| PREMIÈRE PARTIE 
        : LES PRODUCTIONS VÉGÉTALES
 ------Les 
        caractéristiques du climat algérien ne sont pas. à 
        beaucoup près, celles d'un climat tropical. Bien plutôt ressemble-t-il 
        à celui des rives méditerranéennes tôut entières, 
        d'Europe, d'Asie , ou d'Afrique. C'est, avec quelques exagérations, 
        le climat de la Provence ou du Languedoc, le climat de l'Italie, le climat 
        de l'Espagne------Aussi 
        ne devons-nous pas nous attendre à trouver en Algérie des 
        cultures très différentes de celles de France ce seront 
        les céréales, la vigne, l'olivier, les fruits, les légumes, 
        etc... Un cultivateur de France, et surtout un cultivateur du Midi, ne 
        sera pas dépaysé en arrivant en Algérie : au delà 
        de la Méditerranée, à 800 kilomètres de France, 
        il retrouvera encore des productions françaises ; il sera encore 
        en France.
 CHAPITRE PREMIERLes productions agricoles
 I. - Les céréales
 ------De 
        toutes les productions algériennes, les céréales 
        sont à beaucoup près la plus importante. Elles constituent 
        la base même de l'alimentation des populations tant européennes 
        qu'indigènes; sans peser très sérieusement sur le 
        marché mondial des céréales, l'appoint de l'Algérie 
        n'est pas négligeable, et apporte son contingent au commerce d'exportation. 
        A ce titre, les céréales ont joué un grand rôle 
        dans le développement de la prospérité économique 
        du pays.------Leur 
        aire de culture s'étend depuis le littoral jusqu'à la limite 
        des Hauts-Plateaux. Limitée autrefois à une étroite 
        bande de terre proche de la côte, elle a reculé peu à 
        peu devant l'extension de cultures plus riches, plus appropriées 
        à la douceur du climat : primeurs, orangeries, etc. . En s'éloignant 
        de la mer, la céréaliculture a trouvé, dans des régions 
        plus élevées, au climat plus rude, un milieu plus en rapport 
        avec ses besoins : c'est là, dans la dépression médiane 
        de l'Atlas Tellien, depuis Tlemcen jusqu'à Souk-Ahras, en passant 
        par les régions de Sidi-Bel-Abbès, de Médéa, 
        d'Aumale, de Bordj-Bou-Arréridj et de Sétif, que se rencontrent 
        les plus belles terres à céréales qui constituent 
        une des plus grandes richesses de l'Algérie. Ces terres à 
        céréales débordent jusque sur les Hauts-Plateaux 
        où le milieu est encore favorable : le Sersou, Boghari, au Nord 
        des Hauts-Plateaux algérois, la région de Batna, sur ceux 
        de Constantine, donnent encore de belles récoltes.
 ------Les 
        céréales occupent en Algérie plus de 3 millions d'hectares 
        ; 1.400.000 sont dans le département de Constantine; 900.000 dans 
        celui d'Alger, 700.000 en Oranie. Les emblavures y pourraient, certainement, 
        être plus importantes, mais bien des terres sont encore en friches, 
        et, de plus, la faible pluviométrie oblige les cultivateurs à 
        pratiquer la jachère une année sur deux ou deux années 
        sur trois, c'est-à-dire à laisser improductifs la moitié 
        ou les deux tiers de leurs terres, pour leur permettre d'emmagasiner l'eau 
        nécessaire à la vie de la plante.
 ------L'irrégularité 
        du climat algérien, les variations extrêmes du régime 
        des pluies exercent une très grande influence sur la production 
        des céréales : en bonne année, si les pluies ont 
        été suffisantes, on récoltera 20 millions de quintaux 
        de grains ; si elles ont été exceptionnellement abondantes 
        et bien réparties, la récolte atteindra et pourra même 
        dépasser 25 millions de quintaux. Si l'année a été 
        particulièrement mauvaise, les pluies rares et peu importantes, 
        la production pourra tomber à 10 millions, parfois même descendre 
        au-dessous de ce chiffre. Ces variations considérables sont heureusement 
        assez rares ; tout au, plus se sont-elles produites quatre ou cinq fois 
        pendant les vingt dernières années. Mais elles sont la cause 
        que l'Algérie, qui exporte annuellement 4 à 5 millions de 
        quintaux, parfois plus, peut devenir importatrice après une récolte 
        déficitaire.
 ------Les 
        faibles productions, au surplus, seront de-plus en plus l'exception. Les 
        procédés perfectionnés de culture tendent, en effet 
        à se généraliser, non seulement chez les colons, 
        mais chez les cultivateurs indigènes. Ceux-ci, longtemps réfractaires 
        à l'adoption de nouvelles méthodes, ont dû, en présence 
        des résultats meilleurs et plus réguliers obtenus par les 
        Européens, se rendre à l'évidence. Ils abandonnent 
        de plus en plus leurs primitifs instruments de culture pour des instruments 
        d'un meilleur rendement ; l'emploi des engrais s'intensifie ; enfin, les 
        labours préparatoires, qui consistent à maintenir la jachère 
        en parfait état de propreté et d'ameublissement, sont chaque 
        année plus importants.
 ------Car 
        les trois quarts des cultures de céréales appartiennent 
        aux agriculteurs indigènes ; mal cultivées, ces terres ont 
        des rendements irréguliers, qui influent sérieusement sur 
        la production totale; bien cultivées, elles fourniront une récolte 
        plus abondante et moins sujette à variations. Sur 2 300.000 hectares, 
        les indigènes produisent 12 à 13 millions de quintaux ; 
        sur 800.000, les Européens en récoltent 7 à 8 millions 
        ; pour les premiers, le rendement est de 4 à 5 quintaux à 
        l'hectare, pour les seconds de 8 à 10. Lorsque les cultures indigènes 
        produiront autant que celles des colons, ce n'est pas 15 à 20 millions 
        de quintaux que l'Algérie produira en moyenne, c'est au bas mot 
        25 millions. On aperçoit tout de suite l'importance que peut acquérir 
        dans l'avenir la culture des céréales en Algérie 
        : la valeur de la production passerait de moins de 2 à plus de 
        3 milliards, la valeur des exportations de 500 millions à 1 milliard 
        au moins.C'est à cet accroissement des rendements par l' éducation 
        agricole que s'emploie activement l'Administration algérienne, 
        puissamment aidée dans cette tâche par les colons européens. 
        Les résultats acquis sont déjà considétables, 
        mais il reste encore beaucoup à faire : à un accroissement 
        de la production correspondra un accroissement du bien-être des 
        populations indigènes.
 ------Nous 
        passerons maintenant en revue les principaes céréales cultivées 
        en Algérie.
 ------Blé. 
        - Le blé couvre chaque année une superficie très 
        voisine d'un million et demi d'hectares. , C'est la plus importante des 
        céréales algériennes, puisque près de la moitié 
        des emblavures lui sont consacrées. La production atteint en moyenne 
        7 à 8 millions de quintaux, mais peut, dans les mauvaises années, 
        descendre au-dessous de 5 millions, et, dans les bonnes années, 
        approcher 10 millions.------Deux 
        catégories de blé sont cultivées en Algérie 
        : le blé dur, qui domine, et le blé tendre.
 ------Blé 
        dur. - On peut estimer à 1.200.000 hectares les superficies 
        consacrées au blé dur. C'est par excellence une culture 
        indigène, car il est particulièrement adapté au milieu. 
        à la chaleur et au manque d'humidité.
 ------La production 
        annuelle atteint en moyenne 6 millions de quintaux et oscille entre 3 
        et 7 millions.
 ------Les 
        semoules de blé dur algérien, et particulièrement 
        celles de la région de Médéa, des plateaux de Sétif 
        et de la plaine du Chéliff, sont de toute première qualité. 
        Les fabriques de pâtes alimentaires du monde entier les recherchent 
        et les exportations algériennes de blé dur, sous forme de 
        grains ou de semoules, approchent 1 million et demi de quintaux.
 ------Est-il 
        besoin d'ajouter que le couscous, qui est à la base de l'alimentation 
        des indigènes, pour lesquels il remplace le pain, n'est autre que 
        de la semoule de blé dur ?
 ------La culture 
        du blé dur a fait naître en Algérie une importante 
        industrie : celle des pâtes alimentaires. C'est une branche très 
        prospère de l'économie algérienne, qui non seulement 
        suffit aux besoins de la consommation locale, mais encore fournit à 
        l'exportation un contingent de 15 à 20.000 quintaux valant plus 
        de 6 millions de francs.
 ------Blé 
        tendre. - Contrairement au blé dur, le blé 
        tendre est surtout une culture européenne. Les superficies, de 
        ce fait, sont plus faibles, et oscillent autour de 300.000 hectares. Mais 
        aussi les rendements sont plus élevés, et la production 
        est supérieure à 2 millions de quintaux, avec des minima 
        dépassant à peine 1 million et des maxima approchant 3 millions.
 ------Les 
        blés tendres d'Algérie, en raison de leur précocité, 
        sont très demandés sur les marchés de consommation. 
        Ce sont en quelque sorte des blés de primeur que la minoterie recherche 
        dès leur apparition, car ils sont un précieux appoint à 
        l'époque de la soudure, au moment où s'épuisent les 
        stocks provenant de la dernière campagne et où n'ont pas 
        encore été récoltés les blés en terre. 
        Outre leur qualité, qui est excellente car ils sont très 
        riches en gluten - c'est leur précocité qui en fait la réelle 
        valeur économique.
 ------Bon 
        an mal an, l'Algérie en exporte 2 à 300.000 quintaux, mais, 
        la production étant insuffisante pour satisfaire aux besoins locaux, 
        doit en échange importer 400.000 à 500.000 quintaux.
 ------Orge. 
        - L'orge occupe 1.300.000 à 1.400.000 hectares, soit 
        à peu près autant que blés dur et tendre. réunis. 
        La production, pour la raison que la culture en est presqu'exclusivement 
        entre les mains des indigènes, est extrêmement variable ; 
        elle peut tomber à 4 millions de quintaux ou dépasser 11 
        millions ; mais elle est, en année normale, de 7 millions de quintaux.------Le motif 
        de la faveur dont jouit l'orge auprès des cultivateurs indigènes 
        réside dans sa grande rusticité et son aptitude à 
        s'adapter à des milieux trop arides pour le blé. Elle est 
        employée en grande partie dans l'alimentation des autochtones et 
        dans celle de leurs animaux. Mais ce n'est pas le seul emploi de l'orge 
        d'Algérie : un important débouché lui est réservé 
        pour la fabrication de la bière, à laquelle elle convient 
        tout particulièrement. Un million de quintaux d'orge sont exportés 
        d'Algérie, principalement pour cette utilisation.
 
 ------Avoine. 
        - La culture de l'avoine, bien que moins importante que celle 
        des autres céréales, n'en couvre pas moins 250.000 hectares, 
        dont plus des deux tiers sont ensemencés par les colons européens. 
        Elle tend d'ailleurs à prendre de l'extension, car ses débouchés 
        s'accroissent chaque jour, tant dans la colonie qu'en France et à 
        l'étranger.
 ------En année 
        moyenne, la production atteint 2 millions de quintaux; à part 1es 
        récoltes déficitaires enregistrées dans années 
        qui ont suivi la guerre, elle s'écarte assez peu de ce chiffre 
        moyen.
 ------Le sixième 
        environ de cette production (2 à 300.000 quintaux) est exporté 
        en France et à l'étranger.
 
 ------Autres 
        céréales. - Le blé, l'orge 
        et l'avoine sont des céréales d'hiver, c'est-à-dire 
        des céréales semées à l'automne ou au début 
        de l'hiver; il faudrait, pour être exact, y ajouter le seigle ; 
        mais les faibles uperficies qui lui sont consacrées- à peine 
        un millier d'hectares - en font une culture négligeable, que nous 
        ne citerons que pour mémoire.
 ------Il en 
        serait un peu de même des céréales d'été, 
        semées au printemps lorsque les pluies ont été favorables. 
        Elles couvrent au total - maïs, sorgho et millet - une vingtaine 
        de mille hectares. Leur culture est d'ailleurs, depuis la guerre, en régression 
        marquée.
 II- 
        La vigne et le vin ------Une autre 
        richesse est pour l'Algérie la culture, de la vigne. On ne saurait 
        nier la répercussion qu'a eue, dans le développement de 
        l'Algérie, la constitution du vignoble, consécutive à 
        la crise phylloxérique de 1880. Cette culture, rémunératrice 
        surtout au moment où le vignoble métropolitain voyait, par 
        les attaques du phylloxéra, . diminuer sa superficie et sa production, 
        ne pouvait que s'étendre en Algérie, où elle trouvait 
        un milieu éminemment favorable. Aussi la superficie du vignoble 
        algérien passait-elle de 23.000 hectares en 1880 à 123.000 
        en 1896.------C'était 
        un attrait nouveau pour la colonie : hommes et capitaux, séduits 
        par cette industrie agricole rémunératrice, affluèrent 
        à cette époque en Algérie. " C'est 
        elle, a-t-on dit qui a déclenché en quelque sorte la prospérité 
        magnifique dont la colonie, après avoir longtemps végété, 
        jouit depuis une trentaine d'années. "
 |  | ------Mais 
        bientôt le phylloxéra faisait là aussi des ravages 
        en 1917, 94 % du vignoble était contaminé. La reconstitution, 
        toutefois, s'opérait rapidement au moyen de portegreffes américains 
        et l'essor de la vigne, un instant arrêté, reprenait de plus 
        belle.
 ------On compte 
        actuellement 250.000 hectares de vignes, dont 226.000 seulement sont en 
        'production ; la différence représente les vignes phylloxérées 
        non encore reconstituées et les jeunes plantations qui ne sont 
        pas entrées en production. I1 semble que la superficie du vignoble 
        algérien ne doive guère dépasser maintenant 250.000 
        hctares ; le chiffre de 300.000 paraît être un extrême 
        maximum, car les terres à vignes sont plutôt limitées.
 ------L'aire 
        de la vigne s'éloigne assez peu du littoral ; tout au plus son 
        extrême limite méridionale dépasse-t-elle une centaine 
        de kilomètres. Elle correspond à peine à l'aire de 
        dispersion de l'olivier.
 ------La culture 
        s'étend, dans le département d'Alger, sur 85.000 hectares, 
        dans la Mitidja, le Sahel, et dans les régions de Miliana, de Médéa 
        et d'Aïn-Bessem. ------La 
        production atteint en année moyenne 5 millions d'hectolitres de 
        vin.
 ------En Oranie, 
        on compte un peu moins de 125.000 hectares de vignes, répartis 
        dans le Sahel et la plaine d'Oran et dans les régions de Mostaganem, 
        de Tlemcen, de Sidi-BelAbbés et de Mascara. Ils fournissent 5 à 
        6 millions d'hectolitres.
 ------Dans 
        le département de Constantine, la superficie dépasse à 
        peine 17.000 hectares, s'écartant assez peu de la côte régions 
        de Bougie et de Djidjelli, plaines de Bône et de Philippeville. 
        La production moyenne s'établit autour d'un million d'hectolitres.
 Les vins algériens, au point de vue de leurs qualités, peuvent 
        être classés en trois catégories
 ------les 
        vins de plaine, titrant 9 à 12° d'alcool, qui peuvent 
        être utilisés comme vins de table, mais que le commerce métropolitain 
        emploie en grande quantité pour le coupage des vins des vignes 
        à grand rendement du midi de la France;
 ------les 
        vins de coteaux, dont le degré 
        alcoolique est de 11 à 13°, et qui sont d'excellents vins de 
        table d'une bonne conservation ;
 ------les 
        vins de montagne, contenant de 12 à 
        15° d'alcool; ce sont des produits parfaitement constitués, 
        de bonne conservation, qui peuvent acquérir, après plusieurs 
        années de bouteille, des qualités remarquables de finesse 
        et de bouquet.
 ------Certains 
        de ces vins, bien que n'étant pas classés parmi les grands 
        vins, ont su, grâce à leur finesse, à leur bouquet, 
        acquérir une place appréciable sur la table des connaisseurs 
        tels sont, pour n'en citer que quelques-uns, les Médéa,
 les Mansourah, les Mascara, etc...
 ------Mais 
        ce n'est pas à ce titre que les produits d'Algérie ont une 
        importance. considérable dans le marché des vins. Ils la 
        tirent surtout de leur richesse alcoolique, de leur robustesse et de leur 
        couleur qui en font des vins de coupage recherchés 
        pour améliorer certains vins métropolitains. Le marché 
        de Bercy en fait une consommation considérable, trois à 
        quatre millions d'hectolitres peut-être, si l'on s'en rapporte 
        aux seules importations par le port de Rouen.
 ------C'est 
        d'ailleurs vers la France qu'est dirigée la plus grande partie 
        des exportations algériennes ; le marché français 
        absorbe 7 à 8 millions d'hectolitres de vins d'Algérie; 
        le surplus est expédié vers l'étranger (Suisse, Allemagne, 
        etc...) et vers les colonies. Quant à la consommation locale, elle 
        ne dépasse guère 1 million et demi à 2 millions d'hectolitres, 
        car elle est limitée à la population
 européenne, les indigènes musulmans ne pouvant, conformément 
        aux prescriptions du Coran, boire de boissons alcooliques.
 ------Mais 
        le vin n'est pas le seul produit commercial de la vigne. Il faut citer 
        les mistelles, qui font l'objet, surtout 
        dans le département d'Oran, d'une importante fabrication.
 
 -----Ce sont des 
        moûts dont la fermentation a été arrêtée 
        par addition d'alcool; ces vins, d'un degré alcoolique très 
        faible, sont employés dans la préparation des vins de liqueur 
        et de certains vins médicinaux. Une partie est utilisée 
        sur place et sert à fabriquer des vins de liqueur dont la qualité 
        a été reconnue ; le reste est exporté. Mistelles 
        et vins de liqueur alimentent un commerce d'exportation de 45 à 
        50 millions de francs (100.000 hectolitres de mistelles et 5 à 
        10.000 de vins de liqueur).------On retiendra 
        également que la distillation des vins et des marcs fournit des 
        quantités variables d'alcool, dont l'importance est proportionnelle 
        à la production des vins. La distillerie joue, pour la viticulture 
        algérienne, le rôle de soupape de sûreté, en 
        permettant, après une récolte pléthorique, d'utiliser 
        les vins mal constitués qui nc trouveraient pas de débouchés 
        dans l'exportation.
 ------Signalons 
        enfin la production des tartrates et, depuis 
        quelques années, celle de l'huile de pépins 
        de raisins.
 ------On juge, 
        par ce rapide exposé, de la valeur économique de la vigne. 
        Pour conclure, on doit reconnaître que les produits de la vigne. 
        - vins, mistelles, alcools, tartrates, etc... - rapportent à l'Algérie, 
        du chef de la seule exportation, 1 milliard et demi, soit plus des quatre 
        dixièmes de la valeur des exportations totales de la colonie.
 III. 
        - L'olivier, les olives et l'huile d'olive  ------L'oléiculture 
        n'est pas une des moindres richesses de l'Algérie; c'est la plus 
        ancienne peut-être. Elle fut introduite par les Carthaginois, bien 
        avant l'ère chrétienne ; les Romains la développèrent 
        à tel point qu'il semble que c'est plutôt par ses huiles 
        que par ses céréales que l'Afrique romaine mérita 
        son nom de " Grenier de Rome 
        ". Pendant la période barbaresque, l'Algérie exportait 
        de grandes quantités d'huile; enfin, dès les premières 
        années de la conquête, la colonisation française contribua 
        largement à son amélioration et à son extension.------L'olivier 
        est d'ailleurs, dans tout le bassin méditerranéen, une plante 
        spontanée. L'oléastre, qui est sa forme sauvage, se rencontre 
        à l'état d'essence dominante, ou en mélange avec 
        d'autres essences, sur de vastes territoires forestiers; son greffage, 
        qui se fait couramment, permet la mise en valeur de forêts ou de 
        broussailles à peine productives.
 ------Cet 
        arbre, dans le bassin méditerranéen, se complaît dans 
        les climats à hiver doux et pluvieux et à étés 
        chauds et secs. Aussi peut-on considérer que le Tell algérien, 
        dans toutes les altitudes comprises entre 50 et 700 mètres, constitue 
        son aire de végétation. En Kabylie, il se rencontre, jusqu'à 
        1.000 mètres d'altitude, sur quelques versants montagneux tournés 
        vers la mer. Dans la partie orientale de la colonie, l'aire de l'olivier 
        se prolonge sur les Hauts-Plateaux, depuis Constantine jusqu'à 
        Batna, les basses vallées de l'Aurès et Biskra.
 ------On ne 
        compte pas moins, dans toute l'Algérie, de 14 à 15 millions 
        d'oliviers, dont les deux tiers environ sont cultivés. Plus de 
        la moitié des peuplements (7 à 8 millions d'arbres, dont 
        plus des deux tiers sont en culture) se trouvent dans le département 
        de Constantine, répartis dans les vallées de Soummam et 
        de la Seybouse, d'El-Kantara à Philippeville, à Gastu et 
        à Jemmapes, et dans les régions de la Galle, Batna, Guelma 
        et Tebessa.
 ------Le département 
        d'Alger compte seulement 4 millions et demi d'arbres répandus dans 
        toute la Kabylie ; la proportion d'arbres cultivés est plus faible 
        que dans le département de Constantine, et n'est guère supérieure 
        aux trois cinquièmes du total.
 ------Les 
        peuplements sont moins importants encore en Oranie et n'atteignent pas 
        2.400.000 arbres. On les rencontre en particulier à Mostaganem, 
        à Saint-Denis-du-Sig, à Mascara,
 à Relizane et surtout Tlemcen où ils constituent une véritable 
        forêt. Là, l'effort de mise en valeur des oléastres 
        a été moins considérable, car on ne compte qu'un 
        million d'oliviers cultivés.
 ------Grâce 
        aux bénéfices que procure l'olivier, grâce aussi à 
        l'aide de l'administration, qui encourage par des primes les greffages 
        et les plantations, l'essor de l'oléiculture est remarquable; tout 
        permet de croire qu'il n'est pas près de s'arrêter : depuis 
        1913, le nombre d'oliviers s'est accru de plus d'un million d'unités, 
        et cela malgré la guerre; en une année, de 1928 à 
        1929, cent mille arbres étaient greffés,
 cinquante mille étaient plantés.
 ------Bien 
        qu'elle ait été à l'origine une culture indigène, 
        l'oléiculture tente de plus en plus les agriculteurs européens, 
        qui possèdent maintenant les deux cinquièmes des arbres 
        - 5 à 6 millions d'oliviers, dont les sept dixièmes (4 millions) 
        sont cultivés ; la proportion est importante ; elle s'accroîtra 
        encore. ------L'augmentation 
        est beaucoup plus lente dans les
 peuplements appartenant à des indigènes ; les trois
 cinquièmes seulement des arbres (5 millions et demi) sont susceptibles 
        de produire.
 ------Sur 
        les 9 à 10 millions d'oliviers cultivés, un certain nombre, 
        nouvellement plantés ou greffés, ne sont pas encore entrés 
        en rapport ; les autres, 7 à 8 millions, fournissent chaque année 
        une quantité d'olives variant entre 1 million et demi et deux millions 
        de quintaux : le département de Constantine en produit à 
        lui seul 1 million, celui d'Alger 4 à 500.000, celui d'Oran 2 à 
        300.000.
 ------L'olive 
        est employée à deux usages, dont le plus important est la 
        fabrication de l'huile, l'autre la conserve.
 ------C'est 
        surtout vers la production d'huile qu'est orientée l'oléiculture 
        algérienne : 90 % de la récolte sert à cette industrie 
        très active, qui compte plusieurs centaines de moulins, dont plus 
        de cent sont de véritables usines dotées des appareils les 
        plus perfectionnés. La production d'huile, qui est très 
        variable, puisque, en ces quinze dernières années, on l'a 
        vu osciller entre 150.000 et 500.000 hectolitres, s'établit en 
        moyenne autour de 300.000 hectolitres.
 ------La majeure 
        partie de cette production est employée dans la consommation locale 
        ; les indigènes ne connaissent pas d'autre aliment gras ; quant 
        à la population européenne, originaire en grande partie 
        du midi de la France, d'Italie
 ou d'Espagne, elle en absorbe une grande quantité. ------Le 
        surplus est exporté ; les deux tiers vont en France ; l'Italie, 
        l'Angleterre, les Etats-Unis, le Maroc, la Tunisie se partagent le reste 
        avec l'Allemagne, la Hollande, la Bulgarie, la Grèce, l'Extrême-Orient 
        et l'Amérique du Sud. Mais la production algérienne ne serait 
        pas suffisante pour satisfaire aux besoins de la consommation d'une part, 
        à ceux de l'exportation d'autre part, car on évalue la consommation 
        annuelle d'un kabyle à 15 litres, celle d'un Européen à 
        12, celle d'un Arabe à 2,5; aussi l'Algérie doit-elle importer 
        chaque année 150 à 200.000 quintaux d'huiles de graines. 
        Elle réalise à cette opération un beau bénéfice, 
        car les huiles de graines sont moins chères que les huiles d'olives, 
        bénéfice qu'on peut évaluer de 80 à 100 millions 
        par an.
 ------L'industrie 
        de la conserve présente aussi un sérieux intérêt, 
        bien qu'elle soit loin d'avoir l'importance de l'huilerie.
 ------Elle 
        utilise environ 150.000 quintaux d'olives par an. Une centaine de mille 
        (près du tiers de la récolte totale d'olives du département) 
        sont produits en Oranie, où existent de nombreuses fabriques de 
        conserves ; les terres irriguées de Relizane, du Sig, de Perrégaux 
        et de Tlemcen sont les régions de production de ces olives. Dans 
        le département d'Alger, on récolte 40.000 quintaux, dans 
        celui de Constantine, un peu plus de 10.000. Les populations algériennes, 
        et notamment les Espagnols et les Italiens, font une importante consommation 
        d'olives conservées; il reste néanmoins 20 à 30.000 
        quintaux libres pour l'exportation, et qu'achète surtout la France.
 ------Les 
        exportations algériennes d'huiles et de conserves d'olives ont 
        atteint, en 1928, 176 millions.
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