| ----- Mon quartier de Mustapha/ 
        Champ de Manoeuvres pour l'appeler par son nom - occupait le Rond Point 
        du Champ de Manuvres de la ville de Mustapha (rattachée à 
        la Ville d'Alger en 1902), dont la Mairie, située rue du 4 Septembre, 
        vit le mariage de mes parents en juin 1894. Ceux-ci vinrent loger, à 
        cent mètres de ladite Mairie, au 75 de la rue Sadi Carnot (Cité 
        Larade) où mon père avait son échoppe d'artisan serrurier. 
        Ils habitèrent ensuite au 89 de la rue Sadi Carnot (Cité 
        BARTHE), puis chemin Bobillot, puis rue Bel-Air et Bichat. En 1915, ils 
        habitèrent au 2 de la rue de Lyon jusqu'en 1939. A cette date, 
        après mon mariage, je logeais Place Sarrail, puis au 16 de la rue 
        de Lyon jusqu'en 1960. Toutes les rues ci-dessus confluaient vers le Carrefour 
        du Champ de Manuvres----- Dans les années 1920, ce Carrefour 
        du Champ de Manuvres comprenait essentiellement la rue Sadi Carnot, 
        qui débouchait du carrefour de l'Agha et qui prenait la direction 
        d'Hussein-Dey et de Maison-Carrée, et le début de la rue 
        de Lyon qui partait en direction de Belcourt et Kouba. Ces deux grandes 
        artères d'ALGER longeaient le Champ de Manuvres, au nord 
        par la rue Sadi Carnot, au sud par la rue de Lyon.
 Qu'était le CHAMP-DE-MANOEUVRES 
        ? -----C'était 
        un vaste terrain militaire d'une superficie de 25 hectares environ, entièrement 
        libre jusqu'en 1928, date de la construction par la ville d'ALGER des 
        premières cités H.B.M., appelées plus tard H.L.M.-----Le 
        Champ de Manoeuvres était donc entre la rue Sadi Carnot (face bordée 
        d'arbres) au nord, le mur de l'Arsenal à l'est (allant de la rue 
        de Lyon à la rue Sadi Carnot), la rue de Lyon au sud, le rond-point 
        à l'ouest dégageant l'entrée du Champ de Manuvres. 
        Le Champ de Manuvres, terrain essentiellement militaire, avait octroyé 
        dans un de ses angles (côté Sadi Carnot - face rond-point) 
        un terrain que la Ville d'ALGER avait aménagé en jardin 
        public assez vaste et clôturé sommairement par une barrière 
        en lames de châtaignier, le sol était de la terre battue 
        de tuf. Dans ce square, il y avait des massifs de plantes décoratives 
        (genre bigaradier, bambou) et des fleurs (canna et aubépine). Dans 
        le centre, un vaste kiosque à musique en forme de polygone multipans 
        surélevé. Il y avait aussi des ficus et des bancs en bois 
        sur le pourtour intérieur. C'était le centre du quartier 
        où les enfants, accompagnés ou non, se rendaient pour s'ébattre 
        et se livrer à des jeux divers, ainsi que les adultes, jeunes et 
        moins jeunes, qui venaient pour discuter de tout et pour écouter 
        les concerts de la Sté Philharmonique " L'Africaine de Mustapha 
        " dont le Président était Monsieur Albert CHAUZY, puis 
        Monsieur François TOCHE. Le chef d'orchestre était Monsieur 
        Henri SIACCI, également Maître des Grandes Orgues de Ste-Marie-St-Charles 
        de l'Agha, Chef de la Clique Monsieur Abel BOURSAUD, etc., de même 
        que la Sté l'Estudiantina de Mustapha Orphée, orchestre 
        à cordes à plectre (mandolines et guitares) qui avait son 
        siège dans les anciens locaux de la mairie de MUSTAPHA, rue du 
        4 Septembre (Président Monsieur Démétrio GARCIA, 
        Chef d'Orchestre Monsieur Lucien PAGÈS, puis Monsieur Michel SCHIANO). 
        Il y avait des concerts diurnes ou nocturnes (le kiosque était 
        là pour ça), il y avait aussi les bals du 14 Juillet ou 
        les bals des fêtes du quartier pendant l'été. Pour 
        ces manifestations, le jardin était décoré de guirlandes, 
        de drapeaux et de pavillons, une porte d'entrée monumentale était 
        éclairée " à giorno ", d'abord à 
        l'acétylène, puis à l'électricité. 
        Pendant ces fêtes, des jeux étaient organisés les 
        après-midi des jours fériés pour les enfants et les 
        jeunes du quartier: mât de cocagne, course en sac, jeu de matraquage 
        à l'aveuglette de marmites suspendues et lâchers de montgolfières. 
        Les bals se déroulaient le dimanche soir. Les familles, comprenant 
        les épouses, les mères, les filles et les enfants, prenaient 
        place sur des chaises de location, tout autour du kiosque où l'orchestre 
        était installé. Les hommes jeunes, ou moins jeunes, se tenaient, 
        en principe, debout, derrière les chaises, reluquant de loin les 
        cavalières potentielles. L'orchestre était composé 
        d'une douzaine de musiciens environ, avec cornet à piston, clarinette, 
        saxophone, trombone, basse, contrebasse (cuivre), caisse claire, grosse 
        caisse et cymbales. Les batteries de jazz n'existaient pas, pas plus que 
        la sono. L'orchestre jouait trois séries de danses en commençant 
        chaque série par une polka, une mazurka (ou java), une scottish, 
        une valse, un quadrille formant des groupes de quatre couples. Le bal 
        se terminait vers minuit par le grand quadrille endiablé des Lanciers. 
        Pour les concerts organisés l'après-midi, les orchestres 
        étaient au complet, soit 60 musiciens environ pour l'Africaine 
        et 40 pour l'Estudiantina.
 -----Au cours de ces festivités, des 
        concours de boules étaient organisés à l'extérieur 
        du jardin, sur un terrain non aménagé. Ainsi, toute l'année, 
        les joueurs fanas de " longue " pouvaient s'entraîner 
        et jouer tous les jours dans des parties acharnées (avec ou sans 
        enjeu).
 Il faut préciser que l'A.S.B.A. (Association Sportive de la Boule 
        Algéroise) avait son siège 91, rue Sadi Carnot (en face 
        du jardin) au Bar des Boulomanes, tenu par Monsieur Florentin BONNET, 
        leur président de la Fédération Bouliste d'Afrique 
        du Nord. La plupart des concours de boules étaient organisés 
        sur ce terrain et ils étaient dotés par les fabricants de 
        spiritueux tels que REBAUD FILS AÎNÉ, ANIS CRISTAL LIMINANA, 
        FLOR DE ANIS GRAS FRÈRES, PHÉNIX-KANOUI ET LACKAR, etc.
 -----Une foire foraine venait s'installer 
        pendant la saison estivale et séjournait pendant deux mois environ 
        sur une parcelle du Champ de Manuvres contiguë au jardin, entre 
        le jardin et la rue de Lyon. À cette foire foraine, il y avait 
        des gaufres, des glaces, des pâtisseries (bizarrement, les sucreries 
        arabes étaient absentes). Je dois signaler que nous disposions 
        en permanence, à l'entrée du jardin, d'une vaste baraque 
        où Madame GAUTIER nous approvisionnait à longueur d'année 
        en glaces et sorbets qu'elle fabriquait sur place en tournant à 
        la main sa sorbetière et qu'elle nous vendait en forme de " 
        gaufrettes ". -----Dans la partie attraction 
        manèges, il y avait le manège des chevaux de bois de Monsieur 
        LOUIS, installé toute l'année sous les fenêtres de 
        mes parents situées 2, rue de Lyon. Pourquoi toute l'année? 
        Parce que Monsieur LOUIS était Algérois. Ce manège, 
        tout ce qu'il y a de plus classique, était actionné par 
        un cheval que Monsieur LOUIS amenait les jours de foire et qu'il faisait 
        passer au centre du manège pour le faire tourner, après 
        avoir démonté un panneau du plancher du manège. C'était 
        simple!
 -----Il y avait " Les Vagues de l'Océan 
        ", " Le Gouffre du Maelstrôm "; celui-ci fonctionnait 
        à bras d'hommes, en faisant tourner d'abord la plate-forme surélevée 
        dans le vide d'un plancher, lui aussi surélevé. La plate-forme 
        était suspendue par des suspentes inclinées, accrochées 
        à une grosse rotule centrale reposant sur le mât central 
        du manège et qui permettait à l'équipe de fonctionnement 
        d'imprimer à la plate-forme les balancements de la houle. Les gondoles 
        étaient accessibles par le plancher circulaire et surélevé 
        où se trouvaient dés escaliers monumentaux partant du sol. 
        Ces escaliers étaient décorés de statues, de sirènes, 
        de marins, de grands navigateurs, et il y avait de grands panneaux portant 
        le nom des grands ports du monde, ainsi que ceux des grands navigateurs. 
        L'ensemble des décorations était peint en bleu océan 
        et blanc et surmonté d'arcs équipés de centaines 
        de lampes électriques.
 -----L'ambiance musicale était assurée 
        par un immense et merveilleux orgue Limonaire sur remorque indépendante 
        qui jouait tous les chants patriotiques et les marches militaires de la 
        guerre de 1914, ainsi que les airs d'opéras et d'opérettes 
        anciens et modernes. La force motrice pour le fonctionnement de cet orgue, 
        ainsi que tout l'éclairage du manège, étaient assurés 
        par l'électricité produite par une dynamo entraînée 
        par un moteur thermique à essence (le diesel n'était pas 
        encore dans le domaine public). Ce merveilleux manège, pour l'époque, 
        était l'invention, la réalisation et la propriété 
        de Monsieur Marius LEPÈRE qui vivait dans une immense et merveilleuse 
        roulotte (que l'on nommerait aujourd'hui " super caravane ") 
        près de son manège.
 -----On pouvait aussi admirer (ou bien utiliser) 
        dans cette fête foraine, le manège de Monsieur VELLA, nommé 
        " Les Montagnes Russes " (aujourd'hui La Chenille). Ce manège 
        était tout à fait original, car il fonctionnait à 
        la vapeur produite par une chaudière verticale (genre Field), chauffée 
        au charbon, avec une cheminée qui sortait par le centre du chapiteau 
        circulaire en toile et sifflet de locomotive à deux tons. Ladite 
        chaudière alimentait en vapeur un mécanisme alternatif vertical 
        entraînant le mouvement de rotation du manège proprement 
        dit, composé de gondoles roulant dans un monorail en U circulaire 
        à profil de sinusoïde vertical, figurant alternativement les 
        vallées et les sommets des monts de l'Oural. La grande attraction, 
        pour ce manège, était de regarder les démarrages 
        de la rotation avec les purgeurs du cylindre ouverts et crachant de la 
        vapeur dans un sifflement strident qui couvrait les harmonies égrenées 
        par un Limonaire relativement modeste. Cela valait le démarrage 
        de la locomotive du train d'ORAN, en gare de l'AGHA.
 -----Il y avait une autre attraction qui 
        attirait les adolescents curieux dont je faisais partie. C'était 
        un manège qui se nommait " The Whip " (le fouet). C'était 
        un ensemble de panneaux rectangulaires, avec un revêtement en tôle 
        d'acier, formant un plateau de 15 m environ de longueur et 5 m environ 
        de largeur surélevé de 0,50 m au-dessus du sol. À 
        chaque extrémité de ce plancher métallique était 
        disposé un volant de 2m environ de diamètre couché 
        à plat. Dix mètres environ les séparaient. L'un de 
        ces volants était entraîné dans une rotation par un 
        moteur explosion Bernard (les moteurs fixes à essence Bernard compacts 
        étaient à l'époque les plus " high tech "), 
        un second moteur identique au premier, entraînait une dynamo fournissant 
        l'éclairage et la décoration de l'ensemble, l'autre volant 
        situé l'autre extrémité était " fou ", 
        autrement dit libre. Entre les deux volants, un câble sans fin était 
        tendu. Des gondoles, montées sur quatre galets à chape pivotante, 
        étaient rattachées au câble par l'intermédiaire 
        d'un jeu de deux bielles assemblées en compas fermé par 
        un ressort puissant. Lorsqu'une gondole arrivait sur un des volants en 
        rotation, la force centrifuge la lançait violemment vers l'extérieur 
        en l'éloignant du volant par la détente du ressort du système 
        de liaison au câble: c'était le coup de fouet.
 -----À côté de tous ces 
        manèges, il y avait des balançoires, des baraques de loteries 
        de vaisselle, des tirs à la carabine, des jeux de massacre, de 
        pêche aux vins mousseux.
 -----Certains cirques, comme le Cirque FEDRIZZI, 
        le Cirque JOYAT, le Cirque ZAVATTA (Achille ZAVATTA était né 
        ALGER), venaient installer leur chapiteau sur le Champ de Manoeuvres en 
        bordure de la rue de Lyon. Ils y séjournaient quelques fois pendant 
        un hiver pour réaliser l'entretien de leur matériel.
 (suite prochain numéro)
 
 -----Nous avions à l'année 
        Monsieur FOLKER. Qui était ce Monsieur FOLKER? C'était un 
        " pépino ", homme de cirque, pauvre et besogneux, qui 
        présentait un spectacle en plein air, sans chapiteau, au centre 
        d'un cercle formé de bancs démontables sur deux rangées 
        et entourant un portique avec anneaux et trapèze. Un vieux tapis, 
        complètement élimé, posé sur le sol, figurait 
        la piste. Ce pépino donc présentait, avec quatre ou cinq 
        acolytes, un spectacle de numéros d'acrobatie aux agrès, 
        ou des contorsions au sol, ou des numéros de force avec poids et 
        haltères, des numéros de chiens savants, ainsi que des entrées 
        comiques avec clown et auguste. Le spectacle se déroulait le soir 
        à la lumière des lampes à acétylène, 
        ou l'après-midi pour les enfants lorsque le temps le permettait.
 -----Les spectateurs pouvaient s'asseoir 
        et profiter du spectacle, mais devaient verser, autant que possible, une 
        obole lors de la quête, juste avant la fin de la représentation.
 -----Comme je l'ai dit plus haut, le CHAMP-DE-MANOEUVRES 
        était bordé sur sa façade sud par la rue de Lyon, 
        sur une longueur de 900 m environ (depuis le carrefour de Mustapha jusqu'au 
        mur de l'Arsenal à BELCOURT). Cette langue de terre de 40 m environ 
        de largeur n'était percée d'aucune rue transversale " 
        classée ", reliant la rue de Lyon au cur du CHAMP-DE-MANOEUVRES. 
        Ce terrain de 40000 m2 environ était géré par une 
        Société Immobilière qui louait des parcelles, couvertes 
        ou non, de constructions légères (provisoires) à 
        des commerces, des dépôts de matériel, des artisans, 
        une " usine ", une villa d'habitation, etc. et deux vestiges 
        de la Belle Époque Algéroise 1900, c'est-à-dire des 
        piliers en ruine, en bordure de la rue de Lyon, sur un terrain face à 
        l'école Chazot loué à la SACITA (Société 
        Anonyme de Constructions Industrielles et de Travaux d'Art), des anciennes 
        arènes d'ALGER. Et oui, à cette époque, ALGER avait 
        ses heures de tauromachie comme sa soeur ORAN. La deuxième curiosité 
        célèbre était le " skating parc ", un vaste 
        bâtiment en bois, en bordure de la rue de Lyon (face au couscous 
        Ferrero) avec parquet jointif en bois, pour patineurs sur roulettes. Cet 
        établissement fut transformé (après 1920) en dancing 
        sous le sigle d'" Attraction-Parc ", avec l'arrivée du 
        charleston.
 -----Les occupants de ces locaux étaient, 
        à peu près, en partant du Rond-Point du CHAMP-DE-MANOEUVRES 
        vers BELCOURT, côté des numéros impairs de la rue 
        de Lyon, dans l'ordre
 - TRIPOTIN, réparateur de gros matériels et entrepreneur 
        de défoncements à vapeur pour l'agriculture;
 -Le Garage APRILE-SERVAJEAN et FRAYSSE ;
 -GIUDUCELLI, peinture et sellerie pour véhicules hippomobiles ;
 -Louis GUARDIOLA (puis GREGORI et LOMBARDI), commerce de vieux métaux;
 -DOMENECH (puis CORVINO et MENY), Atelier de chaudronnerie/métaux 
        ; Villa habitation de -Monsieur Albert CHAUSY;
 -BOTELLA frères, atelier de charronnage, carrosserie hippomobile/forges; 
        BRUSTIER, commerce de bois d'uvre;
 -SACITA, Entrepôt du matériel d'Entreprise de Travaux Publics;
 -PORTIER, grumes et sciages;
 -GARCIA, Ateliers de forges, ouvrages de serrurerie de bâtiments, 
        charpentes métalliques (puis, Cinéma le Mondial) ;
 -DORSCH, Entreprise de déménagements par fourgon hippomobile, 
        écuries ;
 -AUMASSIP, chaudronnerie cuivre (puis -CACCIOTOLO et ABIAN);
 -GOMEZ, mécanique automobile;
 -SINTÉS et FIEVET, peinture automobile;
 La salle de réunion, de répétitions, de bals et manifestations 
        de la Philarmonique
 "l'Africaine de Mustapha " ;
 - L'Usine PÉTOLAT (de Dijon) dont Monsieur Albert CHAUSY était 
        le patron et qui vendait, réparait ou louait du matériel 
        Decauville et du matériel d'exploitation de carrières;
 -Ateliers HANSSENS, construction de remorques pour camionnage automobile;
 -Ateliers de mécanique générale BOUGARD et BONESTEVE;
 -Commerce de bois de construction NOQUE et JUANICO (puis Monsieur
 -DEBENEST, Boulonnerie Algérienne);
 -Fabrique de carrelages en ciment comprimé ACQUAVIVA ;
 -Garage BOU;
 -Ets. Noël DUMONT de Lyon, puis Ets. DUPRAT et BRUEL, commerce de 
        vieux métaux et aciers marchands neufs.
 -----Toute l'occupation de cette partie du 
        CHAMP-DE-MANOEUVRES, longeant la rue de Lyon, a été changée 
        par le percement de rues perpendiculaires ou parallèles à 
        ladite rue et la vente par lots des terrains à des particuliers 
        et la construction d'immeubles.
 -----Revenons au CHAMP-DE-MANOEUVRES, terrain 
        appartenant en majorité au Ministère de la Guerre.
 -----C'était le lieu destiné 
        aux manuvres des personnels des deux régiments cantonnés 
        dans la rue Margueritte: le 5è Régiment de Chasseurs d'Afrique 
        (Quartier Margueritte) et le 27è Régiment du Train des Équipages 
        Hippomobiles (Quartier Gueydon). La rue Margueritte (côte des Chasseurs) 
        montait du Rond-Point à l'angle du numéro 2 de la rue de 
        Lyon, vers le " Pâté " (Plateau Saulière), 
        séparant à gauche les deux casernes et, à droite, 
        d'abord le mur d'enceinte du Parc à Fourrage (militaire) et, plus 
        haut, le mur d'enceinte Est de l'Hôpital Civil de MUSTAPHA. Au Quartier 
        Margueritte était stationné (en subsistance) un peloton 
        détaché du 1" Régiment de Spahis de Médéa 
        avec leurs montures. Ce peloton représentait la garde d'honneur 
        du Gouverneur de l'ALGERIE, en grand apparat dans toutes les réceptions 
        officielles et assurait les gardes au Palais d'Entéà MUSTAPHA 
        Supérieur. Plusieurs fois par semaine, les Cavaliers Chasseurs 
        d'Afrique descendaient vers le CHAMP-DE-MANOEUVRES pour participer à 
        des exercices avec leurs montures: exercices de trot, de galop, d'attaque 
        au sabre sur cible mannequin, de sauts d'obstacles, de séparation 
        et de regroupement, de leçons d'équitation pour les nouvelles 
        recrues, etc.
 -----Quelquefois, la Fanfare de Trompettes 
        de Cavalerie Montée du Régiment, avec le timbalier en tête, 
        précédait, en musique, les cavaliers se rendant sur le terrain 
        de manuvres.
 -----De même, les cavaliers spahis, 
        en grand apparat, se rendant en service commandé à une manifestation 
        officielle, faisaient sensation parmi les badauds sur leur passage.
 -----Les tringlots descendaient par convois 
        d'une douzaine d'" arabas " tirées par deux mulets, manoeuvraient 
        pour former des conducteurs et promenaient les brêles.
 -----Le Parc à Fourrage, dont l'entrée 
        se situait sur l'Esplanade, face au Rond-Point, était le lieu d'une 
        intense activité par les allées et venues incessantes de 
        véhicules militaires, prolonges, fourragères, etc. Des unités 
        de la Garnison d'ALGER et de sa banlieue venaient s'approvisionner en 
        aliments pour leur cavalerie. L'activité sur cette Esplanade était 
        d'autant plus intense que la ville d'ALGER y détenait un " 
        Poids Public ", pont bascule procédant au pesage de marchandises 
        diverses chargées sur camions hippo ou auto, et délivrait 
        un bulletin officiel de poids, constaté brut d'abord et net ensuite.
 -----De plus, les rues Bichat et Bel Air 
        débouchaient côte à côte devant le Parc à 
        fourrage et entre les deux rues se trouvait l'entrée du garage 
        des véhicules auto du Service de Nettoiement de la ville d'ALGER 
        à savoir: des arroseuses (SCHNEIDER), des balayeuses (LAFFLY), 
        des bennes à ordures ménagères (LATIL). Les arroseuses 
        opéraient dans la journée, circulant au milieu des grandes 
        artères, arrosant à la fois les deux côtés 
        de la chaussée. Les balayeuses sortaient de nuit; j'entendais souvent 
        de ma chambre (lorsque je veillais pour préparer mes colles du 
        lendemain) une espèce de chuintement produit par le frottement 
        sur les pavés en granit du balai rotatif, disposé en diagonale 
        entre les roues avant et les roues arrière du véhicule, 
        sous une citerne à eau afin d'humecter le sol poussiéreux. 
        Les bennes à ordures ménagères sortaient au petit 
        matin pour la collecte journalière des ordures ménagères, 
        mais ces véhicules n'étaient pas munis de compacteurs, comme 
        les bennes actuelles.
 -----Séparé du Garage du Nettoiement 
        par la rue Bel Air, c'était le Bureau de Poste de Mustapha Inférieur 
        (ainsi dénommé par l'Administration des PTT pour le différencier 
        du Bureau de Poste de Mustapha Supérieur) dont l'entrée, 
        sur sa façade principale, était rue Sadi CARNOT, sa façade 
        latérale était sur l'Esplanade, devant le Parc à 
        fourrage, et la façade arrière, rue Bel Air.
 -----Le CHAMP-DE-MANUVRES était 
        le lieu où se déroulait la grande revue du 14 juillet, ainsi 
        que la revue commémorant l'Armistice du 11 novembre.
 Pour le 14 juillet, les festivités débutaient la veille, 
        organisées par le Comité des Fêtes de Mustapha dont 
        mon père était le Président. C'était la retraite 
        aux flambeaux qui partait, dès 21 heures, du carrefour de l'Agha 
        et défilait par la rue Sadi CARNOT et la rue de Lyon, décorées 
        d'oriflammes tricolores, jusqu'à BELCOURT. Ce défilé 
        était composé d'une brigade de sapeurs-pompiers, porteurs 
        de torches, qui encadrait le défilé. Puis, en tête, 
        quelques fonctionnaires de police pour canaliser la circulation, puis 
        quelques membres du Comité des Fêtes, puis la Philharmonique 
        l'Africaine de Mustapha avec sa clique de tambours et clairons, faisant 
        résonner les cuivrées. Venait ensuite la foule des Algérois 
        et Algéroises de tous âges, les uns porteurs d'un drapeau 
        tricolore, les autres porteurs d'une canne en roseau avec une lanterne 
        vénitienne suspendue à son extrémité supérieure 
        et allumée d'une bougie, puis, venait la clique de tambours et 
        clairons, trompettes, basses du Patronage Saint Bonaventure, puis, de 
        nouveau, la foule avec drapeaux et lanternes vénitiennes (appelées 
        communément " ballons "), et, pour clôturer le 
        défilé, la clique de tambours et clairons des Sapeurs Pompiers. 
        Le passage du défilé se faisait au pas, dans le brouhaha 
        de la musique, des cris, des chants, des éclatements de pétards, 
        des applaudissements des gens sur les trottoirs et massés aux fenêtres 
        et balcons des immeubles pavoisés de drapeaux tricolores et de 
        drapeaux des nations alliées qui avaient participé à 
        la victoire de 1918, ainsi que de lanternes vénitiennes (éclairées 
        celles-là à l'électricité).
 -----Les tramways, soit des CFRA, soit des 
        TA, étaient également pavoisés.
 -----Le jour du 14 juillet, l'armée 
        prenait le relais avec la Grande Revue sur le CHAMP-DE-MANUVRES 
        qui se déroulait le matin entre 10 heures et midi.
 La tribune officielle, pour les autorités civiles, militaires ou 
        religieuses et pour les invités, était dressée au 
        milieu du CHAMP-DE-MANUVRES. Pour la petite histoire, je dois rappeler 
        qu'à la grande époque Algéroise, MUSTAPHA avait, 
        sur le CHAMP-DE-MANUVRES, des tribunes en dur sur un champ de courses 
        (de chevaux) dont les vestiges subsistaient après 1918.
 -----Donc, le Gouverneur Général 
        de l'ALGÉRIE et ses collaborateurs directs, le Général 
        commandant le 19e Corps d'Armée et son Etat-Major, puis les corps 
        de troupes des Régiments de la Garnison d'ALGER et de sa banlieue 
        arrivaient et se rangeaient en carré, drapeaux en tête, face 
        à la tribune. Il y avait une Compagnie du 9è Régiment 
        de Zouaves de la caserne d'Orléans avec leur clique de tambours 
        et clairons et leur grand orchestre philharmonique, puis une Compagnie 
        du 5è Régiment de tirailleurs Algériens de MAISON 
        CARRÉE avec sa nouba et son bélier en tête, puis une 
        Compagnie du 13' Régiment de tirailleurs Sénégalais 
        de la caserne Martimprey, puis une Compagnie du 45' Régiment du 
        Génie de la caserne Lemercier à HUSSEIN-DEY, puis un escadron 
        monté du 5' Régiment de Chasseurs d'Afrique avec sa fanfare 
        de trompettes de cavalerie, timbalier (toujours aussi populaire) en tête, 
        un peloton de Cavaliers du 1" Spahis de Médéa, en grande 
        tenue avec double burnous (un blanc + un rouge), puis un peloton monté 
        de la Gendarmerie Nationale puis un convoi du 27' Train des Équipages 
        avec leurs véhicules hippomobiles, un détachement des Sapeurs 
        Pompiers avec leur clique de tambours et clairons.
 La cérémonie commençait par la remise de décorations, 
        puis le Général passait les troupes en revue, s'arrêtant 
        et saluant chacun des drapeaux. Le défilé des troupes poursuivait 
        la manifestation et repartait, musique en tête, vers leurs casernements 
        respectifs, sous les acclamations et les applaudissements de la foule 
        des citadins massés sur leur passage et sur les balcons pavoisés 
        des immeubles des rues Sadi Causas et de Lyon.
 -----Dans l'après-midi du 14 juillet, 
        étaient organisées, par le Comité des Fêtes, 
        dans le square du CHAMP-DE-MANUVRES décoré et pavoisé, 
        des réjouissances avec concert pour les anciens et jeux divers 
        pour les jeunes et, alentour, la fête foraine battait son plein. 
        Dans la soirée, débutait un grand bal populaire avec un 
        orchestre de l'Africaine qui était suivi par un grand feu d'artifice 
        tiré par les Ets. Ruggieri.
 -----Le 14 juin 1930, qui célébrait 
        le Centenaire de l'ALGÉRIE, fut particulièrement grandiose, 
        car les troupes participant à la revue militaire étaient 
        vêtues des uniformes de l'époque du débarquement de 
        Sidi FERRUCH.
 -----Le CHAMP-DE-MANUVRES avait encore 
        une autre utilité. C'était le lieu où venaient s'entraîner 
        et jouer pour des matchs interclubs, des équipes de football des 
        clubs Algérois, tels le Gallia Sports Algérois, l'ASM (Association 
        Sportive Montpensier), le Red Star, le RCA (Racing Club Algérois), 
        etc. Mais il fallait, avant de jouer, préparer préalablement 
        le terrain, c'est-à-dire apporter les bois et planter les buts 
        et tracer le terrain à la chaux. Ceci, jusqu'au jour où 
        Messieurs CHAMPAUX et DORMOIS obtinrent la concession de construire le 
        1er Stade d'ALGER (il y avait bien le Stade Mingasson, stade militaire 
        situé au-dessus de la CASBAH) dans un angle du CHAMP-DE-MANUVRES 
        sur la rue Sadi Carnot, face au dépôt des CFRA (Chemins de 
        Fer sur Routes d'ALGÉRIE). Ce stade avait des aménagements 
        sommaires, mais minima et permanents. Il dura jusqu'en 1930, date de la 
        construction du Stade d'ALGER, rue de Lyon, mitoyen du Jardin d'Essai.
 |  | -------MUSTAPHA 
      avait une Société de Gymnastique qui se nommait à l'origine 
      le Club Gymnastique de MUSTAPHA, puis la Tricolore, puis le Ralliement de 
      MUSTAPHA, qui avait sa salle dans les voûtes, sous le petit Lycée, 
      sur le bas de la rue Edgar QUINET; nous avions au Ralliement un Champion 
      de France aux agrès, nommé Jeannot RIZZO. Ce Club (dont j'étais 
      membre) se rendait sur le CHAMP-DE-MANOEUVRES pour effectuer des mouvements 
      d'ensemble, en particulier que nous appelions des " pyramides " 
      qui nécessitaient une quarantaine de gymnastes ou plus. -----Le CHAMP-DE-MANUVRES 
      fut, en 1922 (note du site : 1921), le lieu 
      où on organisa la foire 
      exposition d'ALGER, manifestation grandiose qui célébrait 
      la renaissance des industries mécaniques et artisanales au sortir 
      de la guerre de 14/18 meurtrière et destructrice. On y vit (et on 
      ne le revit jamais à ALGER), pour la première fois, l'ingéniosité 
      et le talent des constructeurs automobiles français et aussi les 
      progrès du machinisme agricole.
 -----L'installation de ladite Exposition couvrait 
      une grande partie du CHAMP-DE-MANUVRES et comportait une entrée, 
      face au Rond-Point, sous un arc en plein centre de 15 m environ de haut, 
      de 10 m de rayon environ, avec un minaret sur un côté de l'arc, 
      le tout construit en charpente métallique (fournie par les Ateliers 
      Durafour d'HUSSEIN-DEY), habillée de panneaux légers décorés. 
      Cette entrée monumentale donnait accès à une allée 
      centrale de 20 m environ de largeur et 200 m environ de longueur, séparant 
      deux halls, également en charpente métallique de 50 m environ 
      de largeur et 100 m environ de longueur, puis une surface à l'air 
      libre, sur l'arrière des deux halls, et de petits bâtiments 
      séparés pour un dancing, pour l'administration de l'Exposition, 
      la Poste et les services d'incendie et de sécurité.
 -----L'un des halls présentait le clou 
      de l'Exposition, soit un mini Salon de l'Automobile et des Industries Mécaniques.
 -----Le second hall était réservé 
      aux produits de l'Agriculture, les industries agro-alimentaires, les arts, 
      l'artisanat.
 -----Dans ce salon de l'auto Algérois, 
      étaient présentées plus de vingt marques françaises 
      et quelques étrangères. Parmi les françaises, les prestigieux 
      modèles de Cottin et Desgouttes, Bugatti, Delage, Delahaye, Lorraine-Dietrich, 
      Hotchkiss, Delaunay-Belleville, La Buire, Pic Pic (Picquart Pictet), Panhard 
      et Levassor, Unit, Théophile Schneider et les modèles courants 
      de Citroën (avec la B2 et la 5 CV), de Renault (avec la KZ et la 15 
      CV 6 Cyl.), Lion Peugeot de Peugeot avec la Lion Peugeot et la Quadrilette, 
      la Zédel, d'Amilcar, de Salmson, de Corre La Licorne, de Mathis, 
      de Georges Irat, Motobloc, Berliet, Chenard et Walker, De Dion Bouton. Puis, 
      venaient les U.S.A. avec Général Motors: Buick et Chevrolet, 
      avec Ford (modèle T qui sortait de la guerre avec leurs ambulances), 
      avec Chrysler: Dodge Plymouth. Puis l'Italie avec Fiat. Les motos présentées 
      étaient françaises, avec Terrot, Monet Goyon, Magnat Debon, 
      Gnome et Rhone, René Gillet, Motosacoche, américaines avec 
      Harley Davidson, Indian (Side Car), anglaises avec BSA (Birmingham Small 
      Arms), Royal Enfield, Norton, etc.
 -----Les accessoires étaient présents 
      avec Marcel REY (dirigeant de l'Automobile Club), SOLDANI, SAVOURNIN (Carburateurs 
      Solex), Max MARIOLLE (Carburateurs Zénith), Lucien APRILE, de même, 
      les pétroliers fournisseurs de carburants et lubrifiants, tels la 
      Sté Italo-Américaine pour le Pétrole " essence 
      Lampo " (plus tard la Esso Standard), la CIPAN (Compagnie Industrielle 
      des Pétroles de l'Afrique du Nord), Essence Motricine, la Raffinerie 
      du Midi: Essence Motogaz. Également avec les fournisseurs de lubrifiants 
      auto, Spidoleine, Kervoline, Valvoline, avec les vulcanisateurs marchands 
      de pneumatiques, Michelin, Dunlop, Bergougnan, Englebert, Kléber-Colombe, 
      etc.
 -----Les " Poids Lourds " étaient 
      représentés par des châssis Berliet et Delahaye.
 -----Dans ce 
      hall, la TYPO-LITHO de BAB-EL-OUED avait installé une véritable 
      imprimerie en action où on pouvait admirer une importante machine 
      de lithographie, imprimant en continu des planches de paquets de cigarettes 
      Bastos bleues. Dans la partie arrière de l'exposition, à l'air 
      libre, c'était le salon du machinisme agricole, industriel et d'entreprises 
      du bâtiment. Il y avait le matériel pour les céréaliers 
      des Hauts Plateaux du SERSOU et du Département de CONSTANTINE principalement. 
      C'était tous les matériels aratoires, ainsi que les matériels 
      de traitement des récoltes, soit les semoirs, faucheuses, moissonneuses-lieuses, 
      batteuses et botteleuses, ces deux dernières présentées 
      symboliquement en mouvement, au moyen d'une locomobile à vapeur. 
      Ces matériels étaient présentés par les Ets. 
      Louis BILLIARD, les Ets. PILTER, la CIMA-Wallut, c'était essentiellement 
      des matériels américains, Deering, MAC CORMICK; un constructeur 
      de batteuses et de locomobiles, les Ets. BROUHOT de Vierzon. Le matériel 
      pour les viticulteurs comprenait les charrues, les scarificateurs, les pulvérisateurs, 
      les cisailles pour la taille de la vigne, le matériel de vinification 
      avec fouloirs, égrappoirs, pompes à moût, filtres, réfrigérants, 
      pressoirs hydrauliques, pompes centrifuges, tous ces matériels présentés 
      par la Sté du Filtre GASQUET (GASQUET, PEPIN et COQ), Constructeur 
      du midi de la France, Ets. BLACHERE, Constructeurs à HUSSEIN-DEY, 
      les Ets. Barthélemy BLANC, Constructeurs au RUISSEAU (ALGER) pour 
      toutes les canalisations et robinetteries en bronze et cuivre, les Constructeurs 
      de cuves en béton armé, Entreprise BORSARI (ORAN), Entreprise 
      Alfred ROSTAGNY (ALGER), etc.
 
 ------Après 
      la fermeture de la Foire, les bâtiments furent démontés 
      et furent remontés pour les foires des années suivantes, soit 
      sur le CHAMP-DE-MANOEUVRES, soit sur les terres pleins de la Chambre de 
      Commerce du Bassin de MUSTAPHA 
      de l'Arrière Port de l'AGHA.
 
 ------Un Établissement 
      important et animé du Rond-Point du CHAMP-DE - MANOEUVRES était 
      l'Hôpital Civil de MUSTAPHA, dont les pavillons étaient 
      dans un périmètre limité au nord par la rue Bichat, 
      à l'est partie par le parc à fourrage et partie par la rue 
      Margueritte, au sud par les rues Broussais et de l'Abbé Grégoire, 
      à l'ouest par un chemin de ronde très étroit, qui longeait 
      le mur de clôture en surplombant de plusieurs mètres la rue 
      Professeur Vincent, bordant un ravineau qui descendait du Plateau Saulière 
      vers la rue Sadi CARNOT. Au fond de ce ravineau, se trouvait, dans sa partie 
      haute, sur la rue Denfert Rochereau, la Centrale Thermique de la Cie LEBON 
      et, à sa partie basse, vers les rues BALZAC et Sadi CARNOT, l'Usine 
      à Gaz d'éclairage, également de la Cie LEBON, prédécesseur 
      d'EGA. Le chemin de ronde, reliant la rue Bichat à la rue Denfert 
      Rochereau, était très peu fréquenté par les 
      piétons, car il n'était pas viabilisé, et on pouvait 
      chuter d'une hauteur de 5 à 6 mètres sur la rue Professeur 
      VINCENT en contrebas. Mais, il y avait une autre raison de donner à 
      ce chemin une mauvaise réputation et un air sinistre la nuit, c'était 
      le " tour ". Qu'était 
      le tour? C'était une alcôve pratiquée dans le mur de 
      l'Hôpital, toujours ouverte vers l'extérieur, et reliée 
      à l'intérieur de l'Hôpital par une petite porte fermée 
      en permanence. Dans cette alcôve était disposé un berceau 
      fixé sur un axe vertical lui permettant de pivoter vers l'intérieur 
      de l'Hôpital (d'où le nom de tour). Dans ce berceau, les mères, 
      voulant abandonner incognito leur bébé nouveau-né, 
      venaient le déposer et s'esquivaient après avoir alerté 
      par une sonnerie le ou la préposé à ce service. La 
      nuit, une lumière blafarde éclairait le lieu et accentuait 
      l'air sinistre ambiant. On accédait à l'Hôpital de MUSTAPHA 
      par une allée particulière, bordée d'arbres, en partie, 
      montant en pente de la rue Sadi CARNOT (côte de MUSTAPHA) et donnant 
      uniquement accès à l'Hôpital, après avoir traversé 
      les rues Bel Air et Bichat.
 ------Ces arbres 
      faisaient partie de la famille des " sapindacées " et produisaient 
      ce que nous appelions " boules de sapindus " (savon indien) que, 
      enfants du quartier, nous allions ramasser une fois tombées à 
      terre et apportions à notre mère pour le lavage à la 
      main de la lingerie délicate (les machines à laver ménagères 
      n'existaient pas). C'était en quelque sorte l'ancêtre de la 
      " Woolite ". Cette allée avait été nommée, 
      à l'origine, Avenue MAILLOT, mais lorsque l'Hôpital Militaire, 
      sis à BAB-EL-OUED, Bd. de Champagne, nommé Hôpital du 
      Dey, fut débaptisé et nommé Hôpital MAILLOT, 
      l'avenue MAILLOT de MUSTAPHA fut à son tour (sans doute pour éviter 
      la confusion) débaptisée et appelée Avenue Battandier. 
      Le personnel soignant subalterne était constitué par une Communauté 
      religieuse, des Surs de St. Vincent de Paul.
 
 ------Le Rond-Point 
      du CHAMP-DE-MANOEUVRES était d'une activité intense, créée 
      par les lignes des tramways des CFRA, dont le dépôt était 
      situé rue 
      Sadi CARNOT, près de l'Arsenal, où les rames venaient 
      se garer chaque soir et le quittaient à partir du petit matin. Les 
      CFRA, chemins de fer départementaux à voie métrique, 
      comprenaient un réseau de tramways électriques, urbain et 
      suburbain, avec les DEUX MOULINS SAINT EUGENE à l'ouest et MAISON 
      CARRÉE et KOUBA à l'est, comme têtes de ligne, et plusieurs 
      réseaux vapeur dont les lignes: ALGER - MAISON CARREE L'ARBA 
      ROVIGO, ALGER - MAISON CARRÉE-FORT-DE-L'EAU, AÏN TAYA, EL AFFROUN 
      - MARENGO - CHERCHELL, assurant la correspondance d'ALGER avec la ligne 
      PLM d'ALGER à ORAN, ALGER - CASTIGLIONE 
      et embranchement vers KOLEA et MAZAFRAN, la ligne d'HAUSSONVILLER à 
      DELLYS, assurant la correspondance d'ALGER avec la ligne des CFAE (Chemins 
      de Fer Algériens de l'Etat) desservant la KABYLIE et le CONSTANTINOIS.
 
 ------Le Rond-point 
      du CHAMP-DE-MANOEUVRES avait une gare des CFRA (devant le Jardin Public, 
      sur la rue Sadi CARNOT, face au n° 89) où les trains desservant 
      les lignes ALGER - FORT-DE-L'EAU - AÏN TAYA et L'ARBA-ROVIGO, embarquaient 
      les voyageurs sous la surveillance d'un vrai chef de gare, dans une longue 
      voiture de voyageurs montée sur boggies, remorquée en traction 
      électrique jusqu'à MAISON CARRÉE où elle était 
      accrochée à une rame vapeur.
 
 ------Les trains 
      de la ligne ALGER - CASTIGLIONE - KOLEA partaient en traction vapeur des 
      quais du port, empruntaient le tunnel, sous le Bd. Amiral Pierre et rue 
      Borély la Sapie, entre l'Amirauté et la gare de BAB-EL-OUED, 
      où avait lieu le véritable départ, et suivaient sur 
      leur voie particulière sur le Bd Pitolet.
 Ce train à vapeur eut une dernière utilité très 
      importante avant de disparaître: il transporta depuis BAB-EL-OUED 
      des milliers de tonnes de pierres jusqu'au chantier Schneider, pour la construction 
      du bassin de MUSTAPHA de l'Arrière Port.
 
 ------Pour l'allongement 
      de la jetée de MUSTAPHA et la construction des terres pleins de l'Arrière 
      Port, Bassin de MUSTAPHA, l'Entreprise SCHNEIDER, chargée des travaux, 
      devait s'approvisionner,en matériaux des Carrières JAUBERT 
      de BAB-EL-OUED. Pour cela, des camions sans plateaux chargeaient des bennes 
      spéciales mobiles, pleines de matériaux et d'enrochements, 
      et descendaient jusqu'à la gare CFRA de BAB-ELOUED. Les bennes étaient 
      alors transbordées par un portique de levage, sur une rame d'une 
      dizaine de wagons plats, remorquée par une locomotive à vapeur, 
      empruntant le tunnel de BAB-EL-OUED à l'Amirauté, par les 
      quais du port d'ALGER, de l'Arrière Port de l'AGHA et le chantier 
      à hauteur du Jardin d'Essai du HAMMA. La Direction Générale 
      des CFRA était située à MUSTAPHA, quartier BELCOURT, 
      rue Alfred DE MUSSET.
 
 ------Il y avait 
      un autre genre de transports urbains de voyageurs que les réseaux 
      électriques des CFRA, des TA et des TMS. C'étaient les trams 
      à chevaux des Messageries de BELCOURT, descendants à la fois 
      des omnibus (sans impériale) hippomobiles parisiens du 19e siècle 
      et des carricolos de CAGAYOUS. C'était un moyen de transport très 
      populaire de SAINT-EUGENE jusqu'au MARABOUT à BELCOURT. Les véhicules, 
      avec accès par l'arrière, avaient à l'intérieur 
      un couloir central et deux rangées de sièges latéraux 
      parallèles. Ils étaient tirés par trois chevaux attelés 
      en limonière. Mais un cheval de renfort, sous la conduite d'un cocher, 
      attendait au bas de la côte de MUSTAPHA chaque véhicule allant 
      vers BELCOURT et aidait l'équipage à gravir la côte 
      jusqu'au Rond-Point du CHAMP-DE-MANOEUVRES, où ce cheval était 
      décroché et redescendait au bas de la côte attendre 
      le véhicule suivant.
 
 ------A côté 
      de la gare des CFRA du CHAMP-DE-MANOEUVRES, on pouvait trouver, à 
      la baraque du Père TANZI, tous les journaux, petits et grands, pour 
      enfants et les adultes.
 
 ------L'intensité 
      de la circulation, hippo ou auto, ne faiblissait jamais durant le jour, 
      autour du CHAMP-DE-MANOEUVRES, sur les rues 
      de Lyon et Sadi CARNOT, attendu que la majorité des bus 
      des lignes régionales passait par le Rond-Point du CHAMP DE-MANOEUVRES. 
      Ils prenaient, soit la direction de BIRMANDREIS ou de KOUBA pour desservir 
      la MITIDJA vers l'ORANIE ou le SAHEL, soit la direction de MAISON CARREE 
      par la rue Sadi CARNOT et sa continuation, la rue de Constantine, pour desservir 
      l'est du département, la KABYLIE et l'est Constantinois.
 
 ------Le charroi 
      venant du Port et de l'arrière Port de l'AGHA sortait de la zone 
      portuaire, sur la rue Sadi CARNOT, par la rampe Poirel, au carrefour de 
      l'Arsenal, étant donné que l'arrière Port de MUSTAPHA 
      et la Route moutonnière étaient en cours de construction. 
      Ces lignes de transports auto de voyageurs étaient très nombreuses, 
      surtout sur ALGER- TIZI-OUZOU et la KABYLIE et ALGER-BLIDA, d'autant plus 
      que la création de nouvelles lignes était libre jusque vers 
      1935, date de création par l'Autorité de la " Coordination 
      du Rail et de la Route ", réglementant la création et 
      l'exploitation d'entreprises de transports auto de marchandises ou de voyageurs, 
      par l'octroi, en nombre limité, de licences de transports par route 
      (cartes jaunes, violettes, etc.).
 ------Il y avait 
      à ALGER deux pionniers du transport routier qui exploitaient les 
      lignes les plus longues du département pour l'époque. C'était, 
      Monsieur PLANÇON, Sté des Messageries du Littoral qui exploitait 
      des lignes vers l'ouest par le littoral, ALGER - CHERCHELL - TENES (200 
      km), ALGER - MARENGO - CHERCHELL.
 
 ------Puis, 
      c'était Monsieur Charles AMBROSI, Auto Traction de l'Afrique du Nord 
      (ATAN); il exploitait des lignes vers le sud, dont la principale ALGER - 
      AUMALE - BOU-SAADA (250 km). Le service quotidien, retour de BOU-SAADA, 
      passait chaque soir vers 19h, au Rond-Point du CHAMP-DE MANOEUVRES, en émettant 
      le cliquetis des chaînes de transmission des véhicules Delahaye 
      (qui constituaient la flotte des autobus de l'ATAN) tout en gravissant le 
      faux plat de la rue Sadi CARNOT, avant de s'arrêter devant la Brasserie 
      de la Bourse (chez MILLET) pour y débarquer des passagers et des 
      messageries d'une petite remorque et le véhicule repartait vers son 
      terminus, rue Général BOISSONNET, à BAB-EL-OUED (voisin 
      de la Caserne Pélissier, face au Lycée d'ALGER, alias Bugeaud).
 
 ------Ce coin 
      d'ALGER était très connu de tous les Algérois, car 
      il y avait, à l'angle des rues Boissonnet et Eugène ROBE, 
      un théâtre nommé " le Kursaal ".
 RACONTEZ-NOUS... Le Champ de Manoevvresraconté par Henri GARCIA (suite du numéro 81)
 
 
 ------Dans ce théâtre, l'on 
        " donnait " toutes les opérettes dites " anciennes 
        " de Jacques OFFENBACH à Frantz LEHAR, STRAUSS, LECOQ, AUDRAN 
        : La Vie Parisienne, La Belle Hélène, 
        les Contes d'Hoffman, etc..., La Veuve Joyeuse, la Péricole, etc..., 
        Rêve de Valse, le Petit Duc, La Mascotte, les Cloches de Corneville, 
        etc...
 ------Les opérettes dites " modernes 
        " de CHRISTINÉ et autres, telles Nono 
        Nanette, Phi Phi, Dédé, La Haut, Pas sur la Bouche, l'Auberge 
        du Cheval Blanc, étaient données au Théâtre 
        de l'Alhambra, rue d'Isly, qui était aussi un Music Hall où 
        l'on a pu écouter et applaudir la grande Star Lucienne BOYER et 
        son tube " Parlez-moi d'Amour ".
 ------Autre pôle d'attraction, c'était 
        la 40 CV Renault, huit cylindres en ligne, nommée Reinastella de 
        Lucienne BOYER, stationnée devant l'Alhambra pendant le spectacle 
        et qui provoquait un attroupement permanent et admiratif de la foule des 
        badauds Algérois.
 ------Mais revenons au Rond-point du CHAMP-DE-MANOEUVRES 
        et parmi ses bruits familiers de la circulation, c'était le soir, 
        vers minuit, lorsque le quartier était endormi, la file de chariots 
        des maraîchers des régions de FORT-DE-L'EAU, AÏN-TAYA, 
        MAISON BLANCHE, etc..., qui livraient leur production de légumes 
        au Marché de Gros aux légumes, qui se tenait dès 
        le petit matin au Marché de la Lyre, derrière l'Opéra 
        Municipal. Les chariots, lourdement chargés d'un monticule de légumes, 
        retenus par une bâche humide, deux hautes ridelles latérales 
        et une fourragère arrière, étaient montés 
        sur deux grandes roues arrières et deux roues basses sur avant-train, 
        et un siège avant surélevé, muni d'une capote pour 
        abriter le cocher dans le cas de pluie. La file de chariots, espacés 
        de 5 à 6 mètres entre eux, tirés par un attelage 
        en limonière de trois chevaux ou mulets, gravissait au pas les 
        200 m du faux plat de la rue Sadi CARNOT, pour arriver au Carrefour du 
        Rond-point du CHAMP-DE-MANOEUVRES avant d'attaquer, tous freins bloqués, 
        la descente de la Côte de MUSTAPHA vers l'AGHA. Dans la nuit calme 
        résonnaient les bruits cadencés des sabots ferrés 
        des bêtes sur le pavage en granit de la chaussée et le roulement 
        des bandages métalliques des chariots. Le cocher, assis sur son 
        siège, entre deux lanternes éclairées d'une bougie, 
        somnolait plus ou moins, bercé par le pas des bêtes qui connaissaient 
        par habitude la direction du Marché de la Lyre.
 ------Notre école communale " 
        Groupe Scolaire " du CHAMP-DE-MANOEUVRES, (plus tard alias CHAZOT) 
        était implantée sur un terrain à configuration d'un 
        triangle sensiblement isocèle, dont la base était sur la 
        rue de Lyon, l'un des côtés sur la rue BÉRANGER, côté 
        École des garçons, l'autre côté sur la rue 
        Fontaine Bleue, côté École des filles. Ces côtés 
        se rejoignaient au sommet du triangle, au carrefour des rues Béranger, 
        Fontaine Bleue, Chemin Yusuf, où était située l'entrée 
        de l'École Maternelle, construite au-dessus des deux écoles 
        de filles et de garçons, par suite du dénivelé du 
        carrefour Yusuf par rapport à la rue de Lyon.
 ------À l'école maternelle, 
        j'ai eu comme institutrices (pendant la guerre 14/18) Mme GRANGAUD, Mme 
        MALATERRE, Mme ACQUET (Directrice). A l'école de Garçons: 
        M. CHARPENTIER, Mlle MAYNARDIER, Mme PAQUET, M. GRANDMOUGIN, M. LESPINASSE, 
        M. BOUCHON (Directeur, chargé du cours complémentaire), 
        M. ARRIGHI.
 ------À l'école des Filles, 
        la Directrice était Mme BIANCHINA qui habitait au Ravin de la Femme 
        Sauvage, dans un ancien moulin à eau sur l'OUED KNISS.
 ------Ce groupe scolaire scolarisait les 
        enfants du quartier du Rond-Point du CHAMP-DE-MANOEUVRES et ceux du quartier 
        BELCOURT, jusqu'à l'Arsenal.
 ------Je vais essayer de nommer ci-après 
        les commerces autour du RondPoint du CHAMP-DE-MANOEUVRES, tels que je 
        m'en souviens. Il est évident qu'il y aura des oublis ou des erreurs 
        et je prie mes lecteurs de m'en excuser:
 ------POVEDA - Boulanger - Angle rue Sadi 
        CARNOT - rue des Colons ;
 PEROLLO - Brasseur - Angle rue Sadi CARNOT - rue des Colons ;
 PADOVANO - Coiffeur - Rue Sadi CARNOT ; BONNET - Bar - Rue Sadi CARNOT 
        ;
 SAUZAY et WEDELL - Quincaillers - Rue Sadi CARNOT ;
 Epicier MOZABITE - Moutchou surnommé BAYOT - Rue Sadi CARNOT ;
 ROMA - Boulanger - Rue Sadi CARNOT ;
 Bar - X - Rue Sadi CARNOT ;
 PRINCIPATO - Notre Bastien, Artiste Capillaire - Coiffeur pour dames - 
        Rue Sadi CARNOT ;
 Bureau de Tabac - Rue Sadi CARNOT ;
 MILLET - Brasserie de la Bourse - Rue Sadi CARNOT ; LEUWERS - Coiffeur 
        - Rue Sadi CARNOT ;
 APRILE - Accessoires Auto - Rue Sadi CARNOT ; RIGA - Pâtissier - 
        Rue Sadi CARNOT ;
 AGUILAR - Pharmacien (puis PORTE) - Rue Sadi CARNOT ;
 BALLESTER - Vélos, vente, réparations - Rue Sadi CARNOT 
        ;
 FENECH - Epicerie Fine - Rue Sadi CARNOT ; Agence Crédit Foncier 
        d'Algérie et de Tunisie - Rue Sadi CARNOT ;
 Epicerie MOZABITE - Moutchou - Rue Sadi CARNOT ;
 OLIVER - Bar Jean BART - Angle rue Sadi CARNOT, rue du 4 Septembre.
 ------Là, j'ouvre une parenthèse 
        pour signaler que OLIVER et ses Fils étaient escaliéristes 
        spécialistes dans le bâtiment, comme SOLIVERES (BAB-EL-OUED). 
        Depuis plusieurs décennies, tous les escaliers des immeubles construits 
        à ALGER étaient conçus et exécutés 
        par les deux spécialistes ci-dessus et comprenaient des volées 
        de marches droites ou balancées, reposant sur une voûte dite 
        " Sarrazine " en deux épaisseurs de briques 3 trous croisées, 
        hourdées au plâtre à prise rapide. La mise en ceuvre 
        de la voûte " Sarrazine " était très spectaculaire.
 MAUDUIT - Bazar de MUSTAPHA - Angle Sadi CARNOT et rue du 4 Septembre 
        ;
 SURLEAU - Pharmacien - Angle Avenue BATTENDIER et rue Sadi CARNOT ;
 RICHOUD - Pâtissier - Rue Sadi CARNOT ; BUSSETI et ses 4 Fils - 
        Marbrerie de Bâtiments - Rue Sadi CARNOT ;
 DEBERNARDI - Droguerie - Angle avenue BATTENDIER et rue Sadi CARNOT ;
 LAGIER - Coopérative Entreprise de Bâtiment - Avenue BATTENDIER 
        ;
 LUBRANO (puis GRANDINETTI) - Courroies de transmission en cuir, balata, 
        poils de chameau et cuirs emboutis pour l'industrie et l'agriculture - 
        Avenue BATTENDIER ;
 NOUGIER - Coiffeur hommes - Rue Sadi CARNOT ; Bureau de Tabac - Rue Sadi 
        CARNOT ;
 GUISONI - Pharmacie (puis SOBOLEWSKI) - Rue Sadi CARNOT ;
 BERTHON - Brasserie Lyonnaise (puis SANGUINETTI) - Rue de Lyon ;
 LLORCA - Epicerie ; SIBIEUDE - Agent des roulements à bille SKF 
        et d'accessoires pour transmissions générales d'usine - 
        Rue de Lyon ; TRANIELLO - Bar des Alliés - Rue de Lyon ; FERBER 
        - Boulanger (puis LEMESTROFF) - Rue de Lyon ;
 Cinéma - Mm' MÉTIVIER, propriétaire - Rue de Lyon 
        ; Epicerie MOZABITE - Moutchou surnommé PHARAON, etc...
 ------Voilà tout ce que nous avions, 
        que nous aimions et que nous avons perdu dans notre village où 
        je suis né, à MUSTAPHA.
 Mai 2001
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