
          
          LE SERVICE DE LA PRÉVISION DU 
          TEMPS 
        Les précipitations 
          torrentielles qui se sont abattues sur l'Algérie depuis deux 
          mois ont amené beaucoup de personnes à se poser la question 
          suivante : " Les météorologistes peuvent-ils prévoir 
          ces calamités ? " Au Congrès de l'Eau, M. Petitjean, 
          chef de la Prévision du temps au Service météorologique 
          algérien, a, dans un rapport documenté, nettement défini 
          les possibilités d'une prévision des pluies à longue 
          échéance et, de son côté, M. Lasserre, directeur 
          du Service météorologique, a pu faire ressortir que, dans 
          le domaine de la prévision à brève échéance, 
          les progrès étaient indéniables. 
          Nous voici maintenant dans les salles où travaille presque en 
          permanence un personnel composé de météorologistes, 
          de télégraphistes et de radiotélégraphistes 
          du Service météorologique algérien ainsi que de 
          soldats du Service météorologique militaire spécialisés 
          dans les fonctions de cartographe ou de lecteur au son. Cette organisation 
          est le résultat de la collaboration entre l'Office national météorologique 
          de France et le Service météorologique algérien 
          ; elle est destinée à éviter la dispersion des 
          efforts en faisant de l'Université le lieu de concentration de 
          tous les renseignements nécessaires à l'établissement 
          des prévisions. Ces dernières sont des prévisions 
          " à brève échéance ", leur durée 
          de validité n'excédant pas vingt-quatre heures ; elles 
          sont basées sur l'emploi de " cartes synoptiques " 
          où figurent les observations d'Europe et d'Afrique du Nord faites 
          à des heures fixes : 7 h., 13 h. et 18 h. du temps moyen de Greenwich. 
          L'écoute des " météogrammes " émis 
          en langage chiffré par les grands postes de T. S. F. (Paris, 
          Londres, Madrid, Rome, Tunis, Rabat, etc.) s'échelonne sur une 
          durée de 3 à 4 heures après les heures d'observation. 
          En outre, les données des stations du réseau algérien 
          sont reçues par fil. 
          
          Au fur et à mesure que les messages arrivent, ils sont déchiffrés 
          par les cartographes qui reportent sur des canevas au 25 ou au 6.000.000°, 
          à l'aide de signes conventionnels, les diverses observations 
          : pressions, vents, températures, nébulosités, 
          etc.. Les météorologistes tracent ensuite sur certaines 
          cartes les lignes d'égale pression (" isobares ") ; 
          sur d'autres, ils dessinent les lignes d'égale variation de pression 
          au cours d'un intervalle de temps déterminé (" isallobares 
          " de 24, 12, 6 ou 3 heures) ; sur d'autres encore, ils délimitent 
          les aires de nébulosité (ciel clair, nuageux, très 
          nuageux ou couvert) ; sur les dernières cartes, enfin, ils tracent 
          les " lignes de flux " montrant la marche des courants aériens 
          d'origines diverses ainsi que leurs zones de conflit appelées 
          " discontinuités ". 
          
          Une fois les prévisions établies, elles sont diffusées 
          pour être mises rapidement à la disposition des intéressés. 
          La première, qui concerne les vents sur le Bassin méditerranéen 
          et est destinée aux navigateurs, est émise à 11 
          h. 30 par le poste de T. S. F. de la marine de Sidi-Ahdallah (Bizerte). 
          Puis vient la prévision agricole rédigée sous la 
          forme d'un message chiffré transmis tous les jours, sauf le dimanche, 
          vers midi, au Central télégraphique d'Alger qui le réparti 
          dans 14 centres agricoles d'où il est enfin téléphoné 
          aux abonnés. La prévision générale paraît 
          chaque jour au Bulletin quotidien du Service météorologique 
          de l'Algérie, tiré à 350 exemplaires à la 
          presse lithographique et distribué aux Instituts, Observatoires 
          et Services météorologiques de France et de l'étranger, 
          aux Directions du Gouvernement général ainsi qu'aux journaux 
          d'Alger. 
          
          Une autre sorte de renseignements que fournit le Service météorologique, 
          sont les " avis de tempête " destinés aux marins 
          et aux pêcheurs. Lorsqu'un coup de vent est prévu, l'Officier 
          de Port est alerté par le Service de la prévision qui 
          lui indique de quel point de l'horizon va surgir la bourrasque. L'Officier 
          de Port fait alors hisser un signal de tempête, constitué 
          par un ou deux cônes disposés suivant une convention internationale, 
          face au Bâtiment de la Direction du Port de Commerce 
          (Môle Lyvois). 
          
          Lorsqu'un aviateur, civil ou militaire, veut exécuter un déplacement, 
          il demande au Service de la prévision un " avertissement 
          " de manière à connaître avant son départ 
          l'état du ciel, les vents et la visibilité le long du 
          parcours qu'il doit suivre. Comme ces renseignements exigent une grande 
          précision, la durée de validité des " avertissements 
          " se trouve réduite à six heures. 
          
          Aux passagers qui désirent connaître avant d'embarquer 
          quel sera l'état de la mer pendant leur traversée, aux 
          commerçants qui expédient ou entreposent telles denrées 
          périssables, aux industriels qui font exécuter des travaux 
          en plein air et, d'une manière générale, à 
          tous les particuliers qui désirent être renseignés 
          sur le temps à venir, le Service météorologique 
          est fréquemment appelé à fournir des pronostics 
          et le nombre de demandes qu'il reçoit est une attestation de 
          la foi du public dans l'exactitude de ces derniers.