| Les EMSI, Equipes 
        Medico-Sociales Itinérantes Rappel historique 
        (1)
 " En 1956, le Gouvernement Général de l'Algérie, 
        préoccupé de la situation des femmes et des enfants dans 
        le bled, recrute du personnel féminin ayant une formation sociale 
        et paramédicale dite ASSRA (Adjointe Sanitaire Sociale Rurale Auxiliaire) 
        pour assurer les soins dans les dispensaires disséminés. 
        Placées seules au milieu d'une population à la démographie 
        démesurée, avec les difficultés du terrain, l'insécurité 
        se développant de plus en plus, il n'était plus possible 
        d'envoyer ce personnel dans le bled, ce fut l'échec ".
 
 Création des EMSI
 
 Entre 1957 et 1962, elles ont sillonné le territoire algérien. 
        Aujourd'hui, toujours aussi actives et dynamiques les femmes qui ont composé 
        ces équipes témoignent :
 
 " C'est en partant d'une conviction de l'armée française 
        - par l'évolution de la femme musulmane, l'Algérie trouvera 
        la paix - que les Equipes Médico-Sociales Itinérantes (EMSI) 
        ont été créées en 1957. Elles étaient 
        composées de PFAT (Personnel Féminin de l'Armée de 
        Terre) admises sur leur demande en position hors cadre et d'ASSRA, ayant 
        un statut civil. Une équipe comprenait une européenne et 
        une ou deux musulmanes, les Harkettes. Cette collaboration soudait par 
        le travail des personnes de moeurs et de religions différentes. 
        Soutenues et dirigées par l'Armée, les EMSI, bientôt 
        au nombre de 350 furent installées sur tout le territoire algérien, 
        même dans les endroits les plus dangereux et isolés, de la 
        frontière marocaine à la frontière tunisienne y compris 
        jusqu'au Sahara. De plus en plus actives, elles suivaient au plus près 
        les opérations de pacification, en recherchant la confiance et 
        l'amitié des femmes. Leurs activités étaient très 
        diversifiées. Elles dispensaient des soins médicaux sous 
        la responsabilité d'un " Toubib ", médecin militaire 
        du contingent, dans des infirmeries créées par l'Armée 
        ; la population les avait surnommées " Toubiba ". Elles 
        donnaient des cours d'hygiène, de puériculture, de nutrition 
        pour bébé, de tricot, de couture, de lecture, et d'écriture 
        dans des lieux très divers : cercle féminin, mechta, khaïma 
        (tente), ou même tout simplement sous un arbre, ce qui facilitait 
        les contacts et la création de liens étroits et donnait 
        lieu à des discussions animées. Ces rencontres amenaient 
        les femmes à une plus grande ouverture sur leur condition de vie. 
        Les EMSI, par leur courage et leur enthousiasme, gagnaient la confiance 
        et l'amitié de la population, leur passage était souhaité 
        et attendu, l'accueil de plus en plus chaleureux. De nombreux chefs de 
        bataillons ont constaté que la présence des militaires dans 
        les villages où les EMSI étaient implantées, était 
        mieux acceptée et que des liens d'amitié se nouaient entre 
        les hommes du village et les militaires. Les EMSI se déplaçaient 
        en véhicules militaires, généralement escortés 
        pendant les opérations. Mais, souvent elles étaient amenées 
        à se déplacer seules, non armées, répondant 
        à un chef de village pour un accouchement ou toute autre raison 
        urgente. Nombre d'entre elles ont trouvé la mort lors d'embuscades, 
        ou ont été lâchement assassinées dans l'exercice 
        de leur fonction, sans parler des enlèvements et du sort qui les 
        attendait - que l'on n'ose imaginer - qu'elles soient européennes 
        ou, pire encore, musulmanes. Les EMSI, par leur courage, leur abnégation 
        et leur action ont bien mérité de la patrie. Elles doivent 
        avoir leur place au sein de la famille combattante avec toute la reconnaissance 
        qui s'y attache ". D. Bargruet et G. Brethes.
 
 Organisation et répartition géographique 
        des EMSI
 
 Dépendantes de l'armée elles étaient réparties 
        en une dizaine de zones. Entre 1957 et 1959 leur effectif est passé 
        de 10 à 388, se stabilisant autour de 350 jusqu'en 1962.
 
        
          |  Maison des EMSI à Alger 
              (collection B.Venis)
 |  Les " Maisons 
        " des EMSI
 Elles furent créées progressivement de 1957 à 1962 
        dans différentes zones. A Alger, Madame Maugé, responsable 
        de toutes les EMSI au Sème Bureau de l'Etat-major interarmées, 
        partageait cette tâche avec Mlles Defretière et Estel, les 
        deux Toubiba de " l'Opération Pilote ". Elle avait donc 
        en charge la maison des EMSI au 1 boulevard Victor Hugo et y logeait 
        toutes les volontaires à leur arrivée. Jacqueline Defretière 
        et Yvette Estel s'occupaient de l'accueil et de la gestion.
 
 La devise des EMSI est " Foi, courage, persévérance 
        "
 
 Et c'est là le plus dur car malgré les difficultés, 
        les lassitudes, les faiblesses, il faut persévérer ". 
        Vêtues d'une blouse blanche, portant sur la poitrine l'insigne des 
        EMSI frappé de leur devise, elles allaient courageusement et périlleusement 
        dans les villes, les villages, et les djebels les plus isolés, 
        sillonnant aussi les bidonvilles d'Alger.
 
 " Toubiba " : " Unies dans la 
        joie comme dans l'effort "
 
 C'est le titre du bulletin mensuel, choisi par Mme Maugé, dans 
        lequel figuraient les textes officiels les concernant, les extraits de 
        courriers reçus des EMSI. Cela leur permettait de correspondre 
        entre elles, de suivre le mouvement des effectifs, la situation de chacune 
        (maladie...), ainsi que la liste de celles qui étaient décorées 
        (une soixantaine d'entre elles). Sur les 25 numéros parus entre 
        1959 et 1962, certains commençaient par " Toubiba en deuil 
        ".
 
 L'embuscade du barrage du Ghrib
 
 " Le 19 janvier 1961, quatre jeunes femmes d'une Equipe Médico-sociale 
        Itinérante s'étaient rendues, dans le cadre de l'assistance 
        médicale gratuite (AMG), auprès des populations regroupées 
        en deux villages à la cote 749, pour y prodiguer des soins. Elles 
        étaient protégées par une unité du 28ème 
        Régiment de Dragons. " La SAS ( Section Administrative Spécialisée 
        ) avait comme à l'accoutumée, mis un véhicule Dodge 
        à la disposition des jeunes femmes avec, outre le chauffeur, quatre 
        hommes armés pour les protéger ". Par ailleurs, l'aumônier 
        militaire Paul Joseph Séïté, accompagné de son 
        chauffeur et d'un " dragon " de protection, qui s'était 
        rendu auprès du détachement en poste à la cote 749, 
        se joignit au convoi du retour à bord de sa 2CV personnelle, profitant 
        ainsi de l'escorte des EMSI. Le convoi s'échelonne alors sur 1,5 
        km. C'est à proximité du barrage du Ghrib dans la haute 
        vallée du Chélif, à 35 km d'Affreville, qu'eut lieu 
        l'attaque. " A l'approche du poste de Djellida, vers 17h, un groupe 
        d'une quinzaine de rebelles attendait le convoi sur le bord de la route. 
        La première rafale blessa le chauffeur du Dodge, tua la jeune femme 
        qui se trouvait près de lui et deux moghaznis. L'assaut du convoi 
        s'ensuivit et tout alla très vite malgré la riposte des 
        deux supplétifs ". Les rebelles qui ne s'attendaient pas à 
        l'arrivée des derniers véhicules du convoi, prirent la fuite 
        laissant derrière eux sept morts. Le père Paul Joseph Séïté, 
        breton du Finistère, en Algérie depuis trois ans, fut retrouvé 
        le corps lardé de coups de couteaux dont un planté dans 
        la gorge. Au sein de l'EMSI, Christiane Guenon, arrivée de Gironde 
        depuis quelques mois, fut tuée. Les trois jeunes femmes originaires 
        de la région, Kheira-Djémila Madani, M'Barka Kedassa du 
        Ghrib et Saïda Chemla d'Ain Sultan, furent achevées à 
        coups de mitraillettes. Deux moghaznis de la SAS, Tahar Chaouche et Ahmed 
        Taffret, périrent également dans l'affrontement. Il y eut 
        cinq rescapés : le chauffeur du Dodge, celui de la 2CV, le dragon 
        accompagnateur blessé et les deux autres moghaznis.
 
 " Ce carnage témoigne des risques alors encourus, nous rappelle 
        le courage et l'abnégation des EMSI, mais aussi le cauchemar vécu 
        par les rescapés tout au long de leur vie ", insiste Aline, 
        ancienne EMSI.
 
 Aujourd'hui, les noms des quatre jeunes femmes sont inscrits au Mémorial 
        du Quai Branly, ainsi que celui de Germaine Kinzler, PFAT, ayant servi 
        en Indochine puis volontaire pour intégrer les EMSI en Algérie 
        en 1961. Elle a été enlevée avec son chauffeur dans 
        le secteur de Boghari en février 1962 puis tuée par le FLN. 
        Il y eut bien d'autres victimes parmi les EMSI ... leurs dossiers sont 
        en attente pour
 figurer sur ce mémorial ". A.M.
 
 La formation au sein des EMSI
 
 Les " Harkettes " étaient des jeunes filles musulmanes 
        qui, au départ, servaient d'interprètes. Elles pouvaient 
        devenir ASSRA, après un stage à Alger, en se formant sur 
        place, en fonction du travail accompli.
 
 Un effort particulier avait été fait pour qu'un grand nombre 
        des jeunes femmes entrées dans les EMSI puissent suivre des stages, 
        à des niveaux différents dans la plupart des zones.
 
 Leur mission
 
 Vivre parmi la population autochtone, la protéger et aider les 
        femmes particulièrement atteintes par ce conflit. En décembre 
        1959 le commandement de l'armée rappelle aux EMSI que leur mission 
        a pour objectif de s'occuper de 2.000.000 de femmes, soit 7.000 femmes 
        environ par équipe.
 
 Leur action
 
 Une action profonde et réelle ne pouvant se faire que sur 30 à 
        50 femmes à la fois, il était difficile d'en connaître 
        un plus grand nombre. Les EMSI avaient une tendance naturelle à 
        se consacrer à l'acte médico-social qui ne doit constituer 
        qu'un moyen et non une fin en soi. Elles devaient concrétiser les 
        possibilités d'avenir et donner aux femmes - et aux hommes une 
        excuse pour sortir. Leur action devait être persévérante, 
        renouvelée au moins une fois par semaine, sérieuse, sans 
        visite à la sauvette, entretenue par des femmes qui au-raient été 
        choisies dans les douars et formées. " Nous avons trop à 
        faire, ans un village deux jeunes femmes seront nos )rrespondantes, nous 
        leur confierons quelques tâches dont elles seront fières, 
        elles ourront nous aider. " Zohra Miraoui
 
 Quelques anecdotes de Georgette Brethes
 
 Un jour, nous arrivons dans un douar et commençons l'AMG (Assistance 
        Médicale gratuite). Arrive une mère tenant dans ses bras 
        une fillette de 8/9 ans avec une grosseur phéoménale au 
        cou. Le médecin diagnostique un authrax qui risque d'éclater 
        ; il faut l'hospitaser. Les parents refusent. J'insiste, et propose même 
        de rester avec l'enfant à l'hôpital et de ramener chez eux 
        après la guérison...
 
 Vers 17 heures nous devions rentrer au poste, j'insiste encore ! Soudain 
        la mère me met l'enfant dans les bras, et me dit " prends-la 
        " ! Je fonce vers l'ambulance mais, au moment de monter ... la belle-mère 
        avec violence reprend la fillette et s'enfuit ! L'enfant est morte deux 
        jours après dans de terribles souffrances ! "
 ****  Le dimanche après midi, j'allais faire 
        jouer des fillettes qui étaient sur les terres de la Compagnie 
        de la Circulation Routière en bordure de Médéa.Un dimanche, un homme vient me parler : il faut que j'aille accoucher 
        sa femme. Je ne suis ni médecin ni sage-femme. Je lui dis :"Le 
        médecin est à côté de chez vous !Allez le chercher 
        ! "
 
 " Non c'est toi qui doit venir. "
 
 Devant son refus d'appeler le médecin, je me rends chez lui avec 
        l'intention d'aller moi-même chercher le médecin.
 
 Je rentre dans la maison, au milieu de la pièce le corps allongé 
        de sa femme. Une matrone essayait de tirer l'enfant et autour, de nombreuses 
        femmes assises par terre !Je touche les joues, le pouls de la patiente, 
        pas de pouls, elle était glacée, je prends le mari par le 
        bras ! Nous sortons.
 " Elle est là depuis combien de temps ? "
 " Deux jours ! "
 " Votre femme est morte alors que vous aviez le médecin près 
        d'elle !!! "
 
 J'étais malheureuse et en colère contre cet homme qui était 
        venu me chercher sachant que sa femme était morte.
 
 Les femmes ayant entendu mes mots se mirent à se griffer le visage 
        et à pousser des cris. C'était horrible !!! La matrone, 
        je l'avais déjà vue chez une voisine lors d'un accouchement 
        qui s'était très mal passé ! "
 ****  " Au cours d'une visite à domicile, 
        la maîtresse de maison nous fait asseoir sur des petits bancs. Face 
        à nous, un lit (chose rare) en métal. Elle s'appuie dessus 
        puis s'assoit. On nous sert les rituels trois verres de thé à 
        la menthe. Pendant la conversation mon regard se porte sous le lit et 
        ... je vois le corps d'un homme qui a remué ses grands pieds ! 
        Pensant que l'homme s'est caché à 
        notre arrivée, c'est qu'il ne devait pas avoir la conscience tranquille, 
        je ne dis rien ! Les autres membres de l'équipe n'avaient rien 
        vu de l'endroit où elles étaient assises. Nous avons prolongé 
        jusqu'à l'heure du départ nos échanges, riant parfois 
        de bonnes histoires.
 La femme était restée toujours assise sur le lit ( pensant 
        probablement, qu'avec sa grande robe elle cachait l'homme ). L'heure d'aller 
        rejoindre notre véhicule et notre escorte approchant, je me lève 
        suivie par les filles. Embrassades, nous sortons !
 
 Dehors, il y avait un membre de l'escorte. En m'approchant de lui, je 
        lui dis à l'oreille : dans la mechta il y a un homme couché 
        sous le lit ! Nous savions que le FLN venait les nuits dans les mechtas 
        pour manger, prendre des provisions, de l'argent et... violer les femmes 
        ! "
 
 La création des Cercles Féminins
 
 A Alger, en 1957, Madame Massu créa le Mouvement de Solidarité 
        Féminine (MSF) et ouvrit des Cercles Féminins, un peu partout 
        dans le grand Alger.
 
 Sur cet exemple, les EMSI, ouvrirent un ou plusieurs cercles dans leurs 
        zones. La matinée était réservée aux soins 
        médicaux et quand leur emploi du temps le permettait, elles consacraient 
        leur après-midi dans les cercles à la couture, au tricot, 
        ... les liens entre femmes se tissaient autour du thé ou du café 
        au poivre.
 
 " Nous organisions des séances de cinéma, des sorties 
        à la plage. Il y avait aussi, créée par le MSF d'Alger, 
        une émission Radio spécialement vouée aux femmes. 
        Une fois par semaine, nous leur parlions, les invitions à nous 
        rejoindre dans les cercles, elles pouvaient nous parler, dialoguer, demander 
        des conseils. Ces émissions ont eu un immense succès. Une 
        de mes plus grandes joies fut cette jeune femme très belle, ne 
        sachant ni lire ni écrire, parlant très mal le français, 
        cachée sous un voile alors que personne ne l'y obligeait, qui, 
        deux ans plus tard, savait lire, écrire et compter. Elle avait 
        même accepté de parler de temps à autre à notre 
        émission. Je ne l'oublierai jamais... "
 
 La réforme du mariage
 
 " Ce qui les intéressait aussi, et souvent elles me le demandaient, 
        c'était de savoir si l'homme pouvait et avait le droit d'avoir 
        deux femmes... " Réponse : Le coran le dit, la réforme 
        sur le mariage en a respecté le texte. " "
 
 Les jeunes femmes aspiraient à avoir une vie
 " à l'européenne ". Elles comptaient sur les EMSI 
        pour les aider à faire comprendre à leurs mères ou 
        grand-mères qu'elles ne voulaient plus être mariées 
        à des vieux. Les adolescentes demandaient souvent une protection 
        pour échapper au mariage forcé avec un vieillard.
 
 Une vieille leur avait dit " pourquoi veux-tu que ma fille soit heureuse 
        ? Moi j'ai toujours été malheureuse. "...
 " Au chevet d'une femme très malade que nous devions hospitaliser, 
        mais dont le mari refusait l'hospitalisation - Elle va mourir si nous 
        ne la conduisons pas à l'hôpital - Ça ne fait rien, 
        j'en prendrai une plus jeune. La malade souriait tristement. "
 
 L'ordonnance du 4 février 1959 sur le mariage des 
        personnes de statut civil local ( lettre 1445) devait être appliquée 
        rapidement. " Vous devez recommencer à en parler aux femmes 
        et leur expliquer que rien ne porte atteinte à l'Islam, dans cette 
        réforme : seules quelques coutumes incompatibles avec la vie moderne 
        ont été modifiées ou abolies ".
 
 Le vote des femmes
 
 Mars 1960. " Si les diverses sections du 3ème Bureau de l'Etat-Major 
        Interarmées sont chargées de gagner la guerre, celle des 
        " Problèmes humains " à laquelle vous appartenez 
        doit gagner la paix. La tâche qui est la vôtre fait appel 
        à vos qualités de coeur et exige que vous compreniez bien 
        le sens de votre combat qui, pour les EMSI, est de donner aux femmes musulmanes 
        les éléments du choix entre la stagnation et l'évolution 
        dans le cadre français ". Colonel 
        Coustaux, chef du 3ème Bureau.
 
 Les élections cantonales ont été une étape 
        importante dans l'évolution du problème algérien. 
        Les anciennes se souviennent du jour où elles ont voté pour 
        la première fois, elles ont dit " oui " à la France. 
        Demain pourquoi voteront-elles ? Parce qu'elles sont Françaises. 
        " L'Algérie ne doit pas être séparée de 
        la France "(2). " Vous devez faire voter. Vous devez voter. 
        Parce que voter c'est travailler au retour de la paix ". (3)
 
 Juin 1961, ...l'ouragan femmes est passé sur nous,... Il nous laisse 
        hébétées, ahuries. Il ne nous appartient pas, à 
        nous, EMSI, de porter un jugement, car que sommes-nous ? Seulement une 
        poignée de femmes qui ont cherché à donner à 
        d'autres femmes le sens du mot " évolution " en passant 
        par les traditions. Seulement cela, c'est tout.
 
 Comment allons-nous nous y prendre ? Que devons-nous dire à nos 
        femmes ? Quelles sont les directives ? " (4)
 
 " Les EMSI des filles comme ça ! 
        "
 
 Christiane Fournier, journaliste, avait été appelée 
        à Alger pour devenir sur place le témoin du travail des 
        EMSI " J'ai le droit de parler parce que je suis l'une des leurs. 
        " En 1957, suite à la parution de son livre, préfacé 
        par le général Challe, des articles ont paru dans plus d'une 
        douzaine de journaux et revues, des conférences ont été 
        faites à Paris comme en Province. La vente du livre se faisait 
        avec la présence de Christiane Fournier et des EMSI en blouse blanche.
 
 " De quoi avez-vous peur ? demandait Christiane Fournier à 
        Fetouma - J'ai surtout peur des chiens dans les douars ".
 
 Il y eut plusieurs émissions : à la télévision 
        française et suisse, à la radio : Paris, Alger, Luxembourg, 
        Lausanne...
 
 Deux films ont été tournés pour faire connaître 
        les EMSI : " Femmes " et " Reviens vite Toubiba ".
 
 " Le colonel Gardes me charge de vous envoyer en cadeau de fin d'année 
        un exemplaire du livre de Christiane Fournier, accompagné de ses 
        félicitations pour votre action généreuse et désintéressée...
 
 Chaque EMSI dont le prénom est mentionné dans le livre recevra 
        un exemplaire numéroté, frappé à son nom. 
        " (5)
 
 Les autres actions des EMSI
 
 Nombre d'entre elles ont encadré plusieurs colonies de vacances 
        en métropole.
 " - Je pars en métropole avec mes deux équipières 
        accompagnées de 20 petites musulmanes qui seront reçues 
        par mon département, château tout confort avec parc sur la 
        Loire... La Préfecture m'a aidée dans cette entreprise, 
        pour moi c'est au moins un an de travail de préparation pour les 
        emmener... Elles vivent un véritable conte de fée. La réaction 
        des parents de ces 20 petites est formidable : " tu es kif-kif maman 
        notre fille " ils sont enchantés, il y avait la fête 
        à notre retour...".
 
 " Avec 70 filles musulmanes et européennes, et un encadrement 
        mixte, sur la Côte Vermeille la plage de Banyuls était chaque 
        matin animée par les rires et les rondes de nos fillettes. Monitrices 
        et directeurs prenaient également part aux jeux...".
 
 La reconnaissance 
        de l'Armée
 
 Toutes ces jeunes femmes ont beaucoup donné, leurs récompenses 
        se trouvent souvent dans l'immatériel de leurs tâches.
 
 En 1960, grâce au général Commandant en Chef, le Général 
        Challe, une quarantaine de toubiba des EMSI ont été récompensées 
        de leur travail et sont passées du rêve à la réalité. 
        Organisé par le Corps d'Armée d'Alger un voyage d'information 
        les a menées à Hassi Messaoud....
 
 La fin des EMSI
 
 En octobre 1961, au cours d'un stage à Alger, le Chef d'Etat Major 
        de l'Armée après avoir félicité les EMSI pour 
        leur très bon travail a ajouté "
 Maintenant il vous faudra continuer pour l'Algérie algérienne 
        ! ". C'était livrer au FLN les EMSI pieds et poings liés, 
        surtout les musulmanes.
 
 Le travail devint de plus en plus difficile, dans certains régiments 
        les équipes furent dissoutes, certaines, toutes seules, continuèrent 
        leur travail. Elles furent de moins en moins protégées par 
        l'armée, étant des civiles, elles prirent bien des risques.
 
 Le rapatriement
 
 " Les événements de 1962 ont sonné la fin de 
        leur action. Certaines des Harkettes ont été rapatriées 
        en métropole mais la majorité ne pouvant abandonner leur 
        famille ont payé de leur vie leur dévouement à la 
        France ". (6)
 
 L'Assemblée Générale des 
        EMSI 2011
 
 L'association des EMSI, compte à ce jour une cinquantaine d'adhérentes. 
        Elles se sont réunies les 1er et 2 octobre dernier, pour leur assemblée
 générale, à Gréoux les Bains, dans une ambiance 
        chaleureuse et émouvante sous la présidence de Mme Georgette 
        Brethes.
 Cathy Marthot 1) Maurice Faivre " L'action sociale 
        de l'armée en faveur des musulmans " p492) Propos du général De Gaulle en 1959
 3) Madame Maugé " Toubiba " N°10 du 26 mars 1960
 4) Madame Richard " Toubiba " N°22 du ter juin 1961
 5) Madame Maugé " Toubiba " N°6 du 25 décembre 
        1959
 6) Citation de Madame Georgette Brethes
 Sources : (consultables au CDHA)
 - Maurice Faivre " L'action sociale de l'armée en faveur des 
        musulmans ". Edition L'Harmattan. Janvier 2008.
 - Christiane Fournier "Les EMSI des filles comme ça". 
        Librairie Arthème Fayard 1959.
 - Les revues " Toubiba " de l'association des EMSI. - Historia 
        magazine N° 229 et 345.
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