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          BLQCH
        Étroites et grouillantes 
          de marchands ambulants et de portefaix, les rues Randon et Marengo font 
          leur jonction sur une petite place au bord de laquelle s'élève 
          un bel et imposant édifice. C'est la grande synagogue d'Alger 
          qui porte le nom du grand rabbin Abraham Bloch.
          
          Inaugurée en 1885, elle est, malgré son aspect extérieur, 
          la plus riche et la plus importante de la ville. En effet, sous ses 
          lignes sobres et sa façade originale devant laquelle s'avance 
          un large escalier de granit, le temple abrite de véritables trésors.
          
          Dans les faisceaux de lumière que diffuse le superbe lustre suspendu 
          à la grande coupole centrale, on peut admirer tout d'abord la 
          splendeur architecturale du dôme et de ses corniches sous lesquelles 
          se découpent, en forme de " table de la Loi ", des 
          ouvertures garnies de beaux vitraux.
          
          Autour de la chaire finement sculptée, deux plaques de marbre, 
          ornées de palmes de bronze portent le nom des soldats israélites 
          morts pour la France. D'autres plaques, apposées à chaque 
          angle des murs rappellent le souvenir des bienfaiteurs de la communauté.
          
          Le grand orgue magnétique, témoin des événements 
          joyeux ou douloureux, s'y associe par ses sons harmonieux.
          Enfin, dans le Tabernacle sont pieusement rassemblés des souvenirs 
          parmi eux figurent des " sépharim " dont un remonte 
          au XVe siècle.
          
          Il convient de noter aussi une relique des rabbins Barchichat et Duran, 
          fondateurs du judaïsme en Algérie. C'est une coiffure espagnole 
          espèce de toque de drap noir, que certaines familles d'Alger, 
          descendants directs de ces deux personnalités, ont coutume de 
          porter encore à certaines cérémonies.
          
          Cette synagogue est très fréquentée depuis. la 
          démolition de celle de la rue Volland. On ne peut ne pas évoquer 
          en cette circonstance cet édifice de style hispano-mauresque 
          aux imposantes colonnes de marbre, aux sculptures dentelées, 
          aux riches mosaïques. Il avait été construit à 
          l'emplacement même où existait déjà. sous 
          la domination turque, un des premiers temples israélites.
          
          Pour terminer, rappelons un souvenir émouvant de l'ancien grand 
          rabbin d'Alger et ancien aumônier militaire, signalé par 
          M. Henry Aïoun, secrétaire général du consistoire 
          d'Alger, dans un de ses ouvrages : .
          " C'était pendant la guerre 1914-1918. Un soldat blessé 
          mortellement au cours d'un combat, demanda au grand rabbin Bloch - qu'il 
          prit pour un prêtre catholique - d'embrasser le crucifix. Méprisant 
          le danger, l'aumônier juif alla le chercher alors que la mitraille 
          faisait rage. Il revint, la croix à la main, jusqu'au moribond. 
          A cet instant, frappé d'une balle en pleine poitrine, il tomba 
          pour ne plus se relever ".