        cette progression vers la cité serait vaine sans l'assise solide 
        d'une prospérité durable que l'on doit rechercher dans la 
        rentabilité' des réalisations entreprises.
 ----------Ce 
        n'est que dans un climat de stabilité économique que le 
        S.AR pourra devenir le support des réalisations administratives 
        et l'introducteur des franchises municipales.
 ----------Car 
        il faut savoir rythmer sa marche au pas du temps et rien ne sert (le précipiter 
        une évolution nécessaire et d'essayer (le concrétiser 
        (les anticipations hâtives. A vouloir méconnaître les 
        enseignements sociaux et les réalités rurales, on risquerait 
        plus de retarder que de hâter l'oeuvre d'émancipation économique.
 ----------Autour 
        des bâtiments agricoles du S.A.R., de son dock, de son école, 
        de son infirmerie, se presseront les maisons du village. Au sein du Conseil 
        de gestion où se débattent actuellement les intérêts 
        économiques du groupe, les problèmes sociaux que pose la 
        vie municipale viendront d'eux-mêmes en discussion.
 ----------Le 
        S.A.R. s'orientera ainsi progressivement versune communauté rurale, 
        amorce de la cité, germe (le civilisation.
 
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