| 
 | 
| Maison mauresque. Place d'Estrées, sur l'emplacement de l'ancien et si pittoresque marché aux puces - dans ce quartier où s'éteignent malheureusement les derniers vestiges d'un orientalisme à la fois décevant et singulièrement attachant - s'élève depuis quelque temps une petite maison dont le style mauresque ne laisse pas d'attirer l'attention du passant. Ce n'est, comme l'on serait tenté de le croire, ni la demeure d'un riche commerçant retiré des affaires, ni celle d'un peintre, ni le lieu de retraite d'un Louis Bertrand ou d'un Delacroix. Il suffit pour s'en rendre compte d'interroger ce pauvre et fataliste loqueteux qui s'est installé tout près de l'édifice et qui rêve là des heures entières, inconfortablement assis sur une pierre branlante, avec l'espoir peut-être qu'il réitérera un jour l'exploit merveilleux d'Ali-Baba. Dans son jargon, riche d'expressions inattendues et de délicieuses onomatopées, le brave homme vous apprendra bientôt, les origines officielles de cette construction. Il n'en faut pas davantage pour satisfaire la curiosité légendaire d'un journaliste et le mettre sur la bonne voie dans la petite enquête qu'il se propose d'entreprendre pour ses lecteurs.N.B : CTRL + molette souris = page plus ou moins grande TEXTE COMPLET SOUS L'IMAGE. | 
| La maison arabe du Centenaire En 1930 on prévoyait 
              à Alger que les Fêtes du Centenaire attireraient dans 
              notre ville des foules immenses, avides de contempler les beautés 
              de nos paysages et le pittoresque de nos cités. On n'ignorait 
              pas que le snobisme du public, provoqué et entretenu par 
              les lieux-communs de la littérature du XIX° siècle 
              s'attachait en particulier au clinquant de l'orientalisme, aux jeux 
              de lumière du souk, aux séductions du foulard et d'un 
              ventre bien entripaillé, agités à la cadence 
              d'une musique maure composée d'exécutants amplement 
              culottés et fortement moustachus. Pour contenter nos visiteurs 
              et les détourner d'importuner les paisibles familles musulmanes 
              de la Casbah, l'autorité supérieure résolut 
              de construire à leur usage, au plus haut du quartier indigène 
              une maison exemplaire établie selon les traditions de l'art 
              mauresque le plus pur ; là le touriste se gorgerait à 
              souhait de couleur locale et vivrait à l'aise quelques minutes 
              dans ce qu'il appelait un intérieur arabe. | 
| 560 Ko | 
| 
 |  Place d'Estées | 
| 
 Maison mauresque. Place d'Estrées, 
          sur l'emplacement de l'ancien et si pittoresque marché aux puces 
          - dans ce quartier où s'éteignent malheureusement les 
          derniers vestiges d'un orientalisme à la fois décevant 
          et singulièrement attachant - s'élève depuis quelque 
          temps une petite maison dont le style mauresque ne laisse pas d'attirer 
          l'attention du passant. Ce n'est, comme l'on serait tenté de 
          le croire, ni la demeure d'un riche commerçant retiré 
          des affaires, ni celle d'un peintre, ni le lieu de retraite d'un Louis 
          Bertrand ou d'un Delacroix. Il suffit pour s'en rendre compte d'interroger 
          ce pauvre et fataliste loqueteux qui s'est installé tout près 
          de l'édifice et qui rêve là des heures entières, 
          inconfortablement assis sur une pierre branlante, avec l'espoir peut-être 
          qu'il réitérera un jour l'exploit merveilleux d'Ali-Baba. 
          Dans son jargon, riche d'expressions inattendues et de délicieuses 
          onomatopées, le brave homme vous apprendra bientôt, les 
          origines officielles de cette construction. Il n'en faut pas davantage 
          pour satisfaire la curiosité légendaire d'un journaliste 
          et le mettre sur la bonne voie dans la petite enquête qu'il se 
          propose d'entreprendre pour ses lecteurs. | 
| 
 La maison arabe du Centenaire En 1930 on prévoyait 
          à Alger que les Fêtes du Centenaire attireraient dans notre 
          ville des foules immenses, avides de contempler les beautés de 
          nos paysages et le pittoresque de nos cités. On n'ignorait pas 
          que le snobisme du public, provoqué et entretenu par les lieux-communs 
          de la littérature du XIX° siècle s'attachait en particulier 
          au clinquant de l'orientalisme, aux jeux de lumière du souk, 
          aux séductions du foulard et d'un ventre bien entripaillé, 
          agités à la cadence d'une musique maure composée 
          d'exécutants amplement culottés et fortement moustachus. 
          Pour contenter nos visiteurs et les détourner d'importuner les 
          paisibles familles musulmanes de la Casbah, l'autorité supérieure 
          résolut de construire à leur usage, au plus haut du quartier 
          indigène une maison exemplaire établie selon les traditions 
          de l'art mauresque le plus pur ; là le touriste se gorgerait 
          à souhait de couleur locale et vivrait à l'aise quelques 
          minutes dans ce qu'il appelait un intérieur arabe. |