| ------------En 
        Afrique du Nord et notamment en Algérie les problèmes de 
        l'eau revêtent une exceptionnelle importance. On a souvent dit, 
        avec beaucoup de raison, que l'Algérie est un pays essentiellement 
        agricole, et n pays agricole pauvre. Pourtant ce pays doit pouvoir nourrir 
        une population, actuellement de quelque neuf millions d'habitants qui 
        s'accroît à la cadence d'au moins 120.000 individus par an. 
        Pour arriver à résoudre ce problème difficile plusieurs 
        moyens fondamentaux doivent être employés, parmi lesquels 
        la domestication de l'eau et son utilisation rationnelle est un des plus 
        puissants. LES CONDITIONS NATURELLES ------------Cette 
        importance particulière de la question de l'eau provient aussi 
        des conditions naturelles elles-mêmes, dont il convient de rappeler, 
        fût-ce brièvement et schématiquement les caractères 
        si l'on veut bien comprendre la nature même de l'équipement 
        hydraulique, ce qu'il est actuellement, et ce qu'il doit devenir.------------Il 
        est bon de rappeler tout d'abord que si la partie la plus prospère 
        de l'Algérie est constituée par les quelque 120.000 km2 
        de la bande tellienne, formée en gros par les bassins versants 
        tributaires de la Méditerranée, il n'est plus permis aujourd'hui 
        de limiter à ces seules régions ce qu'on pourrait appeler 
        l'Algérie utile. Il faut y englober toute la zone des hautes plaines 
        comprise entre le versant méridional de l'Atlas Tellien et le versant 
        nord de l'Atlas Saharien, qui peut être aménagée pour 
        l'élevage extensif ou, quand l'altitude diminue, pour la culture. 
        Il faut y faire entrer aussi certaines régions proprement sahariennes, 
        au sens géologique et géographique du terme, mais où 
        la présence d'importantes ressources en eau crée des conditions 
        favorables à la vie. C'est ainsi que, dans le Sud Constantinois, 
        la région des Zibans et de l'Oued-R'Hir tient une place honorable 
        dans l'économie du pays.
 ------------Au 
        Sahara, la pluie est si rare qu'on ne peut compter sur les précipitations 
        locales pour faire pousser les plants et alimenter les gens et les bêtes. 
        L'eau employée, puisée dans les nappes souterraines, vient 
        par un lent écoulement de régions plus clémentes.
 ------------La 
        zone des hautes plaines reçoit une hauteur d'eau non négligeable 
        (entre 15o et 350 m/m) qui toutefois ne permet qu'exceptionnellement la 
        culture des céréales. On pourrait dire de la partie tellienne 
        qu'elle est assez bien arrosée, si on ne considérait que 
        les moyennes générales dans l'espace et le temps. Mais la 
        seule considération des moyennes conduirait à des conceptions 
        très fausses.
 ------------Tout 
        d'abord les précipitations sont très mal réparties 
        dans l'espace. Elles atteignent à peine 400 m/m par an en Oranie, 
        où se trouvent pourtant les plus belles et les plus vastes terres. 
        Elles sont de l'ordre de 8oo m/m dans l'Algérois, et passent à 
        des valeurs parfois très élevées, supérieures 
        à un mètre quand on se déplace vers l'Est, où 
        précisément la superficie des terres de plaine qui peuvent 
        en profiter au maximum diminue considérablement.
 ------------En 
        second lieu, l'irrégularité dans le temps est considérable, 
        irrégularité au cours des saisons, qui sont inscrites dans 
        le paysage, notamment sur les callées d'oueds, et c'est à 
        dessein que ce terme arabe est employé ; un oued n'est pas 
        une rivière au sens européen du mot. Qui parcourt l'Algérie 
        est obligatoirement frappé par, ces puissantes vallées franchies 
        par des ponts très longs et au fond desquelles coulent de simples 
        filets d'eau, ou qui sont même complètement sèches. 
        Le voyageur curieux apprendra que tel pont, pourtant si disproportionné 
        en apparence, est le successeur d'un ouvrage un peu plus modeste enlevé 
        naguère par une crue de plusieurs milliers de mètres cubes 
        par seconde. Depuis, l'oued est pratiquement à sec huit mois sur 
        douze,et la plus forte crue n'a pas dépassé 200 m3/sec.
 ------------Aridité 
        ou semi-aridité de vastes régions, irrégularité 
        annuelle et interannuelle foncière, telles' sont les caractéristiques 
        fondamentales (le l'Algérie hydraulique. Ajoutons-y la jeunesse 
        des reliefs accusés par l'abondance des plaines suspendues, des 
        bassins fermés, ainsi que par la forme très peu évoluée 
        des profils en long des thalweg, le peu de dureté des roches géologiquement 
        jeunes dans l'ensemble, la présence trop fréquente de sels 
        et l'instabilité de la couverture végétale causée, 
        à 'la fois par les circonstances du climat et souvent, il faut 
        bien le dire, par l'action néfaste de l'élément humain, 
        et nous commencerons à bien comprendre l'allure générale 
        du pays.
 ------------L'eau 
        torrentielle burine la montagne, dénude les pentes, alluvionne 
        les plaines en haussant sans cesse des champs d'épandage sur lesquels 
        les oueds changent leurs cours. Dans bien des régions, les récoltes 
        en, culture non irriguée sont médiocres ou nulles trois 
        années sur cinq. Viennent à la suite l'une de l'autre quelques 
        années sèches et les sources tarissent, les puits sont bas, 
        villes et villages souffrent du manque d'eau potable, le cheptel meurt 
        de soif. Et puis, un beau jour, on voit des ponts partir, les oueds divaguer 
        à travers le cultures, les nappes phréatiques salées 
        remonter brutalement et tuer les plantes, et surgir une attaque généralisée 
        du paludisme, fruit des marécages mal drainés et des mares 
        sans écoulement.
 ------------Lutter 
        contre tout cela, essayer de rétablir artificiellement une régularité 
        qui n'est pas dans la nature des choses, et de discipliner ce qui est 
        sauvage, voilà une tâche certes vaste et difficile, mais 
        absolument indispensable si l'on veut faire vivre mieux un plus grand 
        nombre d'hommes, d'une part en leur permettant de tirer d'une terre assainie, 
        défendue et arrosée, des ressources vivrières plus 
        abondants, d'autre part en trouvant dans l'exportation des produits agricoles 
        de choix une compensation aux importations nécessaires de combustibles, 
        de machines, de produits fabriqués et de compléments de 
        nourriture.
 L'EQUIPEMENT HYDRAULIQUE 
        DANS L'ANTIQUITÉ ------------Ce 
        serait ici le moment de raconter l'histoire des différentes phases 
        de l'équipement hydraulique du pays. Outre l'intérêt 
        que cette étude présente pour le simple curieux, elle est 
        pleine d'enseignement pour le technicien et le spécialiste d'économie 
        rurale. Par exemple, il est impressionnant de retrouver sur des photographies 
        aériennes les traces d'aménagements complets réalisés 
        par les Romains, de petits bassins versants en régions- semi-arides. 
        La perfection des méthodes combinées de lutte contre l'érosion 
        et d'utilisation des eaux superficielles si elle peut de nos jours être 
        généralisée grâce à nos moyens modernes 
        d'exécution, n'est guère surpassable. Certaines villes d'Algérie 
        sont encore alimentée par des captages, des aqueducs et des réservoirs 
        romains. La leçon que nous ont donnée les sapeurs de la 
        conquête est aussi d'un puissant intérêt et mériterait 
        un examen critique sérieux. Mais tout ceci nous entraînerait 
        bien trop loin.------------Nous 
        allons donc passer en revue rapidement, en essayant d'user d'un classement 
        artificiel et peu rationnel, mais commode, les différents aspects 
        de cette question d'équipement hydraulique. On essaiera de donner 
        l'état actuel des choses en faisant ressortir les perspectives 
        d'avenir sous l'angle purement hydraulique.
 LA RESTAURATION DES 
        SOLS ------------Un 
        des aspects fondamentaux de ces travaux d'équipement a trait à 
        la lutte contre les eaux nuisibles. Le ravinement des pentes, on l'a (lit 
        plus haut, est un mal chronique dont souffre l'Algérie. Rien ne 
        vaut pour bien estimer la gravité de ce mal, le survol du pays. 
        Il y a là quelque chose de très inquiétant, car le 
        sol arable ne se reconstitue pas à l'échelle humaine, et 
        son enlèvement supprime toute vie.------------La 
        protection des pentes par les procédés désormais 
        classiques du reboisement, de l'arboriculture fruitière sur banquettes, 
        de la culture en terrasse, et (le la régularisation des ravins, 
        ne ressortit que d'assez loin à l'hydraulique. On n'y insistera 
        donc pas, sauf pour dire que ce travail conditionne étroitement 
        le labeur de l'hydraulicien dans la plaine, lequel sait, faire couler 
        l'eau, mais est peu habile à manier galets, sable ou limon ; pour 
        (lire aussi que l'Algérie, après une période expérimentale 
        féconde, s'engage résolument dans cette voie essentielle 
        pour elle de la défense (les sols.
 LES EAUX NUISIBLES
 ------------De 
        l'eau qui ruisselle et qui s'infiltre, seule une partie de plus en plus 
        importante d'ailleurs, peut être domestiquée et récupérée 
        pour des usages humains. L'autre est nuisible : c'est celle qui ronge 
        les berges, inonde, crée des marécages, fait remonter les 
        nappes. Très schématiquement, trois genres de problèmes 
        se posent à l'ingénieur :------------- 
        faire écouler le plus rapidement possible les eaux superficielles 
        plus ou moins canalisées à travers les plaines cultivables 
        ;
 ------------- 
        supprimer les marais stériles et générateurs de paludisme, 
        en rendant les terres à la culture ou à l'élevage 
        ,
 ------------- 
        drainer le sol partout où cela est nécessaire pour permettre 
        aux plantes et surtout aux arbres, de disposer d'une tranche de sol saine 
        sans que leurs racines risquent la pourriture ou l'asphyxie.
 ------------Le 
        drainage proprement dit est surtout indispensable en zone d'irrigation 
        : de très importants travaux de drainage par fossé sont 
        visibles en ces régions, notamment dans le Bas-Chéliff, 
        et dans les plaines de Relizane, de Perrégaux et du Sig. Quand 
        la présence d'une couche perméable en sous-sol le permet, 
        on peut songer à la mise en écoulement libre de ce drain 
        naturel par puits de pompage. Un essai en grand est en ce moment tenté 
        dans la plaine de Perrégaux. Ce procédé permettrait 
        de substantielles économies par rapport au système classique 
        des fossés, coûteux à faire et surtout à entretenir.
 ------------L'écoulement 
        des eaux superficielles à travers les zones cultivées a 
        donné lieu dans le passé à des tentatives grandioses, 
        mais peu fructueuses à,cause des phénomènes d'alluvionnement. 
        Que reste-t-il des lits canalisés de l'oued Sig, de l'Habra, des 
        oueds de la Mitidja ? Peu de choses utiles, hélas ! La leçon 
        est pleine d'enseignements Elle a eu le mérite d'apprendre aux 
        Algériens qu'il était bien inutile <le tenter une telle 
        aventure, tant que l'eau arrivant dans la basse partie des cours continuerait 
        à charrier et à déposer autant de matière 
        solides : on doit commencer par le travail en montagne, et tout ce qu'on 
        réalise en ce moment, sous l'empire de la nécessité 
        et pour éviter des événements graves. n'a que le 
        caractère d'un palliatif temporaire.
 ------------En 
        ce qui concerne la lutte contre le marécage et l'eau stagnante 
        en général, par contre, les résultats acquis' sont 
        déjà brillants et définitifs, et on peut de confiance 
        poursuivre l'oeuvre entreprise. Pour ne citer que l'exemple le plus marquant, 
        une vaste partie de la plaine de Bône, i5.ooo hectares environ, 
        a été assainie et rendue à la culture, grâce 
        à un réseau complexe de canaux d'écoulement et à 
        l'aménagement rationnel des exutoires à la mer. Bien d'autres 
        travaux sont réalisés, ou en cours à l'heure actuelle 
        dans la même région de Bône, en Mitidja, dans les plaines 
        successives du Chéliff, et dans les basses plaines d'Oranie.
 ------------Si 
        l'on a insisté un peu sur la lutte contre les eaux nuisibles, c'est 
        que son caractère ingrat, peu .spectaculaire et, particulièrement 
        difficile ne doit pas faire oublier que dans l'équipement hydraulique 
        les réalisations de ce genre sont absolument fondamentales, et 
        qu'elles sont saris qu'il y paraisse bien, parmi les plus payantes.
 LES BARRAGES EXISTANTS ------------Mais 
        abordons maintenant le chapitre le plus attrayant (le l'eau utile, ou 
        plus exactement de l'eau que l'on peut rendre utile.------------Le 
        caractère fondamental du; pays étant l'irrégularité, 
        on est bien obligé de penser immédiatement à la régularisation 
        des cours d'eau, chaque fois qu'un débit annuel moyen suffisant 
        le justifie. et que les circonstances topographiques et géologiques 
        permettent de trouver des emplacements favorables à la création 
        (le barrages-réservoirs. ------------Cette 
        dernière condition, est, hélas, bien peut souvent réalisée 
        véritablement, car en Algérie les terrains d'assise sont 
        rarement favorables à de telles constructions. ------------Seul 
        un besoin aigu a poussé à l'édification d'ouvrages 
        en des emplacements qui, en d'autres pays, eussent été abandonnés.
 ------------Nos 
        devanciers avaient montré la voie avec (les moyens précaires, 
        mais aussi avec une constance et une hardiesse dignes d'éloges.
 ------------Les 
        anciens barrages du Tlélat, du Sig, des Cheurfas, de l'oued Fergoug 
        et de la Djidjouia en Oranie, de Meurad, du Hamiz, sans compter de nombreux 
        ouvrages secondaires, ont été des histoires compliquées, 
        agrémentées de ruptures souvent assez catastrophiques. Les 
        survivants encore utiles sont rares, car leur capacité trop faible 
        les condamnait à une vie courte, à cause de l'envasement. 
        Certains d'entre eux ont pu être consolidés, parfois surélevés, 
        et rendent encore des services appréciés. C'est le cas de 
        celui des Cheurfas. sur le Mékerra en Oranie (Saint-Denis-du-Sig) 
        et surtout de celui du Hamiz, aux portes d'Alger, qui a été 
        consolidé par l'amont, surélevé et muni d'un réservoir 
        (le capacité raisonnable en 1934-35.
 
 ------------C'est 
        en 1920 qu'a été élaboré le vaste programme 
        de barrages-réservoirs dont l'achèvement total, nonobstant 
        les difficultés techniques parfois considérables. une cadence 
        de financement trop lente et, pour finir, la guerre, est maintenant acquis.
 ------------En 
        pratique, la réalisation de ce programme a commencé en 1926 
        par le début de la construction du barrage de l'Oued-Fodda, 
        très beau mur rectiligne de près de 100 m. de haut, installé 
        dans une gorge calcaire, et retenant plus de 200 millions de mètres 
        cubes d'eau. La seule difficulté sérieuse fut l'étanchement 
        des fissures du rocher, et il faut voir là la première utilisation 
        à grande échelle, et avec un plein succès, des procédés 
        modernes d'injection.
 ------------Le 
        barrage du Ghrib, sur le Haut-Chéliff, et celui de Bou-Hanifia 
        sur l'Oued-el-Hammam, en Oranie, offrent des caractéristiques 
        communes. Installés dans des vallées molles, sur des terrains 
        franchement mauvais, compressibles et entraînables, sur des rivières 
        offrant des possibilités de crues de 4.000 à 6.000 mètres 
        cubes/seconde, ils comportent tous deux un énorme massif de gros 
        enrochements arrimés, un masque amont à base de béton 
        bitumineux spécialement étudié des parafouilles très 
        profonds, des rideaux d'injections extrêmement développés, 
        des moyens de drainage complexes et des ouvrages évacuateurs de 
        crues particulièrement puissants. Nous n'avons pas le temps d'insister 
        sur les caractéristiques détaillées, ni sur les dimensions, 
        que l'on pourra aisément trouver dans des publications bien connues. 
        Disons simplement que le Ghrib a une soixantaine de mètres de hauteur, 
        Bou-Hanifia une cinquantaine et que chacun des deux ouvrages a nécessité 
        la mise en uvre de 7 à 800.000 mètres cubes de matériaux.
 ------------Le 
        barrage de Bakhadda, sur la Mina (affluent du (Chéliff), 
        est également un barrage en enrochement de 45 mètres de 
        haut. Le masque étanche d'une technique un peu plus ancienne, est 
        en béton armé souple.
 ------------Sur 
        a Tafna, presque à la frontière marocaine, s'élève 
        un bel ouvrage à voûtes multiples, le barrage des Beni-Bahdel, 
        de 54 m. de haut, destiné à l'alimentation en eau de la 
        ville d'Oran, et aux irrigations de la plaine de Marnia. Les voûtes 
        inclinées à 45 degrés et s'appuyant sur des contreforts 
        en béton massif, ont 20 m. de portée d'axe en axe de ces 
        derniers. Une surélévation de 7 mètres décidée 
        en cours de construction conduisit à l'utilisation de procédés 
        élégants de précontrainte, qui constitue une des 
        originalités du barrage. Une autre réside dans l'évacuateur 
        de crues dit en a becs de canard ", installé sur l'un des 
        deux ouvrages secondaires de fermeture de cols situés à 
        une côte trop basse.
 ------------On 
        se contentera de mentionner les autres ouvrages du même programme, 
        celui du Ksob, à voûtes multiples, dans la région 
        du Hodna, ceux de Foum-E-Gheïs et des Zardézas, 
        également dans le Constantinois.
 ------------Ces 
        ouvrages, qui tous ont leur originalité propre, et ont pratiquement 
        tous donné lieu à des difficultés exceptionnelles 
        de construction, constituent des réussites techniques que les ingénieurs 
        d'Algérie sont assez fiers de montrer aux visiteurs.
 ------------Ils 
        sont aussi, et c'est cela qui compte, une source de richesses particulièrement 
        précieuses, et le prix souvent élevé de leur construction 
        difficile n'enlève rien à leur puissant intérêt 
        économique.
 LES TRAVAUX ACTUELS ------------Très 
        récemment l'Algérie, nonobstant toutes les difficultés 
        (le l'heure, a eu la hardiesse d'entreprendre un nouveau programme de 
        grands barrages. Deux d'entre eux sont en pleine construction : l'un sur 
        l'Oued-Sarno, en Oranie, barrage en terre destiné à compléter 
        et garantir les irrigations du Sig, mal assurées par le vieil ouvrage 
        des Cheurfas ; l'autre sur l'Oued-El-Abiod, dans la région de Biskra 
        ; il barrera par une voûte hardie la gorge calcaire du Foum-El-Gherza, 
        à la traversée (lu dernier chainon que l'oued descendu de 
        l'Aurès et coulant vers le Sud traverse avant son entrée 
        dans la plaine désertique. Cet ouvrage sera le premier exemple 
        d'un réservoir d'irrigation à utilisation proprement saharienne. 
        Lé barrage de l'Oued-El-Taht sur un sous-affluent du Chéliff 
        (affluent de la Mina) en Oranie, dont l'édification sera entreprise 
        vers la fin de l'année, permettra de compléter la régularisation 
        du bassin de cet oued, tandis que celui du Meffrouch, dont la construction 
        est également décidée, permettra l'alimentation en 
        eau potable et industrielle de Tlemcen, ainsi que de riches" cultures.
 
 LES PROJETS 
       ------------Enfin, 
        tout un programme est actuellement à l'étude, dont la réalisation 
        progressive, sera l'oeuvre des années à venir. Citons rapidement 
        les projets : régularisation de l'Isser au sud d'Alger, qui permettra 
        l'extension massive des irrigations en Mitidja orientale, ainsi que l'alimentation 
        sûre de l'agglomération algéroise. Régularisation 
        du Sly, du Riou, affluents du Chéliff ; de la Bau-Namoussa et de 
        l'Oued-Kébir dans le Bônois ; ouvrages divers sur certains 
        oueds importants de l'Atlas Saharien, etc... LES DIFFÉRENTS 
        MODES D'IRRIGATION ------------Que 
        fait-on de cette eau si précieuse, régularisée à 
        grands frais par nos barrages-réservoirs ? II faut maintenant la 
        distribuer sur les terres en en perdant le moins possible, et en assurant 
        un service très souple parfaitement adapté aux exigences 
        diverses des terres et des cultures. Dans ce domaine des réseaux 
        d'irrigation modernes, il n'est pas exagéré de dire de l'Algérie 
        qu'elle est en tête du progrès et il est réconfortant 
        de voir l'étranger prendre souvent ici ses modèles. On ne 
        saurait s'appesantir, faute de temps, sur les caractéristiques 
        des différents réseaux. Disons que, suivant les formes topographiques, 
        ils sont établis soit en canaux préfabriqués en usine, 
        soit en conduite forcées en béton précontraint de 
        divers types, soit suivant un système mixte, et équipés 
        de multiples appareils automatiques simples fabriqués en série 
        pour le partage, la prise et le comptage (le l'eau. Les réseaux 
        du Sig (barrage des Cheurfas, puis du Sarno), de Perrégaux 
        (Bou-Hanifia), de Relizane (Bakhadda, puis du Taht), 
        du Bas-Chéliff, d'Orléansville ( Fodda), du Hamiz, 
        dominent au total une superficie d'environ 75.000 hectares sur laquelle 
        45.000 sont effectivement irrigués chaque année dans la 
        situation actuelle grâce à un cube d'eau annuel de 250 millions 
        de mètres cubes mesurés en tête des propriétés 
        (c'est-à-dire pertes déduites). Quand les aménagements 
        en cours seront terminés, les chiffres ci-dessus seront plus que 
        doublés, et l'on ne parle pas de ce qui est encore à l'état 
        de simple projet.------------A 
        qui peut suivre l'étonnante et rapide transformation d'une terre 
        sèche en terre irriguée, ou simplement traverser même 
        rapidement ces merveilleuses oasis que sont les périmètres 
        d'irrigation algériens, il n'est point besoin (le démontrer 
        le puissant intérêt d'une telle uvre sur le plan économique 
        et sur le plan social. Dans ce domaine, la politique d'investissement 
        hydraulique est une des plus fécondes qui soit pour l'avenir dit 
        pays.
 ------------Mais 
        tous les oueds ne sont pas régularisables, et les vastes plaines 
        fertiles justiciables d'un aménagement complet et moderne sont 
        malgré tout l'exception dans le " bled algérien ". 
        Et pourtant, plus on s'éloigne (le ces régions privilégiées 
        du Tell, et plus l'eau est la principale, voire la seule véritable 
        richesse. Tous les moyens doivent être employés pour faire 
        vivre les hommes grâce à l'eau
 ------------Un 
        aspect intéressant de ce qu'on appelle la " petite hydraulique 
        " est l'épandage des rares crues d'oueds généralement 
        secs. Dans des pays même très arides, si l'on a la chance 
        de pouvoir étaler sur la terre une crue d'automne qui permette 
        les labours et les semailles, et une crue de fin d'hiver, la récolte 
        (le céréales est assurée. Elle est souvent magnifique 
        à cause (le la masse d'éléments fertilisants amenés 
        par l'eau elle-même. Il n'est pas rare de voir, même en zone 
        saharienne, des récoltes extraordinaires, dont la valeur est exceptionnelle 
        à cause de la distance aux gros centres de production et de la 
        précocité. Aussi la construction de ces barrages d'épandage 
        utilisés de temps immémorial mais auxquels les moyens modernes 
        permettent (le donner une longévité et une efficacité 
        inconnues dans le passé, prend-elle (le plus en plus d'importance. 
        Certaines réalisations (lu genre sont même considérables, 
        comme ce barrage d'El-Fatah récemment construit sur l'oued M'Zi 
        en aval de Laghouat, qui permet d'épandre sur les vastes terres 
        (le cultures (le la rive droite les crues du Djebel-Amour dans le Sud-Oranais. 
        C'est par des procédés (le ce genre que, dans une région 
        proche de Colomb-Béchar, celle d'Abadla, les crues du Guir, descendues 
        du- Grand Atlas Marocain. fertilisent un vaste champ d'épandage, 
        une sorte de " delta central " très fertile, au lieu 
        d'aller se perdre sans profit eu plein Sahara, dans les sebkhas de la 
        Basse-Saoura.
 LES EAUX SOUTERRAINES ------------Si 
        l'homme ne peut pas discipliner, et de loin, toutes les eaux qui ruissellent, 
        la nature se charge de régulariser celles qui s'infiltrent dans 
        le sous-sol. Les nappes souterraines sont de merveilleux réservoirs 
        soustraits à l'évaporation, et affranchis de l'engravement. 
        Les sources en sont les exutoires naturels, et le captage rationnel (le 
        ces émergences constitue une tache très féconde. 
        Parfois il faut solliciter, la ressource au moyen de puits ou de forages,, 
        et en pompant. Parfois aussi les nappes sont jaillissantes, et cette eau 
        douce qui sourd des profondeurs dans des pays souvent désolés, 
        et crée ainsi une transformation quasi-miraculeuse, excite l'imagination. 
        des gens à un point tel qu'on veut des puits artésiens partout, 
        même en des endroits où il n'y a aucune chance de o réussir 
        de tels ouvrages. Pour ne citer que le plus évident (les succès 
        obtenus, les puits artésiens des Zibans et de l'Oued-R'Hir font 
        vivre par millions les fameux palmiers à " Déglet-Nour 
        " qui constituent pour l'Algérie une importante ressource 
        grâce à une sorte (le monopole mondiale de la qualité. 
        Si les forages artésiens de ces régions, exécutés 
        il y a déjà longtemps par de géniaux pionniers français 
        avec des moyens encore primitifs, sont en voie de dépérissement, 
        un vaste programme (le réfection, avec des moyens et (les méthodes 
        modernes. est d'ores et déjà en cours de réalisation. 
        Il est même permis d'espérer, au point où en sont 
        rendues de vastes et difficiles études d'hydrologie, qu'on pourra 
        dans un assez proche avenir, contrairement aux opinions reçues, 
        développer largement les superficies plantées et donner 
        plus de vie encore à ce " coin " particulièrement 
        favorisés du bas Sahara.------------Il 
        est assez vraisemblable en effet, en l'état actuel (les études, 
        que les nappes artésiennes (lu miopléocène de l'Oued-R'Hir 
        se trouvent suralimentées par l'énorme ensemble aquifère 
        des grès formant ce qu'on a appelé 'le " continental 
        intercalaire ". Cet appareil, dont la zone d'alimentation fondamentale 
        se trouve dans l'Atlas Saharien occidental et central, affleure de plus 
        au Nord-ouest, à l'Ouest et au Sud du plateau du Tademaït, 
        c'est-à-dire dans le Gourara. le Haut et Bas Touat, le l'idikelt, 
        toutes régions où il est exploité superficiellement 
        par un énorme réseau de galeries captantes qu'on appelle 
         foggaras, ou par (le primitifs puits à tirage. Avant 
        de s'enfoncer profondément vers l'Est en direction de la dépression 
        (le l'Oued R'Hir où elle devient progressivement imperméable, 
        cette puissante couche e t exploitée à El-Goléa par 
        forages artésiens peu profonds, et au M'Zab par pompage. Dans ces 
        deux régions, de vastes travaux sont en cours dont on attend une 
        amélioration décisive des conditions (le vie. A 6o km. dans 
        l'est du M'Zab, un grand forage de prospection vient de faire jaillir 
        de cette même couche, d'une profondeur de plus de 8oo m., ,une eau 
        excellente. qui permettra, grâce à une exploitation rationnelle, 
        (le créer, de nouvelles oasis dans une région où 
        il y a peu d'années, au cours d'une reconnaissance préliminaire, 
        nous avons eu la chance, grâce à une petite réserve 
        d'eau, (le sauver de la mort par la soif, une demi-douzaine d'individus.
 ------------Une 
        des utilisations de l'eau les plus fécondes, basée sur l'exécution 
        rie très petits ouvrages, est l'élevage d'ovins 'transhumants, 
        largement pratiqué sur une vaste partie ries hautes plaines et 
        sur la bande nord-saharienne. Les maigres pâturages d'armoise ou 
        de plantes herbacées à vie très courte qui naissent 
        avec les rares pluies, conviennent parfaitement au mouton du pays. à 
        laine suffisante et à chair savoureuse, même dans les conditions 
        où,- comme l'a écrit à peu près le géographe 
        Gauthier " paître devient un exercice 
        éminemment ambulatoire ". Mais il faut donner à 
        boire au mouton dans toute cette immense zone où existe ou peut 
        surgir le pâturage. Rares sources aménagées, puits 
        rustiques, citernes, parfois forages avec moyens de puisage, augmentent 
        rapidement les possibilités rie vie des bêtes, et la sécurité 
        de cette vie, pourvu que la densité des points d'eau soit suffisante, 
        l'ordre de grandeur (le l'espacement ne devant pas être supérieure 
        à vingt kilomètres. Mais ces points d'eau peuvent n'être 
        que très peu abondants, quelques mètres cubes par jour suffisent 
        à alimenter plusieurs milliers (le moutons. Cet aménagement 
        hydraulique du pâturage steppique, s'il ne résout pas tout 
        les problèmes (le l'élevage ovin, en est pourtant le substratum 
        indispensable. Un très gros effort est fait en ce moment dans ce 
        domaine. Instruites par les études de géologues et hydrologues 
        spécialisés, des équipes ambulantes de création 
        ou d'entretien de points d'eau, organisées en détachement, 
        de travail et d'essais, basée sur des centres fixés comportant 
        ateliers et magasins, exécutent en ce moment un travail dont l'efficacité 
        n'est plus à démontrer.
 L'AMENAGEMENT DU CHOTT 
        ECH-CHERGUI ------------Sans 
        sortir de ce sujet des eaux souterraines encore mystérieux et très 
        prometteur, et puisqu'il a été convenu de faire une place 
        aux perspectives d'avenir. il est utile de dire quelques mots d'une ressources 
        considérables, dont l'exploitation future est de nature à 
        "modifier profondément, l'aspect (le la question de l'eau 
        et de l'énergie dans la région tellienne située à 
        l'Est d'Oran. L'existence de cette ressource, connue depuis peu, ne pouvait 
        pas tomber sous le sens, ce qui est assez extraordinaire en soi : sa découverte 
        est oeuvre de réflexion à caractère scientifique.------------La 
        haute plaine oranaise. immense gouttière structurale orientée 
        WSW-ENE, comprise entre le versant sud calcaire de l'Atlas Tellien et 
        le versant nord gréseux rie l'Atlas Saharien, et dont le fond est 
        à la cote 1.000 reçoit en moyenne 300 m/m d'eau par an sur 
        une superficie de 40.000 km2. Grès et calcaires sont perméables 
        et le géologue, après étude, croit pouvoir affirmer 
        qu'ils sont en relais direct sous les terrains semi-perméables 
        d'apports continentaux. Il est bien certain que- sous le climat très 
        sec (le ces régions, une grande partie de l'eau précipitée 
        s'évapore, soit très rapidement, soit après avoir 
        plus ou moins ruisselé. Mais, pour prendre des chiffres extrêmement 
        prudents. il serait invraisemblable qui le coefficient d'infiltration 
        n'atteigne pas 5 % , étant donné la nature des terrains. 
        On peut donc affirmer sans crainte d'exagération que chaque année 
        6oo millions de m3 d'eau s'infiltrent dans cette zone. Que devient l'eau 
        ainsi descendue vers les profondeurs ? En vérité, on connaît 
        des exutoires qui sont, le fait est important, des résurgences 
        artésiennes naturelles d'eau douce : Ain-Skrouna, source du Kreider, 
        Aïn-Saouss, et d'autres moins importantes. A elles toutes, ces sources 
        ne débitent que i m3/seconde, soit environ le 1/20 de l'infiltration 
        estimée. Autre constatation curieuse, l'immense Chott Ech-Chergui, 
        qui n'est que très exceptionnellement mouillé par les eaux 
        de ruissellement. reste très humide même à la fin 
        des étés les plus durs, à telle enseigne que toute 
        tentative de circulation en voiture sur sa surface conduit inéluctablement 
        à l'enlisement. En fait, si l'on creuse un trou dans les sables 
        gypseux mêlés de limon fin qui en constituent la surface, 
        on trouve une eau terriblement salée entre 20 et 6o cm de profondeur, 
        suivant la saison.
 ------------Passant 
        sur toutes les idées intermédiaires et provisoires, pour 
        ne retenir que l'hypothèse (le travail actuelle on est conduit 
        à imaginer que 6oo millions de m3 d'eau percolent sous charge à 
        travers les terrains semi-perméables du Chott (qui se comportent 
        comme une sorte d'éponge artésienne) et s'évaporent 
        dans la couche superficielle très poreuse grâce au double 
        effet de l'ascension capillaire et (les échanges avec l'atmosphère. 
        Comme la surface évaporatoire a une superficie voisine de 2.000 
        km2, il suffit d'admettre que la tranche annuelle d'évaporation 
        sur le sol humide est de 3o cm dans un pays où, sur un plan d'eau 
        libre, elle dépasserait largement deux mètres.
 ------------L'idée 
        fondamentale d'exploitation consiste en un prélèvement par 
        ouvrages souterrains franchissant la ligne de crête septentrionale 
        et déversant les eaux dans les hauts bassins telliens (,affluents 
        de la Mina), en abaissant le niveau statique de manière à 
        soustraire la réserve à l'évaporation, et à 
        permettre une totale régularisation interannuelle. L'ordre (le 
        grandeur (le la tranche à vider serait de 50 m, mais alors, toujours 
        dans le cadre d'hypothèses prudentes, le volume emmagasiné 
        dans cette tranche parait être de l'ordre de 50 milliards de mètres 
        cubes, ce qui conduirait à prévoir pendant plus d'un siècle 
        le doublement du débit de renouvellement annuel moyen.
 ------------Voit-on 
        ce que représenterait un débit (l'eau douce d'au moins un 
        milliard de mètres cubes par an, parfaitement régularisé, 
        prélevé vers la côte 950 dans un réservoir 
        entièrement protégé, alors que les premières 
        utilisations agricoles sérieuses ne peuvent guère être 
        envisagées qu'au-dessus de la cote 200. Un milliard et demi de 
        kw/h par an. Puis l'irrigation de 200.000 hectares, sans compter la possibilité 
        d'implantation d'industries adaptées au pays. La géographie 
        humaine (le toute cette partie de l'Oranie s'en trouverait complètement 
        modifiée.
 ------------Or 
        toutes les études poursuivies grâce à l'installation 
        du centre de recherches de l'Aïn-Skrouna les études géologiques, 
        hydrologiques, climatologiques, physiques, les sondages, etc... donnent 
        des résultats (le plus en plus encourageant, et jusqu'ici rien 
        n'est venu infirmer l'hypothèse de travail, bien au contraire. 
        Pour le visiteur, dont la surprise est déjà grande (le trouver 
        en pleine steppe, au bord du Chott, un village confortable. des magasins, 
        des ateliers et des laboratoires, il est curieux (le pouvoir faire jaillir 
        d'un sondage. en ouvrant une vanne, au milieu d'un terrain qui n'est que 
        gypse et sel, un flot puissant d'une eau excellente pour l'Algérie, 
        puisque son résidu sec ne dépasse guère 1gr. par 
        litre.
 ------------Mais 
        il y a plus : une reconnaissance complète de toute la série 
        des chott algéro-tunisiens montre qu'ilsont entre eux un lien de 
        parenté très étroit. Il est vraisemblable que tous, 
        ou à peu près tous, Zahrez Rharbi, Zahrez Chergui, Hodna, 
        Melrhir et Mérouane, et aussi petits chott des hautes plaines constantinoises, 
        pour ne parler que des dépressions algériennes, sont eux 
        aussi des machines évaporatoires alimentée en charge par 
        le fond. Il est probable que leur ensemble dissipe chaque année 
        dans l'atmosphère quelque cinq milliards de m3 d'eau. Si le Chergui 
        est le plus intéressant parce que correspondant à l'appareil 
        hydraulique le plus vaste et le plus élevé, ne voit-on pas 
        qu'il y a là une énorme possibilité (le récupération 
        qui conditionne en grande partie l'avenir du pays ?
 L'ALIMENTATION DES VILLES 
        EN EAU POTABLE ------------J'en 
        terminerai enfin en mentionnant un aspect non encore abordé, mais 
        fort important, de l'équipement hydraulique de l'Algérie 
        : celui de l'alimentation en eau potable des villes, villages et petites 
        agglomérations. L'Agérie a dans ce domaine, il faut bien 
        le reconnaître, un assez gros retard. ------------Encore 
        faut-il reconnaître de bonne foi que, si cette insuffisance est 
        rendue plus sensible par la dureté du climat, elle n'est pas hors 
        d'échelle avec ce qu'on petit constater dans la Métropole. 
        Quoi qu'il en soit, la tâche à accomplir est lourde, mais 
        en ce moment les progrès sont rapides et substantiels.------------Il 
        serait fastidieux de vouloir décrire par le détail l'état 
        actuel de l'équipement, et de tenter de dresser le bilan des réalisations 
        en cours des dernières années. Disons simplement que, comme 
        partout, l'origine de l'eau est très diverse : captages de sources, 
        pompages dans des nappes souterraines, dans des sous-écoulements 
        d'oueds, puits artésiens, prélèvements sur des réserves 
        régulatrices. Disons aussi que parmi une multitude de réalisations, 
        à l'échelle courante, en tous pays, l'Algérie peut 
        d'ores et déjà s'enorgueillir d'un ensemble remarquable 
        en cours de réalisation ; l'alimentation de la région d'Oran 
        à partir du barrage-réservoir des Beni-Bahdel, conçue 
        pour un débit d'environ 100.000 m3 par jour. Grands souterrains, 
        stations de filtration et de correction chimique des eaux, conduite forcée 
        en béton fretté de 1,10 m de diamètre intérieur 
        pour des pressions atteignant 3o kg./cm2, de 165 km. de long, dispositifs 
        très modernes et spécialement étudiés de rupture 
        de charge permettant pour la première fois la commande automatique 
        par l'aval de tout le dispositif, usines destinées à utiliser 
        l'énergie des chutes, tout cela contribuera à faire de cetteadduction 
        une sorte de modèle du genre.
 ------------Il 
        y aurait beaucoup à dire sur les projets concernant l'agglomération 
        algéroise, sur ceux qui ont pour objet l'alimentation des très 
        nombreux villages de Kabylie et sur bien d'autres encore. Qu'il suffise 
        de savoir que l'Algérie, soucieuse de la vie matérielle 
        de ses enfants, se préoccupe non seulement de leur permettre de 
        vivre plus largement, mais encore de leur donner l'hygiène et le 
        confort.
 M. Georges DROUHINDirecteur du Service de la Colonisation
 et de l'Hydraulique.
 Conférence prononcée à Alger au Congrès de 
        l'Industrie et du Commerce, le 22 Avril 1948. Confédération 
        Générale du Patronat de l'Algérie.
 
 
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