| Les smalahs françaises installées sous l'Empire 
        ne furent qu'une adaptation de ce modèle turc.
 Elles regroupèrent autour d'un bordj solide, des spahis indigènes 
        qui avaient reçu des terres à cultiver, 10 à 20 hectares 
        selon la zone. Ils se logeaient comme ils l'entendaient, sous la tente 
        ou dans des gourbis. Ils n'étaient pas encasernés et vivaient 
        en famille. Le bordj ne servait qu'aux cadres dispensés d'agriculture 
        ; il pouvait aussi offrir un refuge en cas d'alerte.
 Chaque spahi devait prendre soin de son fusil et de son 
        cheval. Ses missions non agricoles étaient de servir de sentinelle 
        en renseignant les autorités françaises sur l'état 
        d'esprit des populations, et de participer à des enquêtes 
        de police ou à des arrestations dans les tribus voisines.
 Pour le choix des emplacements des smalahs, les Français suivirent 
        la même stratégie que les Turcs La carte souligne que l'on 
        a privilégié les axes de communication majeurs en région 
        montagneuse (ex. Berrouaghia et Moudjebeur dans le Titteri sur la RN 1) 
        ou en périphérie de massif montagneux (ex. Aïn Touta, 
        El Outaya ou Zeribet el Oued autour de l'Aurès).
 En 1871, quand les Bureaux Arabes furent supprimés 
        par la République, il y avait 16 smalahs correspondant chacune 
        à un escadron. Aucune, bien évidemment, n'était située 
        dans le Sahel algérois. Mais cette expérience exceptionnelle 
        de colonisation française par des soldats-cultivateurs arabes, 
        a dépassé de beaucoup, en importance et en durée 
        (les deux dernières furent dissoutes après 1918) celle des 
        soldats-colons de Bugeaud dans le Sahel, pourtant mieux connue. C'est 
        la raison de ce rappel historique un peu en marge de mon sujet.
 Le nombre de smalahs proches de la frontière tunisienne, si loin 
        des grands axes de communication est étonnant.
 
 Il s'explique néanmoins aisément par le souci d'empêcher 
        les incursions de pillards kroumirs venus de Tunisie, dans cette zone 
        montagneuse des monts de la Medjerda difficiles à surveiller. C'était 
        bien sûr avant le traité du Bardo de 1881 qui fit de la Tunisie 
        un protectorat français.Là les sphis des smalahs jouaient 
        le rôle de gardes-frontiére. Il en allait de même du 
        côté du Maroc, face à Oujda.
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